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Discours et interviews
le 22 janvier 2000
Allocution devant l'Institut canadien des comptables agréés (ICCA)
Présentée par Madame Guylaine Saucier, Président du conseil d'administration, Saint-Jean, NB
Bonsoir,
encore une fois, à tous les diplômés et invités.
Alors que nous venons tout juste
de terminer ce délicieux repas, et que nos lauréats et nos diplômés savourent
ce moment de gloire qui leur revient, j'aimerais attirer votre attention
sur une institution qui, fondamentalement, est à la fois très locale, très nationale
et très canadienne. Je veux parler de la Société Radio-Canada. J'ai commencé
cette soirée coiffée du chapeau de président de l'Institut canadien des comptables
agréés. Mais j'aimerais à présent rajouter un autre chapeau par-dessus, puisque
je suis également président du Conseil d'administration de Radio-Canada.
Vous remarquerez que j'ai dit « rajouter » un chapeau par-dessus
l'autre, et non pas « changer » de chapeau. J'ai dit cela
parce que j'aimerais faire remarquer que la pensée et l'activité d'un
comptable agréé d'expérience, dans ce cas le président de l'ICCA, coïncident
avec les objectifs de Radio-Canada. J'entends par là qu'il est de fait
que Radio-Canada reconnaît que l'observation de bonnes pratiques d'affaires
fait partie intégrante d'une grande entreprise de radiodiffusion publique.
J'espère également que vous tous et toutes, qui venez de recevoir vos certificats,
aurez une idée, au cours de la soirée, de ce que vous pourriez faire un jour,
à titre individuel ou collectif, pour appuyer et servir votre radiodiffuseur national
dans vos vies professionnelles et privées.
On m'a demandé de vous parler
ce soir de l'avenir de la radiodiffusion publique au Canada. La formulation
de ce sujet important suggère que nous devrions scinder l 'expression, et
nous pencher sur les notions d' « avenir » et de « public ».
Qu'entendons-nous par « public » et que comporte l' « avenir »...
La
radio a toujours joué un rôle important au Canada. À ses débuts, elle a été d'une
aide précieuse pour les gens qui vivaient dans des endroits isolés, car grâce
à elle ils recevaient les informations et les émissions de variétés qui leur permettaient
de se sentir moins isolés l'hiver. Plus tard, durant la Seconde guerre mondiale,
les gens ont eu besoin de Radio-Canada pour savoir ce qui se passait sur le front.
Les prévisions météorologiques diffusées par Radio-Canada ont également revêtu
une grande importance pour les pêcheurs et les agriculteurs de notre pays. La
plus grande fiabilité des prévisions leur a progressivement permis de vivre en
prenant moins de risques pour eux-mêmes et leurs biens, en aidant les navires
et les marins à éviter d'aller s'échouer sur les hauts-fonds, et les
agriculteurs à choisir le meilleur moment pour ensemencer les champs et faire
les récoltes. Et lorsque les conditions des pêcheurs et cultivateurs se sont améliorées,
tous les citoyens du pays en ont profité.
À la radio est venue s'ajouter
la télévision de Radio-Canada, qui est devenue un autre moyen de s'informer
et se divertir, d'abord par l'entremise de stations affiliées et ensuite
par des stations appartenant à Radio-Canada. Aujourd'hui, Radio-Canada est
largement représentée dans de nombreuses communautés, petites et grandes, partout
au pays. Radio-Canada produit un grand nombre d'émissions maison locales,
dont beaucoup sont ensuite retransmises à l'antenne nationale. Les services
locaux de Radio-Canada surveillent les nouvelles et actualités locales, qui sont
ensuite rapportées par des reporters locaux, dans des styles également locaux
parfois. De nombreux artistes, personnalités et intellectuels locaux sont également
présentés à l'antenne des stations de radio et de télévision locales.
Lorsqu'on
dit de la Société Radio-Canada qu'elle est « publique » on entend
un certain nombre de choses. Radio-Canada appartient aux contribuables canadiens,
qui sont ses actionnaires, si vous voulez, et elle dessert ces actionnaires de
diverses façons importantes et tout à fait publiques. La cueillette et la diffusion
des informations du genre dont je viens de vous parler a toujours constitué une
fonction importante de Radio-Canada. Mais je voudrais faire remarquer que lorsque
le gouvernement fédéral a créé le radiodiffuseur public du pays, en 1936, il avait
des impératifs d'ordre culturel en tête, plutôt que des considérations de
nature commerciale. Radio-Canada a été créée en réponse à une volonté politique
visant à rassembler la grande diversité des gens qui forment notre pays et à
assurer l'expression d'une voix canadienne à une époque où les émetteurs
américains semblaient vouloir dominer complètement nos ondes.
