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Déclaration

NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE L’HONORABLE MONTE SOLBERG,
MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ
ET DE L’IMMIGRATION

lors de la

10e conférence biennale de l’International Association for the Study of Forced Migration

et de la

Conférence internationale sur les droits des réfugiés du Conseil canadien pour les réfugiés

Toronto (Canada)
Le 18 juin 2006

Priorité au discours prononcé

* * * * *

Introduction

C’est pour moi un grand honneur de prendre la parole dans le cadre de la séance d’ouverture de cette conférence. Je vous remercie de votre invitation. C’est un privilège d’être ici aujourd’hui.

J’aimerais commencer en félicitant l’International Association for the Study of Forced Migration (IASFM). C’est le 10e anniversaire de vos conférences internationales. Au cours des dix dernières années, vous avez considérablement fait progresser le secteur des études sur la migration forcée.

Je tiens également à rendre hommage au Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) pour sa mobilisation à l’égard des droits des réfugiés, tant au Canada que dans le reste du monde.

Enfin, j’aimerais remercier le Centre d’études sur les réfugiés de l’Université York de son accueil ainsi que de sa contribution à la recherche et de ses travaux sur les questions touchant les réfugiés.

Bonjour et bienvenue à tous, en particulier à ceux d’entre vous qui visitent le Canada pour la première fois.

Votre importance

Le Canada a une longue tradition d’intervention lors de situations de crise générant des réfugiés dans le monde entier, tradition qu’il maintient aujourd’hui.

Ma ville natale en constitue un parfait exemple. Brooks, en Alberta, a accueilli 1 200 réfugiés soudanais, ce qui représente près de dix pour cent de la population de la collectivité. Ils s’y sont établis pour travailler dans notre usine locale de conditionnement des viandes. Des dizaines de langues y sont parlées.

Il n’y a pas très longtemps, j’ai rencontré dans ma collectivité un jeune homme réfugié du Libéria. Il m’a dit que son père avait été assassiné par des insurgés libériens parce qu’il était un fonctionnaire libérien, crime jugé capital. Puis il a retiré sa chemise et m’a montré l’endroit où les insurgés avaient versé du caoutchouc fondu sur son bras. Il a ensuite remonté sa jambe de pantalon et m’a montré l’endroit où une balle lui avait traversé la jambe. Toutefois, ce jeune homme est aujourd’hui en sécurité dans le meilleur pays du monde parce que les Canadiens savent qu’il est juste d’aider les réfugiés.

Quoique j’aie eu personnellement l’occasion de constater la tradition canadienne d’accueil des réfugiés dans ma propre collectivité, ma présence ici constitue une nouvelle expérience.

Le premier message que je souhaite vous faire passer est celui‑ci :

  • votre travail est important;
  • vos recherches sont nécessaires;
  • votre compétence est précieuse.

C’est une expérience qui donne à réfléchir que de prendre des décisions qui influent sur la vie des autres. Et c’est une expérience vivifiante que de prendre des décisions qui coûtent parfois des millions de dollars provenant de l’argent des contribuables.

Dans ces situations, je ne veux pas prendre de décision sur la base d’une information non fiable. Je ne veux pas hasarder une hypothèse.

Je désire obtenir les meilleurs conseils possibles — basés sur les meilleurs chiffres qui soient — fondés sur une évaluation rigoureuse des faits. Je désire également profiter de la perspective plus large qu’offre l’évaluation de l’expérience des autres pays et l’examen des tendances mondiales.

C’est ici que vous jouez un rôle crucial. Comme je suis responsable de mes décisions devant le public, j’apprécie votre contribution pour m’aider à prendre ces décisions.

Cet après-midi, j’aimerais parler des tendances que nous observons en ce qui a trait aux réfugiés dans le monde entier. J’aimerais également vous présenter quelques réflexions sur des initiatives possibles face à ces tendances.

Durant la suite de mon intervention, je vais mentionner un certain nombre de réalisations du Canada. Sachez bien que nous, Canadiens, reconnaissons et apprécions les contributions importantes des autres pays à l’égard des réfugiés, pays qui sont représentés ici, dans cette salle.

Situation actuelle

Selon le HCR, on compte quelque 8,4 millions de réfugiés dans le monde et environ vingt millions de personnes déplacées.

Le Canada doit faire sa part pour offrir à ces gens une aide et un asile. Nous en avons l’obligation morale. En fait, l’approche du Canada dans sa politique en matière d’immigration et de citoyenneté n’est pas simplement liée au bilan national, elle est ancrée dans les valeurs et les traditions canadiennes profondes. Après tout, l’enjeu de la politique d’immigration, ce sont les gens.

