CBC/Radio-Canada
Accueil    Quoi de neuf    Recherche    Emplois    Contactez-nous    English   

À propos de
CBC/Radio-Canada
Rapports annuels Installations Historique Communiqués Discours Principales présentations institutionnelles et réglementaires Documents et politiques institutionnels Responsabilité journalistique Institut de formation
Accédez les fils de nouvelles RSS de cbc.radio-canada.ca



ImageDiscours et interviews

le 22 octobre 2003

La radiodiffusion publique a-t-elle encore sa place au Canada?

Notes d'allocution pour le discours de Carole Taylor O.C. présidente du Conseil, CBC/Radio-Canada au Cercle canadien d'Ottawa, Ontario

INTRODUCTION

Merci. Je suis ravie d'être ici aujourd'hui et de pouvoir m'adresser à un auditoire si distingué.

C'est un plaisir pour moi de me retrouver à Ottawa, en votre compagnie... et de reconnaître tant d'amis et collègues, avec qui j'ai eu l'occasion de travailler au fil des ans.

Quoi de mieux que le Cercle canadien pour m'adresser à vous, puisque je parlerai essentiellement du merveilleux pays dans lequel nous vivons... et du rôle de CBC/Radio-Canada, le radiodiffuseur public national.

Le mandat de CBC/Radio-Canada est
... d'offrir un espace public aux Canadiens où ils peuvent être informés et discuter des enjeux qui les touchent.

... de proposer un espace de rencontre où les Canadiens de toutes origines ethniques, religieuses et linguistiques peuvent goûter et rendre hommage à la diversité de leur nation.

... de montrer un visage du Canada dans lequel les citoyens de chaque région se reconnaissent.

Avant de poursuivre, j'aimerais vous présenter Robert Rabinovitch, président-directeur général de CBC/Radio-Canada, et souhaiter la bienvenue à Don Newman, premier rédacteur parlementaire, CBC National Television News; à Susan Murray, première courriériste parlementaire, CBC Radio; à Carl Bernier, animateur,Tous les matins du monde, la Radio de Radio-Canada et à Odette Gough, chef d'antenne, Ce Soir Ontario, la Télévision de Radio-Canada qui représentent certains des visages et des voix de CBC/Radio-Canada dans la capitale nationale.

Encore une chose... Bon nombre d'entre vous ont déjà appris que nous allions déménager dans un nouveau centre de radiodiffusion en 2004.

Essentiellement, le nouvel immeuble accueillera toutes les composantes médias, actuellement réparties dans cinq bâtiments dans la région de la capitale nationale.

Pour la première fois, les employés de la Radio, de la Télévision et des Nouveaux Médias, des réseaux français et anglais, seront réunis sous un même toit au cœur d'Ottawa... à une rue d'ici en fait.

Ce regroupement favorisera une plus grande collaboration entre ces composantes, qui facilitera le partage des idées, des ressources et des technologies, afin d'offrir plus que jamais un service de qualité à nos auditoires de la capitale nationale.

Nous attendons ce déménagement avec impatience, car il nous permettra de nouer des liens encore plus étroits avec la population d'Ottawa et avec le Canada tout entier... comme doit le faire tout radiodiffuseur public.

Venons-en maintenant au cœur du débat :

... Pourquoi avons-nous besoin de la radiodiffusion publique dans l'univers multichaînes d'aujourd'hui? à qui cela importe-t-il? Qu'apportons-nous aux vies des Canadiens que les chaînes américaines ou les réseaux privés canadiens n'apportent pas déjà?

Eh bien, je répondrais que nous constituons une plate-forme pour les voix canadiennes. Que ce soit en musique, au théâtre, au cinéma, dans des débats ou au cœur de l'actualité, ce sont des voix CANADIENNES qui s'expriment... Des voix qui devraient être entendues et reconnues non seulement ici, mais dans le monde entier.

Je pense que le Canada a quelque chose d'important à offrir au monde à ce moment particulier de l'histoire : nos valeurs, nos idées, notre talent... et notre expérience à titre de pays qui fait la part belle au bilinguisme et au multiculturalisme.

