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le 27 juin 2002

Dans un univers qui compte 500 chaînes, y a-t-il une place pour la radiodiffusion publique?

Allocution prononcée par Carole Taylor devant le Canadian Club de Régina

C'est avec grand plaisir que je me joins à vous aujourd'hui, à Regina, pour vous parler de radiodiffusion, ma première carrière, ici au Canadian Club…un cadre particulièrement approprié puisqu'une bonne partie de ce que j'ai à dire aujourd'hui est étroitement lié à ce que cela veut dire pour nous, d'être Canadiens.

La question qu'il faut se poser est la suivante : CBC/Radio-Canada : à QUOI çA SERT? Avons-nous encore besoin d'un radiodiffuseur public au Canada ?

Je vais vous demander, au cours des prochaines minutes, de porter votre attention sur la GRANDE question….

Oubliez l'annonceur dont vous n'aimez peut-être pas la voix ou la cravate.... Oubliez les personnalités que vous avez aimées et qui ont quitté Radio-Canada…. Ou bien celles que vous détestez mais qui sont toujours là….

J'aimerais que vous vous penchiez sur la grande question de principe, qui est de savoir si un pays comme le Canada devrait avoir un service de radiodiffusion public et y investir des fonds.

Mais d'abord, j'aimerais vous parler de trois événements qui m'ont fait prendre conscience de cette question d'une manière tout à fait dramatique.

Le 11 septembre : Une tragédie énorme qui a suscité toutes sortes d'émotions chez bon nombre d'entre nous : du chagrin, de la peur, de l'anxiété, de la colère.

Et, bien que cet événement ait eu de profondes répercussions sur la scène internationale, beaucoup de gens pensaient que puisqu'il était survenu aux états-Unis, les Canadiens allaient se tourner massivement vers CNN pour s'informer. FAUX

Le 11 septembre, les cotes d'écoute de toutes les composantes médias de Radio-Canada, de la Radio et de la Télévision, en français et en anglais, ont battu tous les records.

Ne serait-ce qu'à la Télévision anglaise, 1,7 million de téléspectateurs ont regardé la couverture de l'événement…plus que n'importe lequel des réseaux privés, de fait, plus que CNN, qui a attiré 1,2 million de téléspectateurs. Du jamais vu.
La Télévision française de Radio-Canada et le RDI ont rejoint 75% des francophones du pays.

Durant cette période, les réseaux de Radio….français et anglais…ont obtenu les plus hautes cotes d'écoute de leur histoire.

LES CANADIENS…. ONT REGARDé ET ÉCOUTé …. RADIO-CANADA

Tout s'est passé comme si l'ensemble des Canadiens voulaient voir et comprendre cette tragédie internationale :
à travers le regard de Canadiens
éclairée par des valeurs canadiennes
Commentée par notre premier ministre
Analysée par nos experts et nos journalistes.

Nous voulions savoir :
Ce qu'elle signifiait pour nous
Pour notre politique d'immigration
Pour la sécurité de nos frontières
Pour nos avions
Pour la tour du CN, la Colline du Parlement, la Place du Canada.

Radio-Canada a annulé toutes les émissions sur tout le réseau.

Nous avons supprimé toutes les publicités.
Nous avons dépêché nos reporters, nos cameramen, nos preneurs de son pour rapporter l'événement.
Notre personnel d'antenne a travaillé de longues heures, sans même trouver le temps parfois de faire une pause toilettes (si vous pensez que je plaisante, demandez à Peter)
….pour répondre à un besoin
….pour vous rapporter la nouvelle
et les Canadiens ont répondu en nous donnant un appui extraordinaire.

Le deuxième événement récent qui m'a fait réfléchir, a eu lieu au Forum économique mondial de Davos, qui s'est déroulé à New York l'hiver dernier.

Cette conférence économique est considérée comme une occasion unique où les leaders des milieux des affaires, les leaders politiques et religieux du monde entier peuvent discuter des enjeux mondiaux. Notre premier ministre était là, d'anciens présidents, des reines et des rois, des chefs d'entreprises, des journalistes….des leaders de pratiquement toutes les régions et de tous les pays importants du monde.