Dans « l'univers
multi-chaînes » d'aujourd'hui — entraîné par une technologie
extraordinairement sophistiquée — la menace d'une domination culturelle
internationale vous semble-t-elle familière?
Le gouvernement fédéral s'est
penché sur cette question en 1991 lorsqu'il a révisé la Loi sur la radiodiffusion.
Cette Loi dit clairement que le système de radiodiffusion canadien devrait servir
à sauvegarder, enrichir et renforcer la structure culturelle, politique, sociale
et économique du Canada. Il ne s'agit pas du tout d'un mandat faible,
surtout dans le contexte des pressions canadiennes internes - notamment
lorsque le gouvernement demande à Radio-Canada de fonctionner avec un budget considérablement
réduit par rapport aux exercices précédents, tout en s'attendant à ce qu'elle
produise beaucoup plus d'émissions et attire un auditoire plus vaste. Ce
n'est pas un mandat faible non plus lorsqu'on pense aux gigantesques
pressions externes qui pèsent sur Radio-Canada — la concurrence de
tant d'autres fournisseurs de divertissement ainsi que les menaces grandissantes
de partenaires commerciaux du Canada — dans le cadre du libre-échange et
de la très visible Organisation mondiale du Commerce (OMC), qui a récemment asséné
un dur coup au secteur canadien des magazines.
Dans ce contexte difficile
et complexe, comment la Société Radio-Canada s'acquitte-t-elle de son mandat
et comment peut-elle continuer à toucher les Canadiens dans leurs vies quotidiennes?
J'aimerais
revenir au terme « public » pour parler de notre présence publique
au Canada. Radio-Canada est le seul radiodiffuseur canadien à avoir un mandat
fort et public lui demandant de desservir équitablement tous les Canadiens. Radio-Canada
est le seul radiodiffuseur qui ait une présence partout au pays, qui couvre
les nouvelles locales, régionales et nationales tous les jours, et les diffuse
autant à vos voisins d'à côté, qu'à vos « voisins » de l'autre
bout du pays. Radio-Canada est le seul radiodiffuseur à offrir des services
en anglais, en français et en huit langues autochtones. Radio-Canada est le seul
radiodiffuseur qui possède l'infrastructure nécessaire à toutes ces activités,
et le seul radiodiffuseur à vocation non commerciale, ce qui lui permet d'offrir
des reportages objectifs (même lorsqu'ils ont trait au gouvernement fédéral
qui lui alloue ses crédits budgétaires) et de sonder constamment le passé et le
présent du Canada par le biais de documentaires et de dramatiques.
Quel
radiodiffuseur national commercial, et je ne parle même pas des diffuseurs étrangers,
chercherait à en faire autant pour les Canadiens?
Une autre facette du caractère
public de Radio-Canada tient à ses responsabilités à l'égard du pays.
Radio-Canada est tenue d'offrir des émissions qui renseignent, éclairent
et divertissent, et qui renvoient aux Canadiens un reflet d'eux-mêmes. Tous
les jours nous planifions et nous exécutons des activités qui nous permettent
de nous acquitter de ces responsabilités. Mais voyons comment Radio-Canada assume
la responsabilité qui consiste à intervenir sur le vif, lorsque surviennent des
événements imprévus qui présentent un intérêt particulier pour le Canada et pour
d'autres pays au-delà de nos frontières. Il y a un an et demi, Radio-Canada
Halifax a mis en vigueur son plan de reportage d'urgence pour couvrir l'horrible
accident du vol 111 de Swissair. Comme vous pouvez vous l'imaginer, les recherches
effectuées dans les eaux profondes et turbulentes de l'Océan Atlantique,
surtout la nuit à Peggy's Cove, ont dû être une expérience effrayante —
tout le monde gardant l'espoir de trouver des survivants tout en sachant
très bien qu'il est impossible de résister très longtemps dans les eaux glacées
et en ayant peur de devoir admettre la réalité. L'efficacité, le professionnalisme
et la discrétion des journalistes de Radio-Canada qui ont couvert la catastrophe
ont été réconfortants et ont été grandement appréciés par les Canadiens de tout
le pays, et surtout par les familles des victimes qui ont découvert la grande
compétence et l'empathie du radiodiffuseur national du Canada. Sans Radio-Canada,
un grand nombre des familles éprouvées et de leurs amis n'auraient pas eu
accès à des informations essentielles au moment voulu. Aucun radiodiffuseur commercial
de notre pays n'aurait pu offrir le même service que Radio-Canada en ce septembre
tragique de 1998. Et on peut en dire autant pour le travail acharné de Radio-Canada
durant la crise du verglas, ou lors des inondations au Manitoba et au Saguenay,
ces dernières années.