J'observe, comme vous, l'harmonisation des frontières, des mesures de sécurité et des initiatives politiques en Amérique du Nord, mais le domaine que l'on ne peut partager, c'est celui de la politique culturelle. On ne peut être une nation forte et indépendante sans savoir intimement et intensément qui nous sommes, ce que sont nos traditions, ce que sont nos valeurs et notre histoire.

C'est là que le rôle de la radiodiffusion publique prend tout son sens.

Le Canada n'est pas le seul à penser cela. Dans le monde entier, le caractère essentiel de la radiodiffusion publique est de plus en plus reconnu.

L'Angleterre est consciente de l'importance de la BBC... L'Australie, la France, la Belgique, l'Italie, le Japon, la Suisse et même les états-Unis... TOUS ces pays considèrent que la radiodiffusion publique est essentielle pour garantir l'identité nationale et la cohésion sociale.

Nombre de ces pays ont une histoire beaucoup plus ancienne que celle du Canada. Certains sont plus densément peuplés, d'autres plus homogènes du point de vue démographique. Aucun d'eux n'est aussi intimement lié que nous le sommes à la domination culturelle des états-Unis.

En d'autres termes... ce que j'essaie de dire, c'est qu'AUCUN de ces pays ne fait face aux défis qui se posent à nous en tant que nation qui tente de se faire entendre.

Aucun d'eux n'a autant besoin que nous d'un radiodiffuseur public.

Parlons maintenant de ma perception du rôle de CBC/Radio-Canada en ce début de siècle.

Depuis presque 70 ans à la Radio, 50 ans à la Télévision et presque dix ans dans Internet, CBC/Radio-Canada aide les Canadiens à se situer dans le contexte canadien et international.

Nous offrons des services en français, en anglais et dans huit langues autochtones à la radio, à la télévision, sur huit réseaux, trois chaînes spécialisées, un service audionumérique payant de 45 chaînes, un service de radio à ondes courtes qui émet dans le monde entier en sept langues, sans oublier Internet. Quand on regarde la Société dans son ensemble, on se rend compte que c'est une structure imposante et complexe.

... Et pourtant, tous ces services ne coûtent chaque année qu'environ 29 dollars par Canadien... c'est beaucoup moins que le prix de deux billets pour assister à un match des Sénateurs d'Ottawa.

En offrant ce service complet, nous devons nous assurer que notre programmation reflète le Canada dans toute sa diversité et sa complexité géographique et culturelle.

Pour cela, je crois que nous devons avant tout consolider notre production régionale, mettre l'accent sur les thèmes régionaux et raviver les liens quelque peu négligés avec les régions.

Nous devons aussi travailler à refléter la diversité culturelle du Canada actuel, non seulement en ondes, mais aussi parmi les employés, les membres de la direction et du Conseil d'administration.

Pour être tout à fait honnête avec vous... je vous dirais que près de 15 ans de compressions ont laissé des traces, surtout dans les régions... Depuis 1990, malgré nos responsabilités accrues en matière de radiodiffusion, nos crédits parlementaires d'exploitation, en dollars constants, ont chuté de 319 millions de dollars.

Les compressions ne sont malheureusement pas terminées... C'est l'une des grandes déceptions et des mauvaises surprises de mon mandat de présidente du Conseil de constater que notre budget ne cesse de diminuer... Je croyais vraiment que tout cela était derrière nous.

...Or, au printemps, le financement du Fonds canadien de télévision a été réduit de 50 millions de dollars sur deux ans, juste une semaine avant que CBC/Radio-Canada ait mis la dernière main à son budget pour l'exercice fiscal.

Le mois dernier, au milieu de l'année fiscale, on a confirmé que le budget de CBC/Radio-Canada serait encore amputé de dix millions de dollars.

Il faut mettre un terme à ces compressions en chaîne... surtout si nous voulons continuer à faire ce que les Canadiens attendent de nous.

L'ironie de cette situation, c'est que les compressions surviennent à un moment où le Comité du patrimoine canadien a produit un rapport qui soutient CBC/Radio-Canada... et qui dit en substance que nous jouons un rôle important, que nous devrions recevoir un financement adéquat et stable ... et que, par la même occasion, nous devrions accroître notre présence régionale et internationale.

J'adhère totalement à ces recommandations... et j'aimerais d'ailleurs vous faire part de quelques-unes de nos initiatives.