On y offrait des centaines d'ateliers couvrant tous les sujets imaginables, mais partout où je suis allée j'ai pu observer une inquiétude sous-jacente marquée à l'égard de la domination des états-Unis, du pouvoir des états-Unis.

Dans l'atelier sur la sécurité dans le monde, la discussion finissait par porter sur le rôle des états-Unis en tant que gendarme international.

Dans l'atelier sur les tendances économiques dans le monde, la discussion glissait vers le pouvoir des entreprises américaines.

Et dans l'atelier sur les médias, c'était la domination absolue des radiodiffuseurs américains dans le monde qui était le sujet de préoccupation.

Le fait est que, à l'heure actuelle, une bonne partie du monde voit les événements internationaux à travers le regard des Américains. Lorsque je suis en Europe et que j'entends parler d'un tremblement de terre ou d'un programme d'aide en Amérique du Sud, c'est CNN qui m'en parle.

Lorsque j'étais en Asie en voyage d'affaires, c'est CNN qui m'a donné des informations sur la grippe asiatique.
Et le 11 septembre, CNN a rapporté la nouvelle au monde entier. En Australie, par exemple, le service de radiodiffusion public a simplement annulé sa programmation pour diffuser des images américaines ---et---les politiciens australiens qui sont venus me voir pour se renseigner sur notre système de radiodiffusion public m'ont demandé pourquoi nous n'avions pas fait de même !

PARCE QUE CELA N'EST PAS SUFFISANT POUR LE CANADA.

Que les médias américains aient fait preuve d'un relâchement dans leur analyse critique durant cette guerre déclarée au terrorisme, ou qu'il y ait eu une certaine auto-censure aux états-Unis, ce n'est pas à moi d'en juger.

Moi, je vis au CANADA, et s'il faut que nous changions de politique ou d'orientation à la suite du 11 septembre, il est essentiel que nous ayons recours à nos propres réflexions et analyses, et que nous comprenions les enjeux auxquels nous faisons face….car ils revêtent une importance fondamentale pour notre autonomie nationale.

Mais avant que l'on puisse se méprendre sur mes propos, permettez-moi de dire très clairement que je ne suis PAS le moindrement anti-américaine…de fait, j'ai de très bons amis qui sont Américains.…

Qu'on se le dise : mon fils vit à New York et écrit pour un magazine financier américain. Ma fille est en 4e année de pré-médecine à UCLA à Los Angeles (en fait, elle conduit une ambulance dans cette ville) et j'ai un abonnement pour aller voir les Seahawks de Seattle depuis 25 ans…j'y vais ….quoi qu'il arrive. Et comme vous, j'aime beaucoup West Wing, ER, et Friends.

Mais il n'est pas nécessaire d'être anti-américain pour être passionnément, activement,
pro-canadien….ce qui est mon cas.

Ce qui m'amène au troisième événement récent qui m'a poussée à réfléchir davantage à ce que cela veut dire, d'être Canadien : les Jeux olympiques.

C'est avec beaucoup de fierté et de joie que nous avons tous suivi les efforts et les succès de nos jeunes …qui se sont surpassés au nom du sport, pour notre pays.

Pensez aux réactions déclenchées par cette dernière médaille d'or en hockey. Les rues de Vancouver sont restées complètement bloquées par les voitures qui klaxonnaient et les fans qui agitaient leurs drapeaux, pendant des HEURES après la fin du match. Je le sais, j'habite au centre-ville.

J'étais loin de me douter qu'on pouvait trouver autant de drapeaux canadiens au pays et pourtant on les a vu défiler fièrement dans les rues Robson et Georgia…. Je dois avouer que, moi aussi, j'ai suspendu le drapeau canadien de ma terrasse sur le toit, pour célébrer.

Et encore une fois, Radio-Canada était fière de se trouver en première ligne et d'offrir à toutes les collectivités du pays, dans les villages aussi bien que dans les grandes villes, une couverture CANADIENNE tout à fait spectaculaire de cet événement international.

Je suis extrêmement fière du travail accompli par nos équipes.

