Commentaires d'introduction au Comité des Finances
La stratégie du Canada pour lutter contre le blanchiment
d'argent
(Chapitre 3 - Rapport d'avril 2003 de la vérificatrice générale
du Canada)
Le 27 mai 2003
John Wiersema, CA
Vérificateur général adjoint
Madame la Présidente, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître
devant le Comité pour discuter de la lutte contre le blanchiment d'argent.
J'assume la responsabilité globale des travaux de vérification
du portefeuille du ministère des Finances, qui comprend le Centre d'analyse
des opérations et déclarations financières du Canada.
J'ai à mes côtés Richard Smith, directeur principal au
Bureau, qui m'aide dans mes travaux sur le ministère des Finances. Richard
est l'auteur de notre étude sur « La stratégie du Canada
pour lutter contre le blanchiment d'argent » qui a été
rendue publique en avril.
Je vais tout d'abord vous expliquer pourquoi nous avons réalisé
cette étude et vous donner un bref aperçu de nos conclusions.
Le Comité est, je le sais, très bien informé sur la lutte
contre le blanchiment d'argent ainsi que sur les efforts déployés
par le gouvernement fédéral pour lutter contre le blanchiment
d'argent, grâce aux audiences qu'il a tenues sur la Loi sur le recyclage
des produits de la criminalité (blanchiment d'argent) en 2000, et
sur la modification de la Loi en 2001. Les membres se souviendront donc
que la Loi contient une disposition voulant que le Parlement examine
la Loi et son administration dans un délai de cinq ans après son
entrée en vigueur, soit d'ici juillet 2005.
Pour aider les parlementaires à effectuer cet examen, le Bureau du vérificateur
général a conçu un processus de rapport, sur ce sujet,
en deux volets.
- L'étude qui a été rendue publique en avril jette les
bases d'une future vérification de la stratégie du gouvernement
fédéral pour lutter contre le blanchiment d'argent. Elle décrit
le blanchiment d'argent et les principales difficultés à surmonter
pour lutter contre celui-ci.
- La seconde étape prévue pour novembre 2004 sera une vérification
où nous étudierons la mesure dans laquelle ces difficultés
ont été surmontées.
Les membres savent que le blanchiment d'argent est une forme de crime financier
qui consiste à donner aux produits de la criminalité une apparence
légitime. L'individu ou le groupe qui commet le crime cherche à
faire un profit. L'une des stratégies de lutte contre le blanchiment
d'argent consiste à réduire la criminalité en entravant
la conservation et l'utilisation des profits par les criminels.
La communauté internationale lutte contre le blanchiment d'argent depuis
une quinzaine d'années. Cette lutte fait partie de la lutte antidrogue,
qui a été élargie pour inclure les produits d'autres crimes
graves et, dernièrement, pour inclure la lutte antiterroriste.
Les éléments constitutifs de la stratégie du Canada contre
le blanchiment d'argent ont été mis en place à la fin des
années 1980 et au début des années 1990. Le système
que le Canada a mis en place correspondait essentiellement aux normes internationales
à ce moment-là, mais ces normes étaient en train de changer.
Par son retard à cet égard, le Canada s'est attiré des
critiques.
Pour combler ces lacunes, le Canada a lancé l'Initiative nationale de
lutte contre le blanchiment d'argent, dont la pièce maîtresse est
la nouvelle Loi sur le recyclage des produits de la criminalité (blanchiment
d'argent). Un montant total de 139 millions de dollars a été
prévu pour les quatre premières années en vue d'établir
le Centre d'analyse des opérations et déclarations financières
du Canada et d'aider les partenaires du Centre à jouer leur rôle.
En 2001, on a modifié tant la Loi que le mandat du Centre de manière
à y inclure des dispositions pour la détection et la prévention
du financement d'activités terroristes. Le Centre s'est vu octroyer,
sur trois ans, un supplément de 34 millions de dollars destiné
à ce rôle.
La stratégie du Canada pour lutter contre le blanchiment d'argent vise
à établir un équilibre entre ses divers objectifs, à
savoir renforcer l'application de la loi, protéger les renseignements
personnels et appuyer les efforts internationaux de lutte contre le blanchiment
d'argent. Un autre objectif est de minimiser les coûts que subissent les
organismes, comme les banques, les sociétés de fiducie et les
établissements de change, pour se conformer aux dispositions de la loi,
c'est-à-dire tenir des documents, identifier les clients et déclarer
les opérations inhabituelles ou douteuses. La nouvelle Loi a modifié
l'équilibre de manière à privilégier davantage l'application
de la loi, au Canada et à l'étranger.
Pour atteindre ses buts de réduction du blanchiment d'argent et du financement
d'activités terroristes, le gouvernement fédéral devra
surmonter un certain nombre de difficultés, notamment :
- protéger le droit à la vie privée, dont jouissent les
Canadiens en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés;
- produire des renseignements financiers de qualité supérieure
qui soient de nature à aider les divers organismes d'enquête,
dont ceux chargés de l'application de la loi;
- surmonter les difficultés particulières que pose le financement
d'activités terroristes, comme suivre la trace des petits dépôts
et retraits;
- faire connaître aux organismes financiers et au public les nouvelles
règles prévues dans la loi et veiller à ce qu'ils les
observent;
- veiller à ce que de bonnes relations de travail parmi une vaste gamme
de partenaires et de parties intéressées soient établies
et maintenues;
- déterminer le degré d'efficacité des efforts du gouvernement
fédéral dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement
d'activités terroristes
Nous décrivons chacune de ces difficultés de manière plus
détaillée dans notre rapport.
Comme je l'ai mentionné au départ, la vérification dont
nous prévoyons présenter les résultats en novembre 2004
mettra l'accent sur la mesure dans laquelle ces difficultés ont été
surmontées, et devrait aider les parlementaires à effectuer l'examen
de la Loi qui doit être fait d'ici juillet 2005.
Madame la Présidente, nous serions heureux de répondre aux questions
du Comité.
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