Les feux de forêt au Canada
> Quéstions et faits concernant les feux
de forêt
Questions fréquemment posées sur les feux de forêt
Introduction
Les feux de forêt sont un élément important du milieu
naturel canadien. Cette FAQ vise à donner une connaissance de base
sur les feux de végétation et la façon dont ils influent
sur l'écosystème.
Éléments de base
Le rôle du feu
Extinction des incendies
Les feux et le changement climatique
Éléments de base
1. Quelle est la saison des feux de forêt au
Canada?
Généralement, la saison des feux de forêt au Canada
va d'avril à octobre. La plupart des feux et la plus grande partie
des dégâts se produisent en juin, juillet et août.
2. Combien y a-t-il de feux de forêt chaque année?
Il y a normalement plus de 9 000 feux de forêt par an au Canada,
qui brûlent en moyenne 2.5 millions d'hectares (ha) ou 25 000
kilomètres carrés. Le nombre de feux et la superficie
touchée peuvent varier considérablement d'une année
à l'autre.
3. Quelles sont les causes des feux de forêt?
Au Canada, les deux tiers des feux de forêt sont causés
par des agents humains, et le reste par la foudre. Cela varie d'une
région à l'autre : la foudre est la cause de plus de 50%
des incendies dans l’Ouest et dans les Territoires du Nord-Ouest,
mais de seulement 10% d’entre eux dans les Maritimes. Pour l’ensemble
du pays, les feux causés par la foudre rendent compte de plus
de 85% de la superficie incendiée, parce qu'ils se produisent
souvent dans l’Ouest et dans le Nord, où il existe des
régions éloignées et difficiles d'accès
pour le matériel d'extinction. Les feux d'origine humaine se
déclarent généralement à proximité
des collectivités, où ils sont rapportés rapidement,
et sont contrés promptement par les équipes locales de
protection.
4. Quelle ampleur les feux de forêt peuvent-ils
prendre?
La plupart des feux de forêt donnent lieu à une intervention
rapide, qui les empêche de prendre beaucoup d'ampleur. Dans certains
cas extrêmes, les feux peuvent s'étendre rapidement, et
couvrir une superficie de plus de 100 000 ha. Au Canada, environ 2%
seulement des feux de forêt rendent compte de plus de 98% de la
superficie totale consumée.
5. Y a-t-il moyen de prévoir si la saison des
incendies sera difficile?
Pas vraiment. Les prévisions météorologiques ne
sont fiables qu'à quelques jours près, et les prévisions
à long terme sont toujours très aléatoires. La
quantité de neige tombée pendant l'hiver peut donner une
idée du degré de sécheresse des forêts au
début de la saison des incendies, mais la situation change habituellement
après les pluies du printemps.
6. À quelle vitesse les feux de forêt
se répandent-ils?
La plupart des feux de forêt avancent au rythme de moins de 0,5km/h,
et quelques-uns progressent à une vitesse de plus de 1 km/h.
Les feux les plus violents peuvent se déplacer à plus
de 6 km/h.
La vitesse d'expansion d'un incendie dépend du type d'arbre
et du degré d'humidité de la forêt. Les conifères,
arbres à feuillage persistant, brûlent de 5 à 10
fois plus vite que les arbres à feuilles caduques en raison de
la résine contenue dans leur écorce et leurs aiguilles.
Les arbres à feuilles caduques sont plus résistants au
feu après qu'ils ont perdu leurs feuilles.
7. Quelle température se dégage d'un
incendie?
L’intensité d'un feu, tout comme sa vitesse de propagation,
dépend du type d'arbre et du degré d'humidité de
la forêt. Un feu de surface moyen, alimenté par le tapis
forestier, peut avoir des flammes d'un mètre de haut, et peut
atteindre des températures de 800°C ou plus. Dans des cas
extrêmes, un feu peut atteindre une intensité au front
d'au moins 10 000 kilowatts par mètre. Cela signifie alors que
les flammes atteignent au moins 50 mètres de haut, et qu'elles
produisent une température de plus de 1200°C.
8. Et la fumée?
La fumée produite par un incendie s'élève sous
la forme d'un panache composé de liquides, de gaz et de particules
de différentes dimensions. Les petites particules qui s'élèvent
avec la fumée, et l'ozone produit par la réaction de la
lumière solaire aux gaz présents dans le panache, peuvent
s'introduire facilement dans les poumons par les voies respiratoires
et causer des problèmes de santé chez les enfants, les
personnes âgées et les personnes souffrant de faiblesse
cardiaque ou respiratoire.
