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le 3 février 1999

Notre engagement envers les Canadiens : une nouvelle Société Radio-Canada dans un nouvel environnement

Allocution prononcée dans le cadre de la Mayor's Speakers' Series à Ottawa — Perrin Beatty

(Priorité au texte prononcé)

C'est un secret de Polichinelle, surtout dans cette ville, que j'ai eu une vie «antérieure». Mes liens avec votre communauté ne datent donc pas d'hier. Comme bien des parlementaires, c'est à Ottawa que je travaillais — mais c'est dans ma ville natale de Fergus, en Ontario, et dans ma circonscription que ma famille et moi-même vivions. Fergus demeurera toujours mon chez-moi, mais à cause de mes activités à Radio-Canada, je vis actuellement à Ottawa. Ou presque, puisque j'habite tout à côté.

Relativement parlant, la Société Radio-Canada connaît en ce moment un revirement de situation positif. Nous ne sommes pas riches, et nous ne disposerons jamais de l'argent nécessaire pour accomplir tout ce que nous voudrions. Mais au sortir d'une période de compressions budgétaires et de réorganisation massive sans précédent, je suis heureux de pouvoir vous entretenir des possibilités qui s'offrent à nous, ainsi que des défis que la Société a su relever — et est prête à relever — à l'approche d'un siècle nouveau.

Ce revirement ne s'est pas produit du jour au lendemain. Et il ne s'est pas fait facilement non plus. On a tellement insisté sur l'envergure et la nature de nos compressions budgétaires qu'on en a peut-être oublié la longue liste des changements et des réalisations effectués au cours de ces quatre années de renouveau financier et structurel. Pour une Société comme la nôtre qui, louangée et critiquée tout à la fois, est parvenue à demeurer une figure emblématique du Canada pendant plus de 60 ans, tous ces changements revêtent une grande importance.

Nous avons survécu à des compressions de 414 millions de dollars qui, de l'avis même de nos plus ardents défenseurs, allaient parvenir à nous anéantir. Au lieu de fermer des stations, nous en avons ouvert de nouvelles. Au lieu de réduire nos services, nous les avons accrus - Radio One, notamment, diffuse désormais 24 heures sur 24, et nous avons offert des services aux communautés francophones du Nouveau-Brunswick.

Au cours de sa réorganisation, la Société a rebâti et renouvelé son équipe de direction. J'ai fait passer le nombre de vice-présidences de 13 à sept, et réduit la taille de notre siège social de 60%, en vendant notre immeuble d'Ottawa et en regroupant l'effectif restant dans nos installations de production existantes, avenue Lanark.

Tout en absorbant des compressions importantes, nous avons enrichi le contenu canadien de nos grilles-horaires de télévision en français et en anglais. Avec un effectif amputé de 3 000 personnes, nous diffusons un plus grand nombre d'émissions canadiennes que jamais auparavant. Et nous avons pris grand soin de maintenir la qualité que les Canadiens attendent de leur diffuseur public.

D'ailleurs, l'automne dernier, Radio-Canada a remporté 38 Gemini Awards au total — le diffuseur privé le plus proche en a gagné 7 — et 47 prix Gémeaux, soit plus que tout autre réseau. L'un de ces Geminis a été décerné à une émission nationale produite à Ottawa — On the Road Again — qui, la semaine dernière, remportait une médaille d'or au Festival de télévision de New York.

Lors des derniers sondages, nous comptions sept émissions parmi les 10 émissions canadiennes de divertissement les plus écoutées à la Télévision française. Dans cette même catégorie à la Télévision anglaise, huit émissions sur 10 étaient des productions de Radio-Canada.

Les Canadiens apprécient généralement ce que nous faisons — et nous demandent d'en faire davantage. Dans une récente enquête du CRTC, plus de 75% des personnes interrogées ont affirmé que Radio-Canada s'acquittait bien ou très bien de son mandat, qui consiste à fournir des services sur lesquels les Canadiens peuvent compter pour entendre et voir des sujets de grande qualité qui les concernent.