Il y a trois semaines seulement, Radio-Canada a couvert
tout le tralala et les effets du passage au nouveau millénaire. Radio-Canada a
consacré de l'argent, du personnel et beaucoup d'énergie à la résolution
des problèmes liés au bogue de l'an 2000. De nombreux employés de Radio-Canada
ont dû annuler leurs projets de vacances pour servir le pays, en assurant des
services jugés essentiels à la mission du gouvernement. Voilà encore un exemple
du mandat exclusif de Radio-Canada qui veut que nous soyons au service des Canadiens :
Radio-Canada est le radiodiffuseur du gouvernement fédéral en cas d'urgence.
Aucun autre radiodiffuseur n'a ni l' infrastructure nécessaire, ni la
volonté de prendre en charge de telles fonctions.
Par tradition, Radio-Canada
est également à la disposition du public pour faire connaître les talents
du pays, conformément d'ailleurs à ce qui est prévu dans la Loi sur la radiodiffusion
de 1991. Je ne pense pas que l'on puisse trouver d'artiste canadien
que Radio-Canada n'ait pas encouragé et contribué à lancer. Ces artistes,
qui ont fait leurs débuts au niveau local, pour recevoir ensuite une attention
à l'échelle régionale et nationale, ont eu l'occasion de travailler
avec des réalisateurs chevronnés de Radio-Canada, qui se sont intéressés à leurs
aptitudes et ont favorisé l'éclosion de leur talent. D'innombrables
Canadiens ont fait des carrières nationales et internationales après s'être
fait connaître à l'antenne de Radio-Canada. Les premiers exemples qui viennent
à l'esprit — puisque nous sommes dans les Maritimes - sont ceux de musiciens
mis à l'honneur lors de la remise des « East Coast Music Awards »,
notamment Great Big Sea ou la Rankin Family (dont nous déplorons malheureusement
la disparition récente de l'un de ses membres). Parmi les autres artistes
des Maritimes qui ont réussi se trouvent les auteurs et interprètes de This
Hour Has 22 Minutes et de Made in Canada, de même que ceux qui se sont
produits au Halifax Comedy Festival. La retransmission de la remise des
Prix nationaux d'excellence décernés aux autochtones, animée par le
compositeur et chef d'orchestre symphonique John Kim Bell, a permis de présenter
et de lancer des artistes bien connus de nous tous : Buffy Sainte-Marie,
Shania Twain and Tom Jackson; et la chanteuse Susan Aglukark. Au nombre des autres
émissions qui ont permis à des artistes canadiens de se faire connaître on compte :
le Gala des Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, les Gemini Awards
et les Prix Gémeaux, le Gala de l'ADISQ et les Juno Awards, Out Front
qui présente de jeunes auteurs, Two New Hours qui fait entendre de nouveaux
compositeurs de musique classique, ainsi que les matinées radiophoniques du Metropolitan
Opera qui mettent en vedette, entre autres artistes canadiens, des chanteurs de
renommée internationale comme le ténor Ben Heppner. Et il ne faut pas oublier
non plus des interprètes canadiens comme Cynthia Dale ou Sheila McCarthy, ni encore
des athlètes comme Elvis Stojko, Kurt Browning et Josée Chouinard. Radio-Canada
a été fière de les mettre sous les feux de la rampe.
Radio-Canada a une
longue tradition également de retransmission du sport professionnel et du sport
amateur à son antenne. Si les réseaux commerciaux couvrent bien le sport professionnel
canadien, ils ne font pas grand chose par contre pour faire connaître le sport
amateur. Et vu le grand nombre de matchs de sports professionnels qui se déroulent
dans d'autres pays comme les états-Unis, pourquoi les radiodiffuseurs canadiens
prendraient-ils la peine de consacrer une partie de leur précieux temps d antenne
à des entreprises non lucratives comme la présentation de futurs champions qui
viendraient de petites communautés de notre pays?
