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Créer un cadre de sagesse communautaire : examen des services aux victimes dans les territoires du Nunavut, du Nord-Ouest et du Yukon

  1. 2.0 Nunavut
    1. 2.4  Examen des programmes dans d’autres collectivités autochtones éloignées (hors Nunavut)
      1. 2.4.4 Pratiques exemplaires

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2.4.4     Pratiques exemplaires

Services aux victimes[32]

Services aux victimes Rocky, Rocky Mountain House, Alberta : approche du développement communautaire

Rocky Mountain House est située sur les contreforts des Rocheuses à l'ouest de Red Deer en Alberta. Le programme de services aux victimes Rocky a permis d'amener les collectivités autochtones Sunchild et O'Chiese près de Rocky Mountain House en Alberta à recourir à une approche axée sur le développement communautaire à l'égard des services aux victimes et de leur soutien. La coordonnatrice des services aux victimes a indiqué que les bénévoles qui s'occupent des services aux victimes sont connus de tous les membres de la collectivité, et que l'on fait appel à ceux-ci pendant les périodes de violence et d'urgence. À l'instar de la coordonnatrice, tous les bénévoles sont non autochtones.

La coordonnatrice des services aux victimes s'est employée à créer ce climat de confiance, d'acceptation et de coopération au moyen de diverses méthodes. Elle a d'abord demandé à la collectivité, par l'entremise de ses dirigeants, des groupes de femmes et des Aînés, comment elle et les bénévoles pourraient aider la collectivité. Ils ont donc entrepris les activités suivantes :

  • la coordonnatrice et les bénévoles font régulièrement des patrouilles et apportent leur aide dans les situations d'urgence de concert avec les policiers autochtones de la GRC, dont les détachements se trouvent dans les deux réserves situées près de Rocky Mountain House, les réserves Sunchild et O'Chiese;
  • les bénévoles visitent régulièrement des foyers, des Aînés, des dirigeants, des organisations féminines et d'autres fournisseurs de services dans les deux réserves, et ces visites sont considérées comme faisant partie de leur description de travail, car elles permettent d'instaurer la confiance et la coopération entre le programme de services aux victimes et les collectivités des deux réserves;
  • la collectivité leur a demandé de s'occuper des suicides; par conséquent, le Programme de services aux victimes a commencé à offrir tous les mois une formation communautaire dans le domaine du mieux-être communautaire et de la prévention du suicide dans le but de former une personne par ménage en prévention du suicide;
  • ce programme de mieux-être communautaire et de prévention du suicide fait également partie du programme scolaire de la maternelle à la 12e année dans les deux réserves;
  • pour aider davantage la collectivité à atteindre l'objectif qu'elle s'est fixé en matière de prévention du suicide, les intervenants dans le domaine des services aux victimes tiennent dans chaque réserve une réunion mensuelle qui porte sur le mieux-être communautaire, la sécurité et la prévention du suicide;
  • la coordonnatrice des services aux victimes fait partie du Comité de la justice communautaire pour améliorer la coordination des services offerts aux délinquants et aux victimes;
  • en plus du programme de formation et des réunions sur le mieux-être communautaire et la prévention du suicide, la coordonnatrice des services aux victimes et des bénévoles offrent une gamme complète de services aux victimes, à savoir l'orientation des victimes, le soutien et la sécurité, la préparation de la déclaration de la victime, la préparation en vue du témoignage, la préparation en vue de trouver des solutions de rechange à l'imposition d'une peine et le suivi de la victime;
  • en ce qui concerne ces services, la coordonnatrice des services aux victimes a également dirigé, à la demande de la collectivité et de la police, plusieurs séances de médiation avant la mise en accusation qui risquaient de donner lieu à de la violence si l'on ne s'en occupait pas; 
  • les intervenants en matière de services aux victimes ont également organisé des danses en rond traditionnelles pour les collectivités afin de connaître les collectivités et de susciter la confiance dans le programme. 

