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Santé et maladies des mollusques

Le Centre des pêches du Golfe, à Moncton (Nouveau-Brunswick), compte un des deux seuls laboratoires du Canada spécialisés dans l'étude de la santé des mollusques. La Sous-section de la santé des mollusques examine toutes les espèces de mollusques bivalves afin de déterminer s'ils contiennent des parasites et des maladies. Cette analyse lui permet de constituer des profils de santé des mollusques normaux et de ceux qui ne sont pas en santé. Cette information sert de référence en vue de l'établissement des meilleures démarches possibles pour éviter l'apparition et la propagation des maladies, ainsi que pour gérer les maladies déjà existantes.

Les travaux récents ont porté sur la mye, la palourde américaine et la mactre d'Amérique; cependant, l'équipe de la santé des mollusques passe encore beaucoup de temps à étudier des espèces qui sont exploitées à des fins commerciales ou cultivées depuis longtemps, comme les moules et les huîtres.

Ces travaux sont particulièrement importants parce que les mollusques vivants sont souvent déplacés dans différentes parties du Canada atlantique pour la culture, la mise en valeur des populations, ainsi que la transformation. En outre, les espèces qu'on commence à domestiquer afin de les cultiver et qui proviennent de populations sauvages subissent des stress et sont plus sensibles aux infections - un peu comme une personne épuisée est plus sujette aux rhumes.

Le dépistage systématique constitue le meilleur moyen de permettre le déplacement sans danger des animaux vivants, tout en réduisant les risques de propagation accidentelle de maladies. Savoir ce qui est « normal » est encore le meilleur moyen de déceler toute multiplication d'infections opportunistes en situation de culture, qui pourraient être évitées.

Non seulement la Sous-section de la santé des mollusques continue-t-elle de surveiller les mollusques de l'Atlantique, mais elle est aussi fréquemment sollicitée pour donner des conseils et de la formation à des entreprises de l'industrie des mollusques en développement ailleurs dans le monde.

Récemment, la spécialiste en pathologie des mollusques, Sharon McGladdery (Ph.D.), a participé, avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, à l'élaboration de lignes directrices et de directives visant à minimiser les risques de maladies résultant du transfert d'animaux aquatiques vivants dans toute la région Asie-Pacifique.

Les maladies ont détruit des ressources animales aquatiques dans beaucoup de pays en voie de développement et on espère que ce programme, ainsi que la diffusion accrue d'information à propos des risques de maladie, contribueront à réduire la perte de produits alimentaires de valeur et à favoriser la production de revenus dans ces pays.

Par ailleurs, Mme McGladdery a été invitée à examiner des cas de mortalité massive d'huîtres perlières au Japon et aux Philippines. Toute l'expérience ainsi acquise a été d'une grande valeur pour la gestion des problèmes pathologiques et pour la formulation de conseils sur l'élaboration des programmes nationaux de santé des animaux aquatiques au Canada.

Bien que la plupart des infections des mollusques canadiens soient relativement bénignes, certaines maladies particulières, qui font l'objet d'études plus approfondies, sont décrites ci-dessous.

Principaux problèmes de santé (par espèce de mollusque)

Huître américaine, Crassostrea virginica

La maladie de Malpèque a fait son apparition dans la baie Malpèque (Île-du-Prince-Édouard) au début des années 1900, à la suite de transferts de naissain sain de la Nouvelle-Angleterre pour remplacer des stocks surexploités. Aujourd'hui, presque toutes les huîtres du sud du golfe du Saint-Laurent proviennent du stock de l'Île-du-Prince-Édouard qui a survécu à la maladie et a transmis sa résistance à sa progéniture.

Bien qu'il n'y ait pas eu de flambée de la maladie depuis le début des années 1960, de récents transferts à partir d'emplacements qui n'ont jamais été affectés (Cap-Breton et Eel Pond, Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse) ont montré que l'agent causal de la maladie est toujours présent et virulent pour les huîtres qui n'ont jamais été exposées au virus auparavant. La cause de cette maladie contagieuse est toujours à l'étude.