Nous avons couvert DAVANTAGE d'événements, nous en avons retransmis davantage EN DIRECT que les riches réseaux au Sud, nous avons modifié notre programmation d'une manière impensable pour un réseau privé…. et….nous l'avons fait en montrant nos propres athlètes canadiens.

Et quel a été le résultat ? L'auditoire le plus vaste jamais enregistré pour une émission au Canada : plus de 10 millions de personnes.


Voilà donc trois événements très différents qui m'ont obligée, moi, qui suis de la génération des
baby-boomers, à penser au Canada sous des aspects que, de toute ma vie, je n'avais encore jamais envisagés.

Que veut dire être Canadien ?

Comment pouvons-nous protéger et nourrir nos valeurs en ces temps où les pressions internationales se font de plus en plus fortes ?

Dans quelle mesure les questions de souveraineté et de sécurité sont-elles liées ?

Les arts sont-ils importants ? La culture est-elle le cœur et l'âme d'un pays ?

Tenons-nous à ce que Toronto ait son propre orchestre symphonique, ou allons-nous nous contenter d'aller à Buffalo pour écouter leur orchestre symphonique ?

Vaut-il la peine de soutenir le Royal Winnipeg Ballet comme nous l'avons fait en présentant « Dracula », ou les Canadiens sont-ils satisfaits de voir les danseurs d'un autre pays sur l'une des 500 chaînes auxquelles ils ont accès ?

Et en quoi Radio-Canada peut-elle contribuer à bâtir notre pays ? Ou pas ?

J'ai entendu, comme vous, ces voix qui suggèrent que l'on vende Radio-Canada, qui disent qu'avec une centaine de chaînes à notre disposition, nous n'avons plus besoin d'un radiodiffuseur public. Je prends acte de leur position, mais ce n'est absolument pas la mienne.

Ceux qui pensent que c'est l'accès à des émissions, à n'importe quelles émissions, qui est l'objet du débat, ceux-là n'ont pas suivi l'évolution du mandat de la radiodiffusion publique. Il ne s'agit plus tout simplement de fournir un signal, comme c'était peut-être le cas au début. Il s'agit de fournir un contenu…un contenu canadien.

Et s'il y en a qui pensent que la disparition de
Radio-Canada demain permettrait à un réseau privé de prendre le relais, je peux leur dire que cela n'arriverait pas…

….pas lorsqu'on ne récupère que la moitié des coûts d'une production canadienne (perte garantie) alors que l'on peut dégager des revenus de trois à quatre fois supérieur aux coûts en présentant une émission américaine (profit garanti),…et surtout ne croyez pas qu'un réseau privé annulerait sa programmation comme nous le faisons, pour présenter les séries éliminatoires de hockey, en tout cas pas s'il fallait pour cela renoncer à diffuser ER en simultané.…

…pas plus qu'il ne consacrerait 25 millions de dollars à la réalisation d'une série comme
Le Canada : Une histoire populaire…..un document sur notre histoire qui a été suivi, du moins en partie, par la moitié de la population et dont les enseignants se servent maintenant partout au pays.

Personnellement, je pense que jamais encore la radiodiffusion publique n'avait revêtu une telle importance pour notre pays.
….C'est intéressant, n'est-ce pas, de penser que certains soutiennent que le Canada n'a pas besoin de Radio-Canada….alors que l'Angleterre estime qu'elle a besoin de la BBC et qu'elle en profite, comme l'Australie tient à ABC, que la France, la Belgique, l'Italie, le Japon, la Suisse, pour ne nommer que ces pays, ont TOUS des services de radiodiffusion publics….même les états-Unis ont PBS.

Mais le Canada, avec cette puissance et cette influence énormes tout juste de l'autre côté de la frontière, n'aurait pas, pour une raison ou une autre, besoin de se soucier d'avoir un radiodiffuseur INDÉPENDANT.

Pour moi, cet argument ne tient pas.

…. Alors, si vous le voulez bien, je vais me permettre de supposer …pour quelques instants….que vous êtes d'accord avec moi….que tous, dans cette salle, vous êtes des défenseurs enthousiastes, dynamiques et actifs du concept de la radiodiffusion publique….nous pouvons donc passer à la question suivante : Comment pouvons-nous faire mieux ? Car selon moi, cela est essentiel pour assurer notre survie….

