Réussites
Les chercheurs des Laboratoires des mines et des sciences minérales de CANMET
(LMSM-CANMET), à Ressources naturelles Canada, souhaitent changer les mentalités
à propos des métaux et de la façon de les utiliser. Pour comprendre ce que les
LMSM tentent de réaliser, il faut retourner aux sources.
Tout d'abord, il faut savoir que les métaux sont des éléments, soit des substances
naturelles fondamentales indécomposables et récupérables. Une utilisation appropriée
des métaux pourrait donc faire en sorte que ces ressources ne soient jamais épuisées,
contrairement aux réserves énergétiques combustibles comme l'essence. Les métaux
ont en fait un
« cycle de vie », qui commence généralement par leur extraction, suivie de leur
affinage et de la production de biens, puis, comme c'est trop souvent le cas,
de la mise à la ferraille et au rebut. Alain Dubreuil, Ph. D., et ses collègues
des LMSM-CANMET joignent leurs efforts pour que le maximum de biens métalliques
soient « recyclés et réutilisés ». Il est évident que nous profiterons davantage
des métaux en les recyclant et en les réutilisant.
L'objectif principal de M. Dubreuil et de ses collègues est, d'une part, de
nous aider à mieux comprendre ce qu'implique pour la planète l'utilisation des
métaux selon une approche fondée sur le « cycle de vie » et, d'autre part, de
nous montrer comment nous pouvons contribuer à la gestion et à la conservation
plus efficaces de cette ressource essentielle.
Il est évident que les anciennes mentalités et les vieux modèles ne cadrent
pas avec cette nouvelle approche de l'utilisation des métaux. Il n'y a pas si
longtemps, la plupart d'entre nous agissions comme si toutes les ressources (renouvelables
et non renouvelables) étaient inépuisables. Il nous semblait alors inconcevable
que nous puissions manquer d'arbres, de poissons, de terres arables, de terres
habitables, d'eau potable et même de minéraux et de métaux. Cependant, au cours
des dernières décennies, la croissance rapide de la population mondiale, la mondialisation
accélérée des marchés et d'autres contraintes ont été de plus en plus lourdes
pour l'environnement.
Aujourd'hui, nous savons que tous les aspects de la vie sur Terre sont reliés
et interdépendants, et ce, de manière surprenante parfois. Rien ni personne ne
peut exister ou vivre dans un isolement complet. Accorder moins d'importance à
un élément peut tout compromettre. Les vieux modèles, soit les théories classiques
établies depuis longtemps dans les domaines économique, industriel et scientifique,
n'ont laissé que peu de place à nos nouvelles idées sur l'interdépendance dynamique
des forces qui influent sur notre environnement et même sur notre existence.
Cette vision de l'environnement continue d'évoluer depuis son apparition dans
les années 60 – période de révolution sociale qui a d'abord vu la naissance des
droits de l'homme, puis celle de l'écologisme. Elle a suscité l'attention du monde
entier en 1987 lorsque la Commission Brundtland a publié son rapport provocateur
intitulé Notre avenir à tous. Nous parlons aujourd'hui de « développement durable
», concept selon lequel nous reconnaissons la nécessité de penser, d'agir et de
prendre des décisions qui intègrent les dimensions sociale, économique et environnementale,
de même que notre devoir de laisser l'environnement le plus intact possible pour
les générations à venir.
Le gouvernement du Canada s'engage à développer de façon durable ses ressources
naturelles. Pour ce faire, il est crucial de soutenir et de promouvoir l'acquisition
de connaissances scientifiques ainsi que la mise au point de nouvelles techniques.
À cet égard, près de 75 % du budget de Ressources naturelles Canada est consacré
à la science et à la technologie. C'est cette grande importance qu'accorde RNCan
au développement durable qui guide les travaux de ses scientifiques et de ses
chercheurs, dont le but principal est de partager leurs découvertes scientifiques
et techniques afin de favoriser ouvertement et directement la croissance économique,
la création d'emplois et la concurrence, ainsi que la santé et la sécurité au
travail pour tous les Canadiens, tout en les sensibilisant à la protection de
l'environnement.
