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Déclaration d'ouverture au Comité de l'environnement et du développement durable
La gestion des pesticides : sécurité et accès
sur le marché
(Chapitre 1 - Rapport de 2003 de la commissaire à l'environnement et
au développement durable)
le 23 octobre 2003
Johanne Gélinas,
Commissaire à l'environnement et au développement durable
Je vous remercie, Monsieur le Président, de me donner l'occasion de
comparaître à nouveau devant le Comité. Je suis ici aujourd'hui
pour présenter les constatations formulées dans notre rapport,
au chapitre intitulé « La gestion des pesticides : sécurité
et accès sur le marché ». Les principaux gestionnaires
responsables de cette vérification m'accompagnent aujourd'hui, soit Neil
Maxwell, directeur principal, et Peter Morrison, directeur.
J'aimerais tout d'abord récapituler nos principales constatations et
préoccupations et parler de la manière dont le gouvernement devrait
les aborder et du rôle important que votre comité pourrait jouer.
Nous avons examiné les pesticides parce qu'ils jouent un rôle
important dans notre vie à l'heure actuelle. Ils sont utilisés
pour produire et préserver les aliments que nous mangeons. Les Canadiens
s'en servent dans les forêts et sur les pelouses ainsi que pour débarrasser
leurs animaux domestiques de leurs parasites et lutter contre certaines maladies
comme le virus du Nil occidental. Mais les pesticides posent des risques, des
risques que votre comité a traités en profondeur dans son rapport
de 2000, Monsieur le Président. Étant donné l'importance
des pesticides et les risques qui y sont associés, le gouvernement fédéral
doit rechercher constamment l'excellence lorsqu'il évalue les pesticides
et qu'il veille au respect de la réglementation qui régit leur
usage.
L'étendue de notre vérification était vaste. Elle a porté
en majeure partie sur l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire,
laquelle relève de Santé Canada. Nous nous sommes penchés
sur les aspects suivants : l'évaluation des nouveaux pesticides pour
s'assurer qu'ils respectent les normes actuelles; la réévaluation
des anciens pesticides; l'accès dans des délais raisonnables à
de nouveaux pesticides; et le respect des lois et des exigences en matière
d'étiquetage. Nous avons aussi étendu notre examen à d'autres
directions générales de Santé Canada ainsi qu'à
Agriculture et Agroalimentaire Canada, à Environnement Canada, à
l'Agence canadienne d'inspection des aliments, à Pêches et Océans
Canada ainsi qu'à Ressources naturelles Canada. Par les recherches et
la surveillance qu'ils effectuent, chacun de ces organismes a un rôle
important à jouer pour la compréhension des effets des pesticides.
Nous avons constaté que l'Agence de réglementation de la lutte
antiparasitaire a apporté des améliorations marquées depuis
sa création. Cependant, dans tous les domaines que nous avons examinés,
les lacunes que nous avons trouvées sont trop nombreuses pour que je
puisse toutes les décrire dans ma déclaration d'ouverture. Nous
vous avons remis une version détaillée de la table des matières
du chapitre de notre rapport à titre d'outil de référence
et d'aperçu de nos principales constatations. En consultant cette table
des matières, vous verrez certaines de nos principales préoccupations.
Dans l'ensemble, j'ai conclu que ces nombreuses lacunes soulèvent de
sérieux doutes quant à la gestion des risques que posent les pesticides
pour la santé et l'environnement.
La principale préoccupation notée dans mon rapport, c'est la
lenteur du processus de réévaluation des anciens pesticides. Certains
de ces pesticides ont été homologués il y a plusieurs dizaines
d'années, à une époque où les normes étaient
moins rigoureuses et où les connaissances sur les effets des pesticides
étaient moins avancées qu'aujourd'hui. À l'heure actuelle,
405 pesticides entrent dans la fabrication de milliers de produits commerciaux
que l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire s'est engagée
à réévaluer d'ici 2006. Le gouvernement a entrepris certaines
de ces réévaluations il y a plus de 10 ans. Tous les pesticides
qui ont été entièrement réévalués
ont été soit retirés du marché, soit restreints
à un usage limité. Par exemple, la réévaluation
du DEET, un insectifuge largement répandu, a été entreprise
en 1990, mais n'a été terminée qu'en 2002, après
quoi son usage a été grandement restreint.
