Gouvernement du CanadaGouvernement du Canada
 
 English   Contactez-nous    Aide    Recherche   Site du Canada
 Accueil    Évaluation
 nationale
   Projets    Affiches    Plan du site
Image satellite du Canada
Ressources naturelles Canada
Les impacts et l'adaptation liés aux changements climatiques
.Accueil
Impacts et adaptation liés aux changement climatique : perspective canadienne
.Accueil


Divulgation proactive


Version imprimable Version imprimable 
 Les impacts et l'adaptation liés aux changements climatiques
Ressources naturelles Canada > Secteur des sciences de la Terre > Priorités > Les impacts et l'adaptation liés aux changements climatiques > Perspective canadienne
Impacts et adaptation liés aux changement climatique : perspective canadienne
Adaptation

Les ressources en eau Table des matières Demande d?eau Conclusion Lacunes sur le plan des connaissances et besoins en matière de recherche Impacts sur l?approvisionnement en eau Adaptation Travaux antérieurs Introduction Références

"Les gestionnaires de l'eau commencent à envisager des mesures d'adaptation au changement climatique... [cependant], pour beaucoup d'entre eux, l'ampleur à donner aux mesures d'adaptation est encore incertaine." (5)

Plusieurs études font ressortir chez les gestionnaires une tendance générale à sous-estimer les impacts du changement climatique.(36, 39) Dans un sondage réalisé auprès des organisations américaines qui s'intéressent aux ressources en eau, aucun groupe n'a exprimé l'intention de faire quoi que ce soit au sujet du changement climatique, et tous ont qualifié de faible l'attention qu'ils portaient au changement climatique.(40) Peut-être les gestionnaires croient-ils que les outils actuellement utilisés pour gérer le risque et l'incertitude seront suffisants pour contrer la variabilité engendrée par le changement climatique. Un autre facteur important pourrait être l'absence de normes incitant les décideurs à tenir compte du changement climatique dans la conception des installations. Le fait que les gestionnaires se contentent de réagir aux problèmes, plutôt que de les prévenir, pourrait également jouer un rôle.

ENCADRÉ 3: Options d'adaptation communément recommandées (21)

Voici les options d'adaptation le plus souvent recommandées pour le secteur des ressources en eau :

  • prendre des mesures d'économie d'eau;
  • améliorer les stratégies de planification et de préparation en vue des sécheresses et des inondations sévères;
  • mieux protéger la qualité de l'eau contre les déchets culturels, industriels et humains;
  • accentuer la surveillance;
  • améliorer la procédure pour répartir équitablement les ressources en eau.

Chacune de ces solutions serait considérée comme une mesure sans regret, qui apporterait de toute façon des avantages aux Canadiens, peu importe les impacts du changement climatique.

Il y a cependant des exceptions à ces tendances générales. Ainsi, dans le bassin de la rivière Grand, dans le sud-ouest de l'Ontario, les gestionnaires de l'eau ont commencé à établir des plans d'intervention d'urgence en prévision des épisodes de sécheresse(41) et ont tenu une série d'ateliers afin d'évaluer les méthodes d'analyse et de prise de décisions pour composer avec l'abaissement des niveaux d'eau du lac Érié sous l'effet du changement climatique.(41) Ces initiatives contredisent l'opinion souvent exprimée selon laquelle les gestionnaires de l'eau feront peu de cas du changement climatique tant et aussi longtemps qu'ils ne disposeront pas d'une meilleure information concernant la période et la nature des changements projetés. Les chercheurs soulignent que l'incertitude scientifique qui entoure le changement climatique n'est pas très différente des autres sources d'incertitude dont les gestionnaires de l'eau ont appris à tenir compte, comme la croissance de la population et l'activité économique.(43) Aussi l'incertitude ne devrait-elle pas les empêcher d'intégrer le facteur du changement climatique dans leur stratégie de gestion des risques.

Adaptation des infrastructures

Quand on envisage des solutions d'adaptation des infrastructures, il faut se demander si le réseau sera capable de soutenir les variations hydrologiques projetées, en plus de s'interroger sur les coûts économiques, sociaux et écologiques des mesures d'adaptation.