Il est certain que Radio-Canada n'a pas été parfaite…mais je voudrais que vous repartiez d'ici aujourd'hui, CONVAINCUS d'une chose fondamentale :

La Société Radio-Canada d'aujourd'hui est différente.
Il y a une nouvelle direction. (Robert Rabinovitch comme pdg et moi-même comme présidente du Conseil)
Nous reconnaissons d'emblée que nous utilisons l'argent des « contribuables » et que nous devons le gagner tous les jours.
Que nous produisons une programmation que personne d'autre ne produit, comme personne d'autre ne peut le faire, mieux que d'autres pourraient le faire.
Et enfin, nous sommes un élément essentiel de l'avenir du Canada.

Alors comment sommes-nous en train de changer ?

D'une part, nous sommes mieux gérés. Avant mon arrivée, on a décidé, et je souscris totalement à cette décision, de faire une évaluation critique de tous nos biens immobiliers : de préserver et d'améliorer ceux qui sont importants, et de vendre ou de louer ceux qui ne sont pas nécessaires….pour prendre cet argent et le remettre là où il devrait être, dans la programmation.
Nous avons donc désormais un président responsable de l'immobilier, dont le mandat est de libérer des fonds, là où c'est possible, au profit de la programmation….après tout, nous ne sommes pas des spécialistes de l'immobilier, notre travail est de fournir un contenu, un contenu canadien, en utilisant la technologie qui convient.

Jusqu'à présent, nous avons signé des baux pour louer les locaux dont nous n'avons pas besoin, notamment un étage entier du Centre de radiodiffusion de Toronto, ainsi qu'un studio ici, à Regina. Ces seuls baux nous permettront de réaliser des recettes de plus de 73 millions de dollars….que nous pourrons réinvestir dans la programmation.

À Vancouver, nous possédons un terrain de stationnement en plein centre-ville…c'est fou. Quel gâchis d'immobiliser des fonds dans un terrain de stationnement….des fonds qui devraient servir à la programmation.

Dans plusieurs villes du pays, la Télévision est située dans un immeuble, la Radio dans un autre, parfois à plusieurs kilomètres de distance, et dans les deux immeubles nous avons des locaux excédentaires.

Pourquoi ne pas vendre ces propriétés, qui sont souvent situées dans des parcs commerciaux loin de tout, intégrer nos composantes médias (français/anglais, Radio/Télévision), nous limiter à l'espace dont nous avons réellement besoin, acheter du nouveau matériel numérique (ce que nous serons de toute façon obligés de faire) et nous réinstaller dans la collectivité, où les Canadiens pourront à nouveau voir et sentir la présence de leur radiodiffuseur public.

Pourquoi ne pas le faire…si l'on peut prouver, au moyen d'études de rentabilité, que l'argent tiré de la vente des propriétés et de la réduction de l'espace utilisé couvrira le coût de la reconstruction et des améliorations.

J'ai utilisé le terme « intégrer » il y a un instant …. Un concept très important à Radio-Canada dorénavant. Nous ne pouvons plus nous payer le luxe d'avoir la Radio et la Télévision, les services français et les services anglais, qui travaillent tous de manière indépendante, chacun en vase clos….souvent en faisant des recherches, du travail de caméra et du travail d'antenne en double.

Personnellement, je ne pense pas que nous soyions à notre meilleur, de toute manière, lorsque chaque composante média travaille isolément….et en outre, ça coûte trop cher. Nous n'avons plus les moyens d'envoyer quatre ou cinq caméras sur un lieu de tournage, si jamais nous les avons eus. À l'interne, nous devons mettre nos ressources en commun et collaborer.

Et pour que personne ne s'imagine que ces critiques ne s'appliquent qu'à Radio-Canada, laissez-moi vous dire que lorsque je travaillais à W5, pour CTV, aux Actualités, pour rien au monde nous n'aurions voulu partager quoi que ce soit avec le Service des nouvelles ! Nous ne voulions pas risquer de nous faire voler une primeur… ce n'est donc pas un problème nouveau….c'est une solution nouvelle.

