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Juges de la Cour
Observations de la très honorable Beverley McLachlin, C.P.
Cérémonie à l’occasion du départ à la
retraite de l'honorable Louise Arbour
Le lundi 7 juin 2004
J’ai le très grand plaisir de vous accueillir à cette
cérémonie organisée pour marquer le départ à la
retraite de notre collègue l’honorable Louise Arbour. La Cour
suprême s’honore aujourd’hui de la présence de
- l’honorable Irwin Cotler, ministre de la Justice et procureur général
du Canada
- l’honorable Michael Bryant, ministre de la Justice et procureur général
de l’Ontario
- Mme Susan McGrath, première vice-présidente de l’Association
du Barreau canadien, représentant M. William Johnson, président
de l’Association du Barreau canadien
et
- M. Frank Marrocco, trésorier du Barreau du Haut-Canada.
Le très honorable Antonio Lamer, ancien Juge en chef de la Cour suprême
du Canada, ne peut, comme il le souhaitait, se joindre à nous ce matin:
il a subi la semaine dernière une intervention chirurgicale. Le juge
Lamer me prie de vous présenter en son nom ses hommages. Nous lui transmettrons
vos voeux de prompt rétablissement. À l’honorable juge
Cory qui, aujourd’hui, fait ses adieux à son épouse bien-aimée
Edith, nous offrons nos condoléances. Nous avons le plaisir de revoir
ce matin quelques-uns de nos anciens collègues de la Cour suprême
du Canada:
- l’honorable Bertha Wilson et le révérend John Wilson
- l’honorable Gérard LaForest
- l’honorable Claire L’Heureux-Dubé
- l’honorable Charles Gonthier et Madame Gonthier
- ainsi que Madame Jeannine Chouinard, veuve de l’honorable Julien
Chouinard.
Je tiens également à souhaiter la plus cordiale des bienvenues
aux autres distingués membres de la magistrature, à nos invités
d’honneur, ainsi qu’aux proches et aux amis de Louise Arbour. Parmi
ceux-ci, permettez-moi de souligner tout particulièrement la présence
de la mère de l’honorable Louise Arbour, madame Rose Laberge,
ainsi que celle de sa fille, Madame Emilie Taman, récente diplômée
de la Faculté de Droit de l’Université de Dalhousie.
J’ai dit que nous sommes ici pour souligner le départ à la
retraite de l’honorable Louise Arbour. Il y a peut-être lieu, toutefois,
de préciser ce que le mot « retraite » est employé de
façon large et libérale. À la retraite, certains adoptent
un rythme de travail plus raisonnable et en profitent pour transmettre leur
expérience. D’autres se consacrent à de nouveaux passe-temps.
L’un découvre les joies du jardinage, l’autre les défis
du golf, voire l’euphorie du bridge. Mais un ancien juge de la Cour suprême
n’est jamais tout à fait en retraite. Quels sont les projets de
retraite de la juge Arbour? Le poste de Haut Commissaire des Nations Unies
aux droits de l’homme, rien de moins. Voilà vraiment une acceptation
nouvelle du concept de « Liberté 55 » ou de celui de son équivalent
fonctionnel.
Mais, trêve de plaisanterie, je suis heureuse d’avoir, ce matin,
l’occasion de dire publiquement à la juge Arbour toute l’admiration
que les membres de la Cour ressentent à son égard pour son courage
et son dévouement à la cause des droits de la personne, et de
lui dire à quel point nous sommes fiers qu’elle ait accepté de
jouer un rôle si important sur la scène internationale. Au dire
de tous, son retour à la scène internationale arrive à point
nommé. Nous connaissons actuellement des moments d’incertitude
et de perturbation sur le plan des droits de la personne. Le droit international
se trouve encore une fois à un carrefour. Nous sommes bombardés
tous les jours d’images de violence, d’intolérance et de
souffrances insensées. Chaque jour nous apporte de nouvelles preuves
du mépris pour le caractère sacré de la vie et de la dignité humaines.
Nos institutions démocratiques sont mises à forte épreuve
par les menaces à notre sécurité. Et des pays, au Nord
comme au Sud, sont immobilisés par leurs philosophies contradictoires
en matière de protection des droits de la personne. Il serait naïf
de penser qu’une personne à elle seule peut trouver une solution
aux problèmes du monde et mettre fin aux violations des droits de la
personne. Mais ceux qui connaissent bien Louise Arbour, sa fortitude, son intelligence
et sa détermination inébranlables - nous tous qui sommes réunis
ici dans cette salle - savent qu’elle modifiera le cours des choses.
