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Impacts et adaptation liés aux changement climatique : perspective canadienne
Impacts

Les zones côtières Table des matières Adaptation Impacts Études antérieures Introduction Références Conclusion Lacunes des connaissances et besoins en recherche

S'appuyant sur les travaux résumés dans l'Étude pancanadienne, les recherches récentes en milieu côtier ont évalué plus en détail la vulnérabilité de certaines zones précises, souvent avec l'aide d'études de cas.

Impacts sur le littoral marin

"Dans plusieurs régions côtières, le changement climatique entraînera une augmentation de l'amplitude des inondations, une accélération de l'érosion, une perte de terres humides (...) et l'intrusion d'eau salée dans des aquifères d'eau douce."(15)

Les impacts du changement climatique sur les trois littoraux du Canada seront déterminés principalement par les variations du niveau de la mer, ainsi que par l'étendue et la gravité des tempêtes.(3) L'accroissement de l'action des vagues, l'amincissement de la couverture glacielle, l'augmentation de la température du sol et l'intensification de l'activité des ondes de tempête contribueront également aux impacts nets et auront des implications importantes pour les collectivités et les infrastructures côtières.(3) En général, on s'attend à ce que le changement climatique accentue les risques dans toutes les zones côtières.(16)

Côte de l'Atlantique

"Dans les Maritimes, une élévation du niveau de la mer pourrait avoir une incidence sur un grand nombre de structures et d'activités humaines. (...) On craint particulièrement l'inondation et la rupture de digues dans la baie de Fundy."(17)

Selon les analyses de Shaw et al.,(9) la sensibilité à l'élévation du niveau de la mer varie de moyenne à élevée sur plus de 80 p. 100 du littoral de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard (voir la figure 1). Parmi les zones très sensibles figurent toute la côte nord de l'Île-du-Prince-Édouard, la côte du Nouveau-Brunswick baignée par le golfe, une bonne portion du littoral atlantique de la Nouvelle-Écosse et des parties des centres urbains de Charlottetown et de Saint John. On considère généralement le littoral accidenté et rocailleux de Terre-Neuve et du Labrador comme peu sensible à une élévation du niveau de la mer; cependant, cette province comporte des zones côtières basses de sensibilité moyenne à élevée où vivent plusieurs collectivités.

Une élévation accélérée du niveau de la mer entraî-nerait l'inondation des basses terres et l'érosion de certains littoraux. Des portions de la côte seraient submergées de façon permanente;(10) des marais côtiers d'eau douce se saliniseraient, et l'on devrait relever les digues entourant les régions intertidales afin d'éviter les inondations dues aux ondes de tempête. Une élévation rapide du niveau de la mer pourrait également submerger les marais salés actuels, menaçant les régions où la migration des marais vers les terres est impossible en raison, par exemple, des infrastructures existantes. On a également établi un lien entre les impacts de l'élévation du niveau de la mer et des tempêtes, d'une part, et le dépérissement des forêts situées en bordure de la mer à certains endroits, d'autre part, du fait de l'élévation de la nappe phréatique et de l'infiltration d'eau salée.(18) La présence d'eau salée dans les aquifères côtiers est aussi une préoccupation pour les collectivités côtières qui en dépendent pour leur approvisionnement en eau douce.

Outre l'élévation du niveau de la mer, l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des tempêtes et l'amincissement de la couverture glacielle qui sont attribuables au changement climatique pourraient avoir des effets sur la région de l'Atlantique.(12) Un accroissement de la fréquence des tempêtes, déjà préoccupant en soi, augmenterait la probabilité de tempêtes intenses au moment de la marée haute ainsi que les risques de niveaux d'eau extrêmes et d'inondation le long des côtes. Une diminution de l'étendue des glaces de mer saisonnières intensifierait la formation et l'énergie des vagues, accentuant l'érosion du littoral en hiver.

De récentes études de cas ont permis de réaliser une première évaluation des impacts potentiels du changement climatique à l'échelle locale et régionale. Par exemple, à Charlottetown, où le niveau relatif de la mer s'est élevé d'environ 32 centimètres depuis 1911, il est permis de penser qu'une élévation rapide du niveau de la mer sous l'effet du changement climatique serait susceptible de créer de graves problèmes pour l'infrastructure urbaine.(19) L'action combinée de l'élévation des niveaux d'eau et d'une intensification des ondes de tempête pourrait être lourde de conséquences sur le plan économique (voir l'encadré 1). Le long de la côte nord de l'Île-du-Prince-Édouard, les effets conjugués de l'élévation du niveau marin, de l'amincissement de la couverture glacielle et de l'intensification de l'énergie des vagues accentueraient considérablement l'érosion des côtes. Une vitesse d'érosion multipliée par deux ferait perdre 10 p. 100 de la valeur des propriétés de la région étudiée en 20 ans, et près de 50 p. 100 en 100 ans.(19) Un phénomène de cette ampleur aurait également des répercussions sur les marais d'eau salée et sur les dunes côtières, deux atouts importants de l'industrie touristique.(19)

