Introduction
Le perce-oreille européen
Le nom commun de « perce-oreille » remonte à une vieille
croyance européenne voulant que cet insecte pénètre dans
les oreilles des personnes endormies. Mais en dépit de leur aspect et
de leur réputation redoutables, les perce-oreilles, ou forficules, sont
inoffensifs pour les humains. Au contraire, ils sont souvent utiles comme détritivores
ou encore comme prédateurs des larves d'insectes, des oeufs de limace,
des pucerons et d'autres ravageurs des jardins.
Originaire d'Europe, le perce-oreille a été observé pour
la première fois au Canada durant les années 1827-1835, à Carbonear
sur l'île de Terre-Neuve. En 1911, on le trouvait aussi à Newport
au Rhodes Island et, en l'absence de prédateurs, il ne tarda pas à se
propager jusqu'en Californie et à gagner le nord du continent. Dans
beaucoup d'endroits de l'Est du Canada et de la Colombie-Britannique, il est
devenu un sérieux ennemi des jardins où il s'attaque aux feuilles,
aux fruits, aux légumes et aux fleurs, en particulier quand les plantes
sont jeunes. En phase de pullulement, il envahit à l'occasion les habitations,
mais il ne se reproduit pas à l'intérieur.
Description du perce-oreille adulte
L'insecte adulte mesure de 1,5 à 2 cm de long. Le corps allongé et
aplati est recouvert d'un exosquelette brun rougeâtre, dur, d'aspect
luisant, et porte des antennes dont la longueur est d'environ la moitié de
celle du corps. Cet insecte se distingue par la présence de deux pinces,
ou forceps, à l'extrémité de l'abdomen. Chez le mâle,
elles sont longues et recourbées, mais chez la femelle elles sont nettement
plus petites et presque droites. Ces appendices d'aspect féroce servent
de moyen de défense, pour saisir les insectes hostiles, ou encore durant
la période de l'accouplement. L'adulte possède des ailes courtes
recouvertes par des élytres coriaces. Pour voler, il doit décoller
d'un endroit surélevé car les ailes ne sont pas assez fortes
pour le soulever du sol.
Cycle biologique
Le perce-oreille ne vit qu'un an. Il hiverne juste sous la surface du sol,
affectionnant surtout les fondations des habitations. Le retour du temps doux
le réveille.
Au printemps, la femelle dépose quelque 60 oeufs ronds, blanc perle,
dans un nid creusé dans les cinq premiers centimètres du sol.
Elle s'occupe ensuite des jeunes pour les deux premières semaines, puis
quand ils ont atteint environ 6 mm de long, ceux-ci quittent le nid en quête
de nourriture. Le perce-oreille changera de peau ou muera, passant par quatre
mues successives avant de devenir adulte, au bout d'environ 70 jours. La larve
est semblable d'aspect à l'adulte, mais en plus petit. Environ un cinquième
des femelles pondent une deuxième fois, en juin, et les larves sortent
en juillet et en août.
Habitat
Le jour, le perce-oreille recherche des lieux frais, humides et obscurs, rampant sous les pierres, dans les déchets de jardin, dans les pieds tubulaires des meubles de jardin, les clôtures en bois, les portes en aluminium creuses ou autres fentes.
Le soir, il sort pour chercher sa nourriture qui consiste en majeure partie de matière organique en putréfaction, bien qu'il ne dédaigne pas les pousses tendres, les feuilles et les fleurs de plantes comme l'oeillet d'Inde, la rose, l'oeillet, la clématite, le dahlia, le zinnia, le glaïeul, le chrysanthème et l'aster. Il attaque aussi les légumes comme la laitue, le céleri, la pomme de terre, le haricot, la carotte, le maïs sucré et les divers choux. À l'occasion, le perce-oreille est carnivore, se nourrissant d'autres petits insectes et parfois même de ses congénères.
En quête de nourriture et d'abri, l'insecte rampe sur le sol, escalade les murs des maisons, les clôtures et les arbres et, en général, commence à pénétrer dans les habitations en juin ou en juillet. Ce qui est particulièrement désagréable, c'est de le trouver dans les aliments, dans les vêtements ou parfois même dans les draps de lit.
Modification de l'habitat
Le meilleur temps pour entreprendre des mesures de lutte contre les perce-oreilles est le début du printemps, par temps sec et chaud, quand ils sont encore jeunes. Dans les régions habitées, les mesures de lutte sont d'autant plus efficaces lorsqu'elles sont prises par quartier ou par collectivité.
Comme l'insecte hiverne juste sous la surface du sol et que les pontes sont
déposées en petits nids, un simple travail du sol suffira à déranger les adultes hivernants et à mettre à découvert les oeufs fraîchement pondus qui ont alors moins de chance de survivre. De plus, les adultes ramenés à la surface constituent une proie plus facile pour les oiseaux, et autres prédateurs tels que la mante religieuse et certaines mouches parasites.
Un autre moyen très important de lutte contre cet insecte est de garder la pelouse et le jardin libres de déchets ou de matière en décomposition du début du printemps à la fin de l'automne. On évitera toute accumulation au sol de tontes de gazon, de feuilles tombées, de résidus de culture, de mauvaises herbes ou de vieux bois.
