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Rapport de recherche
CONCERNANT LA CONDAMNATION À L'EMPRISONNEMENT AVEC SURSIS AU CANADA : APERÇU DES RÉSULTATS DE RECHERCHE
Julian V. Roberts
et
Carol LaPrairie
Avril 2000
Les opinions qui y sont exprimées sont celles de l'auteure ; elles ne reflètent pas nécessairement celles du Ministère de la justice Canada.
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SOMMAIRE
Condamnation à l'emprisonnement avec sursis
Le projet de loi C-41 est entré en vigueur en 1996. Ce projet de loi représentait la première
grande réforme de l'histoire canadienne en matière de détermination de la peine. Les
modifications apportées par ce projet de loi sur la détermination de la peine comprenaient la
création d'une nouvelle peine : la condamnation à l'emprisonnement avec sursis. Il s'agit d'une
peine d'emprisonnement purgée au sein de la collectivité. Si certains critères sont respectés, le
tribunal peut ordonner au délinquant de purger sa peine dans la collectivité plutôt que dans un
établissement de correction provincial. Le contrevenant doit respecter certaines conditions
obligatoires, et des conditions facultatives spécifiquement adaptées à un contrevenant peuvent
être imposées. Si celui-ci contrevient à l'une quelconque des conditions, il peut se voir ordonné
de purger le reste de sa peine en prison. L'emprisonnement avec sursis visait à réduire, de façon
sécuritaire et fondée sur de principes, le nombre de contrevenants placés sous garde.
But du rapport
Ce rapport résume une partie de la recherche menée sur l'emprisonnement avec sursis de 1996 à
2000. Cette recherche comprend une analyse des modèles d'utilisation en ce qui a trait à la
nouvelle peine, les attitudes du public concernant l'emprisonnement avec sursis ainsi qu'une
enquête auprès des juges. La recherche résumée dans ce document a été réalisée avant le
jugement de la Cour suprême concernant l'affaire Proulx (janvier 2000) qui fournit aux juges une
orientation en ce qui a trait au recours à l'emprisonnement avec sursis.
- Enquête auprès des juges
Une enquête postale a été réalisée auprès des juges à la grandeur du Canada. L'échantillon final
comportait 461 répondants, ce qui représente un taux de réponse d'environ un tiers. L'enquête a
révélé les conclusions suivantes :
- le recours à l'emprisonnement avec sursis variait considérablement d'une région à
l'autre du pays;
- les juges ont estimé que le fait de « réduire le recours à l'emprisonnement »
représentait l'objectif le plus important de l'emprisonnement avec sursis, mais un
nombre presque aussi élevé de répondants ont plutôt désigné le fait de « répondre aux
besoins du contrevenant »;
- les crimes contre les biens étaient considérés comme l'infraction à laquelle
l'emprisonnement avec sursis convenait le mieux;
- la condamnation à l'emprisonnement avec sursis était considérée comme aussi
efficace que l'emprisonnement en matière de réhabilitation, mais non de dissuasion
ou de dénonciation;
- un tiers des répondants estimaient que la condamnation à l'emprisonnement avec
sursis avait la même incidence qu'une ordonnance de probation;
- les juges déclaraient qu'ils infligeraient plus de peines d'emprisonnement avec sursis
s'il existait davantage de ressources de soutien;
- les ordonnances de traitement et d'interdiction de communiquer représentaient les
peines les plus fréquemment imposées;
- la plupart des juges estimaient que l'incarcération représentait la réponse appropriée à
un bris de conditions;
- la plupart des juges croyaient que l'emprisonnement avec sursis avait réduit le
nombre d'emprisonnements;
- les répondants estimaient que le grand public ne comprenait pas les condamnations à
l'emprisonnement avec sursis;
- la plupart des juges reconnaissaient qu'ils prenaient en compte les répercussions sur
l'opinion publique avant d'imposer une peine d'emprisonnement avec sursis.
- Recours aux condamnations à l'emprisonnement avec sursis (1996-1999)
Dans le cadre d'un exercice particulier de collecte de données, on a compilé des statistiques sur
les peines d'emprisonnement avec sursis au cours des trois premières années de la mise en
vigueur de la nouvelle sanction.
- Au cours des trois premières années du régime d'emprisonnement avec sursis, 42 941
condamnations à l'emprisonnement avec sursis ont été infligées.
- L'Ontario et le Québec représentaient ensemble 55 % de toutes les peines
d'emprisonnement avec sursis infligées.
- Les infractions contre la propriété constituaient le pourcentage le plus élevé
d'ordonnances (39 %); 31 % des ordonnances étaient imposées pour des crimes
contre la personne, 8 % pour des crimes contre l'administration de la justice et 11 %
pour des contraventions à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances.
- Peu d'affaires impliquant un crime grave de violence ont donné lieu à l'imposition
d'une peine d'emprisonnement avec sursis.
- Un quart de toutes les ordonnances s'étendaient sur une période de trois mois ou
moins. La période de trois à six mois représentait la deuxième catégorie la plus
fréquente et constituait 18 % des ordonnances.
- Les infractions en matière de violence conjugale et d'agression sexuelle étaient
associées aux ordonnances d'emprisonnement avec sursis les plus longues.
- Les ordonnances de traitement et de travaux communautaires représentaient les
conditions facultatives les plus souvent imposées.
- L'opinion publique et l'emprisonnement avec sursis
À ce jour, deux enquêtes représentatives ont examiné l'opinion du public en ce qui concerne
l'emprisonnement avec sursis. L'une a été réalisée en Ontario en 1997 et l'autre, à l'échelle du
Canada en 1999. En voici les résultats :
- la plupart des Canadiens saisissent mal la définition de la peine d'emprisonnement
avec sursis; lorsqu'on leur a posé une question à choix multiples, davantage de
répondants avaient tort que raison;
- l'appui de l'opinion publique pour l'emprisonnement avec sursis est plus élevé en ce
qui concerne les voies de fait que les agressions sexuelles. L'enquête ontarienne a
révélé que 71 % des membres du public était en faveur de l'imposition d'une peine
d'emprisonnement avec sursis dans une affaire de voies de fait alors que l'appui à
l'emprisonnement avec sursis chutait à 40 % pour une affaire d'agression sexuelle;
- l'appui du public concernant l'emprisonnement avec sursis était nettement plus élevé
lorsque la peine d'emprisonnement avec sursis comportait plusieurs conditions
facultatives. Ce fait a été démontré en comparant les réponses de deux groupes de
répondants. Un groupe avait le choix d'imposer une période d'emprisonnement de six
mois ou une peine d'emprisonnement avec sursis de six mois assortie de conditions.
Le deuxième groupe avait les mêmes choix, mais les conditions facultatives étaient
précisées. Le contrevenant devait respecter un couvre-feu, verser un dédommagement,
exécuter des travaux communautaires et se présenter aux autorités deux fois par
semaine. Sans que les conditions aient été précisées, seulement 25 % des répondants
étaient en faveur de l'imposition d'une peine d'emprisonnement avec sursis dans une
affaire d'introduction par effraction, mais lorsque ces conditions étaient précisées,
l'appui à une peine d'emprisonnement avec sursis s'élevait à 65 %.
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