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Impacts et adaptation liés aux changement climatique : perspective canadienne
Établissement du coût du changement climatique

Orientations de la recherche Références Table des matières Scénarios Étude de la vulnérabilité Introduction Conclusion Établissement du coût du changement climatique

"Il existe quelques vérités et beaucoup de suppositions au sujet des répercussions possibles du changement climatique sur les secteurs de l'économie qui sont sensibles au climat."(46)

L'économie canadienne est lourdement tributaire de la santé et de la durabilité des industries du secteur des ressources naturelles, comme les forêts, les pêches et l'agriculture, et dépend également de la fiabilité des infrastructures essentielles, notamment les réseaux de transport et les systèmes de soins de santé. La disponibilité et la qualité des ressources en eau ainsi que la durabilité des zones côtières sont également des facteurs importants du bien-être économique des Canadiens. Comme on peut le constater en parcourant les différents chapitres du présent rapport, le changement climatique apportera son lot de possibilités et de défis à chaque secteur. Il aura une foule de répercussions économiques, tantôt négatives, tantôt positives, et exigera de notre part de nouveaux investissements dans l'adaptation.

Pour l'instant, il est difficile d'établir des estimations quantitatives des coûts potentiels des impacts du changement climatique.(18, 46, 47) Outre le fait que l'on ne s'entend pas sur les approches et hypothèses à privilégier, les données disponibles sont encore limitées et une foule d'incertitudes continuent d'entourer, entre autres, les variations des conditions climatiques, sociales et économiques ainsi que les solutions à mettre en oeuvre pour y faire face. La recherche en cours est motivée par le fait qu'une évaluation utile des coûts du changement climatique, marchands et non marchands, aura beaucoup de poids dans les décisions qui seront prises en matière d'atténuation et d'adaptation. En fait, on considère les concepts et les méthodes de la science économique comme le principal moyen de transposer dans le domaine des politiques les résultats de la recherche scientifique sur le changement climatique.(48)

Évaluation des impacts économiques

Tant aux États-Unis qu'au Canada (voir le tableau 4), plusieurs chercheurs ont tenté d'estimer les coûts potentiels du changement climatique dans divers secteurs de l'économie à l'échelle nationale. Leurs études emploient différentes approches, formulent différentes hypothèses et embrassent différentes échelles, ce qui interdit toute comparaison directe entre des pays ou des secteurs. Les chiffres suivants illustrent l'ampleur des variations des résultats.

En général, l'évaluation des impacts économiques du changement climatique consiste à estimer la valeur des impacts marchands et non marchands directs et indirects, les coûts de mise en oeuvre des mesures d'adaptation et les avantages que l'on prévoit en retirer. Pour les besoins de notre analyse, les impacts directs sont ceux qui se produisent dans la région étudiée, tandis que les impacts indirects résultent des effets du changement climatique sur les systèmes et les secteurs qui se trouvent dans d'autres régions. Les biens et services marchands désignent les biens et services dont la propriété est bien établie et qui sont offerts contre rémunération; les biens et services non marchands ne sont pas vendus dans le commerce et ne font pas l'objet de droits de propriété bien définis.(46) Les impacts sur les biens marchands peuvent comprendre, par exemple, la modification de la production des secteurs de l'agroalimentaire, des forêts et des pêches, les fluctuations de l'approvisionnement en eau et les variations des coûts d'assurance. Les impacts sur les biens et services non marchands peuvent comprendre, par exemple, les changements qui surviennent dans les écosystèmes, les variations du nombre de pertes de vies humaines, les effets sur les cultures et les variations de la stabilité politique.(46) Notons que les impacts sur les services non marchands se répercutent souvent sur les biens et services marchands.

Tableau 4 : Estimations annuelles des effets du changement climatique sur l'économie

Secteur Pays Scénario de changement climatique Estimation annuelle de l'effet sur l'économie
Agriculture(49) É.-U. (2060) température +1,5-5 °C et précipitations +7-15 % +0,2-65 milliards $US
Agriculture(50) Canada (2100) MCP du GIEC 19-49 milliards $US
Foresterie(51) É.-U. (2140) UKMO, OSU, GFDL-R30 11-23 milliards $US
Élévation du niveau de la mer(52) É.-U. Élévation de 33-67 cm du niveau moyen de la mer -895-2 988 milliards $US
Production d'hydroélectricité(53) É.-U. (2060) température +1,5 °C et précipitations +7 % - 2,75 milliards $US

Abréviations : UKMO = United Kingdom Meteorological Office; OSU = Université de l'État de l'Oregon; GFDL = Geophysical Fluid Dynamics Laboratory

Beaucoup de recherches ont été faites pour déterminer la valeur des biens marchands et non marchands. Cette évaluation s'effectue souvent en mesurant la volonté des consommateurs de payer pour un changement positif ou d'accepter un changement négatif.(54) Les impacts sur les biens marchands sont généralement plus faciles à estimer que les impacts sur les entités non marchandes, mais des problèmes se posent dans un cas comme dans l'autre. Par exemple, la valeur des biens et services non marchands est influencée par les préférences personnelles, qui ont tendance à changer dans le temps de manière imprévisible.(47) La valeur des biens marchands dépend des variations de l'offre et de la demande, elles-mêmes déterminées par un grand nombre de facteurs qui s'exercent à l'échelle locale, régionale, nationale ou internationale.