Comme je l'ai dit
déjà, Radio-Canada informe les Canadiens sur ce qui se passe chez eux, d'un
bout à l'autre du pays. Grâce à ses services dans les deux langues officielles
et en langues autochtones, Radio-Canada a également contribué à favoriser les
échanges et la compréhension entre les communautés linguistiques, ce qui représente
un défi constant et crucial au Canada, et montre au monde entier comment des gens
de culture différente peuvent essayer de s'entendre entre eux.
Jusqu'à
présent je vous ai parlé de ce qu'on entend par public lorsqu'on
parle de la Société Radio-Canada. Radio-Canada est un organisme public : elle
appartient aux Canadiens, elle dessert les Canadiens et elle a, depuis ses débuts,
contribué à bâtir le Canada comme aucun autre radiodiffuseur ne l'a fait.
Mais voyons les critères (tant extérieurs que ceux que Radio-Canada s'est
elle-même imposée) qui permettent de mesurer le succès de Radio-Canada —
même, et peut-être surtout, dans le contexte de la mondialisation et de la compétitivité
des ondes.
L'année dernière, le Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC) a organisé des consultations publiques dans
11 villes du pays pour savoir ce que les Canadiens pensaient de Radio-Canada.
Dans chacune des villes, le CRTC a entendu des témoignages favorables à
l'endroit de Radio-Canada. Ces consultations ont eu lieu avant la tenue des audiences
du CRTC sur les demandes de renouvellement des licences de la Société, un processus
long et minutieux qui a lieu périodiquement. Comme vous le savez certainement,
le CRTC vient tout juste d'informer Radio-Canada des décisions prises à l'issue
de ces audiences, et je vais vous en parler dans un instant.
La Société
Radio-Canada avait soigneusement préparé sa demande de renouvellement, en tenant
compte des commentaires et des attentes du public vis-à-vis leur radiodiffuseur,
entendus durant cette tournée dans 11 villes. Radio-Canada a également réexaminé
et remis en question ses propres compétences de base, ses forces et ses
faiblesses. Cet exercice s'est concrétisé par l'établissement de priorités
clés et la redéfinition de sa mission. Vous tous et toutes qui venez de réussir
votre examen, prendrez peut-être la peine de noter que toutes les entreprises
procèdent de temps à autre à une réévaluation stratégique de leurs activités.
Mais au centre de cet exercice de remue-méninge se trouvait un élément dont les
radiodiffuseurs à but lucratif ne se préoccupent pas — à savoir la nécessité
et le désir de desservir les Canadiens et de répondre à leurs attentes
légitimes.
J'aimerais prendre un instant pour vous décrire brièvement
la mission de Radio-Canada, telle qu'elle a été soumise au CRTC. Radio-Canada
a pour mission de conter aux Canadiens des histoires qui reflètent la réalité
et la diversité de leur pays, de tenir les Canadiens au courant des nouvelles
et enjeux pertinents, de favoriser les arts et la culture de chez nous et de jeter
des ponts entre les Canadiens.
Ce sont des objectifs de taille. Ils sont
dignes du public canadien et de son radiodiffuseur public.
Le
6 janvier dernier, le CRTC a rendu ses décisions à propos des demandes de renouvellement
de licences de Radio-Canada, et Radio-Canada à son tour a fait part de ses réactions
aux décisions du CRTC. Radio-Canada a affirmé publiquement qu'elle reconnaissait
l'importance de la contribution du CRTC, mais qu'il existait néanmoins une divergence
d'opinion au sujet de ce qui peut être accompli compte tenu des ressources
budgétaires dont Radio-Canada dispose. Le nouveau groupe de travail sur la réingénierie
de Radio-Canada, mis en place avant l'annonce des décisions du CRTC, a déjà
commencé à examiner toutes nos activités de programmation et de diffusion. Nous
espérons réaliser des économies en resserrant nos méthodes internes, et utiliser
ces économies pour accroître le nombre et la qualité des émissions offertes aux
Canadiens. Encore une fois, notre gestion financière fait ressortir une autre
différence entre Radio-Canada et les radiodiffuseurs privés : Radio-Canada
n'est pas une entreprise à but lucratif. L'argent gagné est réinjecté
dans la programmation. Radio-Canada vise l'excellence tout en gardant un
oeil sur le résultat net.
