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Poissons et vies aquatiques

Le monde sous-marin

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La crevette nordique

La pêche de la crevette, dans l'est du Canada, a connu un essor rapide au cours des dix dernières années et occupe maintenant le quatrième rang quant au volume total de production des mollusques et crustacés, après celle du homard, du pétoncle et du crabe. Cette croissance s'est manifestée plus spécialement dans les régions côtières nordiques grâce au progrès technologique, à l'exploitation de nouvelles zones de pêche et au maintien sur le marche de prix avantageux.

Par ailleurs, les anciennes industries de la crevette implantées en Alaska et dans le golfe du Maine sont à leur déclin à cause de la diminution des populations de crevettes.

La crevette nordique appelée aussi crevette rose, (Pandalus borealis) est la plus importante sur le plan commercial parmi plus de trente espèces de crevettes que l'on rencontre dans le nord-ouest de l'Atlantique canadien. Une proche parente, la crevette rose à rayures (Pandalus Montagui) fait l'objet de prises accidentelles de proportions variables mais, plus récemment, on a localisé de vastes concentrations de cette espèce en certains endroits dans la partie est du détroit d'Hudson et dans la baie d'Ungava.

Description

La crevette appartient à une classe animale connue sous le nom de crustacés, qui comprend le homard, le crabe et l'écrevisse. Elle est constituée d'une dure enveloppe extérieure (exosquelette), de pattes articulées et, comme la plupart sont aquatiques, elle respire au moyen de branchies. La crevette nordique est de couleur rose vif, possède une paire de grands yeux à facettes et peut atteindre des tailles de 15 à 16 cm. La coque (la carapace) couvrant la tête et le thorax se transforme en une longue structure incurvée, appelée rostre, qui a la forme d'un sabre et est hérissée de nombreuses épines sur les deux côtés.

Plusieurs espèces de crevettes, y compris la crevette nordique, sont bonnes nageuses. Les appendices de la queue (abdomen), appelés pléopodes, se meuvent tels des avirons et confèrent à l'animal une mobilité d'une surprenante agilité sur de longues distances, tant sur un plan vertical qu'horizontal. La queue opère également un mouvement de flexion brusque qui permet le déplacement rapide sur de courtes distances comme moyen de dérobade en cas d'urgence.

Répartition

L'on rencontre la crevette nordique à la fois dans les océans Atlantique et Pacifique. Dans l'Atlantique du Nord-Ouest, elle vit dans une zone aussi méridionale que le golfe du Maine et s'étend vers le nord jusqu'au détroit de Davis. La répartition est continue à travers l'est du Groenland et l'Atlantique du Nord-Est, y compris les mers de Norvège, de Barents et la mer du Nord. À l'ouest de l'océan Pacifique, elle est répartie des eaux au large du Japon jusqu'à la mer de Bering et, à l'est, des les Aléoutiennes en direction du sud jusqu'aux côtes de Washington et de l'Oregon.

Le golfe du Saint-Laurent, les bancs de la Nouvelle-Écosse, les détroits du Labrador et de Davis constituent sur les côtes de l'Est canadien les principales zones de capture. Les concentrations de crevettes roses à rayures que l'on a découvertes récemment dans la partie est du détroit d'Hudson et dans la baie d'Ungava n'ont pas fait l'objet d'une pêche organisée sur une base régulière, mais leur potentiel économique est manifeste.

La température des eaux de l'Atlantique du Nord-Ouest, où ces crevettes nordiques évoluent en grand nombre, varie généralement de 2 à 6°C. En certains endroits, ces exigences isothermiques limitent leur répartition à des profondeurs supérieures à environ 180 mètres. La taille dépend aussi de la profondeur des eaux avec pour effet que les individus de plus grande taille se rencontrent généralement en quantités plus considérables en eaux plus profondes. Ces crevettes semblent préférer les endroits où le fond est mou et vaseux.

