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le 24 février 1999

Une nouvelle Société Radio-Canada : un engagement envers les canadiens

Allocution devant la chambre de commerce du Grand Moncton - Guylaine Saucier

Mesdames, Messieurs,

Il est vrai qu'il y a un conflit de travail à Radio-Canada en ce moment, mais n'ajustez pas pour autant votre appareil. Nous sommes désolés des désagréments que cette situation aurait pu vous causer - votre émission favorite n'est peut-être pas en ondes, ou la qualité du signal ne semble pas aussi bonne que d'habitude. Nous espérons cependant que ce conflit prendra bientôt fin et que nous pourrons recommencer à offrir le meilleur service de radiodiffusion publique au pays.

Pour Radio-Canada, les services de radiodiffusion régionale sont un facteur important d'identification - tous les jours, dans l'Atlantique, la Radio et la Télévision de CBC/Radio-Canada diffusent des émissions produites ici, par des artistes, des artisans et des journalistes qui font partie de votre communauté.

Plusieurs parmi vous suivent régulièrement le matin l'émission radiophonique de la Radio anglaise de Radio-Canada intitulée Information Morning. Pour s'assurer de recevoir plus d'information sur ce qui se passe dans le nord de la province, nous avons ouvert un bureau à Bathurst l'an dernier. Des journalistes de Moncton et de St-Jean contribuent aussi au bulletin de nouvelles en provenance de Fredericton. Du côté de la télévision, j'aimerais souligner le travail de Steven Puddicombe qui a remporté le Award of Merit de la Canadian Nurses Association, pour son reportage de 30 minutes sur le manque de médecins en Atlantique.

Les émissions produites par la Radio et la Télévision de Radio-Canada à Moncton ont aussi un grand impact, non seulement dans la ville et la province, mais dans tout l'Atlantique et le Canada. Depuis janvier 1998, l'émission Ce soir Atlantique, qui était diffusée dans trois provinces, est aussi diffusée à Terre-Neuve. Avec une émission régionale quotidienne d'une heure et demie diffusée au Réseau de l'information, c'est tout le pays qui est au courant de ce qui se passe ici, chez vous. Les grands événements, comme le Congrès mondial des Acadiens et les fameuses retrouvailles des familles, par exemple, sont connus partout. Et soyez assurés que Radio-Canada sera en Louisiane, au mois d'août, pour le prochain Congrès.

La qualité des émissions produites à Moncton est reconnue et soulignée par des prix prestigieux, comme les Gémeaux, par exemple, qui récompensent les meilleures émissions télévisuelles au pays. Le Ce soir, de Moncton, était en nomination à l'automne 1998 dans la catégorie «meilleur journal télévisé» et ce, contre le Montréal ce soir et Le Téléjournal. À la radio, l'émission Temps d'arrêt a remporté le prix Marcel-Blouin de la meilleure émission régionale. Musikotrip, une émission de télévision produite pour la jeunesse, a remporté le Prix spécial du jury décerné par l'Alliance pour l'enfant et la télévision à l'émission jeunesse qui relève avec le plus de brio le défi du direct grâce au travail et au dynamisme d'une équipe hors pair.

Les talents sont nombreux dans la région et Radio-Canada aide à les découvrir et à les faire connaître. Des partenariats avec d'autres organismes pour des concours comme celui de Jeune cinéma documentaire où trois jeunes produiront des documentaires à l'Office national du film qui seront diffusés lors d'une émission spéciale de Radio-Canada/Atlantique à la fin de l'année '99, ou des concours radiophoniques comme Pop Rock 15-25, sont des exemples représentatifs de ce qu'est la Société Radio-Canada. Son rôle est de découvrir de nouveaux talents et de les faire connaître. De prendre des risques pour développer de nouvelles idées, de permettre aux artistes inconnus de s'épanouir aux côtés de vedettes confirmées. D'offrir aux Canadiens la possibilité de se connaître les uns les autres, peu importe où ils vivent, de conter leurs histoires à leur façon - aux autres Canadiens et au reste du monde. Il s'agit certes de gérer une entreprise de centaines de millions de dollars. Mais il s'agit également d'incarner un idéal.

Dans notre monde en ébullition, bâtir des ponts pour relier les régions, les cultures et les gens peut constituer une tâche difficile. Les géants multinationaux comme Disney et VIACOM, ou Turner, ne frappent plus à notre porte. Ils entrent carrément. Cet univers multichaînes a fragmenté les auditoires de télévision. Et cela signifie que tous les diffuseurs généralistes, de Radio-Canada à CTV et à NBC, voient leurs parts d'auditoire diminuer au profit des chaînes spécialisées. Dans le secteur des nouveaux médias, les innovations technologiques comme Internet ont ouvert la porte à un flot de communications qui échappent à la réglementation à laquelle la radio et la télévision sont soumises. Le danger de cette évolution n'est pas que nos voix ne seront plus écoutées - mais, pire, qu'elles seront perdues.

