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INTRODUCTION
Pauvreté et exclusion
Nouvelles perspectives, nouvelles approches
Au Canada, les taux de pauvreté ont connu
une amélioration sensible au cours des quelques dernières
années. Néanmoins, l’amélioration sur l’ensemble
des vingt dernières années est très mince. Sur le
plan international, en matière de pauvreté, les pays nordiques,
comme la Suède, la Norvège et la Finlande, de même
que plusieurs autres pays européens, dont les Pays-Bas, la France
et l’Allemagne, surclassent le Canada. Selon l’Indice de pauvreté
humaine des Nations Unies1, le Canada
se classait 12e dans ce domaine parmi
les 17 pays riches en 2004.
Il existe beaucoup de bonnes raisons pour élaborer des politiques
afin de résoudre efficacement les problèmes liés
à la pauvreté et à l’exclusion sociale. Cet
enjeu a une incidence directe sur le type de société que
nous recherchons et les degrés d’inégalité
que nous sommes prêts à tolérer. Même si c’est
moins évident, il
concerne aussi la production de richesse économique pour tous les
Canadiens.
De nouvelles bases conceptuelles quant à notre façon de
percevoir la pauvreté viennent changer la perspective de ce débat.
L’idée de pauvreté n’est plus confinée
à une vision étroite fondée sur le revenu à
un moment précis. On a adopté une définition plus
générale centrée sur l’intersection entre le
faible revenu et d’autres dimensions de l’exclusion sociale,
dont l’accès à des biens et services essentiels, un
logement approprié à un coût abordable, un état
de santé et de bien-être satisfaisant et une participation
aux réseaux sociaux. Certaines interprétations plus larges
de la pauvreté comprennent les notions de dignité et les
capacités d’atteindre son potentiel. D’autres personnes
encore parlent de droits des citoyens à la participation sociale
et économique.
Sur le plan économique, il est aussi logique
d’améliorer la situation des moins favorisés de la
société. Étant donné que les Canadiens les
plus démunis en matière de compétences sont les plus
susceptibles de connaître la pauvreté, le fait de leur fournir
les compétences qui leur permettraient une plus grande participation
entraînerait des avantages non seulement pour eux-mêmes, mais
pour l’ensemble de la société. Des travaux récents
démontrent, par exemple, que les écarts dans les niveaux
de compétences parmi les pays membres de l’OCDE expliquent
les écarts importants sur le plan de la croissance économique2.
Plus particulièrement, hausser le taux d’alphabétisation
des adultes présentant les niveaux de compétences les plus
bas a une grande incidence sur la productivité de la main-d’œuvre
et la performance économique des pays. Notre manière d’aborder
la pauvreté et l’exclusion n’est plus uniquement une
question de valeurs, telles qu’elles se reflètent dans nos
lois, nos politiques et nos programmes, mais influe sur la façon
dont nous pouvons accélérer la croissance économique
et améliorer le bien-être en général de nos
citoyens.
Nous en savons davantage aujourd’hui sur les réalités
économiques et sociales liées à la pauvreté.
Les résultats d’enquêtes longitudinales jettent un
nouvel éclairage sur la pauvreté, sa profondeur et ses conséquences.
Ainsi, le parcours de vie des personnes pauvres varie énormément.
Et bien que la pauvreté ne constitue souvent qu’un état
transitoire, certains groupes démographiques semblent présenter
en permanence une incidence élevée de faible revenu.
Comment adapter les politiques
socio-économiques à ces nouvelles perspectives et réalités?
Quelles approches émergentes semblent les plus prometteuses et
méritent toute l’attention
des responsables de l’élaboration des politiques? Apporter
réponse à ces questions exigera une collaboration efficace
entre les ministères fédéraux, les autres paliers
gouvernementaux et les intervenants clés. Il y a maintenant plus
d’un an que le PRP mène un projet interministériel
intitulé Nouvelles approches pour lutter contre la pauvreté
et l’exclusion. Son objectif
consiste à évaluer le rôle potentiel de nouvelles
approches politiques aux problèmes de la pauvreté croissante
dans le monde, en mettant l’accent
sur les implications à moyen terme éventuelles pour les
politiques fédérales canadiennes.
Le présent numéro de Horizons
renferme plusieurs articles de nos partenaires ministériels et
du personnel de recherche sur les politiques du PRP prenant part à
ce projet. Ces articles vont de descriptions de l’évolution
de la pauvreté et des groupes visés à des survols
des études et des analyses des outils et politiques en cette matière.
Les gouvernements ne sont pas les seuls responsables de réduire
la pauvreté et l’exclusion. Les organismes à but non
lucratif jouent également un rôle important, de sorte que
ce numéro contient des articles d’universitaires et de représentants
d’organisations non gouvernementales qui partagent notre intérêt
envers les solutions à trouver aux problèmes de l’exclusion
économique et sociale.
La publication de ce numéro coïncide avec la conférence
du PRP, Exploration de nouvelles approches en matière de politiques
sociales, qui se tiendra à Ottawa du 13 au 15 décembre.
Nous espérons que cette publication constituera un complément
utile aux exposés et débats dans le cadre de cette conférence
et que, combinée aux résultats de cette dernière,
elle contribuera à cerner des approches et politiques
permettant de mieux comprendre et régler les questions de pauvreté
et d’exclusion.
Jean-Pierre Voyer
Directeur exécutif
Notes
- Rapport mondial sur le développement humain des Nations Unies,
2002, <http://hdr.undp.org/reports/global/2002/fr>.
- Coulombe, S., J.F. Tremblay et S. Marchand, 2004. Literacy
Scores, Human Capital and Growth Across Fourteen OECD Countries,
Statistique Canada, no 89-552-XPE au catalogue, no.11. Voir aussi
« Counting Heads: A Breakthrough in Measuring the Knowledge Economy », The Economist, le 28 août
2004, vol. 372, numéro 8390, p. 70.
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