Les quelques 25 millions d'électeurs de la République démocratique du Congo (RDC) ont commencé à voter, dimanche, au second tour du premier vote présidentiel libre en plus de 40 ans.

Dans la capitale Kinshasa et à Matadi, dans le sud-ouest du pays, une pluie diluvienne ralentissait toutefois le flot des électeurs. La Commission électorale indépendante envisageait une prolongation du vote pour ces sites.

Dans la province de l'Équateur, dans le nord-ouest du pays, un affrontement a fait au moins un mort et un blessé, selon la Mission de l'ONU en RDC (MONUC). Plusieurs personnes auraient saccagé un bureau de vote, affirmant avoir vu un responsable électoral qui apportait des bulletins déjà remplis en faveur d'un candidat.

Le scrutin, au cours duquel les électeurs doivent aussi choisir leurs députés provinciaux, est surveillé par 40 000 observateurs nationaux, 1100 observateurs internationaux et 200 000 témoins de partis politiques.

Pour assurer la sécurité générale, 80 000 policiers congolais, 17 600 Casques bleus de l'ONU et 1400 soldats européens ont été déployés dans tout le pays. Le chef de la MONUC, William Swing, a estimé qu'il s'agissait des élections les plus importantes sur le continent africain depuis celles qui ont mis fin à l'apartheid en Afrique du Sud, en 1994.

Kabila en tête

Un partisan du candidat à la présidentielle de la RDC Joseph Kabila

Photo: AFP/Issouf Sanogo

Joseph Kabila est le favori d'après les sondages.

Les deux candidats à l'élection présidentielle, le président sortant Joseph Kabila et le vice-président sortant Jean-Pierre Bemba, ont lancé un appel au calme, en réaction aux affrontements des derniers jours entre leurs partisans respectifs. Ils se sont engagés à promouvoir l'acceptation des résultats.

M. Kabila a remporté le premier tour du 30 juillet dernier avec 45 % des voix. Selon les derniers sondages, il bénéficierait de l'appui de près de la moitié des électeurs pour le second tour. Le président sortant a aussi reçu l'appui d'un troisième candidat, Antoine Gizenga.

Les résultats provisoires du deuxième tour seront dévoilés d'ici le 19 novembre.

Coûteux conflit

Les élections de dimanche doivent parachever un processus de paix et de transition qui a mis fin à une guerre de cinq ans (1998-2003).

Le développement de cet immense pays d'Afrique centrale, disposant de richesses minières considérables, a été entravé depuis des décennies par la violence, la corruption et les pillages.

Le dernier conflit a engendré une crise sanitaire qui a causé la mort de 4 millions de personnes, victimes pour la plupart de la famine et des maladies. Environ 1200 personnes périssent encore chaque jour au pays, principalement dans l'est, théâtre de viols et de pillages perpétrés par des milices armées et des groupes rebelles.

GÉOGRAPHIE

La République démocratique du Congo est le troisième pays d'Afrique, derrière le Soudan et l'Algérie, avec une superficie de 2,3 millions de km2.

RELIGIONS

Les catholiques représentent entre 41 et 50 % de la population, les protestants 32 % et les musulmans de 1,2 à 10 %. Les religions animistes traditionnelles sont largement répandues.

ÉCONOMIE

La situation économique s'est considérablement détériorée depuis les années 1980, la guerre déclenchée en 1998 ayant fortement réduit la production nationale et les recettes gouvernementales, et aggravant du même coup la dette extérieure.

En 2004, le PIB représentait 6,6 milliards de dollars, le taux de croissance annuel s'élevait à 6,3 % et le taux de l'inflation à 5,9 %.

HISTOIRE RÉCENTE

Le chef d'état-major Mobutu prend le pouvoir par un coup d'État contre le premier président du Congo indépendant, Joseph Kasa-Vubu. En 1971, il donne le nom de Zaïre au pays, au fleuve et à la monnaie. Il gouverne jusqu'en 1997.

Laurent-Désiré Kabila renverse Mobutu et rebaptise le pays avant d'être tué par un garde du corps en 2001. Il est remplacé par son fils Joseph.

Août 1998: Des rebelles soutenus par le Rwanda et l'Ouganda prennent les armes contre le président Laurent Kabila, un an après que ces deux pays l'eurent porté au pouvoir. Les rebelles enregistrent des succès importants. Le Zimbabwe, la Namibie et l'Angola envoient des troupes au secours de Kabila et arrêtent les insurgés aux portes de Kinshasa.

Septembre 2001: Après un cessez-le-feu de deux ans, des combats éclatent entre rebelles pro-rwandais et forces acquises au gouvernement.

Décembre 2002: Les belligérants congolais signent un accord de paix à Pretoria après plusieurs séries de négociations infructueuses.

2 avril 2003: Les factions belligérantes signent un accord créant une constitution provisoire et donnant naissance à un gouvernement de transition, prélude à des élections démocratiques.

18 décembre 2005 : Le Congo tient un référendum sur la constitution.

30 juillet 2006: Élections présidentielles et législatives.

20 août 2006: Un second tour est annoncé dans le scrutin présidentiel entre le président sortant Joseph Kabila et le vice-président Jean-Pierre Bemba, ancien rebelle.

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