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Site d'information sur la pêche du hareng

Pêche du hareng : conservation de la ressource et règlement équitable du litige

Depuis 1999 sévit un conflit qui oppose des centaines de pêcheurs côtiers de l'Île du-Prince-Édouard à une poignée de grands senneurs du Nouveau-Brunswick. Cette année, après des mois de discussions, on remarque des progrès.

Les cinq senneurs qui pêchaient au large de la côte nord-est de l'Î.-P.-É. se sont déplacés plus loin en mer. On leur a toutefois accordé d'exploiter une pêche à petite échelle aux fins scientifiques, dans une zone intermédiaire, avec des observateurs à bord. Cette pêche axée sur la recherche devrait favoriser le règlement partiel du conflit entre les deux parties.

Toutefois, une solution à long terme exigera une bonne dose de compréhension et de bonne volonté. L'émotivité et le ressentiment qui caractérisent les relations entre les deux groupes de Canadiens me dérangent beaucoup en tant que ministre. Je présente donc le bilan suivant dans l'espoir de fournir des faits utiles au public et ainsi réduire l'écart entre les deux parties.

Trois questions se chevauchent dans ce conflit. Est-ce que la pêche actuelle menace la conservation du hareng? Est-ce que les pêcheurs de l'Î.-P.-É. obtiennent leur juste part de la ressource? Est-ce que les sennes endommagent l'habitat du homard?

Conservation

La conservation de la ressource doit passer avant toute autre considération. Des milliers de pêcheurs et de travailleurs d'usine des Maritimes dépendent du hareng du Sud du golfe pour gagner leur vie.

Les débarquements de hareng à l'Î.-P.-É. sont deux fois plus importants qu'ils ne l'étaient à la fin des années 1980. En 1989, les pêcheurs côtiers insulaires ont débarqué environ 4400 tonnes (t) de hareng à l'Î.-P.-É. Récemment, les débarquements de ces mêmes pêcheurs étaient de 11 000 t à 19 000 t, pour une valeur de 2,7 à 4,6 millions de dollars. Si l'on regroupe les Maritimes et le Québec, les débarquements de hareng du Sud du golfe se situent en général depuis quelques années à entre 58 000 t et 72 000 t et donnent une valeur globale au débarquement de 14 à 17 millions de dollars. En plus d'être à la base d'une solide industrie, le hareng est un important poisson fourrage d'autres espèces.

Le hareng du Sud du golfe du Saint-Laurent comprend une composante de reproducteurs du printemps et une composante de reproducteurs d'automne. Des recherches sous plusieurs formes sont menées sur les deux composantes : échantillonnage et surveillance des prises et de l'effort de pêche, relevés acoustiques et relevés de pêche, rapports des observateurs qui accompagnent les pêcheurs, et sondages téléphoniques réguliers auprès des pêcheurs.

Les scientifiques et la plupart des pêcheurs s'entendent pour dire qu'à l'heure actuelle, la composante de géniteurs du hareng d'automne est à un niveau élevé. Par contre, depuis quelques années, la plupart des zones ont enregistré une baisse de l'abondance des géniteurs du printemps, qui représentent environ dix pour cent des débarquements annuels. Nous suivons d'ailleurs de près l'état de cette composante du stock.

Le hareng d'automne fraie à des dizaines d'endroits le long de la côte, la frayère la plus productive étant le banc Miscou près de la baie des Chaleurs. La grande majorité des prises de la pêche du hareng du Sud du golfe est composée de géniteurs d'automne.

Méthodes de pêche

Quel engin de pêche favorise le mieux la conservation de la ressource : le filet maillant utilisé par les petits bateaux de l'Île-du-Prince-Édouard et d'innombrables collectivités côtières, ou la senne utilisée par les cinq grands bateaux du Nouveau-Brunswick?

La pêche au filet maillant se pratique dans les eaux côtières peu profondes, sur des frayères connues où le hareng retourne brièvement chaque année pour se reproduire. Les bateaux de pêche au filet maillant, qui mesurent souvent autour de 40 pieds de longueur, exploitent habituellement d'autres espèces, comme le homard, à d'autres temps de l'année.

Ceux qui s'opposent à la présence des filets maillants sur les frayères s'appuient sur trois grands arguments. Ils disent que les filets maillants font obstacle au hareng juste au moment où il donne la vie, que de nombreux poissons capturés dans les mailles tombent du filet, ce qui contribue à l'encrassement du fond marin, et que parfois les filets sont perdus et continuent à capturer du poisson (pêche fantôme). Pourtant, la pêche au filet maillant est pratiquée dans de nombreuses régions du monde entier depuis des siècles. Une pêche contrôlée assortie d'une limite de capture raisonnable ne semble poser aucun problème.

Les cinq senneurs exploitent la pêche dans plusieurs zones du Sud du golfe du Saint-Laurent, habituellement plus au large, et leur saison est plus longue. À la fin de l'automne, lorsque la pêche au filet maillant est terminée, les senneurs capturent un mélange de hareng provenant de tout les coins du golfe, puisque des individus de plusieurs secteurs se mélangent alors qu'ils se nourrissent et entreprennent leur migration hivernale en dehors du Sud du golfe.