Des chercheurs en sont venus à la conclusion que la probabilité de recourir à telle ou telle mesure d'adaptation sera différente selon que les impacts se font sentir sur des biens et services marchands ou non marchands. Comme les gens (particuliers, entreprises, ménages ou établissements publics) ont des droits de propriété sur les biens marchands, le changement climatique modifierait la valeur de leurs actifs. Ce facteur incite à prendre des mesures d'adaptation susceptibles d'atténuer les pertes et de permettre de tirer parti des possibilités qui s'offrent.(46) Les ménages et les entreprises ont tout intérêt à prendre des mesures d'adaptation, car ils en constateront directement les avantages.(55) Par contre, les marchés offrent moins de stimulants et de mécanismes pour s'adapter aux impacts du changement climatique sur les biens non marchands, d'autant plus qu'on ne sait pas exactement à qui incomberait la responsabilité de prendre les mesures d'adaptation. Il faut tenir compte de ces facteurs lorsqu'on tente d'évaluer le rôle des mesures d'adaptation dans les études sur les impacts économiques.

Les coûts possibles du changement climatique ont été estimés de plusieurs façons, et les études varient considérablement par leur complexité et leur degré de détail. Une des approches utilisées consiste à examiner des tendances ou des événements passés que l'on croit représentatifs des conditions futures. Par exemple, certains chercheurs se sont penchés sur les coûts économiques des désastres naturels, en se basant sur les réclamations d'assurance et les bases de données pour déterminer les coûts de ces événements (voir, p. ex., les références 21, 56). D'autres ont étudié les impacts économiques des anomalies climatiques du passé, comme des hivers plus doux que la moyenne ou des étés extrêmement chauds. Les chercheurs qui se sont penchés sur la question de l'élévation du niveau moyen de la mer ont utilisé des projections (p. ex., 0,5 m d'ici 2100) et calculé la perte de valeur que subirait une propriété par suite d'une inondation ou de l'érosion.(52, 57) Les études de ce genre présentent l'inconvénient de se limiter à un seul aspect du changement climatique et de ne pas tenir compte suffisamment des coûts et des avantages de l'adaptation.

Une approche plus holistique consiste à appliquer une série de modèles dans le cadre d'une évaluation intégrée afin de produire des estimations des coûts économiques. Cette évaluation intégrée « combine de manière cohérente les résultats et les modèles émanant des sciences biologiques, économiques et sociales, ainsi que les interactions entre celles-ci »(14). Le fait de s'en remettre autant à des modèles et à des suppositions entraîne cependant une cascade d'incertitudes.(58)

Questions particulières

Échelle de l'analyse

La plupart des études effectuées jusqu'à maintenant au sujet des coûts ont modélisé les impacts du changement climatique à l'échelle nationale ou internationale (voir les références 18, 46; voir aussi le tableau 4). Comme les données sur les changements et les impacts sont regroupées par grandes régions, elles occultent les différences qui peuvent exister entre les diverses parties d'une région. De plus, les analyses effectuées à cette échelle font abstraction du fait que, dans bien des cas, les décisions d'adaptation sont prises à l'échelle régionale ou locale.(59) Par ailleurs, l'analyse régionale des conséquences économiques du changement climatique est limitée par la pauvreté des données économiques régionales et les difficultés posées par l'étude des interactions économiques et biologiques de ces régions. Même si des cadres de recherche ont été établis pour tenir compte de ces distinctions (p. ex., référence 46), on s'en sert rarement pour faciliter les analyses économiques à l'échelle régionale.

Rendre compte des mesures d'adaptation

Plusieurs chercheurs se sont dits préoccupés par la façon dont l'adaptation est présentée dans les études sur les coûts.(48, 60) On s'entend sur l'importance déterminante qu'auront les mesures d'adaptation dans la réduction des coûts du changement climatique,(8) mais de nombreuses études en font peu de cas. D'autres études posent des hypothèses simplistes au sujet de l'adaptation, se limitant au tout ou rien, et ne contiennent pas d'estimations réalistes des coûts de mise en oeuvre des mesures d'adaptation,(47) même si la recherche indique que les coûts de l'adaptation au changement climatique seraient considérables (voir le tableau 5).