Mais revenons aux critères qui
permettent de mesurer le succès de Radio-Canada. J'ai déjà parlé des témoignages
d'approbation manifestés à l'égard de Radio-Canada durant la tournée
pancanadienne du CRTC, l'année dernière. Passons donc à un autre critère
important. Dans le contexte de la concurrence qui prévaut à l'échelle internationale
pour attirer les auditeurs et les téléspectateurs, ne conviendrait-il pas d'énumérer
quelques-uns des nombreux prix nationaux et internationaux prestigieux et très
publics qui ont été attribués à Radio-Canada et à ses productions l'année
dernière?
En 1999, deux Emmy Awards ont été décernés à Radio-Canada : l'un
pour la production CBC/Veronica Tennant sur Karen Kain (c'était l'un
des sept Emmys internationaux attribués); et l'autre, un Emmy dans la catégorie
technique pour la « première distribution à plein temps d'un réseau
de télévision par transmission satellite ». La télévision de Radio-Canada
a également récolté 41 Gemini Awards, ainsi que 38 Prix Gémeaux. Radio One et
Radio Two ont pour leur part reçu 11 Prix de l'Association des directeurs
de l'information en radio-télévision; neuf médailles des New York Festival
Awards (dont trois d'or); ainsi que le Prix Italia et le Grand prix de la
Radio de l'Université radiophonique et télévisuelle internationale. Les Disques
SRC ont récolté six prix en 1999, dont deux Junos; et nos services Internet ont
recueilli de nombreuses marques de reconnaissance, notamment pour le Site Nouvelles
de Radio-Canada, Street Cents, Infoculture et surtout CBC4Kids
, qui a lui seul a remporté 20 prix cette année.
Les Canadiens
ont toutes les raisons d'être fiers de leur Radio-Canada? Et tout ceci a
été accompli au cours d'une période de compressions du budget et du personnel
sans précédent; alors que le public canadien demandait plus et de meilleures émissions;
et alors que Radio-Canada a du se battre, jour après jour, pour arracher à la
concurrence chacun de ses auditeurs et téléspectateurs, sollicités par une multitude
de réseaux commerciaux nationaux — mais surtout étrangers. Compte tenu de
ce contexte, et du mandat très vaste de Radio-Canada, on peut dire que ce n'est
pas mal du tout.
Mais qu'allons-nous faire ensuite?
Quel est l'avenir de Radio-Canada?
Radio-Canada va
poursuivre ses activités de programmation de base, tout en explorant de nouvelles
avenues possibles et en s'efforçant de faire des économies. Radio-Canada
continuera à jouer un rôle de chef de file en matière de normes journalistiques
et à appuyer des événements caritatifs au niveau local. Et Radio-Canada poursuivra
son analyse introspective par l'entremise de son groupe de travail sur la
réingénierie. Tout ceci fait partie de l'avenir de Radio-Canada.
Quant
à vous, que pouvez-vous faire? Vous m'avez écoutée attentivement au cours
de cette soirée donnée en votre honneur. Au début de mon allocution, j'ai
fait allusion au rôle que chacun ou chacune d'entre vous pourrait jouer pour appuyer
et servir son radiodiffuseur public national, aussi bien dans sa vie professionnelle
que privée. Avez-vous une idée de ce que vous pouvez faire? Mon conseil est le
suivant. Décidez de choisir la très publique Radio-Canada au lieu des radiodiffuseurs
privés et étrangers qui sont motivés par la recherche du profit plutôt que par
le récit sincère d'histoires authentiques. Branchez-vous sur votre Radio-Canada
où vous entendrez vos concitoyens vous parler de votre pays et de votre
peuple. Parlez à vos voisins et amis des productions de Radio-Canada et dites-leur
qu'il est important d'écouter ou de regarder des émissions qui leur
parlent d'eux-mêmes. Écrivez à vos députés pour leur dire que vous voulez
que Radio-Canada vous en donne davantage, et non le contraire.
Prenez
les menaces de l'OMC au sérieux et dites à votre gouvernement que nous ne
pouvons pas nous permettre de perdre notre Radio-Canada et les autres institutions
culturelles : les perdre reviendrait à perdre notre culture et notre identité.
Et il est très difficile de rebâtir des institutions comme Radio-Canada
une fois qu'elles ont été effectivement démantelées. En cette ère de la mondialisation,
à moins que nous ne vouliez être avalés par une «culture» indistincte insipide,
(et je mets le mot culture entre guillemets), portez-vous à la défense de votre
Radio-Canada et de toutes les autres institutions et symboles canadiens importants
qui marquent votre vie.
Merci et bonne soirée.
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