Les ouvrages tels que barrages et canaux de drainage constituent depuis toujours des moyens d'adaptation importants pour la gestion de l'eau au Canada. Toute-fois, les opinions divergent sur le bien-fondé de la construction de nouvelles structures pour faciliter l'adaptation au changement climatique. Comme les coûts environnementaux, économiques et sociaux sont considérables, un grand nombre d'experts sont d'avis que la construction d'une infrastructure à grande échelle devrait être évitée, ou du moins retardée jusqu'à ce que l'on ait une meilleure idée de l'ampleur des variations hydrologiques qui se produiront. Par ailleurs, on sait que les ouvrages de régularisation augmentent la souplesse des opérations de gestion et augmentent la capacité d'un réseau d'absorber les effets de la variabilité hydrologique.(5) Dans la rivière de la Paix, par exemple, la régularisation des cours d'eau permettra aux exploitants de compenser les effets du changement climatique sur les dates de gel en réduisant les relâchements en hiver.(44) Dans le même ordre d'idées, les collectivités du sud des Prairies pourraient se doter d'une infrastructure à petite échelle leur permettant de se servir de la neige pour augmenter leurs stocks d'eau en prévision des périodes de sécheresse.(45)

La plupart des plans de gestion et des ouvrages d'alimentation et de drainage actuellement utilisés ont été établis en fonction des données climatiques et hydrologiques historiques, et tiennent pour acquis que le passé est garant de l'avenir. Ces systèmes devraient pouvoir résister à la plupart des variations des conditions moyennes qui se produiront à cause du changement climatique dans les 20 prochaines années, mais une augmentation de la variabilité climatique et de la fréquence des événements extrêmes causerait vraisemblablement des problèmes de gestion. Selon des études de cas réalisées en Ontario, un accroissement de l'intensité des précipitations risque d'augmenter les coûts de l'infrastructure de drainage et de compromettre l'efficacité des systèmes en place (voir l'encadré 4).

ENCADRÉ 4: Vulnérabilité de l'infrastructure actuelle(46)

La plupart des systèmes de drainage urbains sont conçus en fonction des données climatiques historiques et risquent de flancher advenant une variation des régimes de précipitations. On croit en effet que des précipitations plus intenses seraient difficilement évacuées par les canaux de drainage, les égouts et les buses actuellement en place et augmenteraient les coûts des infrastructures de drainage. Il est vrai que les changements (p. ex., augmenter le diamètre des conduites) seront coûteux, mais on pense que la facture globale sera inférieure au coût des pertes qui résulteraient de l'absence de mesures d'adaptation. Par exemple, un sous-dimensionnement des canalisations entraînerait une augmentation des refoulements d'égout, des inondations de sous-sol et des problèmes de santé connexes.

Selon plusieurs études, la conception des systèmes de gestion de l'eau devrait être basée sur des seuils - par exemple, le seuil de dépassement de la capacité de stockage d'un réservoir - , plutôt que sur des conditions moyennes (p. ex., références 47 et 48). Les seuils peuvent induire des réponses non linéaires et, par conséquent, moins prévisibles au changement climatique, qui mettraient à rude épreuve la capacité d'adaptation des systèmes de gestion de l'eau.(43)

Dans bien des cas, il sera préférable de modifier les ouvrages en place, plutôt que de construire de nouvelles structures pour s'adapter aux changements.(49) Par exemple, les modèles indiquent que, dans tous les scénarios de changement climatique, sauf les plus extrêmes, une modification des méthodes d'exploitation et une augmentation de la capacité de stockage des réservoirs suffiront dans le bassin de la rivière Grand.(50) D'après une étude de l'infrastructure de drainage de North Vancouver, il est possible d'adapter le réseau en prévision de précipitations plus intenses, en profitant des travaux de maintenance réguliers pour augmenter petit à petit la capacité des principaux tronçons de canalisation.(51) Des mesures d'adaptation comme celle-là peuvent être intégrées dans les plans de gestion de l'eau à long terme.

