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Sûreté et sécurité : Contrôle continu et durable de l’utilisation des sources radioactives

Discours de
Ken Pereira, premier vice-président de la Direction générale des opérations
Commission canadienne de sûreté nucléaire

Pour la

Conférence internationale sur la sûreté et la sécurité des sources radioactives : élaboration d’un système mondial de suivi continu des sources applicable tout au long de leur cycle de vie

Bordeaux (France)
Le 29 juin 2005

Aujourd’hui, tous s’entendent pour dire que l’utilisation sûre et sécuritaire des sources radioactives passe par la mise en oeuvre de mesures de contrôle continu. Dans un sens, la participation à cette conférence internationale est un bon indicateur de l’intérêt de la communauté vers l’atteinte de cet objectif.

Qu’entend-on par contrôle continu? Il s’agit de mettre en oeuvre une surveillance réglementaire des sources radioactives à tous les cycles de leur vie, c.-à-d., du berceau à la tombe. Donc, il faut avoir en place des objectifs de sûreté et de sécurité ainsi que des mesures qui gouvernent toutes les étapes, de la conception d’une source jusqu’à son élimination finale, à la fin de sa vie utile.

Un régime efficace et complet, englobant la totalité du cycle de vie, doit s’étendre au-delà des frontières nationales. Comme nous le savons, l’utilisation des sources est généralisée et pour palier à cette grande utilisation, il existe un vaste commerce de sources radioactives et d’appareils à rayonnement. Par conséquent, la communauté internationale doit mettre en place un régime efficace de surveillance de la totalité du cycle de vie afin d’assurer l’utilisation sûre et sécuritaire des sources radioactives.

Alors, que devons-nous faire pour établir des régimes de contrôle continu de la sûreté et de la sécurité des sources? Les entités impliquées dans toutes les étapes du cycle de vie des sources radioactives ont des rôles et des responsabilités à exécuter en vue de garantir la sûreté et la sécurité. Les organismes de réglementation, les fabricants, les distributeurs, les utilisateurs et les transporteurs doivent faire preuve d’engagement. Une approche de la gestion des sources radioactives axée sur leur cycle de vie forme la pierre angulaire d’un contrôle réglementaire efficace des sources radioactives à risque élevé. Chaque entité devrait jouer son rôle et s’acquitter de ses responsabilités tout en garantissant une utilisation sûre et sécuritaire de ces substances.

Les autorités nationales compétentes devraient établir et mettre en oeuvre des exigences réglementaires nationales conformes aux risques que posent les sources radioactives qui entrent dans leur champ de compétence. Leurs systèmes de réglementation devraient tenir compte du risque afin d’optimiser l’affectation des ressources et de renforcer la surveillance réglementaire des sources radioactives. La surveillance réglementaire continue pose des défis qu’il faut relever. Un de ces défis consiste à établir un contrôle réglementaire international efficace sans restreindre indûment les avantages médicaux, industriels, universitaires ou de recherche que procure l’utilisation de sources radioactives. Les organismes de réglementation nucléaire ont des mandats qui diffèrent lorsqu’il s’agit de réglementer les sources radioactives, et ces différences ne peuvent être ignorées au moment d’aborder la question du contrôle des sources tout au long de leur cycle de vie. Mais, il est clair que les organismes de réglementation doivent avoir le mandat et le pouvoir d’exécuter un contrôle réglementaire non grevé des activités impliquant des sources radioactives, dans leur domaine de compétence. Au Canada, l’organisme de réglementation du nucléaire, la Commission canadienne de sûreté nucléaire, doit, dans le cadre de son mandat, réglementer la production, la possession, l’utilisation et le transport des substances nucléaires afin de protéger la santé, la sûreté et la sécurité. Elle exécute ces fonctions au moyen d’un régime de réglementation approfondi. Les titulaires de permis doivent réaliser leurs activités dans le respect des autorisations reçues et en faisant preuve de diligence raisonnable. La surveillance réglementaire de la Commission canadienne de sûreté nucléaire comprend un programme d’assurance de la conformité aux exigences réglementaires. Ce programme de conformité est appuyé par des pouvoirs permettant de prendre des mesures d’application graduelles. De plus, les inspecteurs ont le pouvoir d’émettre des ordonnances exigeant la prise de mesures correctives pour remédier à des risques immédiats perçus pour la santé, la sûreté ou la sécurité.

