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le 16 novembre 2005

L'ère du contenu

Notes d'allocution de Robert Rabinovitch, Président-directeur général, CBC/Radio-Canada, à la World Electronic Media Forum II, Séance I, à Tunis (Tunisie).

(Priorité au discours prononcé)

Les défis auxquels font face les radiodiffuseurs aujourd'hui ressemblent de façon frappante à ceux qu'ont dû relever les journaux dans les années vingt à la naissance de la radio, à ceux qui ont guetté la radio dans les années cinquante aux débuts de la télévision et à ceux qui ont menacé la presse écrite, la radio et la télévision dans les années quatre-vingt-dix devant la déferlante d'Internet.

Aujourd'hui, en 2005, on peut télécharger des vidéoclips, des émissions télévisées et des courts métrages sur un baladodiffuseur, une nouvelle technologie qui révolutionne le modèle de distribution du contenu auprès des consommateurs. Moyennant des frais minimes, on peut regarder, le lendemain matin, sur son baladodiffuseur, les émissions diffusées la veille.

Chaque annonce clamant l'émergence d'un nouveau média puissant s'accompagne de l'annonce plus confidentielle de la disparition des médias existants. Et pourtant, la fin annoncée ne se concrétise jamais. Les journaux abondent. La radio ne s'est jamais aussi bien portée. Et la télévision est vivante, et bien vivante.

L'histoire nous montre que les nouveaux médias provoquent effectivement le changement, mais que leurs prédécesseurs ressortent de cette expérience souvent plus forts, plus souples et plus créatifs. Les médias survivent et s'épanouissent souvent dans un état de perpétuelle évolution créé par la coexistence non pacifique et toujours concurrentielle entre l'ancien et le nouveau.

Aujourd'hui, rien n'a changé. Bien sûr, le cycle d'innovation a pris de la vitesse. Bien sûr, la révolution numérique a permis la formation d'un univers à chaînes et à plateformes multiples, où le choix est résolument entre les mains du consommateur. Un monde où vous pouvez lire la nouvelle ou la regarder quand bon vous semble et non quand un rédacteur en chef des nouvelles le décide. Valeur, choix et vitesse constituent le nouveau mantra de la révolution technologique. Les modèles d'utilisation ont radicalement transformé le visage économique de la radiodiffusion et nous obligent à repenser nos modes de fonctionnement.

Même si le contexte change, la recette du succès reste la même : nous devons considérer l'innovation technologique comme une chance et non comme une menace; nous devons comprendre que tout passe par le contenu et que le consommateur joue un rôle essentiel dans la définition de ce contenu.

La technologie n'est pas une fin en soi : elle est un moyen. Pour les radiodiffuseurs, il s'agit de diffuser du contenu plus rapidement, de meilleure qualité, à moindre coût et de façon plus accessible. Pour le public, il s'agit d'obtenir du contenu plus rapidement, de meilleure qualité, à moindre coût et de façon plus accessible. On veut plus de souplesse : c'est ce que je veux, quand je le veux.

Pour nous radiodiffuseurs, les nouvelles technologies nous permettent d'utiliser de meilleurs processus de production, de partage de l'information et de travail. Toutefois, nous devrions concentrer nos efforts sur la manière d'utiliser la technologie pour proposer du contenu palpitant à nos auditoires quand, où et comme ils le veulent.

Les radiodiffuseurs doivent de plus en plus être disposés à prendre des risques et avoir du ressort, et à offrir à leurs auditoires une qualité de programmation qu'ils ne pourront pas trouver ailleurs. Mais étant donné la diminution de l'auditoire des médias traditionnels et la réduction des marges, les radiodiffuseurs ne sont pas vraiment encouragés à prendre des risques. Ils jouent plutôt la carte de la prudence.

Qui peut prendre des risques en programmation? Les radiodiffuseurs publics le peuvent, car ils ont la souplesse que les radiodiffuseurs privés n'ont pas pour faire preuve d'audace. C'est là aussi que le défi le plus important se pose. Celui de s'assurer que tous les publics sont servis et bien servis. Nous devons nous assurer que la technologie ne sert pas seulement les intérêts des consommateurs, mais qu'elle nourrit également les attentes plus élevées des citoyens. C'est pour cela que nous sommes réunis ici aujourd'hui.

À la base, l'innovation technologique nous permet au quotidien d'améliorer l'efficacité et la rentabilité des activités de radiodiffusion. Mais, sur une plus grande échelle, l'innovation technologique, de par sa vocation créative, nous permet de répondre à des questions pratiques – dont bon nombre seront sûrement abordées ici – comme celle de savoir comment toucher des auditoires existants et nouveaux grâce à un contenu plus fascinant, diffusé sur un nombre sans précédent de plateformes.

La révolution de la diffusion à large bande nous donne l'occasion de démocratiser davantage nos médias, de les diversifier encore plus, d'en faire une partie intégrante de notre quotidien et une source d'inspiration culturelle. En même temps, même s'il est évident que les nouvelles plateformes peuvent améliorer et enrichir l'expérience médiatique des consommateurs et par là, leur vie, nous risquons aussi de creuser le fossé numérique.

Le changement est une constante en effet, mais son rythme ne cesse d'augmenter. Nous sommes au beau milieu de la révolution que constitue le système vocal sur Internet, et déjà l'arrivée de la télévision sur Internet se profile à l'horizon. Nous n'avons pas encore développé le plein potentiel des technologies sans fil. Et nous n'avons pas encore réalisé, et encore moins exploité, le véritable potentiel de ces nouvelles technologies à l'échelle de la planète.

Ce forum vient souligner l'importance de la technologie. Il constitue aussi – et surtout peut-être – l'occasion de partager nos connaissances et nos idées dans le but de résorber la fracture du numérique et de trouver des moyens de permettre un accès large et équitable à la technologie et, à travers lui, à un contenu culturellement riche et significatif, un contenu qui joue un rôle dans la culture et la responsabilité sociale, un contenu qui peut constituer l'une des pierres angulaires de la démocratie.

C'est véritablement la responsabilité partagée des gouvernements et des radiodiffuseurs publics et privés du monde entier. Nous savons d'expérience que des médias forts et solides sont essentiels à la démocratie, à la liberté d'expression et à l'enrichissement de la vie des citoyens. Il nous incombe d'aller au-delà de ce qui a déjà été fait et de trouver des stratégies qui permettront aux médias, nouveaux et traditionnels, de tirer parti de ces nouvelles technologies et de s'épanouir dans le kaléidoscope médiatique actuel, et ce, pour le bénéfice de tous.

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