Toutefois, des ressources importantes sont consacrées à des demandes présentées au Canada par des personnes qui n’ont pas besoin de protection. Et quoique l’arriéré de demandes ait été considérablement réduit, notre processus de détermination du statut de réfugié au Canada se montre trop souvent complexe, lent, coûteux et inefficace.

Je crois profondément que notre pays doit veiller à être en mesure d’aider ceux qui ont réellement besoin de protection, tout en faisant face à ces réalités.

Je suis déterminé à travailler à la mise en place d’un système qui concentre ses efforts là où les besoins sont les plus importants, qui soit flexible et proactif et qui offre sa protection de façon efficace.

Au cours des dernières années, nous avons observé un certain nombre de faits nouveaux qui touchent les réfugiés.

Depuis 2000, par exemple, le nombre de réfugiés a baissé de façon régulière, jusqu’à atteindre les 8,4 millions que je viens de mentionner. Ce chiffre est le plus bas depuis près d’un quart de siècle.

Cela est en partie attribuable au fait que, au cours des cinq dernières années, on a compté moins de crises engendrant des réfugiés. De plus, plusieurs conflits ont pris fin, permettant ainsi le retour des réfugiés. Les quatre millions d’Afghans que l’on aide à retourner chez eux depuis 2002 constituent l’un des plus importants mouvements de rapatriement volontaire.

De plus, les conflits inter-étatiques sont moins fréquents aujourd’hui que les conflits internes et les guerres civiles, ce qui conduit à une réduction des flux de réfugiés mais à une augmentation des déplacements internes.

Le Canada prend part à la réinstallation de réfugiés depuis plus de 50 ans. Il a accueilli plus de 800 000 réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Partenariats avec la société civile

Toutefois, le gouvernement n’est pas le seul à jouer un rôle dans la protection des réfugiés. Nous avons donc aussi examiné des approches novatrices pour accroître notre efficacité à aider les personnes qui ont besoin de protection, lesquelles comprennent notre Programme de parrainage privé de réfugiés. À notre connaissance, ce programme est le seul du genre au monde.

Grâce à ce programme, des réfugiés sont parrainés par des particuliers et des groupes qui s’impliquent de façon active pour aider les nouveaux arrivants à s’adapter à la société canadienne. Depuis 1979, quelque 190 000 réfugiés ont été parrainés ainsi.

Nous avons constaté que les résultats du parrainage privé comptent parmi les meilleurs, en raison de l’engagement personnel du groupe de parrainage envers la personne qu’il a parrainée.

Le problème du Programme de parrainage privé de réfugiés, c’est le nombre croissant de demandes à traiter. Je suis résolu à collaborer avec la communauté de parrainage pour trouver une solution. Je sais que, en travaillant ensemble, nous pouvons renforcer ce partenariat canadien unique et distinct pour la protection des réfugiés entre le gouvernement et les particuliers.

Utilisation stratégique de la réinstallation et du cadre multilatéral sur la réinstallation

Une autre stratégie qui est à notre portée sur le plan international consiste à utiliser la réinstallation de façon plus stratégique. L’utilisation stratégique de la réinstallation est un concept qui propose que la réinstallation soit utilisée comme moyen d’action dans les régions touchées par les mouvements de réfugiés. Elle met l’accent sur la nécessité d’examiner la relation entre la capacité de protection et la réinstallation.

Nous savons que la réinstallation ne peut pas toujours être la seule solution durable pour les réfugiés. Elle n’est la solution que pour une petite partie des réfugiés dans le monde. Comme vous le savez, le Canada est l’un des douze pays au monde, seulement, à participer de façon significative à la réinstallation des réfugiés.

Toutefois, nous croyons que, lorsque les pays travaillent ensemble pour réinstaller les réfugiés, les résultats en sont accrus pour les intéressés, y compris dans les situations où la totalité de la population est réfugiée.

Traitement par groupe

Le Canada lui-même se lance activement dans des façons nouvelles et novatrices d’utiliser de manière plus stratégique son propre programme de réinstallation. À ce titre, il a assumé un rôle de leadership pour l’utilisation du traitement par groupe pour la protection des réfugiés. Nous avons déjà utilisé ce procédé dans des situations difficiles touchant les réfugiés, tant en Afrique qu’en Asie.

La notion de traitement par groupe représente un tournant fondamental dans notre approche politique en matière de sélection des réfugiés. Quoique les questions de sécurité restent manifestement cruciales, le traitement par groupe permet au Canada de traiter un grand nombre de réfugiés de façon plus efficace. Il permet d’accepter les membres d’un groupe sélectionné sans qu’il soit nécessaire de procéder à l’évaluation individuelle de leur situation.

Traitement par groupe des Karens

Pour vous donner un exemple actuel, à la veille de la Journée mondiale des réfugiés, je suis heureux d’annoncer que le Canada a accepté de réinstaller un groupe de 805 réfugiés karens du Myanmar, qui se trouvent actuellement dans un camp de réfugiés en Thaïlande.

