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Chapitre 5
Procédures d'application du
principe d'aucune perte nette
Le principe d'
aucune perte nette témoigne de l'effort renouvelé du
ministère des Pêches et des Océans pour garantir que les
avantages socio-économiques
que retirent les Canadiens de la
capacité de production des
habitats du poisson et des
ressources halieutiques connexes soient conservés au fil des ans.
L'application de
ce principe ne signifie pas l'arrêt de tous les ouvrages et entreprises
ayant lieu
dans l'eau et à proximité, ni la prise de mesures déraisonnables
concernant la
conception et la réalisation de ces projets. Les déchets liquides,
par exemple,
continueraient d'être déversés dans les
zones de pêche canadiennes après un traitement adéquat
contre les effets nocifs; on
continuerait aussi d'aménager des ports de plaisance et des installations
portuaires en choisissant des endroits et des plans acceptables. L'exploitation
minière et de nombreuses
activités entraînant l'utilisation des ressources terrestres et
aquatiques
auraient lieu
dans le cadre de contrôles environnementaux visant à protéger les habitats
du poisson. Il
serait bon cependant d'évaluer chaque projet, grand ou petit, au stade
de la planification,
à l'aide, si possible, d'un processus existant, afin de déterminer si
ses
incidences sur les
habitats du poisson réduiraient la capacité de ces derniers
de
maintenir les ressources halieutiques. Si le projet devait entraîner une perte
nette
d'habitat productif, le Ministère examinerait les mesures à prendre pour
respecter
le principe d'aucune perte nette conformément à la hiérarchie de
préférences suivante.
Les plans et objectifs de gestion des stocks, lorsque disponibles, sont toujours
l'une des principales considérations du Ministère lorsqu'il s'agit de
décider où appliquer ce principe et quelles contre-propositions seraient acceptables
pour l'atteinte d'aucune perte nette. Par exemple, le Ministère
pourrait, dans certaines circonstances, atteindre ses objectifs de gestion en considérant
strictement le stock de poisson. Les préférences ci-après font référence à ces
circonstances. En d'autres cas, par exemple la gestion d'espèces qui
séjournent seulement dans des lacs, le principe peut être conçu comme l'atteinte
d'aucune perte nette dans une région géographique donnée (voir le
paragraphe 5 de la section 2.2.1).
Lorsque les ressources halieutiques ou leur habitat sont menacés par un projet
d'aménagement ou une activité, le Ministère suit une hiérarchie de préférences
dans son application du principe d'
aucune perte nette
de la capacité de production.
- Pour l'application du principe d'
aucune perte nette,
la priorité du Ministère sera de maintenir, sans interruption, la
capacité de production
naturelle de l'habitat en question en évitant toute perte ou perturbation dans le
secteur du projet. Cette préférence prend toute son importance chez les communautés qui
dépendent de certains stocks de ressources. Pour ce faire, on encourage le promoteur à
repenser la conception du projet, à choisir un autre emplacement ou à employer des techniques
fiables pour atténuer les dommages éventuels, par exemple en installant un équipement
adéquat de lutte contre la pollution.
- S'il s'avère impossible ou peu pratique de maintenir la
capacité de production
de l'habitat de la façon décrite ci-dessus, le Ministère peut alors
étudier différentes options compensatoires. Il faut d'abord déterminer les
possibilités d'une compensation en nature, c'est-à-dire le remplacement de
l'habitat naturel à l'endroit des travaux ou à proximité. Si cela
s'avère impossible, on peut peut-être considérer ensuite d'implanter ailleurs
l'habitat de remplacement ou d'augmenter la productivité de l'habitat
existant du stock perturbé, si des techniques fiables existent. Les options
compensatoires ne sauraient constituer un moyen de traiter le problème de la pollution et
de la contamination chimique; il faut installer et opérer des moyens techniques fiables
pour atténuer ces problèmes dès le commencement.
