Déclaration d'ouverture au Comité des Comptes publics
Rapport sur le Commissariat à la protection
de la vie privée du Canada
Le 2 octobre 2003
Sheila Fraser, FCA
Vérificatrice générale du Canada
Je vous remercie, Monsieur le Président. Je suis heureuse d'avoir l'occasion
d'informer les membres du Comité des résultats de notre vérification
du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Je
suis accompagnée aujourd'hui de Hugh McRoberts, vérificateur général
adjoint, et Kathryn Elliott, la directrice principale qui était chargée
des travaux de vérification sur les questions de gestion des ressources
humaines. D'autres vérificateurs ont participé à la vérification.
Ils se tiennent aussi à la disposition du Comité si les membres
décident d'étudier le rapport plus à fond.
Comme je l'ai mentionné mardi, je suis à la fois indignée
et attristée par ce que nous avons trouvé. Indignée parce
que nous avons constaté un climat où régnaient la peur
et l'arbitraire, ce qui a entraîné une défaillance majeure
des contrôles en matière de gestion financière, de gestion
des ressources humaines, de l'octroi des contrats, des frais de voyage et d'accueil
et attristée par la façon dont les employés ont
été traités.
Le coût humain est important. Je crains aussi que les torts ne soient
encore plus grands si ce cas inhabituel était généralisé
à l'ensemble des employés du Commissariat et à l'ensemble
de la fonction publique. Cela serait injuste et nuirait grandement aux milliers
de femmes et d'hommes honnêtes et dévoués qui sont au service
des Canadiens partout au pays.
L'ancien commissaire à la protection de la vie privée a manqué
à ses responsabilités d'administrateur général,
soit d'assurer l'administration adéquate du Commissariat. Lui et certains
cadres ont fermé les yeux sur les violations des lois, des politiques,
des lignes directrices et des principes fondamentaux de la gestion.
Nous avons constaté que l'ancien commissaire a abusé systématiquement
de son pouvoir discrétionnaire et que souvent il n'a pas fait preuve
d'un jugement sûr et éclairé. Par exemple, il a dépensé
des fonds publics de manière déraisonnable et extravagante pour
des voyages et des activités d'accueil, sans tenir compte des principes
de prudence et de probité. Nous avons constaté que la valeur obtenue
par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada
et les contribuables canadiens en contrepartie des sommes dépensées
en voyages internationaux et en activités d'accueil était faible.
L'ancien commissaire a aussi abusé de son pouvoir discrétionnaire
en matière de classification des postes et de rémunération.
Le climat de travail malsain s'est traduit par des coûts humains et financiers
importants. Les mécanismes de gouvernance interne du Commissariat à
la protection de la vie privée du Canada et les mécanismes de
surveillance des organismes centraux le Secrétariat du Conseil du Trésor
et la Commission de la fonction publique étaient insuffisants. Dans
le cas particulier des organismes centraux, les mécanismes n'ont pas
été utilisés, que ce soit pour empêcher les abus
et les actes fautifs ou pour les arrêter lorsqu'ils se sont produits.
Peu d'employés ont signalé ces abus et ces actes fautifs, car
ils estimaient n'avoir aucun moyen de faire part de leurs préoccupations
sans craindre des représailles.
À notre avis, cette situation a considérablement miné
la capacité du Commissariat à la protection de la vie privée
du Canada de fonctionner. Il faudra beaucoup d'efforts pour restaurer les capacités
de gestion de cette organisation. La situation actuelle est préoccupante,
étant donné que le Parlement lui a conféré un pouvoir
d'une très grande importance celui de l'aider à protéger
les droits à la vie privée des Canadiens.
La situation est particulièrement grave, car en tant que haut fonctionnaire
du Parlement, l'ancien commissaire à la protection de la vie privée
et ses cadres se devaient d'être particulièrement prudents dans
la gestion du Commissariat.
Notre rapport contient un certain nombre de recommandations, dont plusieurs
visent à recouvrer les sommes qui ont été dépensées
de façon inappropriée. J'ai également transmis pour enquête
à la Gendarmerie royale du Canada quelques-unes des constatations de
ma vérification.
Il importe maintenant que le Commissariat à la protection de la vie
privée du Canada et les organismes centraux du gouvernement prennent
des mesures correctives. Des sanctions devraient s'appliquer et les sommes devraient
être restituées, lorsqu'il y a lieu.
Le Comité voudra peut-être discuter avec le commissaire par intérim
de ses plans pour améliorer la capacité de gestion du Commissariat
et du délai qu'il propose pour le faire.
Le Comité voudra peut-être poser les questions suivantes au Secrétariat
du Conseil du Trésor. Quelles mesures prend-il pour aider le Commissariat
à la protection de la vie privée? Comment lui fera-t-il part des
progrès? Comment entend-il mettre en uvre, pour la fonction publique
en général, un plan de surveillance active pour garantir que les
problèmes sont détectés et réglés rapidement?
Ce sont des problèmes de gestion financière, d'octroi des contrats,
de classification, d'application de politiques, comme la politique sur les primes
de rendement, et d'autres encore.
Le Commissariat à la protection de la vie privée n'est pas un
employeur distinct comme mon bureau. C'est pourquoi la Commission de la fonction
publique lui a délégué un pouvoir de dotation. Il reçoit
aussi du Conseil du Trésor certains autres pouvoirs de gestion du personnel.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor et la Commission de la fonction
publique ont donc la responsabilité de surveiller la gestion des ressources
humaines au Commissariat à la protection de la vie privée.
Le Comité pourrait demander à la Commission de la fonction publique
comment elle compte aider le Commissariat à la protection de la vie privée
à améliorer ses pratiques de gestion des ressources humaines.
De plus, pour l'ensemble de la fonction publique, le Comité voudra peut-être
demander à la Commission de la fonction publique comment elle compte
surveiller l'utilisation du pouvoir discrétionnaire en matière
de dotation de manière à permettre la détection des abus
et à agir fermement lorsqu'elle en détecte. Il voudra peut-être
demander à la Commission comment elle compte ajuster le rôle qu'elle
joue dans la dotation des cadres.
Enfin, le Comité voudra peut-être demander au Bureau du Conseil
privé comment il compte s'assurer que les personnes nommées par
le gouverneur en conseil comprennent bien les responsabilités qu'elles
doivent assumer en tant qu'administrateur général.
Il importe de tirer des leçons de ces défaillances afin de faire
en sorte que celles-ci ne se reproduisent jamais.
En terminant, je voudrais remercier le commissaire par intérim et ses
employés pour leur entière collaboration au cours de notre vérification.
Je veux aussi remercier sincèrement mon personnel du dévouement
dont il a fait preuve pour réaliser cette vérification difficile en une période de temps aussi brève.
Monsieur le Président, nous serions heureux de répondre aux questions
des membres.
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