Déclaration d'ouverture au Comité des Comptes publics
Défense nationale La gérance environnementale
des sites d'entraînement et d'essai militaires
(Chapitre 7 - Rapport d'avril 2003 de la vérificatrice générale
du Canada)
Le 26 mai 2003
Hugh McRoberts
Vérificateur général adjoint
Madame la Présidente, je vous remercie de nous donner l'occasion de
rencontrer les membres du Comité afin de discuter du chapitre 7 qui porte
sur la gérance environnementale des sites d'entraînement et d'essai
militaires. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Wendy Loschiuk, directrice
principale chargée de nos vérifications de la Défense nationale,
et Mme Anne-Marie Smith, notre aviseur légal.
La Défense nationale devra relever le double défi d'assurer l'entraînement
de son personnel, d'une part, et la gestion en matière d'environnement,
d'autre part. Nous comprenons la nécessité d'un entraînement
militaire dans des conditions réalistes et son incidence sur l'environnement.
Toutefois, nous avons été préoccupés lorsque nous
avons relevé des cas où la Défense nationale n'avait pas
assuré la gérance environnementale, tel que nous nous y attendions.
Nous avons décelé des cas de non-conformité à la
législation en matière de protection de l'environnement et trouvé
des exemples où des militaires continuaient leur entraînement dans
des aires que l'on avait déjà jugées impropres à
la tenue de ces activités. Bien qu'il se penche sur la question des sites
potentiellement contaminés par des munitions explosives non explosées,
il doit faire davantage. Le Ministère dispose d'un protocole touchant
la gestion des questions environnementales, mais il doit en améliorer
la mise en uvre.
D'abord, la Défense nationale, à l'instar d'autres ministères,
doit se conformer à la législation en matière d'environnement.
Nous avons mentionné des exemples de non-conformité à la
Loi sur les pêches, un exemple de non-conformité à
la Loi sur les forêts et nos préoccupations face au non-respect
de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Étant
donné le temps que le Ministère a mis pour s'attaquer aux questions
d'ordre environnemental, nous estimons que ces exemples sont révélateurs
de problèmes qui perdurent. Au cours de nos travaux menés à
l'égard de deux de ces exemples, le Ministère a lui-même
conclu qu'il ne portait pas suffisamment attention aux préoccupations
d'ordre environnemental.
Les activités d'entraînement et d'essai militaires se sont poursuivies
pendant des décennies sur des terrains réservés à
ces fins. Mais, aujourd'hui les lois ont évolué. Bien que l'entraînement
et les essais doivent continuer, la Défense nationale doit s'assurer
que les aires réservées seront exploitées de façon
durable. Le Comité voudra peut-être demander à la Défense
nationale de montrer qu'elle respecte entièrement les lois sur l'environnement
et qu'elle met en pratique le principe de l'utilisation continue de ses sites.
Consciente de ses obligations, la Défense nationale comprend ses responsabilités.
Le propre système du Ministère, le Système de planification
des aires de manuvre ou SPAM, a été élaboré
en 1996 afin d'étudier les incidences de l'entraînement et des
essais et de déterminer la façon de les traiter. Toutefois, sept
ans plus tard, le SPAM doit dépasser le stade des études et proposer
des plans d'atténuation, de restauration, de surveillance et de suivi.
Le Ministère doit agir plus promptement s'il veut mettre en uvre
des mesures visant à prévenir la dégradation de l'environnement.
Cela s'avère particulièrement important dans le cas des aires
d'entraînement dont le sol est trop vulnérable pour permettre un
entraînement continu. Selon notre vérification, le Ministère
a appliqué de façon peu cohérente l'approche retenue pour
l'utilisation de ces terrains seulement quelques bases ont interdit l'entraînement
sur les aires au sol vulnérable.
Pourquoi le Système de planification des aires de manoeuvre n'a-t-il
pas été utilisé? L'information sur la mise en uvre
du SPAM n'était pas claire; il n'y a pas eu de suivi de ce qui s'est
produit une fois les études terminées; et d'autres priorités
nuisent au financement de la mise en uvre des recommandations. Dans les
bases que nous avons examinées, nous avons observé que l'on avait
donné suite au tiers environ des recommandations du SPAM. Cette constatation
ne concorde pas avec le Rapport sur le rendement du Ministère de 2000-2001
selon lequel le SPAM avait été mis en uvre dans ces bases.
La Défense nationale devrait être encouragée à poursuivre
la mise en uvre du SPAM. Il faudrait l'inciter à veiller à
ce que ses plans d'activités et ses rapports sur le rendement déposés
au Parlement incluent les priorités, les calendriers et les coûts
connexes.
En octobre 2002, la commissaire à l'environnement et au développement
durable a signalé que le gouvernement fédéral ne réglait
pas rapidement le problème des sites contaminés. Nous nous sommes
concentrés sur les exercices de tir réel et nous voulions savoir
si le gouvernement gérait le problème de contamination possible
de façon rapide et constante.
Les recherches visant à détecter la contamination causée
par les exercices de tir réel progressent, c'est-à-dire les déchets
qu'ils laissent dans le sol, les risques qu'ils posent et la façon de
les traiter. L'Armée a demandé à Recherche et développement
pour la défense Canada de mettre à l'épreuve certaines
de ses bases. Cependant, cela peut s'avérer coûteux et les fonds
sont limités. Nous craignons que les travaux ne se déroulent peut-être
pas en fonction des besoins.
Si le sol est contaminé, il faut le remettre en état. Le Ministère
doit recenser tous ses sites contaminés, établir les priorités
et les coûts et surveiller le progrès réalisé. De
plus, il devrait connaître le potentiel de contamination par les militaires
étrangers qui s'adonnent à des exercices de tir au Canada et la
contribution future des gouvernements dont ils relèvent aux coûts
d'assainissement.
La plupart des aires d'entraînement peuvent soutenir l'entraînement
militaire si des mesures sont prises pour contrer les perturbations environnementales.
L'utilisation future des terrains repose sur une saine gestion en matière
d'environnement. Les problèmes non réglés peuvent s'envenimer
au point où des aires peuvent ne plus convenir à l'entraînement
et où les mesures d'atténuation et de restauration finissent par
devenir coûteuses au fil des ans. Le Comité serait peut-être
intéressé à demander au Ministère comment il compte
faire de l'environnement une préoccupation majeure lorsque ce dernier
planifie ses activités et qu'il établit ses priorités.
Madame la Présidente, voilà qui conclut ma déclaration
d'ouverture. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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