Cela nous ramène au travail de M. Dubreuil et de ses collègues, qui s'intéressent
de plus en plus à la conception et à l'implantation de produits écologiques. L'évaluation
de l'ensemble des impacts environnementaux et des autres avantages d'un produit
ou d'un service s'effectue au moyen de ce qu'on appelle l'évaluation du cycle
de vie (ECV). Cette évaluation, qui émane directement du développement durable,
est un excellent outil d'analyse des impacts environnementaux d'un service ou
d'un produit. Ainsi, l'ECV commence par l'évaluation de la décision d'investissement
initiale, de l'exploration et de l'extraction, de la conception et de la production
pour finir par l'analyse de l'utilisation, de la réutilisation, du recyclage et
de l'élimination.
M. Dubreuil dirige l'initiative d'ECV aux LMSM-CANMET en travaillant étroitement
avec ses collègues afin d'accroître la qualité et le nombre d'applications des
modèles d'évaluation des impacts. Ces modèles, quant à eux, sensibilisent à l'environnement
ceux qui prennent des décisions, élaborent des politiques et créent des programmes
dans les ministères et ailleurs. Parmi les autres avantages de l'ECV, mentionnons
qu'elle améliore l'élaboration de procédés et la conception de produits, qu'elle
favorise l'étiquetage écologique et qu'elle accroît l'accessibilité aux marchés
ainsi que la protection des ressources et des produits.
Dans ce domaine, des progrès se font de manière continue mais assez lente.
M. Dubreuil reconnaît la nécessité de mieux connaître les applications de l'ECV
aux minéraux et aux métaux, en ce qui concerne plus particulièrement les méthodes
servant à évaluer la toxicité des émissions de métaux et à calculer les avantages
que présente leur cycle de vie.
M. Dubreuil effectue de la recherche sur les calculs relatifs au cycle de
vie en collaboration avec ses collègues du programme sur les métaux et l'environnement
des LMSM-CANMET. Il se penche sur la question de la toxicité en participant à
une initiative dirigée par RNCan et visant à créer des indicateurs nationaux relatifs
au développement durable des minéraux et des métaux. Pour ce faire, il collabore
de manière plus large avec l'industrie, des intervenants du gouvernement et d'autres
parties intéressées. Il travaille également à l'accroissement des connaissances
et des applications de l'ECV des métaux dans la région de Coopération économique
Asie-Pacifique (APEC) et dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l'environnement
(PNUE). En outre, il travaille de concert avec ses collègues de la Direction de
la politique des minéraux et des métaux (DPMM) afin d'informer certains fonctionnaires
européens, des représentants de l'industrie et la communauté scientifique sur
les faiblesses des modèles d'ECV qui sont actuellement appliqués aux minéraux
et aux métaux.
RNCan et certains organismes internationaux étudient la possibilité d'organiser
un important atelier international sur l'application de l'ECV au secteur de l'exploitation
minière et métallurgique. Cet atelier constituerait une suite remarquable aux
ateliers sur l'ECV qui ont récemment eu lieu en Australie et au Japon, l'un des
principaux promoteurs de l'ECV dans la région de l'APEC. Parmi les organismes
non gouvernementaux qui jouent un rôle clé, mentionnons l'Organisation internationale
de normalisation (ISO) et la Society of Environmental Toxicology and Chemistry
(SETAC). Leur soutien se traduit par l'adoption croissante de normes internationales
en matière de classification des émissions et d'évaluation de leurs répercussions
potentielles sur l'environnement.
Tous ces éléments favorables laissent présager une reconnaissance accrue de
la nécessité de changer notre manière de voir et d'utiliser les métaux.