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2002/-- (a)
PRÉCIS D'INFORMATION
PROJET BIOBUS : DÉMONSTRATION ET ÉVALUATION
DU BIODIÉSEL À LA SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE
MONTRÉAL (STM)
Transport urbain et changements climatiques
Au Québec, le secteur des transports représente à lui seul près de 40
% du total des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il existe, aux
différents paliers gouvernementaux, une volonté ferme de réduire les émissions
de GES. Cette volonté s'inscrit dans les plans d'action du Canada et du
Québec dans la lutte contre les changements climatiques, conformément
au protocole de Kyoto.
Un autobus urbain peut transporter autant de passagers que 50 automobiles…
et pollue jusqu'à 18 fois moins! Le transport en commun jouera donc un
rôle croissant dans la lutte contre les changements climatiques. En utilisant
le biodiésel, les autobus peuvent contribuer encore plus à la réduction
des émissions polluantes et de GES, sans nuire à leurs performances ni
à leur rendement énergétique.
Qu'est-ce que le biodiésel?
Le biodiésel est un diester de méthyle obtenu par réaction chimique du
méthanol avec des matières grasses végétales (p. ex., huiles végétales
déclassées ou huiles de friture recyclées) ou animales. Déjà, vers 1895,
Rudolf Diesel expérimentait ses premiers moteurs « à cycle diésel » en
les alimentant en produits dérivés de l'huile d'arachide.
L'usage du biodiésel gagne en popularité en Europe (surtout en Allemagne
et en France). Quoique son utilisation ne soit pas encore aussi répandue
en Amérique du Nord, de plus en plus d'états envisagent son utilisation
dans les carburants diésel routiers.
Projet de démonstration et d'évaluation du biodiésel
Le biodiésel est une des solutions les plus pratiques, tant sur le plan
technique qu'économique, pour réduire en partie la quantité de pétrodiésel
utilisée dans l'exploitation d'un parc d'autobus urbains. Le projet BIOBUS
au biodiésel vise à :
- démontrer la viabilité de l'approvisionnement en biodiésel d'une société
de transport en commun, la STM, pendant un an et son utilisation en
conditions réelles particulièrement en climat froid;
- évaluer les impacts techniques, économiques et environnementaux de
cette option sur le transport urbain.
Le projet se réalisera selon les modalités suivantes :
- l'approvisionnement des autobus de la STM en biodiésel se fera de
mars 2002 à mars 2003;
- un rapport final sur le projet suivra au printemps 2003;
- le projet de démonstration à la STM prévoit l'utilisation de 500 000
litres de biodiésel à deux niveaux de concentration, soit le B5 et le
B20, qui sont des mélanges à 5 % et à 20 %, respectivement, de biodiésel
dans du pétrodiésel.
Le projet mis en œuvre à la STM se distingue sur trois plans :
- les projets de biodiésel réalisés dans d'autres pays se déroulent
dans des climats plus chauds, tandis que le projet BIOBUS
de la STM offre une référence d'utilisation du biodiésel en climat froid;
- alors que, dans d'autres pays, la très grande majorité de la production
provient d'huile végétale (soja, canola) de culture commerciale, le
biodiésel utilisé ici est surtout issu de résidus de l'industrie agroalimentaire
(10 % d'huiles végétales non comestibles, 45 % d'huiles de friture recyclées
et 45 % de graisses animales);
- par son ampleur, le projet sera le plus important jamais réalisé en
Amérique du Nord dans le domaine des transports en commun en milieu
urbain. Il vise à alimenter un parc de 155 autobus en service au cœur
du centre-ville de Montréal.
Partenaires du projet
Le projet, d'une valeur totale de 1 306 200 $, est rendu possible grâce
à la participation de différents partenaires.
Afin d'appuyer cet important projet de démonstration d'une technologie
permettant de réduire les gaz à effet de serre (GES), le gouvernement
du Canada a établi un partenariat entre Ressources naturelles Canada,
Développement économique Canada, Environnement Canada et le programme
des Mesures d'action précoce en matière de technologie (TEAM) du Fonds
d'Action pour le changement climatique (FACC). Ce partenariat s'inscrit
dans la stratégie du gouvernement canadien visant à favoriser les projets
concrets pouvant entraîner une réduction significative des émissions de
GES. Ce projet permettra d'évaluer les avantages environnementaux, économiques
et sociaux de l'introduction du biodiésel au Canada et favorisera la commercialisation
éventuelle de ce produit comme carburant issu de ressources renouvelables.