Depuis trois ans, la Société poursuit une initiative de renouvellement pour améliorer la valeur qu'elle représente aux yeux des Canadiens.

Nous avons renforcé notre excellence dans les secteurs nouvelles, jeunesse... sports.... arts... dramatiques et divertissement.

Nous sommes en train d'effectuer un retour aux sources pour ce qui constitue un radiodiffuseur public. Nous trouvons aussi de nouveaux modes de fonctionnement. Grâce aux activités de marchandisage, de gestion immobilière et au partage des ressources de programmation entre les composantes médias, nous avons réalisé des économies qui seront réinvesties dans une programmation d'une qualité encore supérieure.

Par exemple, en trouvant des locataires pour nos immeubles excédentaires de Toronto et de Regina, nous avons réalisé un surplus de 5 millions de dollars que nous allons réinvestir dans la programmation.

Pendant ce temps, nous continuons d'accumuler des succès au point de vue programmation :

  • Trudeau
  • Le Canada : Une histoire populaire (Canada: A People's History),
  • À hauteur d'homme et
  • The Trial of Louis Riel..

Toutes ces émissions ont fait l'unanimité chez les Canadiens qui veulent en savoir davantage sur leur pays.

C'est notre histoire. Ce sont nos traditions. Personne d'autre que nous ne les raconte.

émissions pour enfants
Aux familles qui recherchent un environnement sûr, sans publicité et à contenu éducatif pour leurs enfants, nous proposons une programmation enfants et jeunesse plus diversifiée, sans publicité. Ce n'est pas forcément ce que les réseaux privés proposeraient, mais c'est un choix qui s'inscrit dans notre mandat.

Sports
Notre programmation, notamment la couverture des Jeux olympiques, permet aux Canadiens, plus que ne le fait aucun autre radiodiffuseur canadien traditionnel, d'applaudir les athlètes du pays, et en particulier les jeunes sportifs amateurs.

Les arts
Nous restons l'instrument culturel le plus important au Canada pour favoriser l'épanouissement et la visibilité des arts et de la culture d'ici.

Nous mettons les Canadiens en présence de leurs orchestres, de leurs compositeurs et de leurs artistes... de leur théâtre, de leur comédie, de leur littérature et de leurs compagnies de danse, et ce, d'une manière unique par rapport aux autres médias... tant sur la scène nationale que régionale.

... En versant directement plus de 120 millions de dollars aux artistes et aux producteurs canadiens indépendants pour la commande, la production et la diffusion d'œuvres originales... notre Société est intimement liée aux institutions culturelles de ce pays.

Nous avons ramené le public à la radiodiffusion publique.

Mais, je crois que là où nous avons le rôle le plus évident à jouer, c'est dans le domaine des nouvelles et des actualités.

CBC/Radio-Canada est le seul organisme d'information au Canada qui est présent aux quatre coins du pays, dans les deux langues officielles.

...La Radio anglaise a des journalistes dans 48 communautés, dont six dans le Nord.

...La Télévision anglaise a des journalistes dans 33 communautés.

La Radio française a des journalistes dans 33 communautés.

La Télévision française a des journalistes dans 40 communautés.

Aucun autre radiodiffuseur canadien n'a autant de bureaux journalistiques et de journalistes à l'extérieur des grandes villes.

Nous sommes présents à Kelowna, en Colombie-Britannique, qui a été dévasté récemment par des incendies de forêt

... à Saguenay, où l'un des grands employeurs du Canada, Alcan, est en train de réaliser un investissement sans précédent

... à Brandon, où la sécheresse persistante menace le gagne-pain des gens

... et à Goose Bay, où CBC/Radio-Canada a attiré l'attention du public sur la misère des communautés autochtones aux prises avec des problèmes de drogue.

Également, nous présentons le monde dans une perspective canadienne.

Revenons encore une fois sur l'idée de la perspective canadienne sur le monde. Il est absolument impératif que nous ayons des journalistes canadiens pour nous relater des faits, des caméramans canadiens pour nous montrer des images, des analystes canadiens pour disséquer l'information et des politiciens canadiens pour répondre aux questions.

Une voix indépendante.