Une bonne partie du succès de ce programme est attribuable à l'approche éclairée et confiante de la coordonnatrice des services aux victimes. Elle a adopté une approche sensible, pratique et directe pour connaître les collectivités. Ce programme est remarquable et il peut être considéré comme une pratique exemplaire, en grande partie parce que la coordonnatrice a compris les normes sociales non écrites et en grande partie secrètes de la plupart des collectivités autochtones. Ces normes ou protocoles concernant les interactions et les relations personnelles ont été décrits plus haut et confirmés tout au long du processus de consultation entrepris pendant la présente étude, mais ils peuvent être résumés de la façon suivante :

  • aucun travail ne peut être effectué si des relations engagées et personnelles ne sont pas établies entre toutes les parties;
  • si l'on veut aider la collectivité, il faut se faire connaître et être présent lors des activités communautaires ainsi que dans divers milieux comme les cafés-restaurants, les voitures de police, les danses et les foyers;
  • vos motivations deviendront claires aux yeux des membres de la collectivité à mesure que les relations s'établiront;
  • tous les décideurs importants dans la collectivité doivent être consultés officieusement, et parfois officiellement (par exemple, au cours d'une réunion du conseil de bande) avant qu'une décision soit prise et que des plans soient mis en œuvre;
  • ces décideurs comprennent les Aînés, les dirigeants élus, les groupes de femmes autochtones et d'autres fournisseurs de services comme la police et les travailleurs sociaux;
  • des décisions et des plans sont établis au moyen de ce que des gens de l'extérieur pourraient considérer comme un processus officieux et non organisé qui est, en réalité, un processus inclusif d'établissement d'un consensus qui a lieu au fil du temps. 

En résumé, comme il est mentionné à la section 2.1.2, les collectivités autochtones et inuites fonctionnent mieux « par cœur ». Par conséquent, les programmes fondés sur les écritures, les règles, les heures ouvrables, les délais, les réunions officielles et la bureaucratie ne remportent pas autant de succès que les programmes basés sur des relations personnelles établies et engagées, la consultation, l'inclusion et le consensus. En bref, l'harmonie et le sentiment d'appartenance à la collectivité, fondés sur les sentiments personnels que sont la confiance et le respect sont plus importants que la création de comités, la rédaction de formulaires et la tenue de réunions officielles.

Three Sisters Haven Society, Centre d'aide aux victimes d'agression sexuelle et aux femmes, Dease Lake, C. -B. :  combiner les refuges pour femmes battues et les services aux victimes régionaux

Ce programme du Nord de la C. -B. Est situé juste au sud de la frontière entre la C. -B. Et le Yukon dans la petite collectivité en grande partie autochtone de Dease Lake. Cette région comprend les Premières nations Tahltan, Tlingit et Kaska.

La Three Sisters Haven Society est un programme communautaire de services aux victimes. En outre, il exploite un refuge d'urgence qui accueille pendant de courtes périodes des femmes et des enfants victimes de violence et il offre une foule de services aux victimes autonomes hors établissement pour les hommes et les femmes. Ces services se trouvent dans le même bâtiment, mais dans des aires distinctes. Il y a deux employés rémunérés et un petit groupe de bénévoles qui travaillent dans le refuge d'urgence et pour les autres programmes de services aux victimes. Ce programme est un exemple de pratique exemplaire montrant comment les services aux femmes maltraitées des endroits éloignés peuvent être combinés sous une forme plus économique, plus efficace et plus utile qui permet de mieux répondre aux besoins de toutes les victimes, en particulier les femmes victimes de crime.

Ce programme peut offrir, grâce au personnel rémunéré et formé, les services suivants à Dease Lake et aux collectivités autochtones des environs :

  • admission d'urgence dans un refuge et intervention d'urgence pour les femmes et les enfants agressés;
  • counseling de courte durée et de longue durée pour les hommes, les femmes et les enfants qui vivent dans un milieu violent;
  • orientation des victimes vers d'autres services communautaires, dont la GRC;
  • préparation des victimes en vue de leur témoignage et autres solutions de rechange en matière de justice communautaire comme les concertations des familles, les conseils de justice et les cercles de détermination de la peine;
  • préparation de la déclaration de la victime;
  • compte rendu suivant toutes les procédures judiciaires et de la justice alternative;
  • suivi et aide postpénale après le départ du refuge.