Au début, la pêche à la senne était pratiquée encore plus loin en mer. Depuis la fin des années 1990, on observe que le poisson en migration automnale se tient beaucoup plus près des côtes dans l'ensemble du Sud du golfe, y compris dans la zone entre East Point et Naufrage. Les senneurs ont commencé à pêcher dans cette zone et à débarquer leurs prises à Souris, dans le cadre de leur pêche d'automne. Or, les grands senneurs qui sont beaucoup plus grands qu'un bateau de pêche côtière ordinaire de l'Î.-P.-É., ont provoqué du remous parmi la population locale.

La senne coulissante encercle le poisson au moyen d'un grand filet tournant, rattaché à des bouées qui flottent en surface. Puis, utilisant de longues cordes, les pêcheurs emprisonnent le poisson en ramenant les deux extrémités de la senne ensemble pour faire une bourse. Les opposants disent que cette méthode est moins sélective que le filet maillant puisqu'elle capture les poissons de toutes les tailles, et que l'énorme capacité de capture des sennes est une menace en soi.

Les gestionnaires de la pêche et la plupart des intervenants de l'industrie jugent les deux méthodes de pêche - le filet maillant et la senne - comme étant acceptables, à condition d'en faire un usage limité sous surveillance. Cela me semble raisonnable, puisque les senneurs et les fileyeurs travaillent côte à côte ailleurs au Canada depuis des siècles.

Juste part pour tous

Les quotas donnent aux fileyeurs accès à la grande majorité du hareng du Sud du golfe, environ 77 pour cent. À l'Î.-P.-É., les fileyeurs capturent deux fois plus de hareng que les senneurs. En 2004, les senneurs ont capturé 4586 t de hareng au large de la côte est de l'Île et les pêcheurs côtiers en ont capturé environ 11 000 t dans les eaux côtières autour de l'Île.

Ces allocations représentent un important changement depuis le début des années 1970, alors que quelque 65 senneurs dominaient la pêche. Au fil des années, et pour plusieurs raisons, le ministère fédéral des pêches a réduit la flottille de senneurs. Aujourd'hui, cette flottille limitée demeure essentielle au bien-être économique de centaines de travailleurs d'usine qui produisent du hareng de consommation, contrairement aux fileyeurs dont la plupart des prises servent à la préparation de rave de hareng.

Il n'est jamais facile de répartir des quotas de pêche. Chaque secteur y va de ses solides arguments au sein des comités consultatifs de l'industrie. Les questions comme l'historique de pêche, la proximité des pêcheurs aux bancs de poisson, l'équité et les avantages socio-économiques viennent compliquer les choses davantage. Un fait indéniable demeure : les pêcheurs côtiers qui exploitent le hareng du Sud du golfe, y compris la flottille de l'Î.-P.-É., ont la part du lion puisqu'ils détiennent 77 % du quota.

Dommage à l'habitat

La senne coulissante endommage-t-elle l'habitat du homard? Les senneurs disent que, contrairement aux dragues utilisées pour le poisson de fond ou le pétoncle, leur engin de pêche ne touche jamais le fond marin, puisque les capitaines craignent que cela pourrait déchirer la senne. Des activités de surveillance antérieures ont démontré que les prises accidentelles de homard sont rares.

Malgré cela, les propriétaires de petits bateaux se plaignent que les senneurs capturent du homard et endommagent son habitat. Nous avons proposé des activités de recherche afin de régler cette question.

Cette année, les senneurs du Nord-Est de l'Î.-P.-É. se sont éloignés des côtes, quittant la ligne des 17 brasses en faveur de la ligne des 20 brasses. Cela représente généralement une distance supplémentaire de 1,5 à 3 kilomètres de la côte. Il ne reste plus dans la zone des 17 à 20 brasses qu'une pêche à des fins scientifiques que le MPO surveille de très près afin de déterminer si les sennes ont une incidence sur le fond marin.

Depuis l'automne 2004, chaque bateau senneur pêchant au large de la côte nord est de l'Î.-P.-É. transportait à son bord un observateur dûment formé qui était chargé de consigner les prises et les régimes de pêche. Les pêcheurs situés des deux côtés du litige ont convenu d'accepter les résultats de l'étude qui va s'échelonner sur trois ans.

Des règlements limitent déjà les prises des senneurs dans chaque zone, leur interdisant même l'accès à certains endroits, notamment le détroit de Northumberland. Les senneurs ne peuvent pas non plus pêcher au-delà du Cap-Breton. Pourtant, comme le signalent les représentants des senneurs, les thoniers de l'Î.-P.-É. pêchent souvent au large de la côte sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Les senneurs se plaignent d'être assujettis à des règlements rigoureux, et ils ne sont plus que cinq alors qu'ils ont déjà été 65.

Néanmoins, nous surveillons cette pêche de très près. Il est encore possible d'imposer d'autres restrictions, mais il faudra d'abord avoir des preuves claires et solides de leur nécessité.

Entre-temps, j'espère que toutes les parties et que tous les membres du public intéressés uniront leurs efforts aux miens pour tenter de régler ce litige de façon équitable pour toutes les parties visées, en se basant sur les faits.

(Pour obtenir plus de renseignements, consulter le site Web du ministère des Pêches et des Océans, Région du Golfe, à l'adresse : http://www.glf.dfo-mpo.gc.ca/fm-gp/herring-hareng/index-f.html.

Ministre Geoff Regan
Pêches et Océans Canada
Gouvernement du Canada