De Bagdad à New York, en passant par Tel Aviv et Washington, des professionnels chevronnés comme Patrick Brown, Neil MacDonald, Don Murray, David Halton, Paul Workman, Adrienne Arsenault, Michel Cormier, et jusqu'à récemment, Céline Galipeau, recueillent, vérifient et présentent des faits... aussi précisément et impartialement que possible... afin que les Canadiens puissent exercer leur propre jugement, comme ils le font depuis si longtemps...

...pendant l'insurrection en Hongrie et la crise de Suez dans les années cinquante... pendant la guerre du Vietnam dans les années soixante et soixante-dix... et dans les heures et les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001.

Le Téléjournal... The National ... CBC News: Disclosure... Canada Now... Matin Express... counterSpin... The Current... Tous les matins du monde.

Toutes ces émissions primées proposent des perspectives et des analyses qui permettent aux Canadiens de comprendre ce qui se passe dans leurs communautés, leurs régions et leur pays... et, de là, la place qu'ils occupent dans le monde.

Au pays, l'actualité est riche également : l'avenir des soins de santé, les conséquences de la ratification de l'Accord de Kyoto, les retombées de la guerre en Irak... Notre société a besoin d'une tribune pour le débat et l'analyse, d'un forum pour l'échange d'idées sur les choix et les solutions relatifs aux grands enjeux sociaux de l'heure.

Selon moi :
Cette entité DOIT être le radiodiffuseur public.
Cette entité DOIT être indépendante, et n'obéir à aucune considération politique, financière ou personnelle.

Fiable. Rassembleur. Canadien. Ces trois mots résument CBC/Radio-Canada.

Au cours des dernières années, les médias canadiens ont vécu une transformation rapide. Aujourd'hui, l'industrie est clairement dominée par des conglomérats moins nombreux, mais plus importants.

Comment ne pas s'inquiéter de cette réalité?

Sans choix, le public ne se fie plus à ce qu'on lui dit... Les citoyens perdent confiance dans leurs institutions.

C'est seulement en ayant accès à la gamme la plus variée de reportages et de sujets, traités selon différents points de vue, que les Canadiens seront en mesure de juger par eux-mêmes ce qui est important pour eux et d'avoir une opinion sur les enjeux qui touchent leur vie.

Le choix est aussi garant de l'intégrité journalistique. Les organismes d'information doivent tout mettre en oeuvre pour obtenir les comptes rendus les plus récents et les plus fiables sur l'actualité.

Pour les Canadiens, CBC/Radio-Canada représente une source d'information qui leur rend des comptes par l'intermédiaire du Parlement, d'un Conseil d'administration et des ombudsmans de la Société.

Grâce à nous, les Canadiens peuvent choisir de s'informer à une source exempte de pressions commerciales ou liées à la propriété, sans lien de dépendance avec le gouvernement.

Demain, je me joindrai à Robert Rabinovitch pour faire une présentation devant le Comité permanent du Sénat sur les transports et les communications, qui fait actuellement une étude sur les médias canadiens.

La position que nous défendons est claire :

Dans le monde d'aujourd'hui, CBC/Radio-Canada reste une institution culturelle canadienne essentielle. La Société joue un rôle crucial en appuyant et en finançant les arts et la culture du Canada... en préservant une tribune où s'expriment des points de vue canadiens sur les nouvelles et les actualités et en offrant un forum pour les thèmes canadiens et les valeurs canadiennes.

CBC/Radio-Canada est un membre essentiel de la grande famille canadienne.

En faisant le lien entre les Canadiens et avec le reste du monde... nous favorisons la compréhension entre les gens.

En soutenant l'accès aux arts, nous bâtissons une nation plus dynamique.

En entretenant la diversité culturelle, nous favorisons le Canada de l'intégration.

En présentant une voix indépendante, nous réalisons notre mission.

À l'heure où notre pays est à la croisée des chemins, j'espère qu'il réussira à préserver et à entretenir les valeurs qui le rendent unique aux yeux du monde... et ce que le monde lui envie.

Je crois que CBC/Radio-Canada a un rôle important à jouer dans cette aventure.

... Merci à tous.

Haut de la page






Confidentialité    Radio-Canada.ca    CBC.ca