Chaque étape du cycle de vie d’une source radioactive comporte des défis uniques relatifs au contrôle et à la sécurité. La première étape est la fabrication des sources radioactives et la conception des appareils dans lesquels elles sont installées. Les principales préoccupations concernent le risque de vol de la source et le degré de dispersion de la matière radioactive si la source scellée devait avoir une brèche. Des initiatives de réglementation doivent être mises en oeuvre en vue de réduire la production des matières radioactives pouvant être dispersées facilement. Les entités compétentes nationales et les fabricants doivent collaborer afin de trouver des façons de concevoir des appareils qui seront plus difficiles à les utiliser à des fins malveillantes. La production des sources radioactives est concentrée dans quelques pays seulement qui approvisionnent ensuite des utilisateurs situés aux quatre coins de la planète. Donc, si ce petit groupe de l’industrie déploie les efforts nécessaires, il sera possible d’apporter des améliorations importantes à la protection contre les risques pour la sûreté et la sécurité.

La deuxième étape du cycle de vie d’une source radioactive commence lorsque les distributeurs ou les fabricants transfèrent ou vendent des sources à des utilisateurs mondiaux. L’organisme de réglementation devrait exiger que toute personne désirant utiliser une source radioactive soit autorisée à posséder et à utiliser cette source pour une application précise. Il doit s’assurer que la personne est qualifiée pour exécuter cette activité autorisée et doit mettre en place, dans le respect de ses pouvoirs quant à l’emplacement de la source utilisée, des règlements solides qui gouvernent l’utilisation des sources radioactives ainsi qu’un programme complet de conformité en vue de vérifier si l’activité autorisée est réalisée conformément à ces règlements nationaux. Avant d’autoriser la possession et l’utilisation d’une source radioactive, l’organisme de réglementation doit vérifier si l’utilisateur potentiel est une entité légitime qui a des raisons valables de posséder une source et s’il prendra les mesures nécessaires afin de veiller à ce que l’utilisation de la source ne pose aucun risque pour la santé, la sûreté et la sécurité. À cette étape, le fabricant ou le distributeur doit vérifier que les sources radioactives sont uniquement transférées aux détenteurs d’autorisations valides. Dans certains cas, le fabricant ou le distributeur installera également les sources dans les appareils et fournira une formation de surveillance réglementaire concernant la culture de sûreté, une formation aux travailleurs ainsi que des mesures et des procédures de sécurité. Cette formation peut tenir compte de la nature de l’environnement local, mais doit toujours adhérer aux principes fondamentaux qui gouvernent la protection contre les risques pour la santé, la sûreté et la sécurité.

Afin d’assurer un contrôle continu et de vérifier la sécurité pendant le transfert et l’utilisation des sources, les organismes de réglementation doivent effectuer un suivi adéquat des sources qui tombent sous leur autorité. Pour cela, il faut établir systématiquement des dossiers de données et produire et acheminer l’information clé concernant les sources. Afin d’obtenir les données nécessaires aux fins de suivi, il est possible d’exiger que les fabricants ou les distributeurs :

  1. fabriquent des sources avec un identificateur unique;
  2. obtiennent les renseignements nécessaires concernant l’autorisation de possession et d’utilisation;
  3. fournissent les documents de transaction à l’organisme de réglementation;
  4. maintiennent des documents sur l’élimination des sources retournées.

Les organismes de réglementation doivent mettre en place des registres nationaux pour les sources scellées radioactives à risque élevé. Le registre de sources scellées procurera à l’organisme de réglementation un mécanisme de gestion des risques posés par ces sources radioactives. L’existence de tels registres facilitera le suivi des sources à risque élevé lorsqu’elles sont transférées, utilisées, importées ou exportées. Ce registre fournira des garanties tangibles quant à la responsabilisation relativement à la sûreté et à la sécurité.

L’entité compétente nationale doit réaliser des autoévaluations périodiques de la réglementation afin de s’assurer que les programmes de réglementation garantissent une surveillance réglementaire efficace des sources radioactives. Au besoin, l’entité compétente devrait améliorer ses programmes de réglementation dans le but d’exercer un contrôle qui est approprié au risque posé par les sources radioactives se trouvant à l’intérieur des frontières nationales. Les mesures de contrôle doivent être appropriées non seulement pour les changements aux types de source, mais également pour répondre aux menaces émergentes à la sécurité, aux préoccupations en matière de sûreté cernées au fil de l’expérience en exploitation et aux changements dans la culture de sûreté de la communauté réglementée.

