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Article - Effluents des usines à poisson

Depuis quelques années, le public s'inquiète de plus en plus des effluents des usines de transformation du poisson et de leur effet sur les milieux littoraux du sud du golfe du Saint-Laurent.

Les usines de transformation du poisson de la Région du Golfe et du Canada entier sont sans doute les sources de pollution du milieu marin les moins surveillées.

Les scientifiques et les gestionnaires de Pêches et Océans Canada (MPO) savent que la question est loin d'être simple. Il y a des impondérables scientifiques et techniques, et il y a des problèmes juridiques et juridictionnels qui tendent à compliquer les efforts déployés pour améliorer la situation actuelle.

Du point de vue de l'industrie, les réalités économiques par rapport au marché mondial dans lequel elle doit opérer rendent les changements difficiles à mettre en oeuvre.

En février 2003, il s'est tenu à Shippagan, au Nouveau-Brunswick, un atelier où étaient conviés tous les intervenants qui connaissent la question ou qui s'y intéressent.

" Aujourd'hui, chaque problème nécessite l'apport d'intervenants de tous les secteurs ainsi qu'une approche multidisciplinaire ", dit Mike Chadwick, directeur des Océans et des Sciences, au MPO.

L'atelier avait pour objet de trouver des moyens de composer avec l'excès de substances nutritives qui se retrouvent dans les effluents des usines de transformation des produits de la mer.

Comme l'expliquait un participant de l'Université Acadia, Graham Daborn : " Ce n'est pas une chasse aux sorcières, mais une chasse aux solutions. "

La composition des effluents d'une usine varie énormément d'une espèce à l'autre. De nombreux participants étaient d'avis que la meilleure solution serait de récupérer et, dans la mesure du possible, d'utiliser ces substances organiques - et les nombreux éléments nutritifs qui s'y trouvent - au tout début du processus de transformation.

" Le traitement des effluents au point de rejet est la façon de procéder la plus dispendieuse qui soit ", déclare Andy Woyewoda, du Conseil national de recherches du Canada. " Il est plus intelligent d'aborder le problème au début du processus, en récupérant les matières solides, en réduisant l'utilisation d'eau et en séparant les effluents d'usine très chargés aux fins d'un traitement biologique ou chimique plus perfectionné et plus dispendieux. "

Nadia Tchoukanova, du Centre de recherche et de développement des produits de la mer de Shippagan, abonde dans le même sens. " Chaque dollar dépensé pour la prévention permet d'épargner cinq dollars en traitement, " dit-elle.

Les participants ont appris des choses au sujet des effluents des usines de transformation du poisson.

Après avoir exploré les divers moyens d'améliorer les mesures de contrôle conventionnelles à l'usine et au point de rejet (réduction, réutilisation, recyclage), les participants de l'atelier ont discuté des possibilités d'utiliser ces substances nutritives dans la confection de sous-produits bénéfiques au lieu de les considérer comme agent de pollution à combattre.

Paul Bourke, de Trident Seafoods, une usine de transformation située à Uclulet, en C.-B., a fait un exposé sur la démarche entreprise par cette usine qui a acheté des décanteurs à rotation (de qualité alimentaire) pour la séparation des solides. Il dit qu'en quarante jours, les décanteurs s'étaient déjà payés puisque la pâte de poisson récupérée a été utilisée pour produire du surimi.

M. Bourke ajoute que la direction de son usine a fait une découverte fort intéressante lors d'une vérification de la consommation d'eau à l'usine : on y utilisait davantage d'eau pour le nettoyage que pour la transformation des produits.

M. Bourke a également expliqué que l'usine avait fait partie d'un groupe de travail pour trouver des façons de réduire la consommation d'eau et de réduire les déchets au minimum. Comme le groupe de travail collaborait avec divers partenaires de l'industrie et de la collectivité, le processus a été long mais, à la fin, il a donné de bons résultats.

Le groupe a tenu une réunion par mois pendant trois ans, et a embauché un ingénieur pour produire un guide sur la façon de faire une vérification et sur les moyens de mieux gérer une usine de transformation des produits de la mer.

On a également tenu un atelier afin de partager des renseignements sur les pratiques exemplaires. S'il n'avait qu'une seule leçon à retirer de ces expériences et à offrir aux gens de l'industrie de tout le Canada, M. Bourke pense que ce serait celle ci : " Prévenir la pollution n'est pas une question de concurrence. "

Plus proche de nous, mentionnons que les activités de recherche et développement menées sur des questions de ce genre ont entraîné le développement de technologies qui promettent d'importantes améliorations pour le secteur de la transformation du poisson.

En passant en revue certaines méthodes nouvelles, Thierry Chopin, de l'Université du Nouveau-Brunswick, nous a rappelé que " la solution au problème de nutrification ne repose pas sur la dilution mais plutôt sur la conversion ".

Plusieurs techniques en aquaculture, tel l'élevage d'algues ou de mollusques dans les eaux riches en substances nutritives qui entourent les cages d'élevage du saumon, pourraient devenir une solution possible au problème de la réutilisation des substances nutritives que contiennent les effluents des usines de transformation du poisson.

Aussi, plusieurs entreprises locales, travaillant de concert avec des groupes tel le Centre de recherche et de développement des produits marins de l'Université de Moncton, campus de Shippagan, sont en train de mettre au point des systèmes de récupération et de fabrication de produits de qualité alimentaire. Il ne reste qu'à démontrer leur efficacité pour le secteur de la transformation du poisson.

À la fin de la conférence de Shippagan, plusieurs participants ont accepté de devenir membres d'un groupe de travail qui devra donner suite à toutes ces idées et puis mettre sur pied un ou des projets pilotes afin de faire l'essai de certaines techniques visant à réduire au minimum l'impact des effluents des usines de traitement des fruits de mer dans le sud du golfe du Saint-Laurent.

En outre, le MPO, de concert avec d'autres agences gouvernementales et l'industrie, s'est engagé à réunir toutes les pratiques exemplaires en usage au Canada et dans le monde entier pour ce qui est de méthodes plus rigoureuses de conservation de l'eau et de récupération de produits que celles visées par les lignes de conduites actuelles du fédéral, afin d'offrir aux propriétaires d'usine des solutions économiques applicables dans l'immédiat.