Mais surtout, nous avons refusé de devenir le diffuseur de dernier recours, qui se contenterait de faire ce que personne d'autre ne veut faire. Nous refusons d'abandonner nos assises régionales pour ne donner qu'une image du Canada vue de la Tour du CN, à Toronto, ou du Mont-Royal, à Montréal. Les services anglais de Radio-Canada à Ottawa ont une riche tradition de ce genre de programmation. On y produit actuellement trois émissions réseau qui relatent des histoires canadiennes et permettent aux communautés du Canada de se connaître les unes les autres : On the Road Again, Cottage Country et, une nouveauté de cette année, The Great Canadian Food Show. À l'échelle locale, Radio-Canada commandite depuis une vingtaine d'années le grand événement caritatif de Noël, le Défilé pour venir en aide au père Noël (Help Santa Toy Parade), et un peu plus tard ce mois-ci, elle diffusera une fois de plus le téléthon de l'Institut de cardiologie d'Ottawa (Ottawa Heart Institute Telethon). La communauté francophone d'Ottawa et de l'Outaouais a toujours entretenu des relations étroites avec CBOFT qui, outre ses émissions de nouvelles et d'information quotidiennes et de fin de semaine, et des émissions comme Expresso, coproduit la retransmission du Festival franco-ontarien et organise le concours Ontario Pop, voué à la découverte et à la promotion de nouveaux talents francophones. Si nous voulons demeurer pertinents, nous devons faire partie intégrante de la vie quotidienne des Canadiens, refléter leurs intérêts et être présents dans leurs communautés.

Pour y arriver, Radio-Canada doit être prête à évoluer au même rythme que ses auditoires. Nous devons nous efforcer, en toute liberté, de devenir plus modernes. C'est pour cela que les progrès que nous avons réalisés en nous aventurant audacieusement sur le terrain des nouveaux médias issus de la révolution technologique actuelle représentent probablement l'une des réalisations les plus importantes — et les plus satisfaisantes personnellement — des quatre dernières années.

Lorsque j'étais ministre fédéral des Communications, il y a quelques années à peine, les ordinateurs portatifs étaient un luxe et le réseau mondial du Web était encore à l'état embryonnaire. Aujourd'hui, nous vivons dans un monde dominé par la technologie numérique, où il suffit de cliquer pour se transporter n'importe où dans le monde, où la magie de la fibre optique nous permet de télécharger un film de trois heures en l'espace d'un cinquième de seconde, et où les satellites nous arrosent d'une multitude de chaînes. Pour réussir dans ce monde nouveau, Radio-Canada doit offrir une constellation de services qui garantiront sa place de chef de file du contenu canadien.

En qualité de chefs de file de la communauté, vous savez très bien qu'il n'est pas question de rester immobile : ou bien on avance ou bien on se fait dépasser par les événements. La Société Radio-Canada ne vise rien de moins que le premier site canadien dans le domaine informationnel et culturel canadien sur le Web. Mais pour atteindre cet objectif, nous devons réévaluer tous les aspects de nos activités. Cela signifie que nous devrons considérer ce nouveau domaine dans lequel nous sommes entrés comme une activité fondamentale — une addition intégrale et complémentaire aux services regroupés sous le nom de Radio-Canada, reconnu pour sa qualité, sa crédibilité et sa promotion des valeurs canadiennes.

Le mois dernier, notre Conseil d'administration a approuvé une série d'orientations stratégiques qui nous guideront au cours des cinq prochaines années. Nous soumettrons ces orientations au CRTC lorsque nous nous présenterons devant lui pour passer en revue l'ensemble des activités de Radio-Canada, au cours des audiences de renouvellement de nos licences au printemps.

Mais s'agit-il d'un projet rentable? Pourquoi est-il important que Radio-Canada, un diffuseur public financé à même les impôts des contribuables, s'attaque résolument à un marché turbulent déjà dominé par des géants multinationaux comme Microsoft ou America On Line? La réponse se trouve en partie dans la question elle-même. Tout d'abord, les nouveaux médias ne sont pas simplement une stratégie de marketing appelée à disparaître dès que l'attrait de la nouveauté sera retombé. Même au début, les nouveaux médias représentaient la voie de l'avenir — et la voie des méga-affaires. Alors réfléchissez à ceci : Microsoft et America On Line sont tous les deux des conglomérats américains, et l'on ne s'attend pas, et personne ne l'exigera, que ceux-ci répondent aux besoins des Canadiens, sauf sur le plan commercial.

Il est normal que le Canada veuille maintenir une forte présence, à la fois dans les médias traditionnels et dans les nouveaux médias. Cela va de soi du point de vue commercial et culturel. Quelle que soit la façon dont nous livrons notre produit, la nouvelle Société Radio-Canada devra offrir des chaînes spécialisées et des services radiophoniques novateurs, et assurer une présence importante sur le Web. Elle doit être une entité intégrée, une constellation de services qui permettent de satisfaire nos auditoires établis et d'atteindre les générations qui suivent. Nous devons être prêts à offrir un contenu et des services dont les Canadiens veulent, au moment où ils les veulent et aux endroits où ils veulent les trouver.

