National Gallery of Canada - Musée des beaux-arts du Canada
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Art moderne
Gustav Klimt
Autriche 1862 - 1918
Espoir I 1903
huile sur toile
La collection d’art moderne retrace l’évolution de l’art international de 1900 aux années 1970. Présentée sur deux étages, la collection débute par des peintures et des sculptures qui témoignent de la succession rapide des mouvements d’avant-garde caractéristiques de l’art européen du début du XXe siècle et qui sont exposées au deuxième étage dans plusieurs salles après la suite chronologique des salles d’exposition de l’art européen. La suite est ponctuée par une salle magnifique dont les murs hauts de dix mètres créent un cadre idéal pour l’exposition des œuvres réalisées dans les années 1950 et 1960 par les grands artistes américains de l’expressionnisme abstrait. Les tableaux, sculptures et installations des artistes américains et européens des années 1960 et 1970 sont présentés dans les spacieuses salles d’art contemporain du premier étage.

Les œuvres symbolistes de la fin du XIXe siècle inaugurent la collection d’art moderne. L’artiste belge James Ensor peint ses étranges et fantastiques sujets dans le tableau Squelettes à l’atelier (1900). Dans Espoir I (1903), l’artiste viennois Gustave Klimt révèle la dimension profondément symbolique et visionnaire de sa peinture dans laquelle il exprime le combat de la vie et de la mort et sa foi dans la pérennité de la vie. L’emploi de couleurs pures est la marque des artistes surnommés les Fauves, comme en témoignent le groupe de paysages comprenant Les écluses à Bougival (1908) de Vlaminck, Paysage au bord de la mer : la Côte d’Azur près d’Agay (1905) d’André Derain et Le port d’Anvers (1906) de Georges Braque. L’artiste hollandais Kees van Dongen reprend leurs couleurs vives pour un effet spectaculaire dans son Souvenir de la saison de l’Opéra Russe (1909), qui commémore la célèbre saison de 1908 des Ballets russes de Diaghliev à Paris. Quoique Henri Matisse soit le chef de file des Fauves, son Nu au canapé jaune (1926) appartient à une période plus tardive dans laquelle le nu féminin sensuel, vigoureusement modelé et campé dans un décor esthétique, prend le pas sur la recherche avant-gardiste. Dans des sculptures comme Grosse tête, Matisse se montre tout aussi absorbé par l’étude de la forme. Figure majeure de l’École de Paris, qui réunit des artistes de plusieurs pays, l’artiste bellarusse Marc Chagall peint de riches images folkloriques dans Souvenir de ma jeunesse (1924) et La tour Eiffel (1934)

Les tableaux cubistes de Georges Braque et de Pablo Picasso, réalisés de 1909 à 1914, modifient radicalement le cours de l’art européen et américain du XXe siècle. Dans son merveilleux tableau, Le verre d’absinthe (v. 1910 1911), peint durant cette première période critique, Braque emploie une palette de gris et de bruns et une structure quadrillée pour analyser les objets d’une nature morte traditionnelle, parvenant presque à l’abstraction complète. On reconnaît le sujet davantage dans le tableau cubiste synthétique, Le guéridon (1919), dans lequel Picasso a réalisé une composition unifiée à partir de fragments abstraits d’objets. L’influence du cubisme sur les autres artistes est manifeste dans la sculpture en pierre de Jacques Lipchitz, Figure assise (1917), et dans le tableau, Le pianiste (1914-1915), de l’artiste russe Liubov Popova. Son effet est également manifeste dans l’échafaudage abstrait de lignes qui forme l’arrière-plan du tableau de Fernand Léger, Le mécanicien (1920).

Le cubisme incite d’autres artistes à adopter un vocabulaire géométrique purement abstrait : El Lissitzky conçoit son tableau Proun 8 Stellungen (Proun 8 positions) (1923) comme le modèle d’une réalité nouvelle, alors qu’avec la grille de Composition no 12 avec du bleu (1936-1942), Piet Mondrian vise la beauté et l’universalité par un équilibre dynamique de forces opposées. Les œuvres d’artistes américains comme Marée montante (1944) d’Arthur Dove, Amour calciné II (1946) d’Arshile Gorky, Yachts (1950) de Lyonel Feininger et le mobile Jacaranda (1949) d’Alexander Calder, témoignent de la diversité des styles et des philosophies au sein du vocabulaire de l’art abstrait. Le surréalisme, qui cherche à représenter la réalité des rêves et de l’inconscient, amalgame réalisme et abstraction dans des œuvres aussi énigmatiques que Gala et l’Angélus de Millet précédant l’arrivée imminente des anamorphoses coniques (1933) de Salvador Dali et Perspective : Madame Récamier d’après David (1951) de René Magritte, ou dans le monde privé évoqué par L’hôtel Éden (1945) de Joseph Cornell ou la suggestive Sculpture cyprienne (1951) de Jean Arp. Les artistes dada sont les iconoclastes du début du XXe siècle et brisent même les règles et les conventions de l’art moderne. C’est dans cet esprit qu’en 1913, Marcel Duchamp invente le « ready-made » pour proclamer la primauté de l’acte intellectuel de choisir sur les compétences techniques de l’artiste. Le Musée possède dans sa collection un ensemble complet des ready-mades de Marcel Duchamp (recréés par l’artiste en 1964), qu’il présente tour à tour.

