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le 8 décembre 1998

Bâtir sur l'engagement de Radio-Canada envers les Canadiens

Prononcé devant le Canadian Club of Winnipeg — Guylaine Saucier

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureuse de me joindre à vous aujourd'hui, et je remercie Diana Swain pour sa présentation élogieuse.

J'ai une mission à remplir aujourd'hui, et je me permettrai d'être très directe. La Société Radio-Canada, le radiodiffuseur public du Canada, se trouve actuellement à la croisée des chemins et votre soutien continu lui est indispensable. J'aimerais vous entretenir de la «nouvelle» Société Radio-Canada et de la manière dont nous comptons nous y prendre pour réaliser notre mission, qui est de diffuser de l'information pertinente et de qualité, de présenter des émissions canadiennes et de jeter des ponts entre les cultures et entre les régions.

Permettez-moi d'abord de vous expliquer pourquoi il est crucial, pour un pays comme le nôtre, de posséder un radiodiffuseur public vigoureux, et pourquoi la Société Radio-Canada doit changer pour relever les nouveaux défis qui se posent à elle.

À l'heure où les multinationales prennent de l'ampleur et fusionnent comme jamais on ne l'aurait imaginé — pensons à Disney, à VIACOM ou à Turner — le risque d'homogénéisation culturelle s'accroît. Si nous ne sommes pas vigilants, nous nous retrouverons dans un monde de similitude culturelle, sous l'emprise de ceux qui parleront le plus fort. Pour éviter de tomber dans ce piège qui nous guette, nous devons nous doter d'outils qui nous permettent de véhiculer notre propre diversité, nos valeurs et nos intérêts. Voilà précisément le rôle qui incombe à Radio-Canada.

Parallèlement aux fusions de multinationales dont la liste ne cesse de s'allonger, on assiste à une convergence rapide des technologies et à un estompement des démarcations entre l'information et le divertissement. Vos enfants ne s'inquiètent probablement pas de passer des heures devant la télé ou devant l'ordinateur — en fait, ils ne font peut-être même pas la différence. Pour eux, un écran est un écran. À ce jour, les nouvelles technologies ne font l'objet d'aucune réglementation, contrairement à la radio et à la télévision, qui sont tenues d'offrir un contenu canadien et de respecter et privilégier dans leurs grilles les valeurs que nous partageons en tant que Canadiens. C'est encore là un rôle qui incombe à Radio-Canada.

Dans un univers où la profusion des chaînes offre l'embarras du choix, il n'est pas surprenant que les audiences se fragmentent. Alors qu'autrefois les radiodiffuseurs traditionnels pouvaient compter sur des parts d'auditoires considérables, aujourd'hui, la réalité est tout autre. De NBC à CTV en passant par Radio-Canada, tous les radiodiffuseurs traditionnels perdent une part de leur auditoire au profit des chaînes spécialisées. Au Canada, comme partout au monde, la consommation des médias a évolué. Un radiodiffuseur public doit s'assurer d'être accessible à tous les auditoires, peu importe l'endroit, le moment ou la façon. Encore ici, c'est un rôle qui incombe à Radio-Canada.

Il nous faut définir comment nous entendons remplir notre rôle dans l'avenir. En tant que radiodiffuseur public, nous sommes au seuil d'une période des plus enlevantes. Comme bien des industries, nous sommes confrontés à un organisme de réglementation vigilant, engagé dans les défis que j'ai mentionnés précédemment. Après avoir examiné le contenu canadien des émissions télédiffusées, le CRTC s'attaque maintenant à la situation des nouveaux médias. Les audiences sur les demandes de licences pour de nouvelles chaînes spécialisées françaises ont débuté hier. Radio-Canada demandera ce printemps le renouvellement des licences de ses réseaux — radio, télévision, Newsworld et RDI. Cet examen sans précédent de la gamme complète des services offerts par le radiodiffuseur public du Canada aura un impact déterminant sur la façon dont Radio-Canada sera en mesure de jouer plus pleinement son rôle à l'avenir.

Sans vouloir vous surprendre, j'ai une petite idée de ce qui se profile à l'horizon pour votre radiodiffuseur public.

Avant de nous tourner vers l'avenir, toutefois, nous devons scruter le passé. À l'instar de bon nombre de sociétés et d'entreprises canadiennes, Radio-Canada a subi des compressions importantes. Des compressions de 30%, soit 400 millions de dollars. À l'encontre de certaines, cependant, nous avons vécu ces compressions sous le regard du public. En trois courtes années, nous avons mis en œuvre des compressions budgétaires sans précédent. Nous avons voulu procéder de la façon la plus responsable et la moins coûteuse possible. Oui, nous avons réduit nos niveaux de dotation. Nous avons réaménagé certaines grilles et introduit des méthodes de production moins coûteuses. Nous avons réduit des deux tiers le personnel de notre siège social et vendu l'immeuble qui l'abritait. Nous avons réduit les coûts de gestion de la Société au point où ils équivalent maintenant à à peine plus d'un cent au dollar.