L'un des objectifs du projet vise, en fait, à déterminer les conditions
optimales de l'introduction de ce biocarburant à une échelle significative
dans les sociétés de transport au Canada et, éventuellement, de son utilisation
dans une plus large gamme de véhicules roulant au diésel.
La contribution financière totale du gouvernement du Canada s'établit
à 515 000 $. Ce financement provient du volet Mesures d'action précoce
en matière de technologie (TEAM) du Fonds d'action pour le changement
climatique (FACC) et de Développement économique Canada.
Le projet BIOBUS correspond tout à fait au type d'innovation que
s'est engagé à soutenir le gouvernement du Québec dans le Plan d'action
québécois 2000-2002 sur les changements climatiques. La réduction des
émissions des véhicules et le soutien à la recherche, au développement
et à la démonstration de technologies de lutte contre les gaz à effet
de serre comptent parmi ses orientations. En faisant l'analyse des impacts
environnementaux, techniques et économiques de l'utilisation du biodiésel,
le projet de démonstration favorisera la transition des combustibles fossiles
vers des sources renouvelables d'énergie. De plus, le biodiésel est fabriqué
par une firme québécoise à partir de matières résiduelles végétales et
animales. Aussi, les ministères de l'Environnement (MENV), des Transports
(MTQ), de l'Industrie et du commerce (MIC), des Affaires municipales (MAMM),
des Ressources naturelles (MRN) ainsi que l'Agence de l'efficacité énergétique
(AEÉ) ont décidé de contribuer au projet.
La contribution financière totale du gouvernement du Québec s'établit
à 375 000 $.
- Société de transport de Montréal
La Société de transport de Montréal (STM) est un partenaire clef du projet
puisqu'elle fournit toutes les infrastructures de test du biodiésel en
conditions réelles d'utilisation et qu'elle constituera une vitrine technologique
aux yeux des autres sociétés de transport en commun du Canada. La STM
est fière de participer étroitement au projet de démonstration et d'évaluation
du biodiésel. La participation de la Société témoigne de son engagement
à l'égard de la protection de l'environnement, non seulement parce que
l'ajout de matières biologiques au pétrodiésel permet de réduire les émissions
de gaz à effet de serre, mais aussi parce que le biodiésel utilisé permet
la revalorisation d'huiles usées et de graisses animales non comestibles.
La contribution de la STM équivaut à une valeur de 368 700 $
- Rothsay / Laurenco (Groupe aliments Maple Leaf)
Filiale du Groupe Maple Leaf, la société Rothsay / Laurenco se spécialise
dans le recyclage de résidus de l'industrie agroalimentaire. C'est elle
qui relèvera le défi d'assurer l'approvisionnement du projet en biodiésel
pur. En effet, non seulement les quantités à fournir sont importantes,
mais en plus, on exige que ce projet de démonstration évalue le biodiésel
de trois origines différentes, à partir d'huiles végétales non comestibles,
animales et recyclées. Rothsay / Laurenco devra donc adapter sa production
à ces exigences, selon le calendrier du projet et aussi en fonction des
contraintes au froid que l'on pourrait découvrir. Enfin, les caractéristiques
physico-chimiques du produit livré seront aussi analysées selon diverses
normes en cours d'élaboration sur le biodiésel.
La contribution financière de la société Rothsay / Laurenco s'établit
à 37 500 $.
- Association canadienne des carburants renouvelables (ACCR)
et Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPCCQ)
L'Association canadienne des carburants renouvelables (ACCR) est un organisme
à but non lucratif ayant pour mandat de promouvoir les carburants renouvelables
(l'éthanol, le biodiésel) par la sensibilisation des consommateurs et
la liaison gouvernementale. Quant à la Fédération des producteurs de cultures
commerciales du Québec, qui est membre de l'ACCR, elle a pour but de trouver
des débouchés pour les productions québécoises. Dans l'optique du transport
durable, les deux organismes se sont faits les promoteurs du projet, qui
vise à démontrer la viabilité de l'approvisionnement et de l'utilisation
d'un carburant renouvelable moins nocif pour l'environnement et qui est
fait à partir de matières résiduelles animales et végétales recyclées.