Un exemple illustre bien les raisons pour lesquelles on est en droit de s'inquiéter
de la lenteur des progrès. L'Agence de réglementation de la lutte
antiparasitaire s'était engagée à réévaluer,
avant la fin de 2001, huit pesticides largement utilisés pour le traitement
des pelouses. En mars dernier, soit à la fin des travaux d'examen sur
place que j'ai effectués pour ma vérification de la gestion des
pesticides par le gouvernement fédéral, la réévaluation
de cinq des huit pesticides n'était pas terminée. Par conséquent,
les décideurs aux échelons fédéral, provincial et
municipal n'ont pas l'information dont ils ont besoin pour prendre de bonnes
décisions au sujet de la gestion de ces pesticides. Les propriétaires
aussi ignorent les risques qu'ils courent en utilisant ces pesticides pour traiter
leurs pelouses.
Nous en sommes arrivés à la conclusion inquiétante que
certains pesticides sur le marché ne respectaient probablement pas les
normes actuelles visant à protéger la santé humaine et
l'environnement. Il est certain que l'utilisation des pesticides posera toujours
des risques, mais l'Agence a la responsabilité de s'assurer que les pesticides
utilisés par les Canadiens respectent les normes en vigueur.
C'est un problème qui perdure, malgré les nombreuses promesses
faites au fil des ans. Il y a 15 ans, plus précisément en 1988,
nous avions recommandé que le gouvernement « termine, dès
que possible, son évaluation [
] en tenant compte des risques les
plus élevés ». Agriculture et Agroalimentaire Canada,
le ministère responsable à l'époque, avait répondu
: « [Nous acceptons] de réévaluer les produits antiparasitaires
actuellement homologués en tenant compte des risques les plus élevés.
À cet égard, [nous avons] mis au point un processus [
] permettant
de déterminer les priorités en matière de réévaluation,
en fonction des risques et du taux d'utilisation. » Le gouvernement
s'est engagé à agir en 1988, en 1994, et, en réponse au
rapport de votre comité, en 2000. Alors pourquoi reste-t-il, 15 ans plus
tard, autant de travail à effectuer dans un domaine où la santé
et l'environnement sont menacés? Nous avons donné d'autres exemples
d'inaction à l'égard de nos constatations antérieures.
Monsieur le Président, c'est de l'histoire ancienne et je me soucie
d'abord de l'avenir. J'estime que les choses doivent changer. Par suite de l'adoption
de la nouvelle loi et de l'allocation de nouvelles ressources, les attentes
à l'égard du gouvernement fédéral évoluent.
Dans ce nouveau contexte, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire,
Santé Canada et les autres ministères ont désormais la
possibilité d'agir résolument pour corriger les nombreuses lacunes
que nous avons signalées dans notre rapport. Ils doivent mettre à
profit cette possibilité. Nous avons décrit quelques-uns des principaux
aspects à améliorer et il me ferait plaisir de donner au Comité
de plus amples renseignements.
Je dois toutefois préciser que, par leurs réponses à mes
recommandations, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire,
Santé Canada et les autres organismes ne nous donnent pas vraiment l'impression
qu'ils ont l'intention d'agir résolument. Par exemple, Santé Canada
a accepté notre recommandation de renforcer les évaluations des
pesticides, mais a indiqué ensuite que les évaluations n'avaient
pas besoin d'être renforcées. Les organismes concernés sont-ils
prêts à s'engager clairement à combler chacune des lacunes
que nous avons relevées, et tout particulièrement les aspects
clés comme les réévaluations? Mettront-ils en place des
plans d'action détaillés pour combler les lacunes et donner suite
à nos recommandations, bref des plans d'action assortis de mesures concrètes
et d'échéanciers contraignants?
Monsieur le Président, en posant de telles questions, votre comité
pourrait contribuer à faire en sorte que l'Agence de réglementation
de la lutte antiparasitaire et les ministères prennent les mesures qui
s'imposent pour régler ces problèmes. Le Comité pourrait
aussi jouer un rôle précieux à l'avenir en surveillant l'état
de mise en uvre de ce plan d'action, y compris le suivi de nos recommandations.
Le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire effectue
un travail semblable, en tenant régulièrement des audiences où
l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire présente
un compte rendu de ce qu'elle fait pour améliorer l'accès aux
pesticides pour les fermiers. L'évaluation périodique des progrès
en matière de pesticides serait particulièrement importante. Elle
pourrait être faite à partir du nouveau rapport annuel sur les
progrès réalisés à l'égard des réévaluations
que l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire s'est engagée
à produire.
Je vous remercie de votre attention. Nous serions heureux de répondre
à vos questions.
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