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la plie canadienne

La plie canadienne (aussi appelée plie) est sans doute le plus abondant des poissons plats de l'Atlantique nord-ouest, et elle est devenue l'une des plus importantes espèces commerciales de poisson de fond. Avec la nouvelle zone de 200 milles, la pêche de la plie a évolué en une pêche canadienne presque exclusive. Au Canada, la pêche de la plie canadienne se fait surtout sur les Grands Bzncs; les deux tiers des poissons débarqués par chalutiers à Terre-Neuve pendant les dix dernières années proviennent de là. La plie canadienne est aussi pêchée commercialement en d'autres endroits et l'espèce se retrouve dans toute la région du nordouest de l'Atlantique.

En poids total au débarquement des poissons de toutes les espèces de l'Atlantique nord-ouest, l'ensemble des poissons plats se classe au deuxième rang, après la morue. Et la plie canadienne constitue environ 50 pour cent des débarquements de poissons plats.

Depuis l'élargissement de la limite des eaux canadiennes et suite à l'intensification du contrôle des ressources halieutiques, la plie semble se faire plus nombreuse, surtout sur les Grands Bancs. Dans la passé, des pays intéressés seulement à la morue, pour le salage, auraient pêché et rejeté de grandes quantités de plie, surtout de petite taille non commerciale. De plus, il était impossible de vérifier la justesse des débarquements déclarés. Ces dernières années, toutefois, la pêche de la plie est devenue une entreprise presque totalement canadienne, donc mieux contrôlée.


Sujets abordés :


Description

La plie canadienne (Hippoglossoides platessoides) est un poisson plat, ayant le corps comprimé latéralement, reposant et nageant sur un côté. Au moment de l'éclosion dans les eaux de surface, le fretin nage de façon normale. Au cours de son développement, quant il s'établit sur le fond, un changement dans la structure de son corps a lieu. Une modification complexe de la structure squelettique de la tête l'amène à nager et à reposer sur le côté. Le côté supérieur (qui porte maintenant les deux yeux) est pigmenté, tandis que le côté inférieur est ordinairement blanc. La plie a presque toujours les yeux sur le côté droit du corps. La bouche est grande, et l'angle de celle-ci est placé sous le milieu de la pupille. Le corps est recouvert de petites écailles, la nageoire caudale est arrondie et la ligne latérale est droite, sauf pour un arc peu prononcé au-dessus des nageoires pectorales. Le côté oculaire est rougeâtre ou brun grisâtre, tandis que le côté aveugle est blanc.


Répartition

Cette espèce est répartie sur les deux côtés de l'Atlantique nord; la population européenne constitue probablement une sous-espèce de la population nord-américaine. Dans l'Atlantique nord-ouest, elle fréquente les eaux allant du Groenland occidental jusqu'au golfe du Maine. Cette figure illustre la répartition générale sur la côte est du Canada et démontre la présence répandue de cette espèce dans toute la région. Elle est probablement le poisson plat le plus abondant dans l'Atlantique nord-ouest. Elle se concentre en particulier dans la moitié nord des Grands Bancs.

Répartition générale de la plie canadienne dans l'Atlantique nord-ouest

Même si elle est considérée comme une espèce d'eau froide, la plie peut tolérer de grands écarts de température. Elle est retrouvée à des températures variant de -l.5°C à 5°C et à des profondeurs allant des eaux côtières à 700 m. Toutefois, elle préfère les eaux dont la température varie de tout juste au-dessous de zéro à 1.5°C environ, à des profondeurs de 90 à 250 m. Évidemment, la plie retrouvée dans les eaux plus profondes vit à des températures plus élevées. À noter que les plus grosses prises sont ordinairement obtenues entre 125 à 200 m, à des températures de -0.5 à 1.0°C.


