Déclaration d'ouverture au Comité des Comptes publics
Rapport de la vérificatrice générale du
Canada
« Le Point » mai 2003
Le 2 juin 2003
Sheila Fraser, FCA
Vérificatrice générale du Canada
Monsieur le Président, il me fait plaisir d'avoir l'occasion de présenter
mon deuxième rapport Le Point qui a été déposé
le 27 mai. Je suis accompagnée aujourd'hui par Maria Barrados, Shahid
Minto et Doug Timmins, tous vérificateurs généraux adjoints.
Mes rapports informent le Parlement sur la façon dont le gouvernement
fédéral gère ses ressources et s'il peut démontrer
ou non que ses programmes donnent les résultats voulus.
On me demande souvent si le gouvernement règle les problèmes
relevés pendant nos vérifications, s'il le fait rapidement et
dans quelle mesure.
Nous avons conçu le Rapport Le Point pour répondre clairement
à ces questions. Nous avons effectué des vérifications
rigoureuses des mesures prises par le gouvernement en réponse aux problèmes
soulevés dans nos vérifications antérieures. Ce suivi nous
permet de répondre aussi à quelques-unes de nos propres questions
: Notre travail favorise-t-il un changement positif et contribue-t-il à
améliorer l'efficacité du gouvernement? Faisons-nous vraiment
une différence pour les Canadiens et les Canadiennes?
Cette année, je suis heureuse de dire que nous pouvons répondre
« oui » à toutes ces questions. Les résultats
que nous constatons dans nos suivis sont, pour une très grande part,
positifs. Nous sommes satisfaits des progrès accomplis par le gouvernement
dans quatre des six domaines traités dans le Rapport Le Point
de 2003, compte tenu de la complexité de certains enjeux et du temps
écoulé depuis nos premières vérifications. Permettez-moi
de passer brièvement en revue ces quatre domaines.
Dans le chapitre 2 portant sur la gestion des risques d'inobservation aux Douanes,
nous avons noté que en réponse aux recommandations que nous avions
faites en 2000 et en 2001, l'Agence des douanes et du revenu du Canada, dans
l'ensemble, a fait des progrès satisfaisants dans la gestion des risques
d'inobservation à la frontière.
L'Agence a mis en place un système lui permettant de recueillir à
l'avance de l'information sur les voyageurs auprès des compagnies aériennes.
Cela l'aide à cibler les voyageurs aériens qui présentent
un risque élevé. L'Agence utilise également un système
qui permet une meilleure sélection des voyageurs dans les aéroports.
L'Agence a pris ces mesures pour rendre la frontière plus sûre,
mais elle doit encore vérifier l'efficacité de ses méthodes.
Une activité accrue n'est pas nécessairement synonyme d'une meilleure
sécurité.
Dans le chapitre 3, nous avons examiné le volet économique du
programme canadien d'immigration, qui s'applique essentiellement aux travailleurs
qualifiés et aux gens d'affaires immigrants. En avril 2000, nous avons
signalé de graves problèmes quant à la capacité
du Canada de protéger l'intégrité du programme d'immigration,
et de tirer parti des avantages économiques et sociaux découlant
de l'immigration.
Le Rapport Le Point signale que Citoyenneté et Immigration Canada
a pris nos recommandations au sérieux, tout comme le Comité permanent
de la citoyenneté et de l'immigration lorsqu'il a étudié
la nouvelle Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés
la première révision en profondeur de la législation
sur l'immigration en 25 ans. La plupart des dispositions de la Loi sont
entrées en vigueur en 2002.
Dans l'ensemble, nous sommes satisfaits des progrès du Ministère.
Le Ministère a modifié les critères de sélection
des travailleurs qualifiés et des gens d'affaires immigrants et a créé
une nouvelle carte de résident permanent. Ce sont là deux des
améliorations que nous avons observées.
Cependant, des problèmes ont été identifiés concernant
la surveillance médicale des immigrants et des demandeurs du statut de
réfugié. Il nous fera plaisir de discuter de ces problèmes
avec le Comité.
Le chapitre 4 souligne que dans l'ensemble, nous sommes satisfaits des progrès
réalisés par le Service correctionnel du Canada en ce qui concerne
la réinsertion sociale des délinquants de sexe masculin
une partie fondamentale de son mandat.
Le Service a renforcé l'application, par les agents de libération
conditionnelle, des normes de supervision des délinquants dans la collectivité,
amélioré la qualité des rapports à la Commission
nationale des libérations conditionnelles servant à décider
de la mise en liberté conditionnelle, géré les cas plus
rapidement et raccourci le temps nécessaire pour préparer certains
documents essentiels sur les délinquants.