Adaptations et considérations institutionnelles

"La capacité d'adaptation à la variabilité du climat et au changement climatique dépend d'une foule de facteurs institutionnels, technologiques et culturels qui jouent à l'échelle internationale, nationale et locale, ainsi que des caractéristiques spécifiques des changements qui se produisent." (5)

La gestion de la demande consiste à réduire les besoins par des mesures qui incitent à économiser l'eau et à l'utiliser avec plus d'efficacité. On la considère comme un moyen d'adaptation efficace et durable sur le plan environnemental et économique. C'est pourquoi les municipalités sont de plus en plus nombreuses à instituer des programmes de conservation et de tarification de l'eau. Dans le bassin de la rivière Grand, par exemple, les municipalités ont commencé à établir des programmes destinés à rendre plus efficaces l'utilisation, le stockage et la distribution de l'eau. Par ailleurs, de nombreuses administrations municipales sont impuissantes à adopter des programmes de gestion de la demande, faute de moyens législatifs ou institutionnels.(41) Le fait que le public ne soit pas sensibilisé à la nécessité d'économiser cette ressource précieuse et d'éviter les gaspillages constitue un autre obstacle. L'encadré 5 décrit d'autres facteurs qui influent sur la capacité d'adaptation des collectivités.

ENCADRÉ 5: Facteurs qui influent sur la capacité d'adaptation des collectivités(52)

Les auteurs d'une étude du bassin versant de la partie supérieure de la rivière Credit, dans le sud de l'Ontario, ont reconnu un certain nombre de facteurs importants de la capacité d'adaptation d'une collectivité au changement climatique :

  • la façon dont les problèmes sont perçus et appréciés par les intéressés;
  • le niveau et la qualité de la communication et de la coordination entre les intéressés et les gestionnaires de l'eau;
  • le degré de participation du public aux décisions concernant la gestion de l'eau et à la mise en oeuvre des mesures d'adaptation;
  • la qualité et l'accessibilité des ressources (p. ex., ressources financières suffisantes, personnel ayant reçu la formation adéquate et accès à des données de grande qualité);
  • le profil socio-économique de la collectivité (des collectivités plus riches peuvent investir davantage dans l'adaptation).

Certains de ces facteurs mériteraient d'être accentués, notamment par des séances d'information publique et par un réseautage accru. D'autres, par contre, comme le profil socio-économique de la collectivité, peuvent constituer des obstacles importants à l'adaptation.

Les programmes municipaux d'économie d'eau peuvent s'avérer extrêmement efficaces pour réduire la consommation d'eau et limiter les impacts du changement climatique sur les approvisionnements régionaux.(53) Soixante-trois des 65 municipalités recensées dans une étude avaient déjà lancé des programmes pour économiser l'eau.(54) Dans une autre étude réalisée en Ontario, la plupart des propriétaires ruraux auxquels on a parlé pratiquaient la conservation de l'eau sous une forme ou sous une autre, par exemple en réduisant la durée des douches et en tâchant d'éliminer les gaspillages au foyer.(9) Parmi les facteurs qui incitent les gens à adopter des méthodes de conservation figurent la sensibilisation et la participation aux programmes, le degré de scolarité et l'appréhension des pénuries d'eau. À l'île Pender Nord, en Colombie-Britannique, la collectivité a trouvé une solution très efficace aux problèmes de gestion de l'eau.(55) Dans l'île, la gestion de l'eau est la responsabilité de cinq représentants élus chargés de surveiller l'application de la loi sur l'utilisation de l'eau; celle-ci précise les volumes alloués par ménage et définit les utilisations acceptables et inacceptables des stocks d'eau de la collectivité. Les contrevenants reçoivent d'abord un avertissement et, en cas de récidive, s'exposent à se faire débrancher du réseau d'aqueduc municipal.

Pour être en mesure d'implanter des solutions d'adaptation efficaces, la collectivité doit être pourvue des pouvoirs institutionnels nécessaires. Au Canada, il est parfois difficile de mettre en place des mesures d'adaptation, simplement parce que les activités de gestion de l'eau sont administrées par plusieurs ordres de gouvernement. Même au sein d'une même administration publique, il n'est pas rare que plusieurs organismes interviennent dans la réglementation de l'eau.(46) Pour se doter d'une bonne capacité d'adaptation, il faut d'abord clarifier les rôles et les responsabilités de chaque organisme(52) et développer des mécanismes favorisant la collaboration inter-organisme (p. ex., l'Approche coopérative en matière d'eau souterraine au Canada). Il faut aussi que les organismes de gestion de l'eau aient la volonté d'aider les collectivités à mettre en oeuvre des stratégies d'adaptation. La façon dont les collectivités perçoivent les différentes options d'adaptation est également importante (voir l'encadré 6).