Frai

Sur presque toute leur aire de répartition, les plies femelles commencent à frayer à l'âge de huit ou neuf ans, quand elles atteignent une longueur de 30 cm (dépendant de l'endroit). Toutefois, la plupart d'entre elles ne frayent pas avant l'âge de 11 ans (40-45 cm). D'autre part, quelques mâles sont sexuellement matures dès l'âge de 3 ans, quand ils mesurent de 15 à 20 cm (dépendant de l'endroit). Toutefois, les plies mâles n'atteignent habituellement la maturité qu'à l'âge de six ans (25-30 cm).

La plie pond de grandes quantités d'oeufs. Ainsi, une plie longue de 40 cm produit en moyenne 250,000 à 300,000 oeufs, tandis qu'une plie de 65 à 70 cm produit 1,500,000 oeufs. Le frai et la fertilisation des oeufs ont lieu près du fond ou sur le fond: les oeufs fertilisés remontent ensuite dans les eaux de surface où ils flottent et où l'éclosion a lieu.

Aucune frayère spécifique n'a été localisée pour cette espèce; il semble que le frai se fasse partout. Ceci n'exclut pas qu'à certains endroits diverses conditions de l'environnement, comme le type de fond, la température et la profondeur, favorisent le frai.

La plie canadienne fraie au printemps, dès le début d'avril au Bonnet flamand et sur les Grands Bancs méridionaux, et à la fin de mai et au début de juin au large du Labrador.

Carte des divisions de l'OPANO et des principaux emplacements des stocks de plie canadienne

Le temps écoulé entre la fertilisation et l'éclosion des oeufs varie considérablement selon la température de l'eau des couches supérieures. Ainsi, les oeufs et les larves en développement peuvent dériver sur de longues distances avant que le fretin ne s'établisse sur le fond.


Âge et croissance

La croissance de la plie est plutôt lente. On détermine l'âge en comptant les anneaux des os de l'oreille (otolithes). Les anneaux foncés sont formés quand les conditions de l'environnement et les ressources alimentaires sont défavorables, période où la croissance est lente. Les anneaux moins foncés seraient le résultat de conditions plus favorables, permettant une croissance plus rapide.

Tout comme les conditions de l'environnement et les ressources alimentaires, le taux de croissance de ces poissons est très variable. La figure suivante démontre la longueur moyenne de la plie canadienne à différents endroits de la région Terre-Neuve-Labrador. Ainsi, la plie de la partie nord-est des Grands Bancs mesure 32 cm, en moyenne, à l'âge de 10 ans, tandis que dans la partie sud-ouest, elle mesure environ 45 cm. Seules les femelles sont représentées dans les courbes de croissance de la figure. Les plies mâles sont plus petites que les femelles, à partir de l'âge de six ans environ, et ne vivent pas aussi longtemps. La plie canadienne du golfe Saint-Laurent (division 4T) et de la plate-forme Scotian (divisions 4V, 4W et 4X) a un taux de croissance inférieur à ce qu'indique la courbe pour la partie sud-ouest des Grands Bancs. Des plies aussi âgées que 25 ans ont été capturées, mais dans les stocks fortement exploités, l'âge enregistré ne dépasse habituellement pas 20 ans.

Comparaison de la taille, à un âge donné, de la plie canadienne de quatre différents endroits.


Nourriture

Les alevins se nourrissent de plantes et d'animaux minuscules vivant dans les couches d'eau supérieures. La diète des petites plies, sur le fond, change au fur et à mesure qu'elles grandissent et que la taille de la bouche permette l'ingestion d'une plus grande variété de proies. Les plies adultes se nourrissent de bérets basques, d'ophiures, d'animaux ressemblant aux crevettes, de vers marins appelés polychètes et de poissons, particulièrement le capelan et le lançon. De fait, ce dernier compose la plus grande partie de la diète de la plie à certains endroits.
Même si l'habitat naturel est le fond ou près du fond de l'océan, la plie quitte souvent le fond, surtout la nuit, sans doute à la poursuite de sa proie, dont le capelan.