La contribution financière conjointe de l'ACCR et de la FPCCQ s'établit
à 10 000 $
Avantages du biodiésel
Transport durable : Le biodiésel est produit à partir
de ressources locales et renouvelables, qu'il s'agisse de produits de
culture ou de sous-produits de l'industrie agroalimentaire. Dans le cadre
du projet, les graisses animales et les huiles végétales entrant dans
la fabrication du biodiésel proviennent du recyclage de rebuts de l'industrie
agroalimentaire (résidus d'abattoirs, huiles de friture recyclées, huiles
vierges non comestibles ou surplus agricoles) qui seraient autrement mis
au rebut ou rejetés dans l'environnement avec un risque potentiel d'émanation
de méthane, l'un des gaz à effet de serre.
Réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES)
: Le biodiésel y contribue à trois niveaux :
- Le biodiésel, issu de la biomasse, est une source renouvelable d'énergie
qui remplace un hydrocarbure d'origine fossile. Son cycle de production
et d'utilisation est considéré comme ne générant pratiquement aucune
émission de GES.
- De plus, la biodiésel permet une meilleure combustion dans les moteurs
d'autobus et réduit certaines émissions, de composés organiques notamment,
qui ont un effet pouvant être des dizaines de fois plus importants que
le gaz carbonique au niveau de l'effet de serre.
- Le biodiésel pourrait permettre de valoriser des résidus dont on n'exploite
pas encore pleinement le potentiel, réduisant ainsi les quantités envoyées
dans des sites d'enfouissement, et donc éviter d'importantes émissions
de GES dues au dégagement de méthane.
Actuellement dans la littérature ont considère que l'utilisation de B20
entraîne une diminution de GES, compte tenu du cycle de vie du produit.
Les résultats du projet et d'une étude en cours sur le cycle de vie du
biodiésel permettront de valider ces affirmations.
Réduction des émissions polluantes : L'impact positif
de l'utilisation du biodiésel sur la composition des gaz d'échappement
d'un moteur diésel est reconnu. Parce qu'il contient 11 % en masse d'oxygène,
le biodiésel, même en faible proportion dans du pétrodiésel, assure une
meilleure combustion du diésel de pétrole auquel il est mélangé, et augmenterait
le rendement des convertisseurs catalytiques au niveau des gaz d'échappement.
On réduit notablement les émissions de CO. Il en est de même des émissions
de particules fines et d'hydrocarbures imbrûlés, dont certaines sont reconnues
comme cancérigènes. Par ailleurs, le biodiésel offre des propriétés lubrifiantes
qui facilitent l'utilisation de pétrodiésel à faible teneur en soufre.
Le tableau ci-dessus présente les émissions liées à l'utilisation du
B20 par rapport à celle du pétrodiésel (Source : National Biodiesel Board
- É.-U.). Le projet BIOBUS vise à vérifier ces
variations d'émissions dans le contexte d'un parc d'autobus, exploité
à Montréal. Ces résultats seront utiles à l'ensemble du Canada.
Facilité d'utilisation : À la différence d'autres carburants
alternatifs, le biodiésel dans une concentration de 5 % à 20 % n'impose
pas de modification des infrastructures existantes de livraison et de
distribution du carburant. De plus, il peut être utilisé sans aucune modification
du moteur diésel des véhicules de parcs actuels d'autobus. Seule l'utilisation
par temps froid demande une attention et des vérifications particulières.
Portée du projet sur la STM et sur le transport en commun
Afin de contribuer à une bonne qualité de l'air de Montréal, la STM est
particulièrement intéressée à évaluer les impacts sur ses activités de
l'utilisation du biodiésel dans le cadre d'un projet de démonstration.
Le centre de transport Frontenac de la STM a été retenu aux fins du projet,
car il dessert le cœur du centre-ville de Montréal avec ses artères
commerciales et ses nombreux centres d'affaires. Ce sont donc des zones
très densément occupées qui bénéficieront des impacts positifs de la réduction
des émissions polluantes. Le tableau présente le potentiel des réductions
des émissions de GES si du B20 avait été utilisé en 2001 au Centre de
transport Frontenac et à l'ensemble de la STM.
