Au Conseil national de recherches, à Ottawa, pendant les années 1940, je suis heureux d'étudier la pasteurisation de la bière par le réchauffage au moyen de radiofréquences (micro-ondes), et c'est un fabricant de bière qui me fournit le matériau brut. Un jour, M. Ballard, chef de la division de la radio et du génie électrique pour laquelle je travaille, offre mes services à des chercheurs du Banting Institute, à Toronto. Ils ont d'excellentes idées pour l'élaboration d'un appareil de réchauffage au moyen de radiofréquences, ainsi que d'un stimulateur cardiaque et d'un défibrillateur électriques. Ils sont si enthousiasmés que je décide de me joindre à eux.

Nous réussissons à concevoir un cathéter-électrode « bipolaire » qui stimule la paroi du cœur sans qu'on ait à ouvrir le thorax du patient. De retour à Ottawa, je fabrique un stimulateur cardiaque portatif efficace, en intégrant les éléments électriques souhaités à un circuit approprié - on ne veut pas dire ici que l'appareil peut vous suivre partout où vous allez; mais en 1950, on le qualifie tout de même de « portatif ».

Aujourd'hui, les stimulateurs cardiaques sont implantés sous la peau, tout comme ils le sont depuis 1959; toutefois, on a dû attendre l'avènement des transistors pour procéder à leur miniaturisation. Les transistors permettent ainsi à de nombreuses personnes, dont moi-même, de mener une vie normale grâce à la technologie du stimulateur cardiaque.

La conception du stimulateur cardiaque ne constitue qu'un aspect de ma carrière. Mon domaine de travail est le génie biomédical, et je suis le premier Canadien à m'y spécialiser. À la section du génie médical, relevant de la division du génie électrique du Conseil national de recherches, nous poursuivons la recherche dans le domaine cardiovasculaire et réalisons plusieurs inventions pour venir en aide aux aveugles et aux personnes atteintes de déficiences musculaires, ainsi que pour faire progresser l'utilisation des ultrasons à des fins de diagnostic.

Je fais ma part pour promouvoir le génie biomédical. En 1965, je fonde et assure la présidence de la Société canadienne de génie biomédical. À la Fédération internationale du génie médical et biologique, j'occupe le poste de président en 1971, et de 1976 à 1985, celui de secrétaire général.

Bien qu'on se souvienne de moi pour le travail que j'ai effectué sur le stimulateur cardiaque, j'ai eu la chance de contribuer à d'autres domaines, et je suis honoré d'être appelé le père du génie biomédical au Canada