Gestion de la pêche

Aux fins de gestion, la plie canadienne du secteur canadien de l'Atlantique nord-ouest est divisée en six stocks. De plus, il existe un autre stock dans la région du Banc Georges en Nouvelle-Angleterre. Un stock de poisson est défini comme un groupe distinct de poissons d'une espèce particulière retrouvé dans une zone particulière. Il découle de ce concept que toute activité de pêche d'un stock (d'une espèce particulière) n'a que peu ou pas d'effet sur un autre stock. Ainsi, une pêche intensive de la plie sur les Grands Bancs n'aura aucun effet sur la population du Banc de Saint-Pierre ou sur le plateau continental au nord-est de Terre-Neuve (division 3K de l'OPANO). Même si les limites des stocks ne sont pas tout à fait définies, il semble certain que le petit stock de plie du Bonnet flamand soit distinct de celui des Grands Bancs. Les stocks de la plate-forme Scotian et du golfe Saint-Laurent sont aussi presque à coup sûr distincts de celui du Bonnet flamand, étant donné sa position géographique.

La plie canadienne est sédentaire, au moins au stade adulte, et l'étiquetage n'a pas révélé de migration appréciable. La plupart des poissons étiquetés ont été repêchés à moins de 30 milles du site d'étiquetage, même après 7 ou 8 ans.

Les unités de stock utilisées pour la gestion de la plie, et presque toutes les pêches dans l'Atlantique nord-ouest, sont délimitées par les sous-zones et les divisions de l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest (OPANO). Afin de déterminer la grandeur des populations de poissons, il est nécessaire de connaître les quantités pêchées des populations de poissons, il est nécessaire de connaître les quantités pêchées pendant un certain nombre d'années. Les prises ont été notées par plusieurs bureaux de statistique pour chaque division de l'OPANO.


Les stocks de plie canadienne de l'Atlantique nord-ouest sont les suivants :

1.Sous-zônes 2 (divisions 2G, 2H, 2J) et division 3K (Labrador, et Terre-Neuve nord-est)

2.Divisions 3L, 3N et 3O (Grands Bancs)

3.Division 3M (Bonnet flamand)

4.Sous-division 3Ps (Banc de St-Pierre).


Les stocks sont inventoriés chaque année pour déterminer le taux d'exploitation possible par la pêche. Certaines données biologiques et statistiques sont requises à cette fin. Celles-ci comprennent, pour chaque stock, la quantité de poissons pris chaque année, une estimation précise de l'effort de pêche, la quantité de jeunes poissons qui peuvent être pêchés, et une estimation du taux de mortalité naturelle suite à la prédation et à la maladie. À partir d'échantillons tirés des débarquements de pêche commerciale tout le long de la saison de pêche, on recueille des données sur la longueur et le poids des poissons et sur le nombre d'individus pêchés par classe d'âge (on détermine l'âge à partir des otolithes). En connaissant le poids moyen de chaque poisson pris, il est possible de calculer le nombre des prises à partir du poids total débarqué. Ces quantités totales peuvent ensuite être réparties par classe d'âge selon la proportion des classes d'âge des échantillons. À partir de ces données, la quantité totale de poissons de chaque stock peut être estimée en utilisant les modèles mathématiques appropriés.

En établissant le niveau d'exploitation possible, ou total des prises admissibles (TPA), les biologistes ont comme objectif de permettre au stock de se maintenir à un niveau soutenable de façon continue. On considère aussi le niveau du stock qui doit être maintenu pour produire une prise suffisante par unité d'effort déployé, et qui soit viable économiquement.


La pêche

Une grande partie de la plie canadienne est pêchée par la flottille des chalutiers hauturiers. Toutefois, de 3,000 à 4,000 tonnes métriques (t) sont aussi prises par les pêcheurs côtiers utilisant des filets maillants, surtout sur les côtes est et nord-est de TerreNeuve. De petites quantités sont en outre prises à l'aide de sennes danoises et écossaises. Toutes les plies sont filetées, et presque toute la production canadienne est vendue congelée. Comme l'indique le tableau 1, environ 73,000 t de plies ont été débarquées sur la côte est du Canada en 1980; les plus grosses prises provenaient des Grands Bancs (divisions 3LNO).

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Dernière mise à jour : 2006-06-06

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