Les principes d'intégration dont nous parlons ne seront pas faciles à mettre en application, mais cela se fera.

Prenez par exemple nos correspondants à l'étranger. Sur 10, huit sont capables de faire des reportages en français et en anglais, pour la Radio et la Télévision.

Dans la foulée de ces changements structurels, CBC/Radio-Canada a entrepris de renouveler considérablement la programmation de toutes ses composantes médias.

ça ne me dérange jamais que quelqu'un vienne me voir pour critiquer Radio-Canada — ou si ça me dérange, il n'y a rien que je puisse faire pour l'en empêcher — mais CE QUI ME DÉRANGE VRAIMENT, c'est lorsque quelqu'un critique en s'appuyant sur le passé, sans se rendre compte à quel point nous avons changé.

À ceux qui nous reprochent de ne pas présenter de dramatiques canadiennes, je demande s'ils ont vu Random Passage, une mini-série basée sur un livre au sujet de Terre-Neuve, réalisée par un Terre-Neuvien, avec des acteurs canadiens, et qui a remporté un énorme succès l'hiver dernier…qui de fait a recueilli des cotes d'écoute similaires à celles de Hockey Night in Canada. Un exploit
remarquable !

À ceux qui disent que nous ne présentons rien de multiculturel, je demande s'ils ont vu le pilote de Jenna, qui met en scène un journaliste indo-canadien de Vancouver spécialisé dans les enquêtes criminelles, et qui a été diffusée en janvier.
Tourné dans les rues de Vancouver, le marché punjabi, les temples locaux, on y montrait une facette du Canada que l'on n'a pas l'habitude de voir à l'écran.

Quant à ceux qui disent que tout vient du centre du Canada, j'aimerais leur faire remarquer que Canada Now provient de Vancouver ….Disclosure de Winnipeg et de Toronto ….Tom Stone de Calgary …Country Canada de St. John's à Terre-Neuve et de Winnipeg au Manitoba.

Et que dire d'Innovation Zone : une émission de fin de soirée conçue par de jeunes artistes canadiens, qui nous font découvrir de nouveaux talents canadiens, en utilisant une formule que vous n'avez encore jamais vue….et encore moins à Radio-Canada. Je peux vous garantir qu'elle gardera bien éveillés ceux d'entre nous qui s'endorment d'habitude après le National.

AUJOURD'HUI LA SOCIÉTé RADIO-CANADA EST DIFFÉRENTE DE CELLE QUE VOUS AVEZ CONNUE IL Y A 10 ANS.

Il y a deux ans, on a demandé à Harold Redekopp, qui avait été à la tête de la Radio anglaise de
Radio-Canada pendant de nombreuses années, de prendre la responsabilité de la Télévision anglaise. Il en est résulté ce que nous appelons la TRANSFORMATION.

Nous avons augmenté notre programmation pour enfants et supprimé la publicité de notre bloc d'émissions du matin qui leur est réservé.

Nous avons diminué de moitié les publicités diffusées dans nos émissions d'information de début de soirée.

La Télévision anglaise de Radio-Canada présente désormais des soirées « thématiques ». Nous avons regroupé nos créneaux de grande écoute de sorte que vous, les téléspectateurs, êtes assurés de trouver à notre antenne le genre d'émissions qui vous plaisent au cours d'une soirée donnée.

Ainsi, si vous êtes amateur de comédies, regardez-nous le vendredi soir, nous vous proposons
22 minutes, Air Farce, Made in Canada.

Si ce sont plutôt les arts de la scène qui vous intéressent, joignez-vous à nous le jeudi soir, pour regarder Opening Night, où vous trouverez ce qu'il y a de mieux en matière d'opéra, de ballet et de musique.

Pour les émissions d'actualités, c'est le mardi et le mercredi soir qu'il faut nous regarder.

Pour nos émissions spéciales, retrouvez-nous le dimanche et le lundi…et, bien sûr, vous savez tous quand regarder Hockey Night in Canada !

