D.C. Barber, A.S. Dyke, C. Hillaire-Marcel, A.E. Jennings, J.T. Andrews, M.W. Kerwin, G. Bilodeau, R. McNeely, J. Southon, M.D. Morehead et J.-M. Gagnon
1999:
Nature, vol. 400, no. 22, p. 344-348.

Un problème essentiel à la compréhension du changement brusque de climat est la sensibilité de la circulation thermique des eaux marines aux perturbations de l'eau douce. Il existerait un lien entre les fluctuations brutales du climat décrites à l'aide de relevés climatiques indirects de l'Holocène et du Pléistocène supérieur et les changements de la circulation océanique. Cependant, les causes de ces fluctuations restent incertaines. L'un des changements climatiques les plus importants de l'Holocène a été l'événement qui s'est produit il y a 8,2 Ma : une période de froid s'est abattue subitement entre 8400 à 8000 années civiles (7650 à 7200 arcbp).

Dans la présente étude, de nouvelles estimations de datations au 14C ont été faites sur les réservoirs marins de la baie d'Hudson. Ces estimations sont basées sur des données régionales de synthèse et, selon la chronostratigraphie mise à jour, on peut émettre l'hypothèse que des pulsations massives d'eau douce en provenance du détroit d'Hudson ont forcé l'événement qui a eu lieu il y a 8,2 Ma. Les résultats indiquent que les lacs proglaciaires Agassiz et Ojibway ont été à l'origine d'une catastrophe en libérant plus de 100 000 km2 d'eau douce dans la partie nord-ouest de la mer du Labrador il y a environ 8470 années civiles., juste avant le début de l'événement de 8,2 Ma. Cette découverte vient à l'appui de l'hypothèse selon laquelle une importante augmentation du débit d'eau douce de la calotte glaciaire laurentidiennne en décroissement a modifié suffisamment la circulation thermique des eaux marines pour provoquer la venue brutale et étendue du refroidissement des 10 000 dernières années civiles.