La résistance à cette homogénéisation culturelle, qui fait que toutes les voix seront identiques, est au coeur du rôle de Radio-Canada. La Société a été créée il y a 62 ans pour servir de rempart au déferlement de la culture américaine qui menaçait de nous engloutir. Aujourd'hui, nous avons le monde au bout des doigts. Il n'est pas alarmiste de suggérer que si nous ne nous méfions pas, c'est celui qui parlera le plus fort qui s'imposera. Pas plus qu'il n'est fantaisiste de penser qu'il y a de la place pour tout le monde.

Le choix est loin d'être une mauvaise chose. C'est précisément pour donner aux Canadiens un large éventail de possibilités que Radio-Canada a décidé, en 1994, de jalonner sans tarder son territoire sur le Web, en français et en anglais. Aujourd'hui, nos services hors pair vont de la radio et de la télévision au cyberespace avec la création de sites Web stimulants comme CBC4Kids, un lieu sûr et amusant sur lequel les jeunes peuvent se brancher avec leur ordinateur. Toutes ces activités sont logiques : un diffuseur public national doit être à la disposition de ses auditoires - où qu'ils soient, au moment où ils ont envie d'être desservis, et de la manière qui leur convient le mieux.

Notre engagement à offrir une programmation canadienne originale de grande qualité demeure constant depuis plus de 60 ans. En termes de production et de distribution, Radio-Canada est le seul diffuseur qui soit présent partout au pays, où elle assure des services en français, en anglais et en huit langues autochtones. Aucun autre diffuseur n'a bâti les ponts dont notre pays a besoin pour prospérer. Aucun autre diffuseur n'a consacré autant de ses ressources à offrir aux Canadiens un reflet d'eux-mêmes. Prenez l'exemple des réseaux de télévision français et anglais. Le CRTC, qui réglemente la radiodiffusion au Canada, a demandé à Radio-Canada de viser une journée de diffusion à 90% canadienne sur ses deux réseaux. Il s'agissait de cibles établies pour le long terme. Or nous comptons atteindre 91% de teneur canadienne aux heures de grande écoute à la Télévision anglaise cette année et la Télévision française a ajouté plusieurs nouvelles séries dramatiques importantes. Comme vous pouvez le constater, notre engagement à offrir un contenu canadien est sanséquivoque, inconditionnel et sans égal… Aucun autre réseau de télévision ne peut en dire autant. Seule Radio-Canada peut se permettre une telle affirmation.

Quoi qu'il en soit, on se plaint souvent au Canada que d'être Canadien n'est pas rentable. Qu'il n'y a pas de gloire à creuser nos bancs de neige ou nos interminables chaînes montagneuses pour y trouver des récits à conter. Permettez-nous de dire que nous ne sommes pas d'accord. Les derniers sondages ont révélé que sept émissions de la Télévision française figuraient au palmarès des 10 émissions canadiennes de divertissement les plus écoutées. Dans la même catégorie à la Télévision anglaise, huit des 10 premières émissions étaient de Radio-Canada. Rien qu'en 1998, les productions de Radio-Canada ont récolté au total 88 prix Gémeaux et Geminis. Nos émissions documentaires à la télévision et nos concerts radiophoniques sont primés chaque année sur la scène internationale - ils ont notamment remporté d'innombrables prix Emmies aux états-Unis et plus de Roses d'or au Festival de Montreux que tout autre diffuseur au monde.

Mais ce n'est actuellement pas une période facile pour Radio-Canada. Étant donné que nous sommes le diffuseur public national, notre histoire est aussi largement la vôtre. Conséquemment, plusieurs parmi vous savent à quel point nous avons été touchés durant les dernières années. Les décisions difficiles qu'il nous a fallu prendre sont les mêmes que celles auxquelles pratiquement toutes les entreprises du Canada ont dû faire face. Tout le monde a été touché par la période d'austérité que nous avons vécue. À Radio-Canada, nous avons absorbé des compressions de plus de 400 millions de dollars en l'espace de trois courtes années. C'est 30% de notre budget annuel qui s'est envolé, pratiquement du jour au lendemain.

Or ceux qui réussissent sont ceux qui savent s'adapter lorsque les temps sont durs, qui parviennent à relever les défis auxquels ils sont confrontés. Nous avons trouvé des façons moins coûteuses de produire des émissions. Nous avons réduit l'effectif de notre siège social des deux tiers et vendu l'immeuble qui l'abritait à Ottawa. De fait, les coûts de notre haute direction sont de l'ordre de un cent par dollar seulement. En tant que vice-présidente de l'Ordre des comptables agréés, je peux vous dire sans exagérer qu'un tel ratio est un vrai tour de force. Et en tant que personne qui a derrière elle une longue carrière dans le secteur privé, je peux également admettre ce que vous, qui êtes dans le milieu des affaires savez déjà : la tâche n'a pas été facile.