Ce programme travaille étroitement avec le détachement local de la GRC et avec le Programme local de la justice autochtone parrainé par la bande. Il répond le plus possible aux besoins des victimes. Tous les clients sont encouragés à faire leur propre choix éclairé au sujet de la manière dont ils veulent traiter leur cas. Tous les clients reçoivent des renseignements complets concernant leurs options et ils sont appuyés, quels que soient leurs choix.

  • Les répondants ont indiqué que cette combinaison de services donne de très bons résultats dans les endroits peu densément peuplés et isolés où les services et les fournisseurs de services formés sont peu nombreux.

    Bénévoles de la GRC chargés d'assister les victimes, Yukon : aide immédiate aux victimes

    Outre le Yukon, plusieurs provinces et territoires canadiens offrent des services aux victimes assurés par la police. Toutefois, au Yukon, les bénévoles de la collectivité chargés d'assister les victimes deviennent des agents auxiliaires de la GRC afin qu'ils soient plus disponibles pour les victimes. Ce statut permet également aux bénévoles d'avoir accès aux dossiers et aux enquêtes de la police et d'avoir accès immédiatement aux victimes. Ils sont disponibles jour et nuit, 7 jours sur 7.

    Il y a 11 coordonnateurs des services aux victimes à temps plein disponibles dans tout le Yukon. Cependant, la plupart sont situés à Whitehorse et sont disponibles surtout pendant les heures ouvrables. Le recours à des agents auxiliaires de la GRC accroît la disponibilité et le niveau de service offert aux personnes victimes de violence.

    Centre des femmes de Yellowknife, T.N.-O. : Services à volets multiples accessibles aux femmes victimes de violence

    Le Centre des femmes de Yellowknife est remarquable en tant que « pratique exemplaire » en raison de son service complet et de son approche réceptive des femmes et des enfants maltraités. Ce centre reçoit des fonds réduits du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, mais il est financé grâce à des programmes comme le Programme de nutrition prénatal de Santé Canada. Les fonds ne font pas partie de subventions conditionnelles aux « femmes et enfants victimes de violence », même si presque tous les clients se classent dans cette catégorie.

    Le Centre des femmes de Yellowknife a pignon sur rue et il offre les services suivants aux femmes et aux enfants qui font appel à lui :

    • repas chauds gratuits;
    • dépôt de jouets, de mobilier et de vêtements d'occasion;
    • banque d'alimentation;
    • douches et buanderie;
    • hébergement d'urgence sur place pendant une période pouvant aller jusqu'à plusieurs semaines;
    • orientation vers des services juridiques, de logement, d'aide aux victimes de violence familiale, de police, médicaux et d'autres services;
    • programme de santé prénatale;
    • programme de soutien familial à domicile assorti d'un counseling personnel, familial et pour les enfants;
    • orientation, suivi et assistance postpénale pour les participants aux programmes de traitement des toxicomanes et de rétablissement après un traumatisme;
    • demandes de soutien du revenu et orientation;
    • lobbying et défense des droits des femmes. 

    En raison de sa politique de la porte ouverte, ce centre attire toutes les femmes des T.N.-O. et du Nunavut. Beaucoup de femmes et d'enfants, qui fuient la violence subie dans leur collectivité d'origine, se réinstallent à Yellowknife parce qu'ils connaissent ce service et d'autres services sociaux, quoique moins accessibles. Il vaut la peine de mentionner qu'il s'agit d'une pratique exemplaire, comme le programme de Dease Lake, l'un des rares services d'urgence à volets multiples facilement accessibles aux femmes et aux enfants victimes de violence dans le Nord du Canada.

    Programme de guérison et de rétablissement des femmes et des enfants du YWCA, Yellowknife, T.N.-O. : Rétablissement des femmes et des enfants victimes de violence chronique

    Ce programme, accessible à toutes les femmes et tous les enfants des T.N.-O. [33], a pour mandat de répondre aux besoins à long terme en matière de traitement des femmes et des enfants souffrant de traumatismes chroniques. Les intéressées peuvent participer au programme, d'une durée de 10 mois, le jour ou en résidence. Il a pour objectif d'aider les femmes à refaire leur vie après avoir vécu des relations empreintes de violence et de chaos pendant des années.