Huître plate (belon), Ostrea edulis

Des huîtres plates, provenant du Royaume-Uni et du Maine, ont été introduites dans la région du Canada atlantique, après quarantaine. Jusqu'à maintenant, elles n'ont jamais donné de signe d'infection des maladies graves dont souffrent ces huîtres ailleurs dans le monde. Cependant, le pathogène Bonamia ostreae, responsable de la « maladie de la microcellule », est présent chez les populations voisines du Maine, ce qui est un sujet de préoccupation. Des travaux sont en cours afin de déterminer avec plus de certitude si les stocks canadiens en sont véritablement exempts ou s'ils sont porteurs d'un petit nombre de parasites qui pourraient échapper à la détection au cours des examens de routine. On espère que la mise au point récente d'une sonde d'ADN pour Bonamia à l'université du Maine contribuera à faciliter cette recherche.

On espère également que ces études aideront à mieux expliquer les raisons pour lesquelles les populations d'huître plate situées plus au Nord (Écosse, Scandinavie et Colombie-Britannique) sont exemptes de cette maladie, même si certaines huîtres des eaux où la maladie est présente y ont été transférées.

Moule bleue, Mytilus edulis et Mytilus trossulus

Actuellement, aucune maladie grave n'affecte les moules bleues qui vivent dans la région du Canada atlantique; cependant, des pertes se produisent généralement quand les températures de l'eau dépassent 28 °C pendant de longues périodes, dans le sud du golfe du Saint-Laurent.

Cependant, un grand nombre de parasites différents choisissent la moule comme hôte, et plusieurs espèces ciliées sont souvent observées sur les branchies et dans le système digestif. Aucune d'entre elles n'est jugée nuisible pour la moule (ni pour les consommateurs) et on en trouve chez les moules dans presque toute leur aire circumpolaire.

La récente découverte de niveaux élevés de larves d'un ver parasite (Prosorhynchus squamatus) chez des moules faibles et moribondes, cependant, suscite des préoccupations. De faibles niveaux de ce parasite sont maintenant observés le long du littoral de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve, mais il n'existe aucun lien cohérent entre l'état de santé des moules infectées et le nombre de parasites présents. Le plus grand sujet de préoccupation est qu'on n'en a pas encore trouvé dans les grands gisements de moules de l'Île-du-Prince-Édouard.

La capacité de déterminer les risques de déplacement de ce parasite à partir des endroits touchés vers des endroits non touchés a été compliquée par le fait que ce ver a été observé à des stades adultes dans différentes espèces de poissons qu'on trouve partout dans la région du Canada atlantique. À cause des risques possibles, tous les stocks de moules de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve qu'on envisageait de transférer dans le sud du golfe du Saint-Laurent ont été examinés en vue de déterminer s'ils contenaient des parasites et les transferts n'ont pas été recommandés lorsque les échantillons ont donné des résultats positifs.

Pétoncle géant, Placopecten magellanicus

Ce n'est que récemment que l'on a commencé à cataloguer les maladies qui affectent les populations du pétoncle géant (Placopecten magellanicus) du Canada atlantique. Une recherche entreprise dans le cadre d'un programme de doctorat vient de commencer au Collège de médecine vétérinaire de l'Atlantique, grâce à des fonds fournis par les Centres nationaux d'excellence du programme AquaNet, en vue de corriger ces lacunes en matière d'information de base sur la santé. Actuellement, on connaît plusieurs infections au sein des populations de pétoncles de la région de l'Atlantique.

On constate une faible prévalence de la tache brune ou lésion de l'abcès bactérien, chez les pétoncles sauvages dans les zones de faible salinité ou dans les estuaires du Canada atlantique, ainsi que le long du littoral de l'Est des États-Unis. Les « taches brunes », de 2 à 4 mm de diamètre, se manifestent sur le muscle adducteur (la partie commercialisée appelée la « chair ») et, dans les cas extrêmes, elles peuvent restreindre la fonction musculaire, la capacité natatoire et l'alimentation.

L'apparition de taches brunes sur le muscle peut être liée à d'autres dommages du tissu mou, visibles uniquement au microscope. Plusieurs bactéries différentes ont été identifiées dans les zones touchées, ce qui porterait à croire que la « tache brune » pourrait être causée par différents facteurs. La « tache brune » n'est pas considérée comme une préoccupation importante en ce qui concerne l'introduction et le transfert des pétoncles, et elle n'a jamais été observée dans des stocks cultivés de la même espèce.