En effet, la carrière de la juge Arbour porte l’empreinte des
modifications dont la société lui est redevable. Alors qu’elle
n’était pas encore juge à la Cour suprême, elle avait
imprimé une direction différente à nos établissements
pénitentiaires par son rapport sur les faits survenus à la prison
des femmes à Kingston; elle avait changé le cours du droit international
en exerçant avec la créativité et l’énergie
qu’on lui connaît sa fonction de procureur du Tribunal criminel
international constitué en rapport avec les crimes commis dans l’ancienne
Yougoslavie et au Rwanda.
Consacrée vedette du fait de ces exploits, elle revenait au Canada
pour se joindre à la Cour suprême. Durant l’année
de sa nomination, la juge Arbour a reçu quelque 17 doctorats honoris
causa. Il s’agit probablement là d’un record canadien. Elle
a été le sujet d’articles dans tous les journaux et dans
tous les magazines imaginables, et même dans d’autres qui le sont
moins. On m’a dit qu’un membre de sa famille - on ne sait trop
comment - s’est retrouvé en possession d’un exemplaire du
magazine Hustler et qu’il s’est rendu compte, à sa stupéfaction,
qu’il pouvait y lire un article sérieux traitant de l’honorable
Louise Arbour. Louise, la justice est omniprésente.
À la Cour suprême du Canada, la juge Arbour a succédé à l’honorable
Peter Cory. Elle a hérité sa toge d’apparat rouge. Elle
lui va comme un gant, réduite de moitié... Puis, elle s’est
plongée dans son travail de juge à la Cour suprême, avec
l’énergie et le dévouement qu’elle met à tout
ce qu’elle fait. À la Cour elle s’est montrée dynamique,
perspicace et d’une grande curiosité intellectuelle. Elle a apporté son
extraordinaire sens de l’humour à nos délibérations
et son indéfectible soutien moral à nos décisions. Une
cour composée de neuf est un mécanisme délicat, un mouvement
d’horlogerie pourrait-on dire: le départ d’un juge, rouage
essentiel, se traduit inévitablement par un changement de tonalité et
de rythme du mécanisme. Mais le mécanisme ne peut s’arrêter
pour autant et la Cour demeurera une institution centrale dans la vie du Canada
tant et aussi longtemps que d’autres hommes et femmes de la trempe de
Louise Arbour y sont nommés.
Louise, le moment est venu de se dire au revoir. Je sais que vous êtes
très attachée à la poésie de Richard Desjardins,
et je crois bien qu’elle vous suive jusqu’à Genève.
J’en tire deux courts extraits, en guise de conclusion. D’abord,
dans la chanson « La maison est ouverte », Richard Desjardins
nous offre ces mots, en forme de projet: « Il est temps d’apaiser
cette fleur de la peur qu’on appelle le monde. Nous sommes cueilleurs,
le fruit est la Loi. » Le droit est en effet un fruit à cueillir
et à partager
avec ceux qui n’ont pas eu encore la chance de le goûter. C’est
la tâche qui vous attend. Et puis, dans une autre chanson, ces mots qui
donnent la mesure de ce que vous pourrez accomplir: « Debout le jour,
debout le jour. Au bout des bras, ce que tu veux. Tout’ se peut. » Dorénavant,
Louise, comme par le passé, tout se peut, tout vous
est possible.
Merci
J’invite maintenant le ministre de la Justice et procureur général
du Canada, l’honorable Irwin Cotler, à dire quelques mots.
***
Merci, Monsieur le ministre. J’invite maintenant le ministre de la Justice
et procureur général de l’Ontario, l’honorable Michael
Bryant, à dire quelques mots.
***
Merci, Monsieur le ministre. J’invite maintenant Mme Susan McGrath, première
vice-présidente de l’Association du Barreau canadien, à dire
quelques mots.
***
Merci, Mme McGrath. J’invite maintenant M. Frank Marrocco, trésorier
du Barreau du Haut-Canada, à dire quelques mots.
***
J’invite maintenant l’Honorable Louise Arbour à vous adresser
la parole
***
Merci Madame la juge Arbour. Les invités sont maintenant priés
de se joindre à nous pour la réception qui nous attend au troisième étage.
La séance est levée.
Observations de la très honorable Beverley McLachlin, C.P.
Juge en chef du Canada
Cérémonie à l’occasion du départ à la
retraite de l'honorable Louise Arbour
Ottawa, Ontario
Le lundi 7 juin 2004
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