    Le programme compte plusieurs volets, dont les suivants :

    • connaissances de base comme la gestion d'un ménage, les finances personnelles, la recherche d'un emploi, l'utilisation des ressources de la collectivité, les compétences en matière de relations, etc. ;
    • éducation de base des adultes et alphabétisation;
    • thérapie individuelle et de groupe en vue du rétablissement après un traumatisme (y compris le traitement des toxicomanes);
    • compétences parentales;
    • counseling et soins thérapeutiques pour les enfants. 

    Ce programme est considéré comme une pratique exemplaire, car il répond au besoin d'une méthode globale et intégrée d'aide aux femmes victimes de violence chronique pour qu'elles maîtrisent leur vie. Il leur donne les compétences, la stabilité et les connaissances nécessaires pour rompre le cycle permanent de la violence, de la toxicomanie et des agressions.

    Les services de soutien familial à domicile, de logement et autres travaillent de concert avec le YWCA pour aider les participantes au programme à avoir accès à leurs services et à les utiliser. Les participantes reçoivent une aide financière de l'État pendant qu'elles participent au programme.

    Services aux victimes de Happy Valley - Goose Bay, Labrador : Emploi de paraprofessionnels assurant des services communautaires aux victimes

    Ce programme a conçu une façon efficace d'assurer des services aux victimes dans les collectivités inuites et innues éloignées du Labrador. Un réseau de paraprofessionnels des services aux victimes, dont l'administration centrale et le coordonnateur se trouvent à Happy Valley - Goose Bay, répond dans chaque petite collectivité aux besoins selon le principe de la rémunération des services. Ces intervenants à temps partiel en matière de services aux victimes communautaires accueillent les personnes qui leur sont recommandées par la GRC et d'autres fournisseurs de services et ils acceptent les personnes qui font directement appel à eux. Ils sont sur appel et offrent les services suivants :

    • préparation de la déclaration de la victime;
    • présentation aux victimes de crime d'un vidéo sur le processus judiciaire, qui met en lumière le rôle et les droits des victimes de violence;
    • distribution et explication de brochures en langues autochtones décrivant les droits des victimes, leur rôle dans le système de justice et les possibilités en matière de services;
    • orientation de la victime vers d'autres services régionaux ou provinciaux. 

    Ce programme n'est pas un programme d'aide aux victimes et aux témoins du bureau du procureur de la Couronne même s'il offre certains des mêmes services. Le personnel chargé de l'aide aux victimes et aux témoins accompagne la cour de circuit et assure un service supplémentaire.

    La prestation des services susmentionnés est d'autant plus importante que dans plusieurs collectivités le service de police n'est accessible que par la voie des airs et que les autres services communautaires y sont rares. Dans les quatre collectivités qui ont des refuges pour femmes battues, ces paraprofessionnels font souvent fonction d'intervenants dans ces refuges. Cela leur a permis de mieux connaître les femmes victimes de violence dans leur collectivité et d'avoir davantage accès à celles-ci.

    Ces paraprofessionnels des services aux victimes sont encadrés par le coordonnateur des services aux victimes de Happy Valley - Goose Bay, qui lui, est supervisé par le directeur du Programme des services aux victimes, ministère de la Justice, gouvernement de Terre-Neuve, à St. John's. Tous les membres du réseau de paraprofessionnels se réunissent une fois par année à des fins de formation, de compte rendu et de soutien.

    La force et l'utilité de ce programme (qui en font une pratique exemplaire) résident dans le fait qu'un réseau relativement important de membres permanents de la collectivité sont formés et employés pour offrir à long terme des services aux victimes dans leur propre collectivité. Par conséquent, la prestation des services ne dépend pas du fait que des « fournisseurs externes » assurent un service pendant une brève période avant de partir, phénomène courant dans les collectivités autochtones isolées. Ces fournisseurs de services aux victimes sont une ressource permanente dans leur collectivité.