Toujours au sujet de la prise en compte des mesures d'adaptation dans les études sur les coûts, on déplore également l'absence de distinctions entre l'adaptation anticipée et l'adaptation autonome, en dépit du fait que la première présente généralement des avantages économiques. En outre, les chercheurs ne se sont pas beaucoup intéressés à la répartition des coûts et des avantages de l'adaptation.(61) Or, ces facteurs réduisent la fiabilité des estimations des coûts.

Tableau 5 : Estimation des coûts d'adaptation de certains types d'infrastructure à une hausse de 5 p. 100 de la température moyenne et à une augmentation de 10 p. 100 des précipitations moyennes au cours du présent siècle. Valeurs et coûts en dollars de 2001 (estimations préliminaires d'après la référence 54)

Adaptation Coût estimé
Construction de routes toutes saisons (ailleurs que sur le pergélisol) 85 000 $/km + 65 000-150 000 $/pont
Construction de routes toutes saisons (sur le pergélisol) 500 000 $/km
Remplacement des ponts en milieu côtier en prévision de l'élévation du niveau de la mer 600 000 $/pont
Augmentation de la capacité de traitement des eaux usées (Halifax) 6,5 milliards $

D'après les valeurs et les coûts en dollars de 2001.

Interactions des régions et des secteurs

Il existe des relations étroites entre l'économie intérieure et l'économie internationale. Le Canada dépend beaucoup des échanges commerciaux et, à ce titre, il est sensible aux impacts du changement climatique qui se transmettent par les marchés internationaux. Autrement dit, l'économie canadienne serait touchée par les impacts directs du changement climatique dans d'autres pays qui ont un rôle à jouer sur l'offre et la demande mondiale d'un produit donné. Pour l'instant, peu de chercheurs examinent les répercussions positives ou négatives que le marché international peut avoir au Canada ou ailleurs.

De plus, les secteurs de l'économie ne sont pas isolés; les impacts et les mesures d'adaptation dans un secteur donné auraient des conséquences dans plusieurs autres. Différents secteurs partagent des ressources ou se fournissent mutuellement des biens ou des services.(53) Par exemple, l'agriculture, l'industrie du tourisme et des loisirs, le secteur hydroélectrique, le secteur municipal et d'autres industries vont tous puiser dans des ressources en eau communes. Or, une diminution des disponibilités en eau augmenterait vraisemblablement la concurrence entre ces secteurs, d'où un risque de conflit (voir le chapitre intitulé « Ressources en eau »).

Valeur des services non marchands

Même s'il est clairement reconnu que les coûts du changement climatique ne sont pas seulement d'ordre économique, il est extrêmement difficile d'attribuer une valeur à des services non marchands, comme des fonctions d'écosystèmes et des usages culturels. Par exemple, les avantages d'une terre humide, notamment en ce qui concerne la filtration des eaux, la régularisation des crues et l'habitat de la faune, sont difficiles à quantifier. C'est pourquoi la plupart des études sur les coûts ne tiennent pas suffisamment compte des services non marchands. Cela dit, on constate une sensibilisation croissante au rôle des écosystèmes dans la santé économique. Nous en sommes redevables en grande partie aux initiatives de développement durable. Ainsi, un récent rapport suggère d'inclure dans l'évaluation de la santé économique du Canada des mesures de la couverture forestière et de la couverture de terres humides.(62) Dans d'autres programmes, on a commencé à déterminer la valeur économique des terres humides pour le Canada(63) et à s'intéresser aux aspects de la forêt autres que les ressources ligneuses (p. ex., la faune, la biodiversité, les loisirs).(64) Ces travaux, même s'ils ne sont pas réalisés dans le contexte de l'étude du changement climatique, contribueront à améliorer les études sur les coûts du changement climatique.

Travaux futurs

Dans le troisième rapport d'évaluation du GIEC, les experts ont souligné le peu de progrès accomplis sur le plan de la méthode d'établissement des coûts et d'évaluation entre 1995 et 2001.(12) Il reste donc beaucoup à faire pour quantifier les coûts et les avantages économiques du changement climatique; il s'agit d'une grande lacune de la recherche au Canada(47) et sur la scène internationale.(65) Voici quelques-unes des recommandations formulées en ce qui concerne les travaux à effectuer (d'après les références 46, 66, 67, 68, 69) :

  • tenir compte davantage des caractéristiques (socio-économiques, politiques, culturelles, etc.) des collectivités dans les études sur les coûts, afin que les responsables des politiques aient une meilleure compréhension des impacts régionaux du changement climatique;
  • mieux connaître et quantifier les liens entre les secteurs et les régions;
  • améliorer les estimations des pertes de biens non marchands;
  • intégrer la vulnérabilité et le processus d'adaptation dans les modèles;
  • évaluer l'importance des événements extrêmes et de la variabilité climatique;
  • examiner dans quelle mesure la capacité d'adaptation influe sur l'ampleur et la nature des coûts du changement climatique (impacts et adaptation).

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