ENCADRÉ 6: Perception des options d'adaptation(56)

Des groupes témoins de la vallée de l'Okanagan interrogés au sujet des options d'adaptation ont exprimé une nette préférence pour les changements aux infrastructures (comme les barrages) et les mesures sociales (comme des permis d'utilisation de l'eau) pour régler le problème des pénuries d'eau. Ils préconisent tout particulièrement des mesures d'adaptation des infrastructures pour prévenir les impacts du changement climatique, comme la construction de barrages et la fabrication de neige. Les groupes témoins ont pu également cerner les implications des différentes solutions d'adaptation (p. ex., les coûts économiques et environnementaux élevés des barrages). Dans l'ensemble, les entrevues ont fait ressortir un vif intérêt des intervenants pour l'adaptation au changement climatique, ainsi que la nécessité de poursuivre le dialogue à ce sujet.

Gracieuseté de Wendy Avis.)

Si les changements d'ordre institutionnel revêtent une grande importance pour l'adaptation et la gestion des ressources en eau, il faut reconnaître, par contre, que la législation peut également élever des obstacles. Par exemple, le Traité du Niagara pourrait empêcher les producteurs d'électricité de s'adapter à la réduction des débits, étant donné qu'il répartit les ressources en eau pour à la fois répondre aux besoins des centrales hydroélectriques et préserver le décor naturel des chutes.(43) Autre exemple : le Traité des eaux limitrophes internationales de 1909, qui détermine la priorité des intérêts dans les Grands Lacs (p. ex., satisfaire en premier lieu les besoins domestiques et sanitaires, ensuite ceux de la navigation, ensuite ceux de la production d'électricité et de l'irrigation) et qui ne reconnaît pas les besoins associés à l'environnement, aux activités récréotouristiques et aux propriétés riveraines.(43) En revanche, l'Accord relatif à la qualité de l'eau dans les Grands Lacs, signé en 1978, vise expressément à préserver l'intégrité physique, chimique et biologique du bassin des Grands Lacs.(14) L'économie, les prix et les marchés sont des mécanismes fondamentaux pour équilibrer l'offre et la demande. Il se pourrait que l'on ait davantage recours à des mécanismes de prix pour limiter la demande d'eau, comme c'est le cas dans le bassin de la rivière Grand depuis quelques années.(57) L'augmentation du prix de l'eau aurait pour effet de limiter la consommation, mais il reste encore un grand nombre de questions à résoudre - entre autres, il faut chercher à mieux comprendre les conséquences de la tarification de l'eau au regard des principes de la justice et de l'équité environnementales.(39) On croit que la diminution des approvisionnements en eau accentuera la concurrence et les conflits entre les utilisateurs et, du même coup, rehaussera la valeur de cette ressource.(41) La résolution de ces problèmes pourra nous obliger parfois à modifier les politiques et les lois en vigueur. Actuellement, la plupart des lois qui régissent les ressources en eau ne tiennent pas compte du changement climatique et résisteront difficilement aux changements projetés. Par exemple, il pourrait devenir nécessaire d'actualiser les ententes sur les eaux transfrontalières en prenant dûment en considération les variations potentielles des régimes d'écoulement et des débits.(58) Le mécanisme des transferts d'eau, qui prend de plus en plus d'importance pour la gestion de l'eau dans certaines parties du monde, engendre souvent de nouveaux problèmes. Ainsi, les transferts d'eau entre deux parties à une entente touchent parfois une tierce partie, comme un utilisateur en aval, qui n'a pourtant rien à voir avec l'entente. Il est donc nécessaire de mettre en place des politiques permettant de tenir compte de l'impact des transferts d'eau sur les tiers. Dans le bassin des Grands Lacs, la plupart des scénarios de changement climatique laissent prévoir des déséquilibres importants entre l'offre et la demande ainsi que des problèmes de répartition des ressources en eau.(59) Jusqu'à présent, les organismes impliqués dans les conflits d'utilisation de l'eau ont toujours manifesté un esprit de collaboration digne d'éloges, mais il n'existe pas d'approche entièrement uniforme des lois et des politiques en matière d'eau, et les impacts projetés du changement climatique pourraient bien compromettre le climat de bonne entente qui a prévalu jusqu'ici.(60) Il faudra également actualiser les lois internationales si l'on veut prévenir les conflits, car peu d'entre elles tiennent compte des impacts du changement climatique.

Table des matières | Prochaine page

2006-10-06Avis importants