Extraits de l'allocution du
Commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada
lors de la séance plénière de la Conférence des vérificateurs généraux du Commonwealth
Sun City, Afrique du Sud, le 11 octobre 1999

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Une planète bleue fragile. Permettez-moi tout d'abord de vous dire quelques mots au sujet du présent que nous ont transmis deux visionnaires à leur façon. Je veux parler de William Anders, astronaute d'Apollo 8, et de Gro Harlem Brundtland, qui a été ministre de l'Environnement et Première ministre de la Norvège.

L'expérience de l'espace a eu une incidence profonde sur de nombreux astronautes. Les images qu'ils en ont rapportées ont eu un impact sur les gens et leur vision de l'univers. La Veille de Noël 1968, William Anders disait de la Terre qu'il contemplait de la Lune qu'elle ressemblait à une «boule de Noël fragile ». La beauté de la planète, son isolement et sa petitesse dans un vaste univers ont fait prendre conscience aux gens de sa fragilité et de la nécessité de la protéger tout comme l'environnement – pour nous-mêmes et nos descendants.

Une planète, de nombreux mondes. Mme Brundtland a légué au monde Notre avenir à tous, le rapport de la Commission des Nations Unies sur l'environnement et le développement. Elle a apporté un élément novateur à notre vision d'un univers commun. Nous vivons, a-t-elle constaté, sur une planète qui abrite de nombreux pays différents, qui en sont à des stades différents de leur développement et qui ont des valeurs culturelles différentes ainsi que des buts économiques, environnementaux et politiques différents. Sa préoccupation première était de concilier les besoins de ces différents mondes avec ceux de l'environnement. Elle a trouvé réponse dans le développement durable, l'idée que l'économie et l'environnement représentent les deux côtés d'une pièce de monnaie. Pour elle, il était nécessaire de protéger l'environnement pour atteindre les buts économiques, sociaux et politiques des nombreux mondes qui se partagent notre planète bleue.

Mme Brundtland envisageait avec altruisme et optimisme les problèmes environnementaux. Selon sa vision, nous pouvons tout avoir, la croissance et une qualité de l'environnement toujours plus grande si nous sommes suffisamment ingénieux, si nous investissons dans les bonnes technologies et si nous savons gérer nos activités, dans le respect de l'environnement. Cette vision se reflète dans mon travail au Canada et même dans mon titre de commissaire à l'environnement et au développement durable. Mais le développement durable est-il possible en pratique aussi bien qu'en théorie ?

Cette dernière question est particulièrement pertinente à la lumière des nombreuses pressions auxquelles doivent faire face chacun d'entre nous dans notre propre pays et le monde entier. Ces pressions se sont intensifiées jour après jour au cours de la dernière décennie.

Les pressions. Au cours des dix dernières années, près de 800 millions de personnes sont venues grossir les rangs de la population mondiale. Celle-ci s'accroît actuellement à un rythme de 1,33 p. 100 par année, soit 78 millions d'habitants de plus chaque année. Pendant la décennie, le produit intérieur brut a augmenté de 3,5 p. 100 par année à l'échelle mondiale. La croissance a été deux fois plus rapide dans les pays en développement que dans les pays développés. Les émissions de dioxyde de carbone liées à l'énergie ont augmenté de deux pour cent par année à l'échelle mondiale au cours de la décennie. En 2010, elles pourraient atteindre 150 p. 100 des niveaux de 1990 si aucune nouvelle mesure n'est prise. Pourtant, l'environnement n'est plus la préoccupation première au Canada. Par exemple, en 1989, un Canadien sur cinq considérait le problème de l'environnement comme le plus important. Depuis, l'inquiétude à son égard a grandement diminué.