La diffusion de la fumée dépend à la fois du vent
et de la température de l'air en surface. La fumée est
dense lorsque le vent est calme et que la température de l'air
en surface est plus fraîche que celle de l'atmosphère supérieure,
mais lorsque l'air est instable et venteux, la fumée peut être
transportée jusqu'à un kilomètre en hauteur ou
en aval du foyer. Il peut même arriver que les caractéristiques
météorologiques aient pour effet de transporter et d'immobiliser
la fumée loin du foyer de l'incendie, alors que les régions
proches de celui-ci en seront relativement préservées.
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Le rôle du feu
1. Les feux sont-ils bons ou mauvais?
Les feux sont naturels et jouent un rôle important dans le paysage
canadien. Les feux de forêt éliminent les arbres mûrs,
qui sont les plus propices à l'activité des insectes nuisibles
et au développement des maladies. Les feux de surface suppriment
la matière accumulée dans le tapis forestier et favorisent
la croissance des jeunes plants. Certaines espèces d'arbres ont
même besoin du feu pour ouvrir leurs cônes et libérer
les semences avec lesquelles débutera le nouveau cycle de vie.
Les organismes pionniers (ceux qui colonisent le terrain immédiatement
après le passage du feu) gagnent un nouvel habitat et leur peuplement
se multiplie.
Cependant, les incendies ne sont pas favorables à toutes les
espèces. De nombreux oiseaux, mammifères et insectes dépendent
de la forêt ancienne et sont repoussés par eux de leur
habitat. Plusieurs espèces d'arbres telles que l’épinette
blanche, le baume du Canada et le thuya d'occident ont besoin, entre
deux feux, d'un intervalle plus long que d'autres espèces pour
atteindre l'age de reproduction, et ne survivront pas dans une région
sujette à des incendies trop fréquents.
2. Pourquoi dit-on souvent que la forêt boréale
est façonnée par le feu?
Les feux sont fréquents dans la forêt boréale en
raison de la nature combustible de ses arbres et de son climat tiède
et sec qui favorise le temps à incendie. Les feux, dans ces régions,
détruisent habituellement la plupart des arbres, et en conséquence
la forêt boréale se présente comme un patchwork
de peuplements qui reflètent le temps écoulé depuis
le dernier incendie. Par un processus appelé succession, la composition
du milieu végétal et animal change avec le temps après
le passage d'un feu de forêt.
3. Quelle est la fréquence des feux de forêt?
Le pourcentage de la superficie brûlée chaque année
dans une région est souvent utilisé pour estimer la fréquence
des feux. Si 1% d'une région brûle chaque année
en moyenne pendant 100 ans, la fréquence du feu est estimée
à 100 ans. La fréquence du feu varie considérablement
et dépend du lieu et de la période utilisés pour
la calculer. Dans le cas des forêts canadiennes, la fréquence
des feux, dans le passé, a varié de 10 à 1000 ans.
Dans la forêt boréale, la fréquence des incendies
est habituellement de 50 à 200 ans, et augmente d'est en ouest.
4. Qu'est-ce qu'une espèce dépendante
du feu?
Les espèces qui ont besoin du feu pour se régénérer
sont dites dépendantes du feu. Par exemple, le pin gris a besoin
de la chaleur du feu pour ouvrir ses cônes, sans quoi les graines
ne seront pas libérées ni le peuplement renouvelé.
Si trop de temps s'écoule entre deux incendies, d'autres espèces
peuvent envahir l'habitat et éliminer le pin gris du paysage.
5. Qu’est-ce que le brûlage dirigé?
Le brûlage dirigé s'entend de l'utilisation de feux planifiés
et contrôlés pour réduire l'accumulation du combustible
dans certaines régions forestières. Cela permet d'améliorer
la santé de l'écosystème et de mettre les gens
qui vivent à proximité des zones boisées, de même
que leurs habitations et entreprises, à l'abri des incendies
potentiels.
6. Pourquoi certains organismes allument-ils leurs
propres feux?
Le brûlage dirigé peut servir à réduire
l'accumulation de combustible de surface et à prévenir
les incendies majeurs, ou encore à promouvoir un paysage naturel
ou l'habitat de certaines espèces animales. Dans certains cas,
divers organismes, au Canada, allument des feux et les laissent brûler
librement pour obtenir des effets écologiques positifs ou atteindre
quelque autre objectif lié a l'aménagement du territoire.
7. L'accumulation de combustible est-elle actuellement
considérable?
Les aiguilles, les feuilles et les branches sont des combustibles hautement
inflammables qui, là où ils se sont accumulés sur
le tapis forestier, accroissent les chances de propagation du feu. Si
une région a échappé au feu pendant longtemps,
les combustibles naturels qui s’y sont accumulés peuvent
accroître l'intensité de l'incendie suivant.