Lorsqu'on y pense, c'est ainsi que toute bonne entreprise planifie ses activités pour satisfaire sa clientèle et accroître ses marchés. Nous devons encourager la créativité si nous voulons rentabiliser pleinement les investissements que les contribuables canadiens ont déjà réalisés dans le contenu de notre programmation.

Il y a quatre ans, nous faisions nos débuts sur le Web — radio-canada.ca et cbc.ca — nous étions le premier diffuseur à occuper un espace important sur le réseau. En 1996, Radio-Canada était le premier diffuseur public national au monde à offrir un service audio sur le Web, avec des émissions de nos radios anglaises Radio One et Radio Two diffusées en mode continu. Outre les quelque 50 000 pages de contenu que nous offrons sur le Web, nous fournissons désormais davantage de transmissions audio et vidéo en continu que tout autre site canadien — environ 7 000 heures sont téléchargées quotidiennement. En jalonnant notre territoire sur le Web dès le début, nous avons ouvert la voie qui nous mènera dans le prochain millénaire.

Une partie du contenu présenté sur les nouveaux médias, bien sûr, est prélevée à peu de frais dans la programmation de nos services de diffusion traditionnels. Mais une bonne partie du contenu est conçue spécialement pour être diffusé sur le Web ou par satellite, et constitue un contenu que les Canadiens ne pourraient se procurer nulle part ailleurs. Galaxie, qui met en valeur des talents canadiens 24 heures sur 24, est un service de musique audionumérique de 30 chaînes, sans annonces publicitaires ni commentaires. CBC4Kids, notre site d'information, de jeux et de questionnaires destiné aux jeunes de 8 à 13 ans, unique en son genre, a gagné récemment le prix d'excellence Yahoo pour des éléments comme ses liens avec des séries canadiennes populaires, dont Theodore Tugboat.

Des partenariats stratégiques conclus à l'extérieur de la Société nous ont permis d'élargir encore davantage l'envergure de notre présence. En nous associant à des partenaires qui pensent comme nous, Radio-Canada a réussi à améliorer encore la retransmission instantanée, circonscription par circonscription, des résultats des élections fédérales de 1997, ou encore des Jeux olympiques d'Atlanta et de Nagano. Ces expériences ont conféré à nos retransmissions une profondeur et une envergure que nous n'aurions pu obtenir autrement. Infoculture, le seul magazine artistique électronique national du Canada, par exemple, contient plus de 500 rubriques audiovisuelles et offre chaque jour des commentaires, des critiques, des horaires et des informations du monde des arts en provenance de plus de 20 journalistes spécialisés et d'au moins 300 organismes artistiques qui collaborent avec nous dans tout le pays. Un partenariat conclu avec CultureNet, la vitrine du Web sur les activités culturelles canadiennes, renforce le site de Radio-Canada grâce à des liaisons conjointes et des échanges de contenu accrus dans les deux langues officielles.

Pour nombre de Canadiens, Radio-Canada est synonyme, à juste titre d'ailleurs, d'information. Nous sommes fiers de cette réputation — et nous avons l'intention de la conserver dans notre transition vers les nouveaux médias. Notre site intégré sur le Web — CBC News Online — constitue le point de départ pour naviguer dans tous nos services d'information, et il offre un contenu supplémentaire préparé par une équipe de huit journalistes qui travaillent exclusivement pour CBC News Online. Le site très populaire de Newsworld fournit des analyses en profondeur de l'actualité, une section de mise en contexte et un bulletin électronique qui offre des nouvelles nationales et internationales trois fois par jour. Les francophones partout au pays et à l'étranger peuvent puiser dans le vaste réservoir de nouvelles, d'informations et de variétés de notre site en français. Et Radio Canada International, la voix du Canada à l'étranger et le reflet de notre identité dans le monde, maintient un service Internet dans ses sept langues de diffusion.

Radio-Canada met son nom et sa réputation «en ligne» car nous pensons que c'est ce que les Canadiens attendent de nous. Ils veulent davantage de services et de choix. En fait, pour la première fois, c'est le consommateur qui commande dans cette nouvelle donne. Les diffuseurs et décideurs ne peuvent plus tout simplement présumer que des auditoires captifs accepteront tout ce que les programmateurs voudront bien leur offrir. Les auditoires exigent des choix de contenus qui les intéressent, à des heures qui leur conviennent. Concrètement, cela veut dire qu'on doit pouvoir accéder aux dernières nouvelles de l'Ontario au moment où les choses surviennent, où que l'on soit. Cela veut dire également que l'on doit pouvoir suivre The World at Six avec une heure d'avance en se branchant sur notre site d'Halifax.