ENCADRÉ 1: Les coûts d'une élévation du niveau de la mer à Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard(19)

À Charlottetown, de nombreuses propriétés commerciales et résidentielles sont situées dans des zones qui sont vulnérables aux inondations provoquées par des ondes de tempête. Selon les estimations des chercheurs, une augmentation des inondations causées par des ondes de tempête, conformément aux projections du niveau de la mer pour les 100 prochaines années, pourrait entraîner des dommages de l'ordre de 172 à 202 millions de dollars aux propriétés. Le secteur du tourisme ne serait pas épargné par les impacts, puisqu'entre 30 et 49 biens du patrimoine seraient menacés par un accroissement des risques de dommages causés par des inondations. L'infrastructure urbaine (soit les routes, les conduites d'eau et les réseaux d'égout) serait également touchée.

La partie supérieure de la baie de Fundy est une autre région sensible, où le changement climatique pourrait entraîner des inondations et des bris de digues. La figure 3 montre l'étendue des inondations potentielles dans la ville actuelle de Truro, en Nouvelle-Écosse, si elle devait connaître une onde de tempête comparable à celle qui a provoqué le coup de vent de Saxby en 1869 (où le niveau d'eau a atteint des sommets historiques dans la partie supérieure de la baie de Fundy).(20) L'étendue des inondations potentielles dans cette zone est affectée par la hausse de 44 centimètres du niveau de la mer qu'on a enregistrée depuis. Elle augmenterait encore dans le contexte d'une élévation rapide du niveau de la mer. La dégradation des marais salés le long des littoraux sous l'action du changement climatique est également une préoccupation importante pour cette région (voir l'encadré 2).

ENCADRÉ 2: Le devenir des marais salés dans les provinces de l'Atlantique(21)

Les marais d'eau salée intertidaux dans les provinces de l'Atlantique sont des écosystèmes diversifiés et très productifs. Leur altitude, qui varie à l'intérieur d'un intervalle étroit, est réputée maintenue en équilibre avec les variations du niveau de la mer. Toutefois, une hausse rapide du niveau de la mer sous l'effet du changement climatique pourrait compromettre cet équilibre, et l'augmentation de l'amplitude des inondations par la marée pourrait entraîner la disparition des marais ou les transformer en d'autres types de végétation.

Dans le cadre d'un projet de recherche examinant la vulnérabilité des marais salés dans la région de l'Atlantique, des chercheurs ont constaté que les marais salés sont généralement résilients à la vitesse actuelle des variations du niveau de la mer. Cependant, ils sont également arrivés à la conclusion qu'une accélération de l'élévation du niveau marin sous l'effet du changement climatique pourrait submerger certains marais. Les marais à l'étude se sont également avérés sensibles à l'apport en sédiments, aux changements hydrologiques d'origine anthropique et à la modification des modes de gestion.

Carrottage des marais salés. Photo : Gracieuseté de Gail Chmura.
Carrottage des marais salés. Photo : Gracieuseté de Gail Chmura.

Figure 3 : Inondations prévues dans la ville actuelle de Truro, en Nouvelle-Écosse, du fait d'une élévation des niveaux d'eau provoquée par une onde de tempête comparable au coup de vent de Saxby de 1869(62). Simulation : Gracieuseté de Ressources naturelles Canada et Pêches et Océans Canada.
Figure 3 : Inondations prévues dans la ville actuelle de Truro, en Nouvelle-Écosse, du fait d'une élévation des niveaux d'eau provoquée par une onde de tempête comparable au coup de vent de Saxby de 1869(62). Simulation : Gracieuseté de Ressources naturelles Canada et Pêches et Océans Canada.

En outre, le changement climatique et l'élévation du niveau de la mer peuvent contribuer à exacerber d'autres dangers qui menacent les zones côtières. Par exemple, de nombreuses collectivités de Terre-Neuve-et-Labrador se sont établies au pied de pentes abruptes, où il existe un risque de dommages associés à des glissements de terrain et à des avalanches.(22) Ces phénomènes étant souvent déclenchés par des extrêmes climatiques, leur fréquence risque d'augmenter avec le changement climatique.