Les mouvements migratoires sont de deux types, l'un horizontal et l'autre vertical. La migration horizontale semble être saisonnière et se produit lorsque les femelles oeuvées se deplacent vers des eaux moins profondes (à l'intérieur des limites naturellement imposées par la température), où elles se rencontrent souvent en populations denses. Après l'éclosion des oeufs, la répartition se fait habituellement moins dense. La migration verticale se produit quotidiennement puisque les crevettes ont l'habitude de quitter le fond marin pendant la nuit et de se diriger selon un mouvement ascendant dans la masse d'eau, probablement en quête de petite crustacés pélagiques qui composent une partie de leur alimentation.

Cycle biologique

Un hermaphrodite est un organisme doté d'organes de reproduction des deux sexes. La protérandrie se dit de la condition hermaphrodite par laquelle les organes génitaux mâles se développent et entrent en fonction avant les organes génitaux femelles. La crevette nordique présente un hermaphrodisme protérandrique ce qui signifie simplement qu'elle évolue sexuellement en tant que mâle, subit une courte période transitoire d'inversion sexuelle, et passe le reste de son existence à l'état de femelle. En certains endroits, des individus peuvent évoluer directement de l'état immature au sexe femelle.

Dans les eaux canadiennes orientales, le frai s'effectue tard au cours de l'été et à l'automne et les oeufs demeurent attachés aux appendices abdominaux de la femelle jusqu'au printemps suivant. Une femelle de taille moyenne transporte environ 1,700 oeufs. Ces derniers se développent au cours de la période d'incubation (ovifère) et éclosent sous forme de larves ayant peu de ressemblance avec les individus adultes. Ces larves se laissent dériver entre deux eaux près de la surface, où elles se nourrissent d'organismes minuscules de plancton. Après quelques mois, elles commencent à passer plus de temps près du fond marin et à ressembler davantage aux adultes.

La plupart des crevettes demeureront au stade d'immaturité tout au long de la deuxième année et atteindront la maturité sexuelle mâle au cours de la troisième année. En général, le passage à l'état femelle s'effectue au début de la quatrième année, suivi de la maturation des ovaires, de l'accouplement et du frai. Les femelles peuvent frayer durant une ou plusieurs années successives et vivent jusqu'à l'âge de cinq ans ou plus. En des endroits où la température de l'eau atteint la limite inférieure du seuil de tolérance, la croissance et la maturation sont ralenties tandis que le cycle de vie à tendance à s'allonger.

Afin d'assurer sa croissance, la crevette doit, à intervalles réguliers, perdre sa dure enveloppe extérieure selon un processus appelé mue (ecdysis). Au moment où elle se glisse hors de sa vieille carapace, son corps absorbe de l'eau et augmente de volume avant que la nouvelle enveloppe molle ne commence à durcir. Au cours de cette période, la crevette devient une proie facile pour les prédateurs. La croissance, comme telle, à lieu entre les temps de mue (intermue), au fur et à mesure que l'eau absorbée fait place au tissu organique. La dynamique de la croissance et de la mue ralentit avec l'âge. Chez la femelle, le processus se poursuit uniquement lorsque celle-ci n'est pas oeuvée.

Durant le jour, la crevette nordique se nourrit sur le fond marin de proies variées telles que annélides, petits crustacés, détritus et plantes de fond. Les petits crustacés pélagiques tels les copépodes et les euphasides (krill) sont probablement les proies favorites de la crevette lorsqu'elle entreprend sa migration nocturne ascendante au sein de la masse d'eau.

D'autre part, les crevettes font aussi partie de l'alimentation de plusieurs espèces de poissons, en particulier le flétan du Groenland (turbot) et la morue. On en a déjà retrouvées dans les estomacs des phoques du Groenland.

La pêche

La pêche de la crevette dans le golfe Saint-Laurent a débuté au milieu des années 1960 dans la région de Sept-Iles (Québec). Depuis lors, les pêcheries se sont développées sur la côte ouest de Terre-Neuve vers la fin des années 1960 et au début des années 1970 et, dans le secteur nord de l'île d'Anticosti, au milieu des années 1970.

