Site d'information sur la pêche du hareng

Lettre à l’éditeur du journal The Guardian – Le 28 janvier 2005

Région du Golfe
C.P. 5030
Moncton (Nouveau-Brunswick)
E1C 9B6

Le 28 janvier 2005

The Guardian
Charlottetown (Î.-P.-É.)

Monsieur le rédacteur en chef,

La présente est en réponse au commentaire du ministre Kevin MacAdam que vous avez publié le 12 janvier dernier concernant la pêche du hareng à l'Île du Prince Édouard.

M. MacAdam déclare que " l'enjeu fondamental vise la protection de la pêche à l'Île-du-Prince-Édouard et nécessite le rétablissement légitime de la ligne qui se situait à 25 brasses et de la zone d'exclusion dans la pêche au hareng. C'est cela et rien d'autre. " (Traduction)

Je suis navré de toute la confusion qui entoure ce dossier fort complexe. Il n'y a jamais eu de ligne d'exclusion pour une longue période à 25 brasses au nord-est de l'Î.-P.-É. qui aurait des incidences sur la pêche d'automne actuelle des senneurs.

Les lignes et les zones d'exclusion sont établies pour diverses raisons; parfois, c'est une question de conservation de la ressource, d'autres fois c'est pour régler un conflit lié aux engins de pêche. La première ligne d'exclusion des senneurs pour la zone au nord-est de l'Î.-P.-É. - souvent appelée la ligne des 25 brasses - a été en vigueur entre 1978 et 1983, mais uniquement de la mi-août à la mi-septembre, période où le hareng venait frayer le long de la côte. Or, à l'heure actuelle, les senneurs exploitent la pêche du hareng d'automne en dehors de la période de frai, soit de la mi-octobre jusqu'en novembre. Donc, la supposée réglementation de la ligne des 25 brasses n'aurait plus d'incidence sur eux à compter de la mi-septembre.

Par suite de rajustements apportés en 1983-1984, la zone d'exclusion a été appliquée à longueur d'année, mais a aussi rétréci. Aucune préoccupation particulière n'a été soulevée par les pêcheurs de l'Île avant 1999, année où quelques senneurs ont commencé à jeter leurs filets près de la côte nord-est de l'Î.-P.-É.

En 2002, après avoir consulté les senneurs et les pêcheurs côtiers, le ministère des Pêches et des Océans (MPO) a élargi la zone d'exclusion à peu près jusqu'à la limite des 17 brasses. Ensuite, en 2003, il a fait quelques légers rajustements afin de tenir compte des préoccupations exprimées par les pêcheurs côtiers de l'Île. En 2004, le MPO a encore élargi la zone jusqu'à la ligne des 20 brasses. Les senneurs exploitent aussi une pêche de faible envergure dans la zone des 17 à 20 brasses afin d'y recueillir des données pour le MPO dans le cadre d'une étude scientifique.

À toutes fins pratiques, il s'agit là de la plus grande zone d'exclusion qui n'ait jamais été imposée aux senneurs durant la pêche automnale.

La composante des reproducteurs d'automne du golfe, l'une des deux composantes en litige, est plus forte qu'elle ne l'a été en deux décennies. Les débarquements de hareng à l'Î.-P.-É. ont doublé depuis le début des années 1990. En ce qui concerne la côte nord-est, le rapport Surette sur le conflit dans la pêche du hareng (http://www.dfo-mpo.gc.ca/surette/Index_f.htm) indique que les débarquements par les pêcheurs au filet maillant dans le cadre de la pêche à la rave en début d'automne ont connu une hausse d'environ 50 pour cent entre 2001 et 2003, malgré le fait que les senneurs aient été plus près des côtes pendant leur pêche de fin d'automne destinée au marché du hareng en filets.

Malgré la hausse des débarquements des pêcheurs de rave de hareng, certains pêcheurs côtiers de la côte nord-est de l'Île déclarent avoir de plus en plus de difficulté à capturer du hareng au printemps, comme poisson d'appât. La biomasse de la composante du hareng du printemps est présentement inférieure à la moyenne. Nous prenons très au sérieux les préoccupations des pêcheurs côtiers et nous allons continuer d'évaluer les prises par unité d'effort. Il est toujours possible d'établir de nouvelles restrictions, peu importe le type d'engin, mais seulement lorsque de telles mesures sont jugées nécessaires et raisonnables.

M. MacAdam dit également que la côte de la Nouvelle-Écosse est à l'abri des senneurs sur une distance de 25 milles. Cette déclaration n'est pas exacte. Une ligne de démarcation des anses a été créée en 1995 afin de protéger les stocks côtiers locaux situés à l'est de la pointe Baccaro, le long de la côte de la Nouvelle-Écosse. Cette limite d'interdiction est très proche de la côte.

La ligne des 25 milles comme on l'appelle avait été créée pour séparer le stock de 4VWX du stock des hauts-fonds situé dans la zone de pêche du hareng 20. Par la suite, il a été décidé de fermer le secteur entre la ligne de démarcation des anses et la ligne des 25 milles, mais seulement dans la zone 20 pendant la migration du hareng des frayères aux aires d'hivernage dans la baie Chedabucto. Dans d'autres zones de pêche du hareng, les senneurs peuvent mouiller leurs engins très près des côtes.

Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de répondre et j'apprécie grandement l'intérêt de votre journal pour la conservation des ressources halieutiques.

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Original signé par

L'honorable Geoff Regan
Ministre des Pêches et des Océans