Littoral de l'Arctique

"Certaines parties de la côte de la mer de Beaufort (...) connaissent actuellement un recul rapide de la côte, accentué par la fonte de glace souterraine."(17)

Sur le littoral de l'Arctique canadien, les processus biophysiques et les activités socio-économiques subissent fortement l'influence des glaces de mer, qui recouvrent actuellement la majeure partie des zones côtières, interinsulaires et marines pendant 8 à 12 mois de l'année. Or, depuis 30 à 40 ans, l'étendue des glaces de mer saisonnières diminue nettement, comme en témoignent les images satellitaires (p. ex., référence 23; voir le chapitre intitulé « Les pêches »). Divers scénarios des changements de climat futurs laissent entrevoir que cette tendance se maintiendra; certaines études vont même jusqu'à prévoir que la couverture glacielle sera très limitée en été vers la fin du présent siècle.(24)

Dans la région côtière du Nord, le changement climatique aura des impacts directs dont le plus important sera la modification du régime glaciel, avec des conséquences possibles pour l'étendue du littoral de l'Arctique. Un amincissement de la couverture glacielle, un élargissement de la zone d'eau libre et un allongement de la saison sans glace influeraient sur le mode de vie des populations nordiques, notamment leurs déplacements, leur sécurité personnelle, l'accès aux collectivités et aux terrains de chasse et bien d'autres activités traditionnelles. Une diminution de l'étendue des glaces saisonnières pourrait également ouvrir à la navigation maritime de grandes régions de l'archipel Arctique, dont le passage du Nord-Ouest (voir le chapitre intitulé « Les transports »). Cette situation peut certes présenter de nouvelles occasions de développement économique, mais on doit également se préoccuper de ses impacts négatifs sur les écosystèmes marins de l'Arctique(25) et les modes de vie traditionnels, ainsi que des problèmes qu'elle pourrait poser sur le plan de la souveraineté et celui de la sécurité.(26,27)

Le rythme des changements littoraux dans l'Arctique serait déterminé par les variations du régime glaciel et du niveau relatif de la mer sous l'effet du réchauffement planétaire. Des régions actuellement protégées de l'action des vagues par les glaces de mer persistantes seraient plus sérieusement touchées que d'autres qui subissent actuellement l'action saisonnière des vagues. De plus, les impacts d'une activité accrue des vagues seraient amplifiés dans des régions comme la côte de la mer de Beaufort, y compris le delta du Mackenzie et la péninsule de Tuktoyaktuk, dont le terrain est constitué de sédiments mal consolidés, souvent avec des volumes importants de glace de sol massive, et qui sont actuellement en submergence (voir l'encadré 3). Le long des versants dans les zones côtières terrestres, une augmentation de la température du sol et la dégradation du pergélisol pourraient diminuer la stabilité des pentes et accroître la fréquence des glissements de terrain,(28) ce qui constituerait une menace pour les collectivités et les infrastructures industrielles.

ENCADRÉ 3: Dangers associés à une élévation du niveau de la mer sur les côtes canadiennes de la mer de Beaufort(29)

Dans le cadre de cette étude, on a entrepris une analyse régionale de la sensibilité du littoral canadien de la mer de Beaufort à une élévation du niveau de la mer et au réchauffement du climat, en s'appuyant sur des données historiques, afin d'examiner l'influence des conditions météorologiques, de l'étendue des glaces et des niveaux d'eau sur l'érosion. Les résultats indiquent une forte variabilité à l'intérieur de la région, surtout en ce qui concerne les tempêtes et les niveaux d'eau.

Dans les régions très sensibles, marquées par une forte érosion passée et présente, une base de données SIG (système d'information géographique) a été utilisée pour créer un indice de risque d'érosion. Un modèle d'onde de tempête a aussi été mis au point pour aider à évaluer les risques d'inondations potentielles dans de futures conditions.

Côte de la mer de Beaufort. Photo : Gracieuseté de Ressources naturelles Canada.
Côte de la mer de Beaufort. Photo : Gracieuseté de Ressources naturelles Canada.