Les changements que nous avons effectués ne visaient pas seulement à assainir nos budgets. En fait, la plupart de ces changements étaient orientés vers l'avenir de la Société. Nous avons «canadianisé» nos grilles et maintenant, la quasi-totalité du contenu que nous présentons à la télévision est typiquement canadien. En réponse à des réactions énergiques, nous avons réajusté notre façon de desservir les communautés linguistiques minoritaires d'un bout à l'autre du Canada. À la radio, nous présentons maintenant des actualités régionales à toutes les demi-heures. Tel que nous nous y étions engagés, nous avons ouvert une station de radio à Victoria, la seule capitale provinciale qui n'était pas encore pourvue d'une station de Radio-Canada. En septembre, j'ai moi-même eu le privilège de rencontrer des centaines de personnes venues visiter la nouvelle station le jour de son ouverture.

La Société Radio-Canada est en cours de transformation — une société d'un milliard de dollars qui compte près de 10 000 employés. Les changements fondamentaux que nous avons effectués nous guideront vers l'avenir. Nous avons progressivement réduit notre dépendance à l'égard des crédits parlementaires. Le financement public représente maintenant 67% de notre budget total. Nous travaillons plus que jamais avec des réalisateurs indépendants de tous les coins du Canada. Cette année, nos productions et nos coproductions ont remporté au total 88 prix Gémeaux et prix Gemini. C'est ce qu'on peut appeler du contenu canadien de qualité! Mais avec tout ce qu'elle doit encore réaliser, Radio-Canada n'a pas terminé son cheminement.

En attendant d'être entendus pour nos demandes de renouvellement de licences, le printemps prochain, nous devons démontrer au CRTC et à nos propres actionnaires comment nous entendons continuer de répondre aux besoins changeants des Canadiens tout en leur proposant un contenu canadien de haute qualité.

La Société que nous ferons valoir au CRTC reflétera les cinq volets de l'engagement que nous avons pris envers les Canadiens :

L'engagement d'être pertinents : Pour atteindre le plus de Canadiens possible, nous devons veiller à ce que l'information que nous diffusons quotidiennement à la télévision, à la radio, et sur Internet soit crédible et pertinente. Aujourd'hui, les Canadiens perçoivent nos actualités comme la source d'information la plus fiable qui soit. Nous travaillons d'arrache-pied à mériter votre confiance en maintenant des normes journalistiques strictes et en faisant de l'excellence journalistique l'un des deux grands objectifs indissociables de notre mission. Cette excellence en matière de journalisme est l'une des marques distinctives associées à la Société : nous devons continuer de fournir aux Canadiens ce qu'ils sont en droit d'attendre — une information juste, factuelle et équilibrée.

L'engagement d'être responsables : Radio-Canada existe pour servir les Canadiens. La Société appartient à chacun de nous et aussi à nos enfants. Vous avez le droit de savoir comment sont dépensés les dollars des contribuables, de savoir qu'ils sont consacrés à la création d'émissions et de contenus qui vous touchent de près en tant que Canadiens. Vous avez également le droit d'être entendus quand vous croyez que l'information présentée n'est pas juste, équilibrée ou conforme aux faits. C'est pour cela que nous avons des ombudsmans dont le rôle est précisément de mener des enquêtes justes et objectives sur les problèmes que vous soulevez. Nous avons mis un nouvel outil à la disposition des ombudsmans. De temps à autre, les ombudsmans invitent des citoyens à constituer des panels en vue d'apporter une perspective nouvelle et non biaisée à l'examen de questions spécifiques ou d'émissions, ou encore pour évaluer la couverture d'un événement tel qu'une élection. Je suis heureuse de vous annoncer que nous faisons généralement bonne figure à ces examens. L'année dernière, trois panels distincts se sont penchés sur les émissions The National, à la Télévision anglaise, The World at Six, à la Radio anglaise, et Politics, au réseau Newsworld. En dépit de quelques critiques, ils ont généralement trouvé ces émissions justes, impartiales et équilibrées dans leur ensemble.