- Dans les rares cas où il est techniquement impossible d'éviter
d'endommager les habitats ou de compenser la perte d'habitat, le Ministère
doit considérer des mesures de compensation telles que la production
artificielle afin de renforcer les stocks :
- si cette solution s'accorde avec les objectifs du plan local de pêcherie, le cas
échéant;
- si certains facteurs génétiques et autres facteurs biologiques sont couverts; et
- s'il existe des techniques pratiques et fiables.
- Les promoteurs devront assumer les coûts liés à la prestation d'installations ou
à la prise de mesures pour atténuer ou compenser les dommages éventuels visant les
ressources halieutiques, de même que les coûts d'exploitation et d'entretien
de ces installations.
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Pour appliquer ce principe d'
aucune perte nette
et parvenir à la conservation de l'habitat, le Ministère doit, en vertu d'accords de
coopération entre ministères, utiliser les procédures établies de présentation de
projets et d'évaluation et d'examen en matière d'environnement et
d'énergie chaque fois que possible. Le Ministère fait généralement ses examens en
respectant les six étapes suivantes (figure 2), mais il est certain que plus le projet
est important, plus il faut consacrer de temps et d'effort aux étapes II, III et V.
Étape I - Avis :
Les demandes d'information et d'approbation concernant des ouvrages et entreprises
faisant usage de ressources aquatiques ou se trouvant à proximité seront portées
à l'attention du Ministère de la façon suivante: a) systèmes de référence entre
organismes; b) demandes de renseignements du promoteur; c) demandes de renseignements
des personnes intéressées; d) annonce publique du projet; et e) réponse à des
demandes de renseignements que le ministère des Pêches et des Océans adresse
aux promoteurs au sujet des projets. Dans la plupart des cas, le Ministère est
mis au courant par les systèmes de référence entre organismes. Ces mécanismes
se sont déjà révélés très utiles et le Ministère entend continuer de s'en servir.
Étape II - Examen :
Une fois qu'il a reçu les informations nécessaires concernant une proposition,
le Ministère entreprend un examen détaillé des incidences éventuelles de l'ouvrage
ou de l'entreprise sur les ressources halieutiques. Dans le cas des risques
d'origine chimique, il faut obtenir les renseignements sur les propriétés physico-chimiques
et la toxicité pour le poisson des produits chimiques soupçonnés et des produits
de leur décomposition, ainsi que les renseignements sur les voies de pénétration
dans le milieu naturel. Dans le cas de petits
projets qui comportent des activités (par exemple, le passage de ruisseaux
à saumon) qui perturbent d'importants habitats du poisson, les agents des pêches
et le personnel chargé de la gestion de l'habitat du poisson aideront les promoteurs,
dans la mesure du possible, à identifier les incidences biologiques des travaux
ou de l'entreprise et feront une évaluation biologique des besoins afin de satisfaire
aux objectifs opérationnels des pêches. En vertu de l'
article 37(1) de la Loi, il appartient au promoteur d'obtenir et
de présenter les renseignements pertinents au sujet du
projet ou des produits chimiques et de l'habitat du poisson susceptible
d'être touché. Cette étape prend plus ou moins de temps, selon l'ampleur du
projet, mais le promoteur aura intérêt à fournir des évaluations en temps opportun.
Le personnel du Ministère évaluera l'information obtenue et, s'il y a lieu,
visitera l'emplacement et mènera des études pour terminer l'évaluation.
Dans le cadre de l'examen, on applique la hiérarchie de préférences (décrite
à la section 5.1) pour orienter le Ministère et le promoteur; le temps et les
recherches consacrés à cette étape dépendront ici aussi de l'ampleur de
l'ouvrage ou de l'entreprise et des incidences éventuelles sur l'
habitat du poisson.
Étape III - Consultation publique :
Le Ministère reconnaît la nécessité de consulter le public et de le faire participer
aux décisions concernant des projets ayant de grandes incidences sur les plans
social, économique ou environnemental. La section 4.4 de la présente politique
contient d'autres renseignements sur la démarche du Ministère face à la consultation
publique.