Des études de cas portant sur les collectivités de Tuktoyaktuk(30,31,32) et de Sachs Harbour,(33) toutes deux situées sur des côtes qui présentent une sensibilité très élevée, nous renseignent sur des changements qui ont cours actuellement et qui seraient accentués par de futurs changements de climat. Dans certaines parties de Tuktoyaktuk, le recul du littoral a atteint plus 100 mètres entre 1935 et 1971. L'érosion a entraîné la destruction ou rendu nécessaire la relocalisation de plusieurs bâtiments dans les collectivités touchées. Cependant, des mesures de protection prises en 1971 ont permis de stabiliser le littoral à la position qu'il occupait approximativement en 1986, mais elles exigent des travaux d'entretien considérables. Les chercheurs ont noté que, même si la collectivité a stoppé l'érosion, une brèche se formera probablement à l'extrémité sud de la péninsule d'ici 50 à 100 ans.(30) Ils ont en outre constaté que l'île qui protège actuellement l'embouchure du port subira vraisemblablement une érosion pendant la même période.(32) Selon les observations locales, l'érosion des côtes et la dégradation du pergélisol constituent également des problèmes à Sachs Harbour, sur l'île Banks. Les récentes variations observées dans l'étendue et la prévisibilité de la couverture glacielle sont considérées par les résidants de la collectivité comme de nouvelles menaces à leurs modes de vie traditionnels.(33)

Côte du Pacifique

À l'exception de la côte extérieure de l'île de Vancouver, le niveau relatif de la mer continue de monter le long de la majeure partie du littoral de la Colombie-Britannique depuis 95 ans.(34) Cependant, la vitesse de cette élévation a généralement été lente, en raison d'un soulèvement tectonique qui a eu un effet largement compensateur dans la plupart des régions.(35) Ainsi, lorsqu'on examine ce phénomène en tenant compte des caractéristiques de la côte du Pacifique, qui est escarpée et rocheuse, on en conclut que cette région est dans l'ensemble peu sensible à une élévation du niveau de la mer. Néanmoins, certains secteurs du Pacifique, qui sont petits mais non négligeables, sont jugés très sensibles.(10) Ces secteurs comprennent des portions des îles de la Reine-Charlotte,(10) le delta du Fraser et les falaises de sable non lithifiées de Vancouver,(10) ainsi que des portions de Victoria.(36) En tête des préoccupations figurent le bris des digues, les inondations, l'érosion et les risques qui en découleraient pour les écosystèmes côtiers, l'infrastructure(34,36,37) et les sites archéologiques.(17)

Le delta du Fraser, dont dépend une grande population en croissance rapide, est l'une des régions les plus sensibles de la côte du Pacifique. Des parties du delta se trouvent déjà sous le niveau de la mer, et des systèmes de digues ont été mis en place afin de protéger les terres basses contre les inondations.(37) De plus, on observe une hausse constante du niveau relatif de la mer dans cette région, ce qui augmente par le fait même les risques d'érosion, l'instabilité du littoral et les risques d'inondation, en particulier dans les milieux humides. Ainsi, une élévation du niveau de la mer induite par le changement climatique multiplierait ces risques.(9) L'encadré 4 décrit certains impacts potentiels dans la région du delta, évalués dans le cadre d'une vaste étude du bassin de Géorgie. De plus, le delta du Fraser est une région qui présente un risque relativement élevé d'activité sismique, et les impacts potentiels d'un tremblement de terre sur la stabilité du delta pourraient être aggravés par une élévation du niveau de la mer.(38)

ENCADRÉ 4: Impacts d'une élévation du niveau de la mer sur le delta du Fraser(37)

Les impacts potentiels du changement climatique dans le delta du Fraser, qui est situé dans le bassin de Géorgie, en Colombie-Britannique, ont été examinés dans le cadre d'une vaste étude régionale sur la durabilité. Cette étude a défini les zones situées à moins d'un mètre au-dessus du niveau actuel de la mer comme des zones sensibles à une élévation du niveau marin. Elle conclut qu'une hausse d'un mètre du niveau marin menacerait les écosystèmes naturels, pourrait inonder plus de 4 600 hectares de terres agricoles, exposerait l'agriculture et l'approvisionnement en eau souterraine à un problème d'intrusion d'eau salée, et constituerait un risque pour plus de 15 000 hectares en milieu urbain, dans des zones industrielles et résidentielles. Toutefois, des mesures d'adaptation appropriées pourraient réduire la vulnérabilité de cette région.

