Le site Draper
William D. Finlayson
London Museum of Archaeology
Le site archéologique
Draper occupe l'emplacement d'un grand village huron qui fut habité
vers 1500 apr. J.-C. (appuyez ici pour voir une
reconstitution artistique du village Draper) Quatre cent soixante-dix ans
plus tard, le site fut menacé par le projet de construction du nouvel
aéroport international de Toronto, à Pickering (Ontario).
La Commission archéologique du Canada du Musée national de
l'Homme décida donc d'entreprendre des fouilles pour étudier
le site avant qu'il ne soit détruit par la construction du futur
aéroport. Transports Canada et la Commission archéologique
du Canada, Musée national de l'Homme (Musées nationaux du
Canada) financèrent les fouilles.
Les Hurons formaient une confédération de tribus qui parlaient
une langue iroquoienne. Ils vécurent dans le centre-sud de l'Ontario
à partir de 1400 à 1649, apr. J.-C. (environ), lorsqu'ils
furent vaincus par certaines des tribus iroquoiennes qui vivaient au sud
du lac Ontario. On peut faire remonter l'histoire de leurs ancêtres,
les tribus de Middleport et de Pickering, jusqu'à environ 700 apr.
J.-C. Nos connaissances sur les Hurons reposent sur des fouilles archéologiques
et sur des rapports rédigés par des missionnaires et des
explorateurs qui se rendirent chez les Hurons au cours du XVIIe siècle.
Les Hurons vivaient dans des villages semi-permanents formés
de plusieurs longues-maisons. Leur charpente était faite de piquets
recouverts d'écorce d'orme ou de cèdre. En général,
elles mesuraient de 20 à 25 pieds de large, variant de 40 à
250 pieds de long et, probablement de 15 à 25 pieds de haut. À
l'intérieur, il y avait un couloir central et, le long de chaque
mur, des plate-formes de quelque cinq pieds de large. Le long du couloir,
à environ tous les vingt pieds, se dressaient des foyers; deux familles
partageaient le même foyer. Chaque famille occupait la plate-forme
et l'espace adjacent d'un côté de la maison. Par conséquent,
le nombre de familles habitant la maison en déterminait la longueur.
Le nombre de maisons dans un village variait, mais il se situait généralement
entre dix et vingt. Les villages, dont la population était de quelque
500 à l 000 habitants, couvraient habituellement une superficie
de deux à cinq acres et ils étaient souvent entourés
d'une palissade. Celle-ci était faite d'une à trois rangées
de pieux, sans doute de vingt à trente pieds de haut, enfoncés
dans le sol à intervalles d'un pied. L'espace entre les pieux était
rempli d'écorce et de branches entrelacées, s 'avérant
une protection efficace contre les attaques d'autres tribus iroquoiennes
avec lesquelles les Hurons étaient en guerre.
Les Hurons étaient des agriculteurs dont l'alimentation de base
se composait principalement de maïs, de haricots et de courges. Ils
cultivaient ces légumes dans des champs entourant le village. Et
la chasse, la pêche ainsi que la cueillette de diverges plantes sauvages
comestibles servaient de suppléments à leur alimentation.
Un des traits caractéristiques des Hurons est qu'ils changeaient
l' emplacement de leur village tous les dix à vingt-cinq ans. On
ne connait pas réellement les motifs de ces déplacements,
mais ils pourraient être liés à l'épuisement
des terres fertiles ou des ressources en bois de chauffage dans les environs
du village. Étant donné que chaque village est une capsule-mémorial
fournissant des données sur le mode de vie de ses habitants pendant
une période relativement courte, les sites sont des sources précieuses
pour les recherches archéologiques.
Le village de Draper (nommé d'après la famille qui possédait
la ferme sur laquelle le site est situé) est jugé important,
car il s'agit d'un village assez grand, couvrant une surface d'environ
huit acres. Il est également exceptionnel du fait que la plus grande
partie n'a jamais été altérée par le labourage.
Comme la destruction du site Draper était prévue pour
le printemps 1976, les fouilles de 1975 visaient à explorer l'ensemble
du village. Pendant six mois, une équipe de dix à soixante
étudiants travailla sur le site. La fouille avait plusieurs buts:
1) déterminer la nature du village, y compris les dimensions et
l' emplacement des maisons et des palissades ainsi que le nombre d' habitants;
et 2) définir le régime alimentaire des Hurons qui habitèrent
le site.
Étant donné que l' équipe ne disposait que de très
peu de temps, une nouvelle série de techniques fut mise au point,
et celle-ci comportait l'utilisation de matériel mécanique
tel que des bulldozers et des niveleuses. Cela nous permit de fouiller
cinq acres du village avant septembre 1975, moment où le projet
de construction de l'aéroport fut annulé.
Les fouilles révélèrent une grande quantité
d'objets, y compris 200 000 tessons de poterie, plusieurs milliers de fragments
de pipes en terre (appuyez ici pour voir le fourneau
d'une pipe à effigie), des milliers d'objets en os et en pierre
et quelques rares articles tels qu'un masque miniature et un petit ours
taillé dans l'argile (appuyez ici pour
en voir des exemples). En outre, dix-huit amas de coquilles ou de déchets
furent déterrés et les vestiges de trente-quatre longues-maisons
furent enregistrés.
L'une des découvertes les plus fascinantes est que le village
de Draper connut au moins six expansions pendant la courte période
de son occupation. Au début, c' était un petit village comprenant
dix maisons et une population d' environ 600 habitants répartis
sur une superficie de deux acres. Au moment où il fut abandonné,
le village comptait probablement entre quarante-cinq et cinquante maisons
et de 2 000 à 2 500 habitants. Il couvrait une superficie d'à
peu près quinze acres et il était entouré de trois
rangées de palissades. Les maisons étaient disposées
de façon à former un certain nombre de zones centrales, ou
places, qu'on pouvait facilement défendre (appuyez
ici pour voir une séquence probable du développement
du village Draper).
Une autre découverte intéressante fut celle de quatre
perles en cuivre et d'un anneau en cuivre d'origine européenne (appuyez
ici pour en voir des exemmples), ce qui porte à croire que les
Hurons eurent accès aux articles de troc plus tôt qu'on ne
le pensait. Ce qui, lorsqu'on ajoute les documents indiquant la fusion
des villages, laisse supposer que les guerres augmentaient à cause
de la rivalité qu'engendrait l'accès aux routes commerciales.
Nos recherches sur les moyens de subsistence des Hurons sur le site
de Draper confirment les documents historiques indiquant que le maïs,
les haricots et les courges constituaient l'essentiel de leur régime
alimentaire. La chasse des mammifères, notamment le cerf, l'ours,
la marmotte et le raton laveur, venait le compléter. En outre, les
Hurons faisaient la cueillette d'une grande variété de fruits
sauvages comme les framboises, les fraises, les bleuets, les baies de sureau
et les glands.
Depuis 1975, une équipe de quatre à huit membres, travaillant
dans les laboratoires du Museum of Indian Archaeology (Musée d'archéologie
indienne) à l'université Western Ontario, s'occupe de décrire
et d'analyser les objets récupérés. Après deux
ans de travail, nous commençons à reconstituer le mode de
vie des occupants du site et nous préparons une série de
rapports dans lesquels nous exposerons nos découvertes .
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