Certains types de forêts plus sèches, comme celles de
l'intérieur de la Colombie-Britannique, ont connu des cycles
d’incendies plus fréquents dans le passé. L'extinction
des incendies, de pair avec les activités d'exploitation forestière
et de pâturage, ont entraîné l'accroissement de la
densité des peuplements et l'augmentation des risques de feux
de cimes (c. à d. des feux localisés dans le faîte
des arbres et qui se développent d'une cime à l'autre).
Dans le cas de nombreux écosystèmes du Nord, il y a suffisamment
de combustible pour alimenter un feu, et l'accumulation de surface ne
pose pas de problème particulier. Plus importante est la question
de savoir si le combustible est réparti de façon continue
ou discontinue, car cela peut influer sur l'étendue de la zone
susceptible de s'embraser.
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Extinction des incendies
1. Combien d'argent dépense-t-on dans la lutte
contre les incendies au Canada?
Les organismes publics, au Canada, dépensent en moyenne plus
de 400 millions de dollars par an dans la lutte contre les feux de forêt.
Ce chiffre varie d'une année à l'autre, tout dépendant
de la région et de la gravité de la saison d'incendie.
Compte tenu de l'étendue du Canada et de la nature des mouvements
atmosphériques à grande échelle, il peut arriver
qu'une région du Canada ou plus soit fortement touchée
par les incendies en une année ou une autre.
2. Essaye-t-on de combattre tous les feux de forêt?
L'approche actuelle en matière de gestion des incendies de forêt
au Canada a pour effet que l'on combat plus de 90 p. 100 de tous les
feux. Chaque province et territoire possède des régions
à priorité désignée correspondant à
l'effort de suppression des incendies. Les régions à priorité
élevée incluent les interfaces de zones sauvages et urbaines
(où des collectivités voisinent des zones forestières),
les forêts de grande valeur commerciale et les sites récréatifs.
C'est dans ces régions que l'on réagit avec le plus de
vigueur aux incendies, et que l'on dépense l'essentiel du budget
de protection.
Les zones à faible priorité, comme les parcs en milieu
sauvage et les zones forestières en milieu éloigné
et à faible valeur commerciale où le feu joue un rôle
naturel et nécessaire pour modeler l'écosystème
forestier, sont surveillées mais ne requièrent qu'une
action limitée, à moins que le feu ne se rapproche de
zones à priorité plus élevée. Ces incendies
constituent la plupart des zones brûlées au Canada.
3. Comment protéger sa maison et sa collectivité?
Il existe un certain nombre de méthodes simples et abordables,
pour les propriétaires de maisons, de réduire les risques
liés à la proximité des forêts. Par exemple,
déblayer les alentours de l'habitation de toute végétation,
employer des matériaux de construction ignifuges, et déterminer
les risques et s'y préparer.
La protection communautaire exige une approche multidisciplinaire à
long terme pour réduire les risques d'incendies de forêt
ou de pertes connexes. L'éducation du public, les préparatifs
d'urgence, l'évaluation des dangers et l’aménagement
du territoire peuvent faire une différence. La protection communautaire
consiste à minimiser les effets négatifs des feux sur
une collectivité et à préparer des ripostes collectives
efficaces aux incendies.
Pour plus d'information sur la façon de protéger votre
logement et votre collectivité, visitez le site Web de Partners
in Protection à l'adresse : http://www.partnersinprotection.ab.ca
(en anglais)
4. Comment fonctionnent les extincteurs?
Des systèmes d'extincteurs sont installés sur les maisons
et d'autres structures pour créer un dôme d'humidité
qui permettra de réduire l'intensité du feu et de la chaleur
rayonnant de la végétation qui brûle à proximité.
Les extincteurs visent également à modifier le degré
d'humidité des matériaux entrant dans la composition des
bâtiments et de la toiture, et à les rendre moins susceptibles
de s'enflammer au contact des braises errantes.
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Les feux et le changement climatique
1. Y-a-t-il plus de feux en raison du changement climatique?
L'occurrence des incendies varie considérablement avec le temps,
et c'est pourquoi il est difficile d'extraire des tendances statistiques
sur les dernières décennies, qui pourraient être
liées à un changement de climat.
Les modèles établis des futurs changements climatiques
prévoient un climat sans doute plus chaud et plus sec dans la
plus grande partie du Canada. Dans ces conditions, il faut s'attendre
à ce que les feux de forêts augmentent au Canada dans l'ensemble,
et peut-être à ce que la surface incendiée double
d'étendue au cours du prochain siècle.
26 mai 2004
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