L'engagement de jouer un rôle essentiel dans l'épanouissement de la culture au Canada : Radio-Canada joue un rôle important en favorisant l'incubation de talents nouveaux et en prenant des risques pour permettre le développement d'idées nouvelles. La Société n'a pas pour mandat d'assurer des bénéfices à ses actionnaires, mais elle doit garantir une valeur. Agir à titre d'incubateur de talents en émergence, fournir une vitrine pour mettre en valeur ces nouveaux talents, et permettre aux artistes encore inexpérimentés de se produire aux côtés de professionnels aguerris constituent un rôle qui incombe expressément à Radio-Canada, un rôle que nous assumerons avec vigueur.

L'engagement à évoluer constamment : Radio-Canada a subi un changement radical ces trois dernières années. Mais comme le monde qui nous entoure est en constante évolution, nous devons continuer de nous adapter — ou, de préférence, d'anticiper les besoins des Canadiens, sinon nous serons relégués aux oubliettes de l'Histoire. La Société doit être libre de servir les Canadiens en fonction de la façon dont ils entendent utiliser les médias pour obtenir de l'information ou pour se divertir. Où qu'ils se trouvent et peu importe le moment où ils veulent accéder à ces services, les Canadiens doivent pouvoir accéder à un contenu canadien abondant et de qualité. En tant que radiodiffuseur public du Canada, nous devons nous assurer d'offrir aux Canadiens une page d'accueil sur Internet qu'ils pourront effectivement considérer comme une porte d'entrée. Nous avons le devoir de fournir une voie d'accès à une vaste ressource évolutive de contenu francophone. Tel un phare, nous devons signaler la réalité canadienne sur Internet comme à l'antenne.

L'engagement à relier tous les Canadiens : Les Canadiens doivent pouvoir se voir tels qu'ils sont, à l'écran de leur téléviseur ou de leur ordinateur. À cet effet, Radio-Canada a pour rôle de jeter des ponts entre les cultures et les collectivités. Nous devons pour cela être présents de façon significative dans toutes les régions du Canada; nous devons aussi jouir d'une audience dont la masse critique permet de partager avec les autres régions. Radio-Canada a un rôle important à jouer lorsque surviennent des moments bien particuliers — une joie à partager, comme aux Olympiques, et des moments plus tristes, comme la tragédie aérienne de la Swissair. Il importe que nous demeurions le miroir de l'identité canadienne.

Radio-Canada est le seul radiodiffuseur qui assure, tant sur le plan de la production que de la distribution, une présence d'un bout à l'autre du pays, en français comme en anglais. Aussi, nous desservons les régions du Nord canadien en diffusant dans huit langues autochtones. Nous sommes à l'affût de moyens de transcender les barrières géographiques et linguistiques et le fossé des générations. Radio-Canada doit rejoindre tous les Canadiens. Les jeunes, tout comme les habitants des régions éloignées, ont droit aux services offerts par leur radiodiffuseur public. Il nous incombe de les joindre.

Je suis fière des nombreuses étapes que nous avons franchies à ce jour pour relier nos deux solitudes. Nous avons créé des émissions comme C'est la vie, diffusée à Radio One, qui fait connaître aux anglophones la vie des francophones. Certaines émissions pour enfants qui ont remporté des prix sont maintenant présentées sur les ondes de nos deux réseaux de télévision — signe éloquent de notre désir de jouer un rôle important dans la consolidation des assises de notre pays. Des téléséries populaires comme North of 60 et Omertà sont diffusées dans l'autre langue à l'autre réseau. Et ce n'est qu'un début! Regardez Newsworld et RDI en janvier : vous y découvrirez un nouveau concept fort intéressant — les mêmes spectacles, les mêmes reportages sur la vie culturelle canadienne, présentés sur les ondes des deux réseaux, en français et en anglais.

La pression qui s'exerce sur nous pour que nous mettions de l'avant des moyens éloquents et puissants de faire connaître nos valeurs culturelles ira en s'intensifiant avec les pressions liées à la mondialisation. Dans les années à venir, lorsque la déréglementation sera chose faite, lorsque les géants multinationaux des médias disposeront de toute la largeur de bande dont ils auront besoin, et lorsque le paysage des chaînes multiples aura connu une croissance exponentielle, Radio-Canada demeurera le bastion de la vie culturelle canadienne, la source première de l'information et des reportages sur la réalité de notre pays.

J'espère vous avoir convaincus aujourd'hui que CBC/Radio-Canada peut relever et relèvera les défis qui se posent à elle, et avoir su expliquer pourquoi Radio-Canada est réellement essentielle à ce pays. Ne vous méprenez surtout pas : Radio-Canada est pleinement engagée à jouer un rôle de chef de file pour assurer la promotion de nos propres valeurs culturelles, aujourd'hui et demain. Pour cela, nous comptons sur votre soutien! Merci.

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