Le changement climatique et l'élévation du niveau de la mer exacerberaient également d'autres dangers qui menacent la côte. En effet, un niveau moyen de la mer plus élevé pourrait accroître les dommages potentiels causés par les tsunamis (vagues océaniques provoquées par des tremblements de terre sous-marins). Qui plus est, la côte extérieure et les inlets de l'île de Vancouver sont très vulnérables à ce type de danger.(39) Un autre scénario préoccupant est celui où l'effet conjugué de la marée haute, du phénomène El Niño et des tempêtes contribuerait à faire monter excessivement le niveau de la mer pendant une brève période.(36) Par exemple, lors du plus récent épisode de l'oscillation australe El Niño, on a observé une élévation de 40 centimètres du niveau de la mer et un recul de la côte qui a atteint 12 mètres à certains endroits.(40)

Impacts sur les rives des Grands Lacs et les berges du Saint-Laurent

Environ 40 millions de personnes vivent dans cette région (...) ces mers d'eau douce ont contribué de façon significative au peuplement historique du bassin et à leur prospérité économique, à la culture (...)(41)

Les précipitations, la température et l'évaporation sont les principales variables climatiques qui influent sur les niveaux d'eau dans les Grands Lacs.(42) La fluctuation des niveaux d'eau est une caractéristique naturelle de ces lacs. Par exemple, pendant la période d'enregistrement (de 1918 à 1998), les niveaux des lacs ont varié de 1,19 mètre dans le lac Supérieur et de 2,02 mètres dans le lac Ontario.(11) Des changements climatiques de l'ampleur de ceux que prévoit le GIEC entraîneraient une réduction globale des apports d'eau nets et une baisse à long terme du niveau des lacs, à tel point que les niveaux d'eau moyens pourraient diminuer à des valeurs records pendant la deuxième moitié du siècle (voir les références 14, 43, 44; voir également le chapitre intitulé « Les ressources en eau »). Le réchauffement climatique réduirait également la durée de la couverture glacielle, qui fournit présentement une protection saisonnière contre les violentes tempêtes hivernales sur une bonne partie des rives.

Des variations de niveau d'eau de l'ampleur de celles que prévoient les récentes études (de 30 à 100 centimètres d'ici 2050; référence 8) pourraient affecter la zone côtière des Grands Lacs en limitant l'accès des bateaux de plaisance et des bateaux commerciaux aux quais, marinas et chenaux communicants (voir la figure 4). Elles toucheraient également l'infrastructure portuaire au service de l'industrie de la navigation commerciale des Grands Lacs, et les bas niveaux d'eau pourraient forcer les navires à diminuer leur capacité de charge de manière à pouvoir continuer d'utiliser les ports et les voies de navigation actuels (voir le chapitre intitulé « Les transports »).

Figure 4 : Impacts des faibles niveaux d'eau observés récemment dans les Grands Lacs sur les rives du lac Huron à Oliphant, en Ontario. Photo : Gracieuseté de Ryan Schwartz.
Figure 4 : Impacts des faibles niveaux d'eau observés récemment dans les Grands Lacs sur les rives du lac Huron à Oliphant, en Ontario. Photo : Gracieuseté de Ryan Schwartz.

Une baisse des niveaux d'eau dans les lacs aurait également une incidence sur les plages, qui se découvriraient dans une proportion variant selon la profondeur de l'eau, la composition et l'inclinaison du lit des lacs et la baisse du niveau d'eau,(45) de sorte que les grandes plages pourraient accroître leur aire récréative. Toutefois, les chercheurs ont constaté que les niveaux d'eau projetés dans le contexte de divers scénarios de changement climatique se situent généralement bien en deçà de ceux que les plaisanciers préféreraient pour la pratique de leurs activités.(46) De plus, la vue d'estrans vaseux pourrait enlaidir le paysage côtier, sans parler du risque de se trouver en présence de sédiments toxiques du fait de l'exposition du lit des lacs.(43)

Les niveaux d'eau élevés et les inondations provoquées par des tempêtes sont des préoccupations constantes pour les activités commerciales, résidentielles, agricoles et industrielles de la zone littorale des Grands Lacs.(47) La baisse des niveaux d'eau pourrait certes diminuer la fréquence et la gravité des inondations, mais, d'un autre côté, la tentation d'étendre la zone aménagée vers la nouvelle ligne de rivage pourrait être forte.(11)

D'autres infrastructures le long du littoral pourraient être touchées par une baisse des niveaux d'eau résultant des futurs changements climatiques. Par exemple, les ouvrages de prise d'eau municipaux et industriels ont été conçus en fonction de l'échelle traditionnelle des variations du niveau des lacs.(48) Ces ouvrages sont situés dans des eaux relativement peu profondes, comme celles du lac Sainte-Claire, et il est possible que la faible profondeur de l'eau ainsi que la croissance et la prolifération des algues multiplient les problèmes d'approvisionnement en eau de même que les cas d'altération de l'odeur et du goût de l'eau.(11)

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2006-10-06Avis importants