Déclaration d'ouverture au Comité de la Santé
Santé Canada La réglementation des matériels
médicaux
(Chapitre 2 - Rapport de la vérificatrice générale de mars
2004)
Le 29 avril 2004
Sheila Fraser, FCA
Vérificatrice générale du Canada
Madame la Présidente, je vous remercie de l'occasion qui m'est offerte
de discuter des résultats de notre vérification du Programme de
matériel médical de Santé Canada, présentés
dans le chapitre 2 du Rapport de mars 2004. Je suis accompagnée aujourd'hui
de Linda Anglin, la directrice responsable de cette vérification.
Le gouvernement fédéral, à titre d'autorité chargée
de la réglementation fédérale, est tenu par la Loi sur
les aliments et drogues de protéger la santé et d'assurer la
sécurité des Canadiens. Santé Canada a la responsabilité,
en vertu de la Loi et du Règlement sur les instruments médicaux,
de protéger les Canadiens contre les risques liés au matériel
médical.
Le Programme de matériel médical vise à fournir l'assurance
que le matériel médical disponible au Canada est sûr, efficace
et de grande qualité. Santé Canada a établi un cadre réglementaire
pour évaluer la sûreté et l'efficacité du matériel
médical grâce à une combinaison équilibrée d'exigences
relatives à des systèmes de qualité et d'activités
menées avant et après la mise en marché.
Le matériel médical joue un rôle déterminant dans
les soins de santé. Par matériel médical, on entend divers
produits comme les masques chirurgicaux, les trousses de tests sanguins, les appareils
d'imagerie diagnostique, les articulations artificielles et les valvules cardiaques.
Pour offrir des soins de santé modernes, on utilise de plus en plus ce
type de matériel pour diagnostiquer, traiter, atténuer et prévenir
les maladies et certaines pathologies. La valeur du matériel médical
utilisé chaque année pour soigner les Canadiens atteint cinq milliards
de dollars.
Notre vérification visait à déterminer comment le Ministère
gérait les risques et les avantages associés au matériel
médical, s'il cernait les faiblesses du Programme et prenait des dispositions
pour y remédier et s'il mesurait et communiquait les résultats obtenus
par le Programme de matériel médical.
Dans le cadre de notre vérification, nous avons étudié
le rapport publié en 1992 par le Comité d'étude des instruments
médicaux et le plan de développement visant à améliorer
le programme de réglementation du matériel médical, qui a
été préparé par Santé Canada pour donner suite
au rapport. Nous avons aussi examiné des documents relatifs aux consultations
menées auprès des parties intéressées avant la mise
en place du nouveau Règlement. Nous nous sommes penchés sur
les mesures prises par Santé Canada pour s'acquitter de ses responsabilités.
Nous avons établi des comparaisons avec les programmes de matériel
médical américain et britannique ainsi qu'avec le Programme des
médicaments de Santé Canada. Enfin, nous avons évalué
dans quelle mesure les ressources humaines et financières consacrées
au Programme de matériel médical permettaient à Santé
Canada de bien s'acquitter de ses responsabilités.
Bien que Santé Canada ait amélioré certains aspects importants
de la gestion des risques liés au matériel médical avant
leur mise en marché, nous avons conclu qu'il doit améliorer sa surveillance
de la sûreté continue du matériel après leur mise en
marché. Nous avons constaté que les lacunes du Programme de matériel
médical font en sorte que le Ministère ne dispose pas d'un programme
complet pour protéger la santé et la sécurité des
Canadiens contre les risques associés au matériel médical,
et ce, même si le Ministère s'était engagé à
se doter d'un tel programme il y a plus de dix ans. Le fait qu'il ait échoué
à instaurer ce type de programme met en péril la capacité
du Ministère de protéger la santé des Canadiens et d'assurer
leur sécurité, ce qui pourrait se traduire par une augmentation
des risques, tant en matière de santé qu'en matière de responsabilité.
Plus précisément, nous avons constaté que Santé
Canada avait besoin d'un programme d'inspection plus proactif après la
mise en marché du matériel afin de vérifier si l'industrie
respecte le Règlement sur les instruments médicaux. Le Ministère
doit aussi adopter une meilleure ligne de conduite pour gérer les risques
relatifs à la vente de matériel médical non homologué.
Santé Canada doit aussi améliorer son système de surveillance
après la mise en marché afin d'obtenir, en temps voulu, de l'information
complète et exacte sur les événements indésirables
survenant par suite de l'utilisation du matériel. Et lorsque des préoccupations
relatives à la sûreté de ceux-ci sont soulevées, il
faut qu'elles soient mieux communiquées aux personnes qui ont besoin de
cette information.
En outre, le Ministère doit prendre des mesures pour contrer les risques
posés par la réutilisation de matériel médical à
usage unique.
Santé Canada doit aussi veiller à ce que les Canadiens aient
accès, en temps utile, à tout le matériel médical
disponible. Il est certes primordial que le Ministère prenne le temps nécessaire
pour évaluer correctement la sûreté et l'efficacité
thérapeutique du matériel médical, mais les retards dans
l'homologation du matériel empêchent les Canadiens d'y avoir accès
en temps utile. C'est pourquoi le Ministère devrait veiller à ce
que le matériel soit homologué dans les délais visés
et envisager d'entreprendre des activités lui permettant de tirer profit
de la coopération internationale en matière réglementaire.
Santé Canada connaît les lacunes et les faiblesses du Programme,
mais n'a déployé que des efforts restreints pour y remédier.
L'insuffisance des ressources financières et humaines et le peu de progrès
réalisé dans le domaine de la coopération internationale
en matière réglementaire empêchent le Ministère de
corriger ces lacunes et ces faiblesses. Et cela l'empêche alors de mettre
en uvre le Programme de matériel médical tel qu'il a été
conçu.
Bien que certains éléments du Programme soient acceptables, des
lacunes graves laissent à penser qu'il n'est pas viable à long terme
dans sa forme actuelle. On prévoit que le matériel médical
deviendra de plus en plus complexe et que ce secteur continuera de croître
en taille et en importance. Étant donné les lacunes et les faiblesses
qui existent déjà, on peut se demander comment le Ministère
réussira à assurer la gestion du Programme dans les années
à venir.
Nous avons donc recommandé que Santé Canada fasse un choix :
affecter des ressources humaines et financières suffisantes pour mettre
en uvre le Programme tel qu'il a été conçu ou modifier
le Programme et la réglementation afin de gérer les risques d'une
manière qui nécessite moins de ressources.
Madame la Présidente, je suis heureuse de vous faire savoir que le Ministère
a accepté toutes nos recommandations. Le Comité voudra probablement
s'enquérir auprès du Ministère des actions spécifiques
qu'il entend prendre pour faire suite à nos recommandations de même
que le temps prévu pour leur mise en uvre. J'invite votre comité
à examiner les progrès réalisés par Santé Canada
en exigeant du Ministère des mises à jour régulières
et en faisant un suivi de toutes les lacunes et faiblesses qui persisteront.
Voilà qui conclut ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureuses
de répondre à toutes vos questions.
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