Statistiques annuelles
pour 2001 |
Centre de transport Frontenac
(155 autobus) |
Ensemble du parc d'autobus de la STM
(1 600 autobus) |
Parcours total |
6,7 millions de km |
70,4 millions de km |
Nombre de déplacements |
34,9 millions |
252 millions |
Consommation de carburant |
3,7 millions de litres |
38,7 millions de litres |
Réduction de CO2 estimée
(B20) |
1 800 tonnes |
19 350 tonnes |
Les résultats du projet de démonstration serviront à documenter et démontrer
la viabilité et la rentabilité du B20 pour les autobus urbains.
Structure du projet
Le projet comporte deux grands volets : le volet technique et logistique
et le volet communication.
Le volet technique et logistique porte sur les aspects suivants :
- Qualité de l'approvisionnement : Pour assurer la
fiabilité et la qualité de l'approvisionnement des autobus de la STM
en biodiésel, le projet prévoit la mise en place d'un processus de fourniture
et de livraison du carburant ainsi que celle d'un programme de contrôle
de la qualité du biodiésel pur et des mélanges B5 et B20. Les caractéristiques
physico-chimiques du produit livré seront analysées selon les protocoles
reconnus dans l'industrie. C'est le projet qui absorbe les surcoûts
liés à l'achat, au mélange et au transport du biodiésel.
- Utilisation et entretien : Afin de vérifier la viabilité
du biodiésel et d'assurer la continuité du service à la STM tout en
évaluant l'impact de l'utilisation de ce carburant sur les frais d'exploitation
de la société de transport, on vérifiera le comportement du biodiésel
à basse température en procédant à des essais préalables sur différents
autobus en chambre froide. Par ailleurs, on recueillera des données
sur l'exploitation et le suivi du parc d'autobus (frais d'entretien,
statistiques sur les pannes et les réparations, ratio consommation de
carburant-kilométrage parcouru, etc.). Ces données permettront, entre
autres, de comparer les coûts d'entretien des autobus avant et après
l'introduction du biodiésel.
- Mesure des émissions : La mesure des émissions atmosphériques
est l'un des aspects les plus importants de l'évaluation d'impact et
du suivi du projet. Les essais sur les autobus en vue de mesurer les
émissions liées à différents mélanges de biodiésel et de pétrodiésel
se feront sur banc moteur au printemps de 2002, au Centre de technologie
environnementale (CTE) d'Environnement Canada, à Ottawa.
Le volet communication est important pour assurer non seulement le succès
du projet en cours de réalisation (adhésion de tous les intervenants)
mais aussi pour accroître la visibilité et la crédibilité du biodiésel
comme une option viable pouvant être plus largement appliquée après la
fin du projet. Il porte sur deux grands aspects :
- Communications internes : Le volet communications
internes fait appel à différents moyens pour informer l'ensemble des
employés de la STM (journal interne, Intranet, concours, etc.). Le but
visé est de faciliter l'introduction du changement au sein de la société
de transport en suscitant un sentiment de fierté chez les employés participant
au projet. Une démarche similaire sera mise en place chez les autres
partenaires de réalisation du projet.
- Satisfaction de la clientèle et Communications externes
: En collaboration avec la STM, on prévoit mesurer l'impact du projet
de biodiésel sur ses usagers et sur l'ensemble des résidents de Montréal
et de sa région. On pourra ainsi évaluer leur degré d'intérêt et de
sensibilisation face à l'utilisation de carburants alternatifs et aux
efforts consentis à l'échelle régionale pour contrer la pollution et
les émissions de gaz à effet de serre. Le volet communications externes
vise, d'une part, à sensibiliser le grand public aux impacts bénéfiques
du biodiésel sur l'environnement et, d'autre part, à promouvoir l'utilisation
de ce nouveau carburant auprès des décideurs. À cette fin, on utilisera,
entre autres, les moyens suivants : maquillage du BIOBUS,
bulletin d'information, sites internet des partenaires, événements médiatiques,
participation à des conférences et colloques, etc.
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