Il faut également tenir compte de l’obligation, pour les fabricants ou les distributeurs, d’informer l’organisme de réglementation des demandes suspectes d’approvisionnement en sources radioactives, par exemple, des demandes pour obtenir des sources ayant un niveau d’activité accru, des demandes pour un plus grand nombre de sources que la normale, et des changements dans la fréquence des commandes. Les attentes internationales dictent la prudence afin de se protéger contre des menaces possibles à la sécurité, même dans le contexte d’intérêts commerciaux concurrentiels.

Ces mesures amélioreraient le contrôle général des sources se trouvant à l’intérieur des frontières nationales. Cependant, les pays qui fabriquent et fournissent ses sources radioactives ne peuvent obtenir le même degré d’assurance concernant la protection de la sûreté et de la sécurité à l’égard des acheteurs d’autres pays. Dans certains cas, il y a très peu de surveillance réglementaire qui se fait relativement au contrôle des exportations de sources. Actuellement, les pays exportateurs peuvent seulement réaliser une vérification limitée afin de s’assurer que les acheteurs sont autorisés à posséder les sources demandées. Il est clair que seuls les organismes de réglementation nationaux peuvent vérifier la légitimité des utilisateurs finaux, s’ils sont en possession des autorisations appropriées et s’ils ont pris les mesures adéquates pour assurer la sûreté et la sécurité des sources radioactives à risque élevé. Pour se faire, il est primordial d’obtenir l’engagement des pays importateurs à l’égard des principes incorporés dans le Code de déontologie de l’AIEA concernant la sûreté et la sécurité des sources radioactives.

En acceptant ces principes de contrôle de l’exportation des sources radioactives, au moyen d’un engagement politique pour le Code de déontologie de l’AIEA concernant la sûreté et la sécurité des sources radioactives et son document d’Orientation pour l’importation et l’exportation, on assurera une harmonisation internationale du contrôle réglementaire continu des sources radioactives à risque élevé. La mise en oeuvre de ce document d’orientation, par le biais d’ententes internationales, améliorera le contrôle et la sécurité, à court et à long terme.

La dernière étape du cycle de vie d’une source radioactive est son élimination ou son recyclage, lorsqu’elle a atteint la fin de sa vie utile. Les coûts d’élimination appropriés d’une source non désirée constituent un fardeau financier que les utilisateurs préfèreraient éviter. Il faut inciter les fabricants et les pays exportateurs à faciliter le retour des sources non désirées aux entités qui peuvent fournir les contrôles nécessaires. Il sera toujours préférable de procéder ainsi que de laisser la source dans les mains de personnes qui n’ont ni le souhait de la conserver, ni les ressources nécessaires pour la contrôler adéquatement. Le problème auquel font face les fabricants qui acceptent le retour des sources non désirées est l’incertitude quant aux futurs coûts d’élimination..

En résumé, il est impossible pour les organismes de réglementation de déployer seuls les efforts nécessaires pour améliorer le contrôle de la sûreté et de la sécurité des sources radioactives. La collaboration des fabricants et des fournisseurs est essentielle en vue d’élaborer et de mettre en oeuvre un régime de réglementation global.

De plus, des ententes bilatérales, multilatérales et régionales amélioreront le contrôle de la sûreté et de la sécurité des sources radioactives. Sur le continent nord-américain, le Canada, le Mexique et les États-Unis exercent déjà une certaine collaboration trilatérale afin d’assurer la sûreté et la sécurité des sources radioactives utilisées dans ces trois pays. Les États membres sont encouragés à entamer des discussions régionales pour une mise en oeuvre réussie du Code et de son document d’Orientation pour l’importation et l’exportation de sources radioactives. Ils devraient tirer profit de l’expérience d’autres États membres qui ont des systèmes de réglementation éprouvés.

L’AIEA offre plusieurs documents d’orientation qui aideront les entités compétentes à relever les défis réglementaires. L’adoption de ces principes donnera lieu à une harmonisation internationale et favorisera la collaboration internationale. L’AIEA a plusieurs programmes d’amélioration de la réglementation en place. Les États membres sont encouragés à se servir de ces programmes pour améliorer leurs propres programmes de réglementation ou en établir de nouveaux.

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