    Les limites claires et le milieu favorable dans lequel œuvrent les paraprofessionnels des services aux victimes constituent une autre caractéristique de ce programme qui permet de le considérer comme une pratique exemplaire. Ils sont en communication constante avec le coordonnateur des services aux victimes à Happy Valley - Goose Bay, qui les aide à jouer un rôle clair auprès des victimes et de leur famille dans le cadre d'un examen permanent des cas qu'ils gèrent.

    Le manque de services communautaires dans la plupart des collectivités éloignées peut facilement entraîner l'épuisement professionnel des fournisseurs de services qui s'y trouvent. Le fait que ce problème soit reconnu et prévu est tout à l'honneur de l'ensemble du service.

    Centre de traitement Isuarsivik, Kuujjuaq (Québec) - Centre de traitement des toxicomanes inuits

    Ce centre de traitement, situé dans la région du Nunavik (inuit) dans le Nord du Québec, se spécialise dans le traitement des toxicomanes inuits du Canada. Il s'agit d'un exemple de pratique exemplaire qui présente un aspect des services aux victimes, le traitement des toxicomanes, car il ne suppose pas, comme bien des centres de traitement, que les Inuits ont les mêmes antécédents culturels que les membres des Premières nations et les Métis.

    Ce programme n'accepte que les Inuits et il est dirigé entièrement en inuktituk par des conseillers inuits qui ont reçu une formation concernant les méthodes occidentales et inuites d'intervention et de rétablissement après un traumatisme. Accessible à tous les Inuits du Canada, le programme est fondé sur la culture inuite. En fait, la réappropriation de son patrimoine culturel est considérée comme l'un des principaux piliers du rétablissement des toxicomanes qui participent au programme.

    D'une durée de quatre semaines, le programme est précédé d'un processus de demande global, ce qui permet de vérifier si le requérant est déterminé à guérir. Le programme fait appel à des éléments de diverses sources : traditions et enseignements culturels, Alcooliques Anonymes, thérapie cognitive, thérapie de rétablissement après un traumatisme et thérapie par le jeu. Les codes de comportement et d'interaction sont clairement détaillés.

    Ce programme commande le respect dans le Nord du Canada, et les intéressés doivent demander d'inscrire leur nom sur une liste d'attente. Ceux qui désirent y participer peuvent recevoir des fonds par l'entremise de leurs services locaux de santé et de services sociaux dans les T.N.-O., au Nunavut, au Québec et à Terre-Neuve et au Labrador.

    Services aux victimes régionaux Buffalo, Buffalo Narrows, Saskatchewan - Aider les victimes à participer au processus de justice réparatrice

    Bien des programmes de services aux victimes servent à préparer les victimes de violence à un processus relativement récent de justice réparatrice comme le cercle de détermination de la peine, les concertations des familles et les forums sur la justice familiale. Ces initiatives dans le domaine de la justice, qui visent à accroître l'efficacité et la pertinence du système de justice, mettent également les programmes de services aux victimes au défi de préparer et d'appuyer les victimes de façons différentes du système de justice traditionnel exigé.

    Les Services aux victimes régionaux Buffalo, qui comptent un employé rémunéré et plusieurs bénévoles, desservent plusieurs collectivités autochtones isolées dans la région de Buffalo Narrows dans le Nord de la Saskatchewan. Les intervenants en matière de services aux victimes de cette région ont trouvé qu'ils consacrent de plus en plus de temps à aider les victimes à participer aux « forums sur la justice familiale ». Ces forums préalables à l'imposition de la peine visent à donner à la victime et au délinquant et à leur famille (y compris les enfants) la possibilité d'expliquer comment ils ont été touchés par l'infraction. Le personnel rémunéré et les bénévoles des services aux victimes aident la victime ainsi que sa famille et ses enfants, à se préparer en vue de ces forums. Ils participent au forum avec eux et ils sont disponibles pour les séances de compte rendu et de suivi pendant les jours qui suivent le forum. Des spécialistes de la toxicomanie, de la probation et de la santé mentale ainsi qu'un médiateur participent également à tous les forums. Le forum formule des recommandations au juge concernant la détermination de la peine.

