Déclaration d'ouverture au Comité du développement des ressources humaines et de la condition des personnes handicapées
Le Compte d'assurance-emploi
(Chapitre 11 - Rapport de décembre 2002 de la vérificatrice générale)
Le 25 février 2003
Sheila Fraser, FCA
Vérificatrice générale
Madame la Présidente, je vous remercie de me donner la possibilité
de comparaître devant le Comité pour discuter de l'observation
de vérification concernant l'établissement des taux de cotisation
de l'assurance-emploi.
Je suis accompagnée de M. Peter Simeoni et Mme Marise Bédard,
qui sont responsables de la vérification de 2002 des états financiers
du Compte d'assurance-emploi.
Au cours des quatre dernières années, nous avons attiré
l'attention sur cette question dans les rapports du vérificateur sur
les états financiers du Compte d'assurance-emploi et dans les Comptes
publics du Canada. Au cours de l'exercice 2001-2002, l'excédent du
Compte d'assurance-emploi a augmenté de 4 milliards de dollars pour atteindre
40 milliards de dollars et il continuait de croître. Il excédait
de plus de 25 milliards de dollars le montant maximal que l'actuaire en chef
de Développement des ressources humaines Canada jugeait suffisant.
Il y a eu de nombreuses discussions au sujet de ce que représente le
solde du Compte d'assurance-emploi. Nous avons utilisé des termes comme
« compte théorique » et « compte de
suivi » pour décrire le solde. Ce dernier ne représente
pas les fonds réservés au programme d'assurance-emploi et il n'est
pas détenu dans un compte bancaire distinct. La Loi exige que
les recettes et les dépenses d'assurance-emploi soient comptabilisées
séparément. Le solde sert à gérer le Compte et il
devrait constituer un facteur important dans l'établissement des taux
de cotisation, de façon à ce que le Compte atteigne, au fil du
temps, le seuil de rentabilité.
Les états financiers du Compte d'assurance-emploi couvrent son exercice,
soit du début d'avril à la fin de mars. En vertu de la Loi
sur l'assurance-emploi, les taux de cotisation de l'assurance-emploi sont
fixés pour l'année civile. Par conséquent, au cours de
l'exercice 2001-2002, il y avait deux taux de cotisation un pour les
neuf derniers mois de 2001 et un autre pour les trois premiers mois de 2002.
La Commission de l'assurance-emploi du Canada a établi le taux de cotisation
pour 2001 conformément à l'article 66 de la Loi. L'article
exige que les taux permettent le mieux, au cours d'un cycle économique,
d'assurer un apport de revenu suffisant pour couvrir les débits autorisés
du programme et maintenir une certaine stabilité des taux.
À notre avis, cela veut dire que les cotisations de l'assurance-emploi
devraient être égales aux dépenses au cours d'une certaine
période de temps, et comporter une réserve suffisante pour assurer
la stabilité des taux en cas de ralentissement économique. En
d'autres termes, nous pensons que l'intention du Parlement était d'en
faire un programme qui atteindrait le seuil de rentabilité au cours d'un
cycle économique. La Loi supposait aussi que la Commission aurait
à prendre certaines décisions clés comment elle
interpréterait ce que l'on entend par un « cycle économique »
et par une « certaine stabilité des taux ».
En mai 2001, la Loi a été modifiée et l'article
66 suspendu pour 2002 et 2003, afin de donner au gouverneur en conseil le pouvoir
d'établir les taux pour ces deux années. La Loi ne contient
aucun critère en vertu duquel le gouverneur en conseil doit établir
les taux.
Néanmoins, étant donné l'intention apparente du Parlement
au sujet du Compte d'assurance-emploi, nous nous attendions à ce que
la Commission et le gouvernement aient précisé et divulgué,
respectivement en 2001 et 2002, les facteurs retenus pour établir les
taux de cotisation, le niveau cible de l'excédent accumulé et
le temps requis pour l'atteindre. Cependant, nous avons constaté que
ni la Commission ni le gouvernement ne l'ont fait. Par conséquent, nous
ne pouvons conclure que l'esprit de la Loi a été respecté
pour l'exercice se terminant le 31 mars 2002.
Dans le Budget, le gouvernement a annoncé qu'il mènera des consultations
sur tout nouveau processus d'établissement des taux qui sera utilisé
pour 2005. Nous prenons note que le processus est maintenant reporté
d'un an. Entre-temps, le gouvernement établira à 1,98 $ le
taux de cotisation des employés pour 2004, de sorte que les recettes
des cotisations correspondent aux coûts prévus du programme pour
l'année en question.
Madame la Présidente, nous avons étudié le Plan budgétaire
et nous sommes heureux que le gouvernement ait accepté que l'intention
du Parlement soit que le programme d'assurance-emploi atteigne le seuil de rentabilité.
Nous observons également que le gouvernement a adopté un certain
nombre de principes pour un nouveau processus d'établissement des taux.
Ces principes incluent la transparence et la recherche d'avis d'experts.
Les membres du Comité voudront peut-être demander aux représentants
du ministère des Finances de préciser les plans du gouvernement
au sujet de ces consultations publiques, particulièrement :
- si le gouvernement a établi le mandat, y compris les échéances,
des consultations;
- si le gouvernement fera rapport au Parlement sur les résultats des
consultations;
- si le Parlement aura la possibilité de discuter du nouveau processus
d'établissement des taux.
Les membres pourront vouloir demander aussi aux représentants du ministère
des Finances si les consultations porteront sur les principaux paramètres
du programme par exemple, ce qui constituerait une réserve appropriée,
et en quoi consistent un cycle économique et ce que l'on entend par une
certaine stabilité des taux.
Voilà qui conclut ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux
de répondre à vos questions.
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