Dans le cas des grands projets, si l'on ne peut appliquer de mesures
d'évitement, d'atténuation et
de compensation pour empêcher une perte d'habitat ou des dommages ou une perte de la
capacité de production
des habitats, spécialement si des règlements spéciaux visant à permettre la réalisation du
projet sont considérés en vertu de la Loi sur les pêches, le ministre des Pêches et
des Océans ne prend aucune décision sans la consultation du public et une revue et une
évaluation approfondies de tous les facteurs.
Étape IV - Décision :
À la suite de l'examen de l'ouvrage ou de l'entreprise projetés et des résultats
de toute consultation publique, le Ministère doit décider si le projet risque
de provoquer une perte nette de la productivité de l'habitat pour les pêches.
Le cas échéant, le Ministère doit alors voir si les plans du promoteur relatifs
à l'atténuation des conséquences et à la compensation sont acceptables. Dans
les cas de risques chimiques, les effets néfastes doivent être contrôlés par
des mesures d' atténuation de
façon à éviter les dommages potentiels sur le plan de la productivité
de l'habitat pour les
pêches. Dans ces cas, une compensation en nature n'est pas une option acceptable.
Le Ministère doit considérer les coûts et bénéfices de nature économique
associés au développement de solutions de rechange conformes au principe d'
aucune
perte nette de la productivité de l'habitat pour les pêches.
Selon le résultat de l'analyse, le Ministère peut décider,
soit directement, soit par recommandation au Ministre dans le cas des aménagements
importants, s'il doit :
- autoriser la poursuite du projet dans la forme proposée (aucun effet néfaste prévu
sur la capacité de
production de l'habitat;
- autoriser la poursuite du projet moyennant certaines conditions (échéanciers,
méthodes, équipement, mesures d'
atténuation et de contrôle de
l'environnement, compensation, surveillance, obligation éventuelle du promoteur
d'apporter des mesures correctrices après le début des travaux ou formation du
personnel du promoteur, et d'autres conditions); ou
- rejeter le projet (pertes possibles et inacceptables).
Toute modification visant les conditions d'approbation initiales sera négociée
entre le Ministère et le promoteur.
Dans les cas où il doit aviser le promoteur que l'ouvrage ou l'entreprise
est inacceptable, le Ministère présente des renseignements pour
étayer les conclusions suivantes :
- que malgré tous les efforts qui pourraient être mis en œuvre pour en réduire les
effets négatifs, la réalisation du projet entraîne une perte nette d'habitat qui
est inacceptable;
- que cette perte éventuelle d'habitat doit causer des dommages démontrables aux
ressources halieutiques; ou
- que le niveau d'incertitude lié à la prévision des incidences éventuelles sur
l'habitat du poisson
et les ressources halieutiques est inacceptable.
Appel :
- Toute personne qui se sent lésée par une décision du personnel du Ministère
concernant l'habitat peut demander à tout moment que cette décision soit revue au
niveau des cadres supérieurs du Ministère, y compris au niveau des directeurs généraux
régionaux, du sous-ministre ou du ministre des Pêches et des Océans.
- Les promoteurs ou parties intéressées qui se sentent lésés par le processus de prise
de décisions peuvent en appeler aux cadres supérieurs du Ministère ou au Ministre.
- En cas de différend au sujet d'une décision sur l'habitat, dans le cadre
d'un projet d'envergure, le Ministre peut convenir de soumettre le projet à un
groupe ou un jury indépendant, qui en fera l'étude et formulera des
recommandations.
Étape V - Vérification : Tel qu'expliqué dans la section 4.8
de la présente politique, le contrôle de la conformité et l'évaluation de
l'efficacité sont d'importants éléments de la politique de gestion de
l'habitat.
Étape VI - Application réglementaire : Le Ministère verra à
l'application des lois dont le ministre des Pêches et des Océans est responsable,
de la façon expliquée dans la section 4.1, avec un personnel qualifié.
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