En 1977, des bateaux du Nouveau-Brunswick ont pris part à une pêche de peu d'envergure sur le plateau Scotian et de grands chalutiers ont exploré de nouvelles concentrations de crevettes découvertes dans les détroits de Hopedale et de Cartwright au large de la côte du Labrador. Des bateaux de plus fort tonnage ont étendu l'effort de pêche dans la zone du détroit de Davis en 1979 et, en 1980, une pêche à la crevette rose à rayures plutôt restreinte et de faible importance a été réalisée dans la partie est du détroit d'Hudson et dans la baie d'Ungava.

Les chalutiers prenant part à ce type de pêche capturent les crevettes au moyen de chaluts à panneaux de petit maillage. La taille des bateaux et des filets varie selon le genre de pêche. Sur la côte ouest de Terre-Neuve, on utilise de petits chalutiers de pêche arrière (inférieurs à 20 m de longueur) pour les expéditions n'excédant pas une journée ou deux, alors que les navires du Québec et du Nouveau-Brunswick sont généralement plus gros, capables de remorquer d'immenses chaluts et concus pour rester en mer plus longtemps. Les plus gros chalutiers hauturiers dans la mer du Labrador et le détroit de Davis sont équipés de très grands chaluts et peuvent séjourner en mer au-delà d'un mois. La capture fréquente de poissons de fond sur les petits chalutiers de pêche arrière complète parfois la prise des crevettes.

Les débarquements de crevettes nordiques sur la côte est du Canada sont passés de moins de 2,000 tonnes métriques (t) au début des années 1970 à environ 15,000 t au cours de la période 1979-1981. Le produit est débarqué sous diverses formes. Les crevettes entières, fraîches ou fraîchement congelées, sont souvent envoyées au port pour y être cuites et décortiquées. Certains des plus gros chalutiers hauturiers sont équipés pour la cuisson et le décorticage à bord et livrent un produit de haute qualité.

La valeur des débarquements de crevettes est donc variable et difficile à apprécier. En 1979, toutefois, on evaluait à environ 13 millions de dollars la valeur des débarquements de crevettes sur la côte est du Canada.

Les stocks de crevettes nordiques de Sept-Iles (Québec), et de Port-au-Choix sur la côte ouest de Terre-Neuve sont présentement exploitée à leur plein potential. Les zones de pêches situées autour de l'île d'Anticosti, au sud du golfe Saint-Laurent, et sur le plateau connaissent une importance croissante au fur et à mesure que cette industrie progresse. Les bancs de crevettes au large du Labrador et dans le détroit de Davis sont pleinement exploités, où les taux de captures s'avèrent économiquement viables. Cependant, le potentiel exploitable que recèle la crevette rose à rayures dans la baie d'Ungava et dans la partie est du détroit d'Hudson n'a pas encore été démontré.

Recherche et gestion des ressources

Le contrôle des ressources de crevette nordique s'effectue par le truchement de campagnes de recherches et d'échantillonnage des prises commerciales. Les statistiques de production des espèces de crevettes et de poissons sont enregistrées et font l'objet d'observations détaillées quant à la distribution selon la taille, le sexe, la maturité et la production d'oeufs. Ces données fournissent une information indispensable sur la répartition géographique et l'abondance de la ressource, sur les effets d'une sur-exploitation et ses conséquences sur l'environnement ainsi que sur le potentiel de cette industrie dans un proche avenir.

La recherche est présentement axée sur la détermination des âges, l'établissement des taux de mortalité, l'influence de paramètres environnementaux tels que la température et les courants et enfin les rapports avec les prédateurs les plus importants, en particulier, le flétan du Groenland et la morue.

Les informations obtenues dans le cadre de la recherche et des sondages au niveau des pêcheries, ont permis de dégager des prévisions de rendement (que l'on peut espérer stables pour les années à venir). Le total des prises admissibles a été recommandé, en conséquence, pour la plupart des zones de pêche au large des côtes du Labrador et du détroit de Davis. Dans les régions nordiques, le nombre de participants à cette industrie a également été limité et une réglementation quant au calibre des filets a été imposée afin de permettre aux crevettes de petites tailles et moins commercialisables de s'échapper. L'accès aux pêcheries dans la région du golfe Saint-Laurent a également été restraint, principalement afin de favoriser des retombées économiques acceptables pour tous les participants.

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Dernière mise à jour : 2006-06-06

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