Les ciliés des branchies Trichodina sp.) représentent un groupe très attrayant (au microscope) de parasites unicellulaires qu'on trouve communément sur la surface des tissus mous de pétoncles géants du Canada atlantique. Bien que plus de 70 ciliés aient été observés sur une seule lame, aucun n'a été associé à la mortalité du pétoncle, mais ils sont liés à des espèces qui peuvent causer des problèmes de santé en salmoniculture.

Pétoncle de baie, Argopecten irradians

La culture des pétoncles de baie se limite actuellement à un ou deux éleveurs à l'Île-du-Prince-Édouard. Le pétoncle de baie est considéré comme une espèce à risque puisqu'il doit passer l'hiver dans une écloserie et qu'il est particulièrement fragile pendant la reproduction et par la suite. Puisque le pétoncle de baie provient de stocks mis en quarantaine du Connecticut et de Rhode Island, il ne comporte pas de problèmes de santé particuliers. Les seuls problèmes semblent être associés à un parasite du rein (semblable à Pseudoklossia) et à un autre agent infectieux qui semble proliférer en eau chaude ou dans des conditions de stress physiologique.

Mye, Mya arenaria

Un récent relevé des parasites et des maladies des myes dans la région du Canada atlantique a révélé toute une panoplie d'agents et d'états particuliers. Seulement deux d'entre eux, cependant, suscitent des préoccupations pour la santé de la mye, et soulèvent des questions relativement aux introductions et aux transferts.

La néoplasie hémique affecte les cellules sanguines de la mye, de sorte que celle-ci ne peut plus exécuter correctement ses activités de défense, d'absorption des éléments nutritifs et d'élimination des déchets. Jusqu'à récemment, on croyait qu'il s'agissait d'un état relativement « bénin », qui ne touchait qu'un nombre limité de myes, sans association particulière avec les mortalités massives.

De récents comptes rendus de mortalités massives dans les gisements de myes de l'Île-du-Prince-Édouard, toutefois, ont indiqué la fréquence anormalement élevée de néoplasie avancée. Un relevé a montré que cette maladie s'était développée dans plusieurs emplacements de l'Île-du-Prince-Édouard pendant les deux années précédentes. La cause de cette prolifération est encore à l'étude puisqu'un certain nombre de facteurs différents comme un virus, un changement des conditions environnementales ou des polluants, pourraient aussi déclencher ce genre de maladie.

La néoplasie gonadale a été décrite pour la première fois dans le Maine, mais a par la suite été observée dans la baie de Fundy, ainsi que dans un gisement de myes de l'Île-du-Prince-Édouard. Aucun effet néfaste n'a été associé à cet état qui tend à se manifester chez moins de 4 % des animaux. Essentiellement, les tissus gonadaux se transforment, de sorte que l'animal ne peut plus produire de gamètes ni frayer. Dans les cas les plus graves, les tissus touchés peuvent s'étendre à tout l'organisme de la mye. Les effets à long terme sur le recrutement, cependant, nécessitent des études plus approfondies. Plusieurs gisements de myes de la baie de Fundy ont de faibles taux de recrutement qui pourraient être associés ou non à cette maladie.

Palourde américaine, Mercenaria mercenaria et M. mercenaria var. notata

Le parasite X de la palourde américaine est la seule maladie préoccupante qui touche actuellement les stocks de palourdes américaines du Canada atlantique; le problème semble toutefois confiné principalement au stock de géniteurs gardé en écloserie et aux juvéniles de 18 à 24 mois. Les infections sont fréquentes partout au Canada atlantique (baie de Fundy, sud du golfe du Saint-Laurent et plate-forme Scotian) chez les populations en mer ouverte, sans pourtant qu'il y ait de signe manifeste de maladie ou d'incidence élevée (échelle de 0 à 13 %). Cette situation est tout à fait différente de celle du Massachusetts et de la Virginie, où des taux élevés d'incidence du parasite X et de mortalité ont été observés chez des populations de palourdes sauvages et cultivées, en mer ouverte.