    Les intervenants en matière de services aux victimes de cette région (et d'autres personnes contactées dans le cadre de la présente étude) ont constaté que ces forums, lorsqu'ils sont planifiés de façon appropriée, sont très utiles pour conférer un sentiment de maîtrise et de puissance aux victimes. Beaucoup de victimes ont indiqué aux intervenants qu'elles ont eu l'impression d'être « entendues » et habilitées pour la première fois de leur vie. Ceux qui avaient déjà été victimes ou témoins dans le système de justice pénale estimaient que le forum sur la justice familiale leur a conféré un sentiment beaucoup plus intense de dignité, d'habilitation et de paix d'esprit.

    Le coordonnateur des services aux victimes dans cette région collabore étroitement avec les autres fournisseurs de services communautaires à la planification, à la préparation, au suivi et à l'établissement du compte rendu du forum sur la justice familiale.

    Une loi qui protège les victimes

    Loi sur la prévention de la violence familiale - Territoire du Yukon

    Cette loi digne de mention constitue une pratique exemplaire sur le plan des services aux victimes, car elle répond directement à certains des besoins pratiques et psychologiques les plus urgents des femmes et des enfants victimes de violence. Par conséquent, elle est considérée comme une pratique exemplaire dont d'autres administrations devraient s'inspirer[34]. La Loi sur la prévention de la violence familiale du Yukon compte trois volets : ordonnance d'intervention d'urgence, ordonnance d'aide aux victimes et mandat d'entrée. Chacun de ces volets est décrit ci-dessous.

    Une ordonnance d'intervention d'urgence :

    • peut être obtenue par l'intermédiaire de la GRC (jour et nuit, 7 jours sur 7), ou du ministère de la Justice du territoire, personnel des Services aux victimes (heures ouvrables de la semaine);
    • est rendue par téléphone par des juges de paix spécialisés;
    • peut permettre au partenaire agressé et à ses enfants de demeurer chez eux s'il est sécuritaire de le faire;
    • peut autoriser un policier à éloigner une personne violente de la maison familiale;
    • empêche la personne violente de contacter la personne agressée et sa famille ou d'autres personnes dont le nom figure dans l'ordonnance du tribunal;
    • permet à une personne agressée de demander de rendre une ordonnance d'aide aux victimes assortie du même genre de conditions qui s'appliquent à une ordonnance d'intervention d'urgence. 

    Une ordonnance d'aide aux victimes :

    • est disponible sous forme de trousse par l'entremise des Services aux victimes;
    • doit être demandée en personne au greffe du tribunal pendant les heures ouvrables de la semaine à Whitehorse, Dawson ou Watson Lake (à l'extérieur de ces villes, il faut présenter la demande au tribunal de Whitehorse en composant un numéro de téléphone sans frais);
    • peut permettre à une personne de reprendre temporairement possession de biens personnels;
    • peut empêcher la personne violente de prendre ou d'endommager ses biens;
    • peut obliger la personne violente à rembourser à la personne agressée ou leurs enfants toute perte de revenu, les frais médicaux, les frais de déménagement et les frais juridiques;
    • peut obliger la personne violente à accepter les conditions de l'ordonnance du tribunal;
    • ne peut être rendue que par un juge de la Cour territoriale, et la victime doit assister à une audience du tribunal. 

    Un mandat d'entrée :

    • peut être demandé si l'accès à la personne agressée est refusé et si l'on craint que celle-ci soit en danger;
    • peut être obtenu par l'intermédiaire de la GRC jour et nuit, 7 jours sur 7;
    • est rendu par un juge de paix ou un juge de la Cour territoriale par téléphone;
    • peut autoriser un policier à entrer dans une résidence, à aider une victime ou à faire sortir le conjoint violent ou la victime et à perquisitionner la maison pour trouver des indices de violence qui pourraient servir de preuve. 