À la Télévision française, qui est déjà une institution culturelle importante, 90 % des dramatiques diffusées aux heures de grande écoute ont été renouvelées au cours des deux dernières années. 90 % !!

Quant à la Radio française, son mandat de service a été considérablement étendu dans les régions, pour rejoindre les francophones et francophiles de tout le pays. Et puisque le CRTC a approuvé nos demandes de licence, la musique exquise de la Chaîne culturelle pourra bientôt être entendue aux quatre coins de notre pays.

Et enfin, la Radio anglaise est en train de se tourner vers l'extérieur pour faire le point….et demander à ses fidèles auditeurs, et à d'autres, ce qu'ils attendent de la radiodiffusion publique à l'avenir.

Quel est notre rôle ? Quelle est notre responsabilité ? Comment pouvons-nous nous améliorer ?
Quel genre d'émission, à leur avis, devrait remplacer l'irremplaçable Arthur Black ?

Alors, comme vous pouvez le constater, nous sommes pleins de vie …. Pleins d'enthousiasme… débordants d'idées et de possibilités.

Mais s'il est une réalité absolue qui sous-tend tout ce que nous faisons, c'est notre croyance dans l'importance de notre mission : la radiodiffusion publique canadienne.

Nous recevons un appui de vous tous qui êtes présents ici aujourd'hui….des Canadiens de tout le pays….pour nous acquitter de notre mandat.

Nous sommes une voix indépendante…votre voix indépendante. Il y a forcément une place, sur ce grand satellite dans le ciel, là-haut, pour le Canada, pour nos valeurs, nos idées, nos talents…

Mais nous allons devoir nous battre pour défendre notre place; personne ne le fera pour nous…
Pas les Américains avec leurs centaines de chaînes
Pas la BBC, pas les Australiens non plus
Pas même, oserais-je dire, les réseaux privés.
…permettez-moi de dire un dernier mot à propos des réseaux privés…Et encore une fois, j'ai de très bons amis qui dirigent des réseaux privés…(quand on vit suffisamment longtemps, on finit par avoir une longue histoire derrière soi - J'ai travaillé près de 12 ans pour CTV) !

De fait, je me souviens d'être venue à Regina en 1972, lorsqu'on a commencé à diffuser Canada AM. En tant que co-animatrice, je faisais une tournée dans tout le pays. Votre accueil a été aussi chaleureux qu'aujourd'hui …24 ans plus tard !!!

Je sais donc que nos radiodiffuseurs privés font ce métier pour faire de l'argent et je n'ai absolument rien contre cela.

Je sais qu'ils doivent avoir de fortes cotes d'écoute pour vendre les publicités, même si cela veut dire diffuser 75 % d'émissions AMÉRICAINES aux heures de grande écoute. (Chez nous, soit dit en passant, c'est l'inverse, nous diffusons 90 % de contenu CANADIEN en période de grande écoute.)

Les radiodiffuseurs privés sont là pour rapporter des bénéfices à leurs actionnaires, autrement ils ne résisteraient pas longtemps.

Nous, au contraire, grâce au généreux soutien du public, nous avons un mandat différent : servir, divertir….éclairer… renseigner. Être Canadiens. Célébrer le Canada.

Et ainsi, après ce long parcours sinueux (pas trop verbeux, j'espère) j'en reviens à ma question initiale :
RADIO-CANADA : à QUOI çA SERT ?

Mais en fin de compte, ce n'est pas à moi de donner la réponse. Je ne peux pas vous promettre que nous réussirons — que nous réussirons à sauver, à faire progresser et à enrichir la radiodiffusion publique de notre pays…je ne peux que vous promettre de faire des efforts.

Pour moi, l'avenir de la radiodiffusion publique est étroitement lié aux sentiments que nous éprouvons à l'égard du Canada.

À quel point avons-nous le sentiment d'être une nation ?

Avec quelle intensité voulons-nous célébrer nos talents, proclamer nos valeurs, préserver nos différences ?

En fin de compte, cela dépend de chacun d'entre vous ici aujourd'hui, de vos familles, de vos enfants.

….la question qui se pose est donc la suivante : la radiodiffusion publique canadienne…est-ce que ça en vaut la peine ?

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