Moins d’un an après que le HCR soit entré en relation avec elles, plus de 500 personnes de ce groupe doivent arriver au Canada en août et en septembre, les quelque 300 autres devant suivre à la fin de l’année et au début de 2007.

Les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Finlande, la Norvège, la Suède, le Royaume-Uni et les Pays-Bas offrent également de réinstaller d’autres groupes de réfugiés karens.

Ces gens ont été gravement persécutés. Ils ont été soumis à la torture, à l’emprisonnement, au travail forcé, à la destruction de leurs villages par le feu et à la relocalisation contrainte dans leur région natale.

Depuis près d’une décennie maintenant, ils vivent dans un camp de réfugiés en Thaïlande, lequel est surpeuplé et manque de systèmes d’assainissement et d’alimentation en eau convenables, et la maladie y sévit.

Nos trois préposés aux entrevues de CIC n’étaient pas certains de ce qu’ils allaient trouver lorsqu’ils se sont rendus au camp reculé de réfugiés de Mae La Oon, en février dernier.

Lorsqu’ils sont arrivés, ils ont trouvé des conditions primitives. De nombreux demandeurs avaient perdu des membres de leur famille, décédés de la malaria ou de la dysenterie. Un grand nombre souffraient de tuberculose. Pour de nombreux enfants, c’était le seul foyer qu’ils aient jamais connu.

Cependant, à leur grande stupéfaction, nos agents de CIC ont constaté que les réfugiés karens avaient établi eux-mêmes un système scolaire allant jusqu’à la 10e année, un hôpital rudimentaire, un centre de formation pour les réfugiés handicapés et une industrie artisanale prospère.

Aujourd’hui, j’ai parlé par moments des réfugiés en termes quelque peu détachés, mais les réfugiés ne sont pas des chiffres. Ce sont des êtres humains aussi réels que vous et moi mais, contrairement à la plupart d’entre nous, ils ont connu des tragédies et des souffrances inimaginables.

Le projet de réinstallation des réfugiés constitue un bon exemple du niveau de coopération qui existe entre le HCR et Citoyenneté et Immigration Canada ainsi que les autres pays participants. Il illustre également le rôle essentiel joué par nos partenaires internes, tels que les organismes de services et les groupes de parrainage privé.

Les 500 réfugiés pris en charge par le gouvernement qui arriveront dans quelques mois s’installeront dans dix collectivités réparties dans tout le pays, entre Vancouver et Charlottetown. Les 305 autres réfugiés bénéficieront du soutien de la communauté de parrainage privé. Des groupes de parrainage situés dans de petites et de grandes villes ont répondu avec enthousiasme pour offrir leur soutien.

Nous sommes extrêmement heureux de collaborer avec les fournisseurs de services d’établissement, les groupes de parrainage et les particuliers du Canada, qui aideront ce groupe à s’établir et à s’intégrer.

Conclusion

J’aimerais vous faire part de quelques observations finales avant que vous ne vous lanciez dans vos délibérations. Il s’agit de la nécessité de combiner et de mieux coordonner nos ressources, et de les utiliser de façon stratégique, tant à l’échelle nationale qu’internationale, afin de pouvoir mieux aider les personnes qui ont véritablement besoin de protection.

Il s’agit de la nécessité de passer d’un système international peu structuré, segmenté, réactif et quelquefois vulnérable à un système plus intégré, plus proactif et plus souple.

Nous devons continuer d’aider les personnes qui en ont véritablement besoin. Nous en avons l’obligation morale. En fait, nous devons faire un meilleur travail à cet égard. Nous savons qu’il n’existe pas de formule magique pour régler tous les problèmes auxquels est confronté le système canadien d’octroi de l’asile. Nous croyons toutefois que notre stratégie visant à régler ces problèmes doit inclure les facteurs que sont l’équité et la compassion à l’égard des individus, tout en maintenant l’intégrité de notre système d’immigration et en conservant le soutien des Canadiens.

Bien entendu, cela soulève une question : comment peut-on y parvenir efficacement? Et cela me ramène à vous.

Comme je l’ai dit au début, vous avez un rôle essentiel à jouer. Nous nous tournons vers vous pour une évaluation objective des preuves et pour la perspective plus large que vous apportez aux questions touchant les réfugiés. Connaître votre avis sur les questions que j’ai soulevées cet après-midi m’intéresserait vivement. Je tiens à vous remercier et à vous exprimer ma gratitude. Votre dévouement désintéressé à l’égard des personnes les plus vulnérables qui soient sur terre est une source d’inspiration pour moi et un exemple pour le monde entier.

Je vous remercie.

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