Mais c'était hier. Radio-Canada n'avait pas d'autre choix. Elle a fait ce que les Canadiens attendaient d'elle. Et nous avons non seulement survécu aux compressions, mais nous avons réussi au-delà de toute attente. Nombreux sont ceux qui pensaient que nous allions renoncer à nos responsabilités envers les régions, or nous les avons élargies. Au mois de septembre dernier, nous avons ouvert une station de radio à Victoria, la seule capitale provinciale qui n'avait pas encore son propre service local. Nous avons ouvert des bureaux à Sherbrooke, Cambridge Bay et London. En même temps, nous avons revitalisé le réseau anglais Radio One qui diffuse désormais 24 heures sur 24. Malgré une diminution de son effectif de 3 000 personnes, Radio-Canada parvient à maintenir les quatre principes fondamentaux qui sous-tendent son mandat de diffuseur public du Canada : le service, le choix, un contenu canadien de grande qualité et l'innovation.

Mais tout l'argent dépensé par les Canadiens, jusqu'au moindre sou, a son importance. Et chaque minute d'antenne occupée par Radio-Canada - qu'il s'agisse de la radio, de la télévision ou de l'ordinateur - doit être à la hauteur de la qualité que les Canadiens exigent de leur diffuseur public national. Aussi nos produits doivent-ils respecter, voire excéder, les normes imposées à toute entreprise, publique ou privée. Pour y parvenir, nous devons pouvoir compter sur l'appui de tous les Canadiens. Et pour réaliser nos objectifs, nous devons gérer nos activités en ayant recours à un sain dosage de prudence et de créativité.

Malgré les compressions, nous avons redoublé d'effort pour répondre à vos besoins. Nous avons revu notre manière de desservir les groupes linguistiques minoritaires afin de mieux refléter la riche mosaïque de la réalité canadienne. Pour forger des liens encore plus forts avec les communautés, nous diffusons désormais des bulletins de nouvelles régionaux toutes les demi-heures. Étant originaire de Val d'Or, dans l'Abitibi-Témiscamingue au Québec, je suis particulièrement fière du travail que nous avons accompli pour rapprocher les talents de nos communautés francophone et anglophone. Des émissions comme C'est La Vie, diffusée à Radio One, donnent aux auditoires anglophones un aperçu de la vie des francophones dans l'ensemble du pays, et la nouvelle émission du RDI et de Newsworld, intitulée Culture Shock, s'attaque à la notion des deux solitudes. Des séries de télévision populaires comme Omertà sont diffusées aux deux réseaux, dans les deux langues. Certaines émissions jeunesse primées sont communes également à nos deux réseaux de télévision français et anglais. Nos sites Web offrent le meilleur de la radio et de la télévision, de même qu'une programmation spécialement conçue pour Internet. Tous ces services ont un caractère distinct, et indubitablement canadien.

Pour remplir son mandat, Radio-Canada doit être suffisamment souple pour changer. Nous devons pouvoir rendre compte de la diversité, des valeurs et des préoccupations de tous les Canadiens. Dans un avenir relativement proche, lorsque la déréglementation sera chose faite, lorsque les géants médiatiques multinationaux occuperont toute la largeur de bande dont ils ont besoin, lorsque l'univers multichaînes aura augmenté de façon exponentielle, Radio-Canada demeurera le bastion de la culture canadienne. Inutile de prendre une boule de cristal pour lire dans l'avenir. Il est à nos portes.

Au printemps, le CRTC tiendra des consultations publiques dans tout le pays pour savoir ce que les Canadiens veulent et attendent de leur diffuseur public. En même temps, et dans le cadre de cette même démarche, Radio-Canada se présentera devant le CRTC pour faire renouveler les licences de ses réseaux. Fait sans précédent, toutes les licences seront examinées en même temps. Le CRTC reverra le rôle de Radio-Canada de fond en comble, dans chacun de nos quatre grands services et, en fin de compte, dans notre service avant-gardiste des nouveaux médias. On connaît déjà en bonne partie nos projets. Nous partageons avec nos concurrents et collègues l'opinion selon laquelle les nouveaux médias, en pleine expansion, ne devraient pas être étouffés par des lois et règlements. Nous avons demandé l'autorisation d'offrir aux Canadiens de nouvelles chaînes spécialisées en français afin de toucher des auditoires qui nous avaient échappé jusqu'ici. Nous avons effectué les compressions exigées. Et nous demandons à présent la possibilité de croître aux côtés des Canadiens.

Les retombées des actions de CBC/Radio-Canada sont importantes pour chacune des régions du pays au niveau de la diffusion de l'information, qu'elle soit internationale, nationale ou régionale, au niveau culturel, pour le nombre d'artistes que nous encourageons, ainsi qu'au niveau économique. Par exemple, Moncton est un des plus gros producteurs au pays en heures de programmation radio. Il se produit aussi un bon nombre d'heures de programmation télévisuelle. Notre plus grand impact, certainement, est l'ensemble du service que nous offrons - la qualité des émissions que nous diffusons, notre capacité à faire partager par les Canadiens d'un océan à l'autre des moments déterminants de joie et de tristesse, et le rôle essentiel que nous jouons en étant le reflet de notre identité canadienne dans une ère croissante de globalisation.

Je souhaite que durant les prochains mois vous trouviez des façons de donner votre appui à votre radiodiffuseur public.

Notre rôle est important et nous voulons continuer à le jouer le mieux possible pour répondre aux besoins et aux attentes des Canadiens.

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