Discours et interviews

le 10 décembre 2003

Les Nouveaux Médias et CBC/Radio-Canada : une solution qui s'impose

Notes de l'allocution de Robert Rabinovitch, PDG, CBC/Radio-Canada
World Electronic Media Forum (Forum mondial des médias électroniques)
Genève, Suisse
Séance III — Setting the World Agenda
Panel II — New Media Challenges to Mainstream Media

Introduction

Je crains d'avoir l'air d'un luddite, mais je ne sais pas pourquoi nous avons appelé certains de ces services Nouveaux Médias.

Dans les années 1950, de nombreuses personnes ont craint que la venue de la télévision entraînerait la disparition de la radio. On a également prédit à plusieurs reprises au cours du 20^e siècle que la radio détruirait la presse écrite.  

Pourtant, les gens lisent toujours les journaux tous les jours, et cinquante ans après la création de la télévision, la radio occupe toujours une place importante et elle est rentable. Elle s'est trouvée un créneau qui met en valeur ses atouts. 

Au cours des dernières années, les prédictions sur les médias électroniques et les nouveaux médias ont été tout aussi pessimistes. Les nouveaux médias devaient totalement révolutionner l'industrie des médias traditionnels. Et c'est ce qui s'est passé d'une certaine façon. 

De toute évidence, la révolution numérique a été telle qu'on l'avait prédit : nous évoluons dans un univers multichaînes et multi-plateformes, où les consommateurs ont le dernier mot.    

La technologie numérique a bouleversé la radiodiffusion comme on s'y attendait, mais elle nous a quand même réservé quelques surprises :

• La modification des habitudes de consommation a eu des conséquences économiques dramatiques sur notre industrie.
• Les auditoires, qui ont désormais plus de pouvoir, accordent davantage d'importance au contenu. Ils imposent certaines conditions; ils décident où et quand ils veulent le contenu de même que la façon dont ils le choisissent. Les nouveaux systèmes tels que le magnétoscope numérique libèrent les citoyens et leur permettent de décider ce qu'ils veulent regarder et à quel moment. 

Mais la popularité croissante des nouveaux médias n'a pas entraîné la débâcle des médias traditionnels dont on avait tant parlé.   

• Au Canada, par exemple, la consommation moyenne de la télévision par semaine a augmenté de deux heures, passant de 22 à 24 heures.  
• La portée et les cotes d'écoute de la radio publique au Canada n'ont jamais été aussi élevées depuis des décennies.
• La couverture des nouvelles n'a pas été remplacée par cette nouvelle technologie, mais elle a plutôt été améliorée. L'utilisation des services de nouvelles en ligne croît rapidement, et les médias « traditionnels » qui n'ont pas de sites Web sont très rares. En effet, Internet s'est avéré un complément nécessaire aux médias traditionnels, et non un substitut.

Plutôt que de précipiter leur déclin, les nouveaux médias ont propulsé de nombreuses entreprises médiatiques, qui sont devenues des conglomérats puissants avec des intérêts à tous les niveaux de la chaîne de valeurs des médias.

Ces entreprises utilisent les nouveaux médias pour atteindre de nouveaux auditoires de façon différente.

Je veux insister sur le fait que les nouveaux médias n'ont pas modifié ni remplacé les médias traditionnels. Les nouveaux médias sont un ajout et enrichissent les médias traditionnels; ils leur lancent un défi et les forcent à changer, mais ils ne les ont pas éliminés.

APPROCHE DU SERVICE DES NOUVEAUX MÉDIAS DE CBC/RADIO-CANADA

La situation à CBC/Radio-Canada n'est pas différente.

Nous percevons les Nouveaux Médias comme une façon d'enrichir le contenu.

Nous aussi, nous avons investi dans une grande variété de plateformes nouveaux médias. 

• Sur le Web, les sites CBC.ca et radio-canada.ca sont parmi les fournisseurs d'informations et de nouvelles les plus importants au pays.
• Nous sommes également devenus un fournisseur de premier plan de manchettes sur appareils sans fil.
• Nous atteignons également des auditoires plus jeunes au moyen de sites innovateurs et interactifs.

Par ailleurs, nous utilisons les technologies des Nouveaux Médias pour recycler le contenu sur nos nombreuses plateformes et favoriser une meilleure collaboration entre nos composantes médias.  

Un exemple qui illustre bien cette réalité est notre couverture de la guerre en Irak.

Bon nombre de nos journalistes ont présenté leurs reportages en anglais et en français, à la Radio, à la Télévision et aux Nouveaux Médias, ce qui nous a permis de tirer profit au maximum de notre investissement colossal de façon à toucher les auditoires où et quand ils le voulaient.

Les technologies des Nouveaux Médias permettent également à CBC/Radio-Canada de mieux utiliser les processus de production, d'information, de partage de nouvelles et de travail dans tous les secteurs de la Société.  

Grâce aux technologies de pointe, nos journalistes sont maintenant en mesure de déplacer du contenu entre les médias, c'est-à-dire de la télévision à la radio, en passant par Internet, d'un simple clic de souris.   

Cette méthode de travail nous permettra non seulement d'enrichir notre contenu, mais également de maximiser davantage notre investissement. Nous pourrons ainsi faire la collecte des nouvelles de façon plus intégrée et plus efficace.

Il y a encore plus de changements à venir — la révolution de la voix sur IP ne fait que commencer. Nous n'avons pas encore entièrement exploité le potentiel des technologies sans fil, telles que les technologies Wi-Fi, et nous n'avons pas testé le potentiel de ces nouvelles technologies partout dans le monde.

Ces plateformes multimédias permettront d'améliorer nos méthodes de travail et d'enrichir le contenu, mais il est également possible qu'elles creusent davantage le fossé numérique. Nous avons tous la responsabilité de nous assurer que ces technologies améliorent la vie de tout le monde.

CONCLUSION

Il ne fait aucun doute que les médias électroniques forcent les médias traditionnels à voir l'industrie sous un nouvel angle. Mais c'est un défi, et non une menace.  

CBC/Radio-Canada utilise les nouveaux médias pour atteindre ses auditoires et joindre de nouveaux auditoires au moyen de contenus plus attrayants que jamais sur un plus grand nombre de plateformes.  

C'est ce que doivent faire tous les radiodiffuseurs pour réussir dans le paysage médiatique concurrentiel actuel en pleine mutation.

Mais il ne faut pas croire que la rapidité avec laquelle la nouvelle technologie nous permet de faire la collecte de nouvelles remplacera l'évaluation et l'analyse de l'information. La technologie nous permet d'être des analystes informés, mais elle ne remplace pas l'analyse et l'évaluation intelligentes.