J'encourage le Service à continuer de progresser et à régler
les nouveaux problèmes que nous avons décrits dans notre rapport,
comme le besoin de programmes d'emploi et de réadaptation pour les détenus,
la formation donnée aux agents de libération conditionnelle et
la manière dont les outils d'évaluation initiale des délinquants
sont testés.
Dans le chapitre 5, nous avons indiqué que la Commission de la fonction
publique a remodelé son programme de recrutement postsecondaire et mis
en uvre la majeure partie des recommandations que nous avons faites dans
notre rapport de décembre 2000. Il est maintenant plus facile et plus
rapide de recruter grâce au Programme. Je félicite la Commission
pour tout ce qu'elle a réalisé en aussi peu de temps.
Cependant, les gestionnaires des ministères fédéraux ne
tirent pas pleinement parti du Programme ni ne planifient leurs besoins en ressources
humaines, pour aider le gouvernement à recruter toutes les personnes
compétentes dont il aura besoin à l'avenir.
J'aimerais maintenant vous parler de deux suivis dont les résultats
m'ont déçue. Ces suivis portent sur des questions qui sont importantes
pour prendre de bonnes décisions et pour que le gouvernement soit efficace.
Le premier suivi a trait aux rapports sur le rendement.
Le Parlement a besoin d'une bonne information sur le rendement afin de décider
des programmes à financer, de savoir si les programmes sont efficaces
et devraient être appuyés, et de connaître les programmes
qui ne sont pas efficaces et doivent être améliorés ou supprimés.
Dans les neuf rapports sur le rendement que nous avons examinés dans
le chapitre 1, les ministères ne présentent pas ce genre d'information
utile. Malgré certaines bonnes pratiques, les ministères mettent
généralement l'accent sur les « bonnes nouvelles »
et omettent ou dissimulent les problèmes de rendement. Nous n'avons pas
trouvé beaucoup de preuves que les ministères utilisent l'information
sur le rendement pour prendre des décisions. On trouve peu d'information
sur les enjeux horizontaux importants qui touchent le mandat de plusieurs ministères
comme la sécurité.
Comme les gens n'hésitent pas à monter en épingle tous
les échecs ou les faiblesses qui sont rendus publics, il est risqué
pour les ministères de préparer un rapport équilibré. Malheureusement, ils ne sont pas récompensés s'ils présentent
un portrait réaliste, y compris ce qui est moins rose.
Le second porte sur la réforme de la classification et de l'évaluation
des emplois.
Le gouvernement sait depuis des années que le que le système
utilisé pour classifier et évaluer les emplois dans la fonction
publique fédérale est lourd et désuet et qu'il doit être
modernisé. Le système de classification est essentiel pour gérer
la masse salariale de la fonction publique fédérale.
Depuis la création du système il y a 40 ans, les changements
technologiques ont transformé le mode de fonctionnement du gouvernement.
Les compétences qui étaient valorisées autrefois ne sont
plus en demande, alors que de nouvelles compétences sont maintenant recherchées.
Le chapitre 6 indique qu'après 12 années d'efforts pour réformer
le système, le Secrétariat du Conseil du Trésor a mis fin
à sa deuxième tentative. Et comme la troisième tentative,
qui vient d'être annoncée, repose sur les mêmes caractéristiques
qui rendent le système actuel lourd et lent, nous nous inquiétons
de l'ampleur des défis que le Secrétariat du Conseil du Trésor
devra relever avec sa nouvelle approche. Il est essentiel que le gouvernement
mène à bien cette réforme importante afin de s'assurer
qu'il paye ses employés de façon convenable, compte tenu des compétences
exigées pour leur travail. Il doit pouvoir attirer et maintenir en poste
les personnes possédant les qualifications nécessaires à
un gouvernement moderne et efficace. Au bout du compte, cela a une influence
sur la qualité des programmes offerts à la population canadienne.
Il est clair que la gestion de programmes et de services vastes et complexes
présente d'énormes défis à relever pour le gouvernement.
Quand nous effectuons nos vérifications, nous trouvons des lacunes
c'est la nature même de la vérification mais nous nous efforçons
de faire des critiques constructives et de proposer des solutions aux problèmes
que nous relevons.
Nous sommes satisfaits des progrès que nous avons constatés dans
quatre des six vérifications de suivi que nous avons effectuées
cette année. J'espère que ce rapport Le Point rassurera
les personnes qui se demandent si le gouvernement agit pour régler les
problèmes que nous relevons lors de nos vérifications. De toute
évidence, la réponse est oui.
Monsieur le Président, nous serons heureux de répondre aux questions
des membres du comité.
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