Article - Les limites septentrionales - Recherches sur le bar rayé

Contrairement au bar rayé des États-Unis, au sujet duquel il existe déjà une mine de renseignements, la recherche menée sur le bar rayé du sud du golfe du Saint-Laurent ne fait que commencer à nous livrer les secrets biologiques de cette espèce.

Bar rayé (Morone saxatilis)

Le bar rayé est un poisson anadrome : il passe la majeure partie de sa vie à croître et à se nourrir dans la mer, mais il retourne frayer en eau douce.

Les responsables du programme de recherche sur le bar rayé du sud du Golfe profitent de cette caractéristique prévisible pour échantillonner le bar rayé pendant sa migration de frai annuelle vers la rivière Miramichi nord-ouest (le seul lieu de frai confirmé de cette espèce dans tout le sud du Golfe).

" La présence du bar rayé dans la rivière ne dure que quelques semaines, d'où la nécessité d'avoir une période d'échantillonnage très intense. Les renseignements que nous recueillons pendant cette période nous permettent de surveiller l'état du stock et d'en faire rapport ", déclare Scott Douglas, un biologiste à la Section des poissons diadromes, au MPO, bureau de Moncton (N.-B.).

Le programme de recherche sur le bar rayé du sud du golfe du Saint-Laurent existe depuis dix ans. Grâce à l'étiquetage des bars adultes, le MPO a été en mesure de surveiller les fluctuations de l'effectif et d'offrir des conseils pour la prise de décisions.

L'étiquetage du bar rayé nous a également permis d'en apprendre davantage sur les habitudes migratoires, les taux de croissance et d'autres paramètres biologiques propres à la population de bars qui nous intéresse et qui se trouve aux limites septentrionales de l'aire de répartition de l'espèce.

Les pêcheurs de gaspareau du bassin hydrographique de la Miramichi jouent un rôle primordial dans le programme.

Entre la fin de mai et la fin de juin, en effet, ils permettent aux scientifiques du MPO de monter à bord de leurs bateaux pour étiqueter, dénombrer et mesurer les prises accidentelles de bar rayé.

Dernièrement, le MPO a lancé une étude d'étiquetage d'une population de bars rayés adultes dans le golfe attenant à la Nouvelle-Écosse. Malheureusement, aucun individu étiqueté n'a encore été recapturé, alors nous n'avons aucun résultat concret.

Un relevé à la senne de plage des jeunes de l'année, réalisé dans tout le réseau de la rivière Miramichi ainsi que dans le sud du golfe du Saint-Laurent, a été ajouté au programme en 2000.

Relevé à la senne de plage, à la pointe East, rivière Miramichi

M. Douglas explique que la senne de plage est l'engin d'échantillonnage parfait pour faire l'étude des jeunes de l'année. " Elle est facile à manipuler, elle est très mobile, elle n'endommage pas le poisson, et nous pouvons couvrir une grande superficie en peu de temps. "

Même si la série chronologique du relevé est relativement courte, le relevé a déjà donné des renseignements intéressants.

Par exemple, on sait maintenant qu'un nombre considérable de jeunes de l'année du bar rayé quittent le bassin hydrographique de la Miramichi chaque année et se déplacent le long de la côte, vers le nord et vers le sud. Au milieu du mois d'août 2002, des jeunes de l'année avaient déjà parcouru plus de 175 kilomètres, au nord et au sud, et s'étaient étendus presque partout dans le sud du Golfe.

On soupçonne même que des jeunes de l'année capturés dans le secteur du golfe attenant à la Nouvelle-Écosse, à la fin de l'automne, sont originaires de la rivière Miramichi.

" Cela veut dire que nous devons commencer à considérer tout le sud du golfe du Saint-Laurent comme un important habitat d'élevage du bar rayé, précise M. Douglas. Il ne fait aucun doute que le bassin de la Miramichi revêt une importance critique pour la production du bar rayé, mais nous ne devons pas négliger tous les estuaires et toutes les zones côtières, répartis partout dans le sud du golfe du Saint-Laurent que fréquentent les bars juvéniles. Ainsi, nous devons tenir compte des effets positifs et négatifs, sur le bar rayé, de toutes les activités qui se déroulent dans ces estuaires et de tous les usages que nous en faisons. "

Parallèlement au lancement de la saison des travaux sur le terrain de 2002, on a procédé à la mise en œuvre de la deuxième phase d'un plan d'action élaboré par la province de Québec et le MPO pour réintroduire le bar rayé dans le fleuve Saint-Laurent (Québec).

Les chercheurs soupçonnent que le bar rayé a disparu du fleuve Saint-Laurent pendant les années 1960 à cause de la surpêche et de la dégradation de l'habitat.

Pour que les efforts de réintroduction aient le plus de chance possible de réussir, le plan d'action exige que le stock de départ du fleuve Saint-Laurent soit composé de la progéniture du stock du réseau hydrographique de la Miramichi.

C'est pourquoi le 22 juillet 2002, environ 2 000 jeunes de l'année du bar rayé ont été retirés du réseau de la Miramichi, embarqués dans un camion-citerne et transportés au Québec.

Présentement, ils sont dans une écloserie où ils resteront jusqu'à maturité ou jusqu'à ce qu'ils soient assez gros pour être libérés dans le fleuve Saint-Laurent.

Tout le monde s'entend pour dire que ce volet du programme a connu un franc succès, et l'on prévoit déjà un autre prélèvement pour l'été de 2003.