Déclaration d'ouverture au Comité des Comptes publics
Service correctionnel Canada La réinsertion sociale
des délinquantes
(Chapitre 4 - Rapport d'avril 2003 de la vérificatrice générale
du Canada)
Le 14 mai 2003
Hugh McRoberts
Vérificateur général adjoint
Monsieur le Président, je vous remercie de cette occasion qui nous
est donnée de rencontrer les membres du Comité pour discuter du
chapitre sur Service correctionnel Canada et la réinsertion sociale des
délinquantes dans la collectivité de notre rapport d'avril 2003.
Je suis accompagné aujourd'hui de Ron Wolchuk, directeur principal, et
Jocelyne Therrien, directrice, qui étaient chargés de la vérification.
Nous avons effectué celle-ci afin de donner suite à une recommandation
du sous-comité du Comité permanent de la Justice et des droits
de la personne.
Service correctionnel Canada a beaucoup fait pour changer le mode de détention
et de réadaptation des délinquantes. Il a, plus précisément,
permis la fermeture de la prison pour femmes de Kingston et l'a remplacée
par cinq établissements répartis sur l'ensemble du territoire
canadien. Depuis 1994, le Service a élaboré de nombreux programmes
de réadaptation et en a modifié d'autres afin de mieux répondre
aux besoins des délinquantes. Toutefois, il doit apporter quelques améliorations
à la prestation des programmes et des services destinés aux délinquantes
pendant leur incarcération et la période où elles sont
sous surveillance dans la collectivité.
En établissement
Service correctionnel Canada n'a pas fait tous les tests nécessaires
des outils qu'il utilise pour évaluer les délinquantes. Pourtant,
c'est là une première étape cruciale vers leur réinsertion
sociale, ces outils permettant de déterminer le niveau de risque qu'elles
présentent et les programmes de réadaptation dont elles ont besoin.
Service correctionnel Canada n'a pas démontré la fiabilité
relative des outils c'est-à-dire qu'il n'a pas fourni la preuve
que les agents de libération conditionnelle qui les utilisent évaluent
la même délinquante de la même façon.
De plus, l'un des outils les plus importants, l'Échelle de classement
par niveau, nécessiterait d'autres tests de validité afin que
l'on s'assure qu'il est le plus approprié pour les délinquantes.
Autre fait qui nous semble préoccupant, les délinquantes ont
peu accès à des possibilités intéressantes de travail
et à des programmes d'emploi pendant leur incarcération, alors
que l'emploi constitue un élément essentiel d'une réinsertion
sociale réussie.
Les placements à l'extérieur et le recours aux permissions de
sortir sont des moyens d'aider les délinquantes à se préparer
à leur libération en leur donnant l'occasion de maintenir des
contacts positifs au sein de la collectivité. Cependant, le recours à
ces mises en liberté variait énormément d'un établissement
à l'autre, allant d'un recours partiel à un recours minime. Le
Service correctionnel devrait également faire davantage pour favoriser
l'utilisation accrue de dispositions particulières de la loi visant le
soin, la garde et la libération conditionnelle des délinquantes
autochtones.
Au sein de la collectivité
Malgré les efforts des agents de libération conditionnelle oeuvrant
dans la collectivité et malgré le fait que, en règle générale,
les femmes accueillent bien l'aide qui leur est offerte, un pourcentage élevé
des libérations conditionnelles sont suspendues. Les agents de libération
conditionnelle ont relevé des moyens que Service correctionnel Canada
pourrait offrir afin d'aider ces femmes à demeurer au sein de la collectivité
:
- un meilleur accès aux programmes de prévention de la toxicomanie
ainsi qu'aux services de santé mentale;
- des installations d'hébergement temporaire au lieu de les renvoyer
en établissement pendant leur période de suspension;
- un hébergement convenable particulièrement dans les collectivités
sans foyer de transition pour femmes.
L'accès au bon programme ou au bon service dans la collectivité
au moment opportun pourrait contribuer à la réduction des suspensions
et à une plus grande efficacité des agents de libération
conditionnelle. Qui plus est, le potentiel de réadaptation s'améliorerait
considérablement. Service correctionnel Canada doit établir des
priorités quant aux programmes et aux services destinés aux délinquantes
bénéficiant d'une libération conditionnelle, allouer les
fonds nécessaires et mesurer les résultats.
Conclusion
En guise de conclusion, Service correctionnel Canada a grandement amélioré
les conditions d'incarcération des délinquantes au cours des 13
dernières années et nous sommes encouragés par son engagement
à poursuivre ses efforts d'amélioration.
Le Comité serait peut-être intéressé à obtenir
de Service correctionnel Canada les réponses aux questions suivantes
:
- Comment fournira-t-il l'assurance que ses outils d'évaluation sont
fiables ?
- Comment s'y prendra-t-il pour mieux mettre à l'épreuve la
validité de l'Échelle de classement par niveau servant à
évaluer les délinquantes?
- Comment compte-t-il mieux préparer les délinquantes à
occuper éventuellement un emploi ?
- Quelles mesures précises prendra-t-il pour favoriser un meilleur
accès aux programmes et aux services appropriés offerts dans
la collectivité?
Monsieur le Président, voilà qui conclut ma déclaration.
Il nous fera plaisir de répondre à vos questions.
|