En commençant votre potager le plus tôt possible, vous donnerez aux plantes une avance confortable quand les jeunes nymphes sortiront en juin.
Lutte chimique
De nombreux produits sont homologués au Canada pour la lutte contre les perce-oreilles. On les trouvera dans tout bon centre de jardinage ou dans une quincaillerie fiable. La plupart des insecticides de jardin n'agissent que lorsqu'il y a contact direct avec les insectes. Par ailleurs, de fortes populations d'insectes peuvent acquérir une tolérance à l'égard de certains produits chimiques.
Appâts empoisonnés
Les appâts au fluosilicate de sodium devront être disposés où on a observé des perce-oreilles, sur les pelouses, au bas des arbres, le long des clôtures, dans les haies, les tas de bois, les plates-bandes ainsi qu'autour des fondations des bâtiments.
Les appâts au carbaryl en boulettes devront être placés en petits tas en guise de postes d'appâts. Recouvrir chaque tas d'une planche, d'un bardeau ou d'une assiette d'aluminium alourdie. Ces appâts ainsi recouverts attirent les perce-oreilles tout en protégeant les animaux domestiques.
TOUJOURS PRENDRE SOIN DE TENIR LES ENFANTS ET LES ANIMAUX DE COMPAGNIE À DISTANCE DES APPÂTS.
NE PAS EMPLOYER LES APPÂTS DANS LA MAISON.
Chemical Sprays and Dusts
Utiliser les produits en poudre sur des surfaces qui ne peuvent pas être atteintes par des enfants ou par des animaux familiers. Il est préférable d'appliquer les insecticides par temps chaud et sec, quand les larves sont encore jeunes, c'est-à-dire en juin dans la majeure partie du pays. Ailleurs, plus au nord, ce sera en début de juillet. Comme le perce-oreille est un insecte nocturne, l'épandage doit être fait durant le soirée de sorte que les résidus soient encore frais à leur sortie. Les endroits importants à traiter sont les fondations des bâtiments, les trottoirs, les clôtures et les tas de bois, sans oublier les troncs et les fourches d'arbres et le dessous des arbustes et des plantes couvre-sol qui peuvent offrir abri aux forficules. Attendre au moins deux jours après le traitement avant d'arroser les endroits traités. Les traitements exécutés plus tard en été sont moins efficaces.
Les bouillies de carbaryl ou de diazinon et les poudres de carbaryl ou de méthoxychlore peuvent être appliquées directement sur les fleurs ou les légumes infestés. Les savons insecticides et les préparations à base de terre à diatomées peuvent également être efficaces par contact direct avec les perce-oreilles. Il y aura peut-être lieu de répéter périodiquement les traitements. Voir le mode d'emploi de l'étiquette du produit.
Dans le cas d'un problème persistant de perce-oreilles dans les habitations, il peut être bon de traiter à l'insecticide, quoique les perce-oreilles finiront par mourir. Il faudra également traiter la source extérieure de l'invasion.
On peut pulvériser des préparations de propoxur autour des cadres de portes et de fenêtres, autour de la fondation et sur le sol adjacent de façon à empêcher les insectes d'entrer dans la maison. À l'intérieur, on pourra pulvériser une préparation résiduelle à base de diazinon, de propoxur ou de malathion, en traitement localisé le long des plinthes, des tuyaux d'évacuation et en dessous des tapis et des moquettes.
Autres moyens de lutte
Les moyens non chimiques comme les pièges et les appâts se sont révélés efficaces dans la lutte contre le perce-oreille.
Piégeage
Utiliser des pièges où les perce-oreilles aiment s'abriter, notamment des pièces de carton ou des planchettes rainurées réunies au moyen d'un élastique, en s'assurant que les rainures sont face à face. Les disposer debout, parmi les arbustes, les haies, autour des arbres et dans tous les endroits où les perce-oreilles s'abritent généralement.
On peut bourrer des pots à fleurs de feuilles, de foin ou de papier journal humides et les empaler la tête en bas sur des piquets enfoncés dans le sol. Des cannes de bambou creuses qui sont ouvertes aux deux extrémités et des petits bouts de tuyau d'arrosage, ou de caoutchouc, peuvent être liés en paquets et disposés parmi la végétation, contre une clôture ou partout où on trouve des perce-oreilles. Ces pièges doivent être vidés chaque matin dans un seau d'eau chaude ou d'eau additionnée de kérosène ou de détergent.
Appâts
Attractifs naturels - Le perce-oreille est très attiré par l'huile de poisson et, dans une moindre mesure, par les huiles végétales autres huiles. Une assiette en aluminium, une boîte vide de sardines ou tout autre contenant peu profond partiellement rempli d'huile et enterré jusqu'au bord attirera et piégera de nombreux perce-oreilles. On peut aussi disposer, près des murs de fondation et un peu partout dans le jardin, des boîtes vides de jus de fruit congelé NON RINCÉES remplies au deux tiers d'eau savonneuse.
|