Nous pouvons accueillir l'avenir à bras ouverts, ou attendre dans les coulisses que les événements nous dépassent. Mais il n'est pas question d'arrêter cette évolution — elle est déjà en cours.

Sous peu, les Canadiens pourront télécharger les données d'Internet sur des appareils portatifs sans fil. Lorsque cela arrivera, le réseau Internet deviendra aussi omniprésent et puissant — et aussi facile d'accès — que la radio.

L'émergence d'un nouveau mode de diffusion, même s'il est aussi puissant et aussi vaste que les nouveaux médias, ne signifie pas nécessairement la disparition de l'ancien. La mesure dans laquelle le Canada réussira à fournir des emplois dans une économie mondiale fondée sur l'information, et peut-être même à demeurer un pays indépendant, dépendra de la façon dont il saura créer un équilibre entre le nouveau et l'ancien. Mais il n'est pas question de revenir en arrière. Il peut bien sûr être tentant de rouler vers l'avenir en regardant dans le rétroviseur, en essayant de recréer un passé douillet, mais il serait plus sage de nous concentrer sur ce qui nous attend.

Il est tout simplement logique et rentable, dans le contexte de la bataille culturelle mondiale en cours, de vouloir assurer une forte présence canadienne à la fois dans les médias traditionnels et dans les nouveaux médias. à Radio-Canada, nous avons réalisé qu'au lieu de se détruire l'un l'autre, ces univers en apparence parallèles peuvent se renforcer mutuellement, grâce à une publicité croisée, une utilisation plus efficace des ressources et une synergie créative.

En fin de compte, notre présence sur le Web, et d'ailleurs aussi dans le secteur de la télévision spécialisée, s'impose si nous voulons conserver notre caractère distinct et être accessible. Certes nos concurrents actuels sont des conglomérats multinationaux. Nous ne pouvons plus les repousser par la réglementation, surtout dans le milieu totalement libre des nouveaux médias. Mais ce que nous devons et pouvons faire, c'est bâtir notre propre constellation de services qui offrent à nos auditoires un contenu, notamment un contenu canadien, et des services qu'ils ne trouvent nulle part ailleurs.

Par une coïncidence fortuite peut-être, le CRTC est en train d'achever un examen en profondeur de toute la structure du système canadien de télévision. Lors d'audiences cruciales tenues par le Conseil l'année dernière, Radio-Canada a fait valoir que ce système devrait fournir une programmation de grande qualité, facilement accessible, bien mise en valeur et à teneur canadienne. Nous avons insisté sur le fait qu'il ne faudrait pas nuire aux débuts des nouveaux médias en les soumettant immédiatement à des lois et règlements étouffants.

Au printemps, le CRTC passera en revue toute la gamme des services de Radio-Canada au cours d'audiences sans précédent qui porteront sur la demande de renouvellement de toutes nos licences — les réseaux de télévision français et anglais, nos 24 stations de télévision de base, Newsworld, le RDI et nos réseaux de radio français et anglais — toute la boutique de Radio-Canada. Cet exercice comprendra des consultations publiques dans tout le pays qui auront lieu à compter du mois de mars pour savoir ce que les Canadiens dans des centres clés veulent et attendent de Radio-Canada. Il s'agit d'une démarche tout à fait transparente qui permettra tant au CRTC qu'à Radio-Canada d'entendre ce que les Canadiens ordinaires ont à dire, au lieu de passer par les intervenants habituels de l'industrie, au cours d'audiences à Hull.

Loin de se laisser intimider par les défis qui l'attendent, la Société-Radio-Canada voit se dessiner une période qui pourrait bien s'avérer être la plus créatrice, la plus stimulante — et certainement la plus innovatrice — de l'histoire de la radiodiffusion. Nous savons parfaitement ce que nous voulons faire. Nous avons réorganisé, repensé et renouvelé notre structure à tous les niveaux, mais nous n'avons pas oublié notre raison d'être.

Les Canadiens veulent de la qualité en échange de l'effort fiscal que l'on exige d'eux chaque année pour soutenir leur radiodiffuseur public national. Ils veulent pouvoir allumer leur téléviseur, leur poste de radio ou leur ordinateur en ayant l'assurance d'y trouver des produits divertissants et informatifs de grand calibre, qui non seulement leur inspireront confiance, mais dont ils seront fiers également. Avant tout, ils veulent que Radio-Canada évolue avec eux — qu'elle soit le reflet de leur vie et leur fasse découvrir des idées et des lieux nouveaux et stimulants. C'est aussi, en fin de compte, notre objectif.

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