| Salle de vidéo B209 Cette exposition présente deux œuvres vidéographiques d'une durée d'environ 75 min : Double Blind (1992), de Sophie Calle et Gregory Shepard, et Yes Sir, Madame (1994) de Robert Morin. Les concepts de dédoublement et de dualité sont au centre des deux productions. La caméra joue un rôle essentiel en influençant le comportement des protagonistes, qui effectuent eux-mêmes le tournage, et en agissant comme support du journal de bord des personnages et miroir de leurs actions Dans Double Blind, Calle et Shepard traversent les États-Unis en voiture dans le but d'aller se marier à Las Vegas. Le fait que le mariage soit le produit d'un véritable engagement ou simplement un projet artistique conçu pour la caméra perd de sa pertinence à mesure que la relation entre les deux artistes se développe. Au cours du voyage, ces derniers se filment mutuellement et enregistrent leurs propres pensées intimes. Shepard chuchote en anglais pour que Calle ne l'entende pas, tandis que celle-ci parle en français, langue que Shepard ne comprend pas. Les séquences tournées furent éventuellement montées et assemblées, et l'histoire censément enrichie pour produire un journal de voyage et un double portrait vidéographique. Yes Sir, Madame nous fait voir Robert Morin, créateur de vies imaginaires qui semblent plus étranges que la fiction, à son meilleur. Il y interprète le personnage principal, un réalisateur bilingue qui est élu député au gouvernement de Brian Mulroney après plusieurs mésaventures. Le protagoniste filme des moments clés de sa vie, à commencer par les funérailles de sa mère, avec une caméra que celle-ci lui a léguée. En raccordant les bobines les unes aux autres, le personnages tente de rassembler les morceaux de sa propre existence. La narration, doublée en anglais et en français, est une explication des événements que Morin s'adresse à lui-même. Le personnage tente ainsi de réconcilier les deux cultures linguistiques qui cohabitent en lui, tout en poursuivant son propre questionnement existentiel. Ce vidéo constitue un autoportrait d'une profondeur considérable en même temps qu'une réflexion sur la politique canadienne, vue par les yeux d'un individu.
Commissaire: Janice Seline, conservatrice associée des arts médiatiques, MBAC
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