Une planète, de nombreux mondes et de nombreuses pressions. Voici donc quel est notre contexte : une planète aux nombreux mondes, assaillie de nombreuses pressions… Quelle peut être, à tout le moins, la contribution au développement durable, d'institutions supérieures de contrôle des finances publiques, tels le Bureau du vérificateur général du Canada, y compris le commissaire à l'environnement et au développement durable, sur cette fragile planète bleue ? Je crois que ces institutions supérieures de contrôle, peuvent être d'importants leviers de changement social pour les pays qui se sont engagés sur la voie du développement durable. Pour moi, il s'agit d'un voyage en trois étapes. La première partie du périple doit mener au développement durable, et la plupart des pays du Commonwealth l'ont déjà entrepris. La deuxième devrait mener de l'élaboration de politiques à la mise en œuvre, et à la prise de mesures. Enfin, la troisième a pour but l'acquisition des capacités nécessaires pour mener des vérifications environnementales et des vérifications du développement durable.

Les pays du Commonwealth ont entrepris le voyage. La plupart des pays du Commonwealth ont signé le Protocole de Montréal, l'Accord sur la diversité biologique, la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et la convention pour la lutte contre la désertification. La plupart des pays du Commonwealth sont préoccupés par le transport de déchets dangereux entre pays développés et pays en développement. La plupart des gouvernements et des assemblées législatives que servent des institutions supérieures de contrôle des finances publiques se sont engagés de manière tangible sur la voie du développement durable. Ces gouvernements devront maintenant concrétiser leurs bonnes intentions, sur le terrain.

Un rôle crucial pour les vérificateurs législatifs. Grâce aux vérificateurs législatifs, dont le Bureau du vérificateur général, les questions d'environnement et de développement durable sont inscrites au programme politique. Une fois qu'elles y figurent, le vérificateur général aide à combler l'écart entre les engagements et les résultats en informant les citoyens de tout manquement aux promesses. Les vérificateurs législatifs jouent un rôle crucial en veillant à ce que les gouvernements soient à la hauteur des accords internationaux en matière d'environnement qu'ils ont signés.

Une information digne de foi sur l'environnement et le développement durable. Les vérificateurs législatifs, dont le commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada, ont porté à un nouveau sommet la diffusion d'une information «conviviale ». Le commissaire produit des rapports crédibles, cohérents et bien rédigés qui permettent aux législateurs et aux Canadiens de mieux comprendre les problèmes qui se posent, de faire de l'environnement une priorité et de prendre les mesures qui s'imposent. Le voyage de 15 ans qu'a entrepris le vérificateur général du Canada en vue de fournir cette information « conviviale » crédible est décrit en détail dans le document préparé par le Canada pour les vérificateurs généraux du Commonwealth. Le vérificateur général du Canada, en reconnaissance de plus de 15 années de leadership soutenu, d'innovation et de réalisations, a été choisi pour guider les vérificateurs généraux du Commonwealth dans leur voyage vers l'acquisition des capacités voulues pour mener des vérifications des questions environnementales et du développement durable. Ce document est disponible sur le site Web du Bureau : www.oag-bvg.gc.ca. Il décrit l'histoire fascinante de l'approche canadienne face aux préoccupations mondiales en matière d'environnement, les mesures initiales prises pour renforcer la capacité d'effectuer des vérifications environnementales et la création d'un poste de commissaire à l'environnement et au développement durable qui a un mandat unique au monde. Il s'agit là d'une approche originale.

Mondialement, d'autres vérificateurs législatifs du Commonwealth édifient ou renforcent leur capacité d'effectuer des vérifications environnementales et du développement durable pour améliorer la gestion des affaires publiques en mettant l'accent sur l'écart entre les promesses et les résultats. En apprenant les uns des autres, en travaillant en collaboration, nous pouvons nous attaquer à d'épineuses questions environnementales internationales.

Améliorer l'intendance de l'environnement. Les institutions supérieures de contrôle des finances publiques des quatre coins du monde peuvent jouer un rôle et continueront à jouer un rôle essentiel dans l'amélioration de l'intendance publique des questions d'environnement et de développement durable au cours du prochain siècle.