Fernand Léger
Argentan 1881 - 1955
Le Mécanicien 1920
huile sur toile


Sucession de F. Léger/ADAGP (Paris) SODRAC (Montréal) 2002

Voix de feux (1967) de Barnett Newman est au cœur de l’imposante galerie au plafond surélevé où sont présentées les œuvres des artistes de l’expressionnisme abstrait et de l’école de New York. Commandé pour le pavillon américain de l’Expo 67 à Montréal, le tableau haut de 18 pieds est exposé avec trois autres œuvres de Newman : la sculpture Ici II (1965), ainsi que les tableaux La voie I (1951) et Arête jaune (v. 1968). La collection comprend également une œuvre remarquable de Jackson Pollock, No 29, 1950, un tableau exécuté sur verre pour le film documentaire de Hans Namuth sur l’artiste, sans oublier Wagon (1963-1964) de David Smith, une sculpture en acier soudé sur roues.

L’art britannique de la première moitié du XXe siècle est présenté dans les galeries latérales adjacentes. Ces œuvres proviennent en grande partie de deux dons majeurs : la Collection des souvenirs de guerre canadiens remise au Musée par lord Beaverbrook et son comité en 1921, et le don subséquent en 1946 de la Collection Massey de peintures britanniques, comprenant plus de 75 œuvres d’artistes importants du début du XXe siècle, réunies par Vincent Massey et son épouse Alice, lorsque Massey occupait le poste de haut-commissaire en Grande-Bretagne de 1935 à 1946. Parmi les œuvres remarquables, mentionnons Nature morte (Abélard et Héloise) (1950) de Ben Nicholson, Solstice du tournesol (1945) de Paul Nash et Grande pergola à la vigne (1948) de Graham Sutherland. Le Musée a enrichi ces dons fondamentaux par l’acquisition de deux chefs-d’œuvre de l’art britannique moderne, soit Étude pour Portrait no 1 (1956) de Francis Bacon, un portrait frappant d’après le Portrait d’Innocent I de Velásquez, et Femme couchée (1930) d’Henry Moore, où la figure humaine est une éloquente métaphore du paysage. Dans la galerie latérale adjacente, des installations périodiques de dessins et d’estampes du XXe siècle alternent avec des œuvres de la collection d’art asiatique.

La présentation de l’art moderne se poursuit dans les salles d’art contemporain du premier étage où une grande partie des œuvres est exposée par rotation afin de mettre en valeur la diversité des mouvements artistiques internationaux des années 1960 et 1970. Une galerie est consacrée en permanence au pop art américain : ainsi, la culture populaire manifeste son attrait dans le style panneau d’affichage de Peinture pour le Noir américain (1962-1963) de James Rosenquist, dans le décor à la mode d’un motel de la côte Ouest de Ensemble de chambre à coucher (1963) de Claes Oldenburg, dans la banalité de l’action du Poste d’essence (1963) de George Segal et dans l’imagerie de supermarché des emblématiques Boîtes Brillo d’Andy Warhol (1964). La sculpture minimaliste américaine est une force spécifique  de la collection et comprend un très grand nombre d’œuvres de Donald Judd, typiquement fabriquées de matériaux industriels, tels du fer galvanisé ou du contreplaqué, disposés ou empilés dans des formations non hiérarchiques. Parmi les œuvres exceptionnels d’autres artistes minimalistes, mentionnons 144 carrés de cuivre (1944) de Carl Andre et Le trois nominal (à Guillaume d’Ockham) (1963) de Dan Flavin. Présenté en permanence, Dessin mural no 623 (1990), une vaste fresque de l’artiste conceptuel Sol LeWitt, peinte directement sur les murs du Musée par une équipe de dessinateurs qui ont fidèlement suivi les directives de l’artiste, illustre la célèbre maxime de l’art conceptuel formulée par LeWitt : l’idée, c’est la machine qui fait l’œuvre.  

Salvador Dali

 

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