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Déclaration d'ouverture au Comité des Comptes publics
Chapitre 1 du rapport d'avril 2002 - Soustraire des fonds publics au contrôle du parlement
Le 12 février 2003
Sheila Fraser, FCA
Vérificatrice générale du Canada
Monsieur le Président, je vous remercie de me donner l'occasion de rencontrer
les membres du Comité pour discuter de notre chapitre d'avril 2002
« Soustraire des fonds publics au contrôle du Parlement ».
Mme Maria Barrados, vérificatrice générale adjointe, m'accompagne
aujourd'hui.
Le gouvernement fédéral a « délégué »
à certaines fondations des responsabilités liées à
des programmes, sans tenir les fondations dûment responsables. Depuis
1996 1997, il a transféré plus de 7,4 milliards de dollars
à 10 fondations bien avant que cet argent ne soit nécessaire pour
répondre aux besoins des programmes. En voici les meilleurs exemples : la Fondation canadienne pour l'innovation a reçu 3,15 milliards
de dollars de fonds fédéraux, la Fondation canadienne des bourses
du millénaire, 2,5 milliards de dollars, et Inforoute Santé
du Canada Inc., 500 millions de dollars. Au 31 mars 2002, la
presque totalité du montant fourni aux fondations était toujours
dans les comptes bancaires et les placements de celles ci. Il faudra des années
avant que les bénéficiaires ultimes, c'est à dire les étudiants,
les fournisseurs de soins de santé et d'autres - bénéficient
de cet argent.
La convention comptable du gouvernement exige que ces transferts soient constatés
comme dépenses au moment où l'argent est transféré
aux fondations. Nous nous interrogeons à savoir si le traitement comptable
reflète correctement la substance économique de ces transferts.
Ne serait-il pas préférable de comptabiliser ces dépenses
dans les états financiers du gouvernement dans les exercices au cours
desquelles les fondations versent des subventions aux bénéficiaires
ultimes prévus ou lorsqu'elles utilisent elles mêmes l'argent aux
fins ultimes prévues par le gouvernement? Le Conseil sur la comptabilité
dans le secteur public de l'Institut Canadien des Comptables Agréés
mène actuellement deux projets qui pourraient influer sur la façon
dont ces opérations sont comptabilisées. Premièrement,
le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public a publié
un projet de normes révisées pour déterminer si les organisations
telles que les fondations devraient être incluses dans le périmètre
comptable du gouvernement. Ce projet est axé sur la question de savoir
si le gouvernement « contrôle » l'entité. Deuxièmement,
le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public établit
des normes révisées sur le moment où les transferts devraient
être comptabilisés comme dépenses.
En 2001-2002, le gouvernement a annoncé son intention de créer
deux nouvelles fondations. Plus tard, il a constaté qu'il pourrait atteindre
les mêmes objectifs au moyen de crédits et de programmes ministériels
courants qui sont soumis à la reddition de comptes habituelle au Parlement.
Par conséquent, les transferts aux fondations ont été réduits
de 2 milliards de dollars en 2000-2001 à 235 millions de dollars
en 2001-2002.
Les mécanismes qui régissent les fondations existantes ne répondent
pas aux exigences essentielles de la reddition de comptes au Parlement. Ces
exigences sont : rendre compte de manière crédible des résultats,
assurer une surveillance ministérielle efficace et garantir une vérification
externe adéquate. De plus, on n'y retrouve pas tous les principaux aspects
d'un cadre de gouvernance adéquat - notamment, la transparence et la
protection des valeurs et une éthique propres au secteur public. Les
ministères parrains doivent veiller à ce que les fondations financées
avec l'argent des contribuables dépensent cet argent de façon
équitable et bien-fondé, et à ce qu'elles en assurent une
bonne intendance.
À notre avis, les ministres parrains doivent disposer de moyens efficaces
pour assurer un suivi stratégique des dépenses des fondations
et faire des ajustements, si les choses vont mal ou que les priorités
du gouvernement changent. Pour le moment, les ministres n'ont pratiquement aucun
pouvoir pour intervenir, à part intenter des poursuites si l'entente
de financement n'est pas respectée.
Chacune des fondations que nous avons examinées comportait des dispositions
prévoyant la préparation d'états financiers et la réalisation
d'une vérification comptable par un vérificateur externe nommé
par le conseil de la fondation. Cependant, aucune n'est soumise à une
vérification indépendante de large portée, outre la vérification
des états financiers. Aucune n'est tenue de se soumettre à des
vérifications qui touchent la conformité aux autorisations, le
bien-fondé ou l'optimisation des ressources fédérales utilisées.
C'est le genre d'assurance et d'information que le Parlement obtient généralement
grâce aux vérifications de large portée réalisées
par son vérificateur général. Monsieur le Président,
à mon avis, le vérificateur du Parlement devrait, dans la plupart
des cas, être nommé vérificateur externe des fondations.
La communication d'information au Parlement et au public sur ces fondations
doit être améliorée. Les fondations publient des rapports
annuels, mais peu d'entre elles prévoient leur dépôt au
Parlement. Celui-ci ne reçoit pas non plus de plans pluriannuels ou de
constatations d'évaluation. Le Parlement a accès à certains
renseignements utiles contenus dans les documents budgétaires des ministères
parrains ou dans les rapports annuels des fondations, mais l'information communiquée
sur le rendement pourrait être de meilleure qualité.
En avril 2002, le Conseil du Trésor a adopté la Politique sur
les différents modes de prestation de services que nous considérons
comme une étape prometteuse. Selon cette politique, les ministères
parrains peuvent être tenus de fournir de l'information sur la gouvernance
et la reddition de comptes des nouveaux mécanismes proposés comme
les fondations, dans le cadre du processus d'approbation. Cependant, pour que
la Politique soit efficace, les ministères auront besoin de meilleures
directives sur les principales questions de gouvernance que celles qu'ils avaient
reçues au moment de notre vérification. Le Secrétariat
du Conseil du Trésor aura aussi besoin de ressources et de compétences
appropriées pour surveiller si les ministères respectent bien
la Politique.
En conclusion, Monsieur le Président, nous sommes d'avis que le gouvernement
devrait réexaminer l'obligation de rendre compte et la gouvernance des
fondations et des autres mécanismes de régie déléguée.
Il est urgent d'apporter des améliorations concrètes. Par exemple,
les récents budgets ont octroyé à certaines fondations
des fonds supplémentaires. Le gouvernement devrait en profiter pour renforcer
les dispositions de gouvernance et de reddition de comptes des ententes de financement.
Jusqu'à ce que les nombreuses lacunes des cadres de gouvernance des fondations
soient comblées, la reddition de comptes au Parlement continuera d'être
indûment à risque. De plus, les fonds publics que les fondations reçoivent continueront d'être soustraits au contrôle du Parlement.
Monsieur le Président, nous serons heureux de répondre aux questions
du Comité.
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