    Selon l'esprit de cette loi, les femmes et les enfants peuvent demeurer chez eux, ce qui réduit considérablement le stress que subissent les femmes et les enfants agressés lorsqu'ils sont obligés de quitter le domicile familial et de trouver refuge ailleurs. Dans d'autres provinces et territoires, il peut être difficile, et souvent impossible, pour les femmes maltraitées d'avoir de nouveau accès à leur foyer après être parties. Souvent, le partenaire violent a réussi à conserver le droit de vivre dans le foyer familial malgré les accusations portées contre lui, les condamnations qu'il s'est vu infliger ou les peines qu'on a lui imposées. Étant donné la pénurie de logements dans la plupart des collectivités autochtones éloignées, il arrive souvent que les femmes et les enfants soient obligés de retourner vivre avec un conjoint ou un père violent malgré leur désir de mettre fin à la relation [35].

    Système d'information des victimes, Alaska (É. -U. ) -  accès à l'information pour les collectivités autochtones éloignées

    Comme la plupart des régions circumpolaires, l'Alaska compte plusieurs dizaines de collectivités autochtones et inuites éloignées qui ne sont accessibles que par avion. En 1996, cet État a adopté une modification constitutionnelle pour protéger les droits des victimes. Cette « déclaration des droits des victimes » garantit aux victimes de crime les mêmes droits qu'aux délinquants. Aux termes de la loi, il faut communiquer aux victimes des renseignements à jour sur leur cas et la situation du ou des délinquants impliqués.

    Le département des Affaires correctionnelles de l'Alaska a créé plusieurs systèmes d'information des victimes. Les victimes de crime peuvent composer un numéro de téléphone sans frais jour et nuit, 7 jours sur 7, et avoir accès à une banque de données centrale qui assure le suivi des affaires judiciaires et de la situation des délinquants dans tous les États-Unis. En outre, elles peuvent contacter, en faisant un appel à frais virés, l'un des 13 bureaux de services aux victimes en Alaska pendant les heures ouvrables pour avoir accès aux mêmes renseignements. Enfin, les victimes peuvent également appeler à frais virés le coordonnateur des services aux victimes de l'Alaska si elles ont besoin de renseignements supplémentaires ou de précisions sur leur cas et le délinquant impliqué. Grâce à ce système d'information, il est possible de s'adresser aux intéressés dans certaines langues autochtones (il y en a 14 en Alaska).

    Ce système est considéré comme une pratique exemplaire, car il aide les victimes de crime à mieux maîtriser la situation. Comme ce système très accessible a été créé pour leur seul usage, il contribue à convaincre bien des victimes que leur sécurité et leurs droits ne passent pas après ceux du délinquant. Selon le coordonnateur des services aux victimes de l'Alaska, des personnes de tout l'État de l'Alaska ont recours à ce service.

    Indemnisation financière des victimes, Alaska (É. -U. ) -  aide financière immédiate

    Le système simplifié d'indemnisation financière des victimes de crime en Alaska est un autre service aux victimes digne de mention. Les modifications législatives qui protègent et appuient les victimes de crime, adoptées au milieu des années 1990 en Alaska, comprenaient l'indemnisation financière obligatoire et immédiate des victimes de préjudices corporels et de dommages matériels. Les victimes ne sont pas obligées de poursuivre leurs agresseurs ou d'autres personnes pour obtenir les moyens financiers de refaire leur vie.

    Les intervenants en matière de services aux victimes aident les personnes et les familles victimes de violence à évaluer leurs besoins et à demander une aide financière immédiate. L'État poursuit le délinquant et les autres tiers impliqués pour obtenir une restitution financière.


    [32]  Tous les programmes décrits à la section sur les meilleures pratiques sont offerts aux hommes et aux femmes, sauf indication contraire.

    [33]  Le gouvernement du Nunavut a octroyé des fonds à certaines femmes de la région de Kitikmeot pour qu'elles participent à ce programme.

    [34]   Le rapport de Tim Roberts, Examen de la législation provinciale/territoriale en matière de violence familiale et des stratégies d'application, Ottawa, Division de la recherche et de la statistique, ministère de la Justice Canada, 2001, décrit et examine des lois semblables de façon plus détaillée.

    [35]   Selon les discussions tenues, dans le cadre de la présente étude, avec l'ex-ministre de la Justice du Yukon chargée de rédiger cette loi, Mme Lois Moorcroft, même si cette loi ne « règle » pas le problème de la violence familiale, plusieurs femmes lui ont dit qu'elle leur avait sauvé la vie.

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