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Divulgation proactive Version imprimable | Géophysique de la radioactivité Mise en pratique de la théorie
Les techniques magnétiques, électromagnétiques, gravimétriques et sismiques mesurent les propriétés physiques de la Terre. Les variations des caractéristiques magnétiques, de la conductivité ou de l'intensité nous renseignent sur la profondeur, l'emplacement et la forme des roches ou des gisements de minerais fondés sur des modèles interprétatifs. La profondeur des sources est parfois considérable - les techniques d'électromagnétisme détectent des sources se trouvant à des centaines de mètres; la portée des techniques de magnétisme est de quelques dizaines de kilomètres et celle des techniques gravimétriques et sismiques, de quelques centaines de kilomètres. Toutefois, établir un lien entre les données obtenues et la géologie de surface (ou la géologie à faible profondeur) est parfois difficile, surtout dans les cas où les anomalies sont associées à des sources souterraines non exposées en surface. D'autres renseignements géoscientifiques, comme des renseignements sur les propriétés locales des roches, sont requis pour établir les modèles servant à l'interprétation - sans ces modèles, il pourrait être impossible de procéder à une analyse sûre. La spectrométrie gamma (SGA) permet de mesurer directement une source à la surface de la Terre, sans pénétration à de grandes profondeurs. Le fait qu'elle recueille des données en surface nous permet d'établir des liens sûrs entre les contrastes mesurés pour les radioéléments et la cartographie de la géologie du substratum rocheux ou des formations en surface et les altérations associées aux gisements de minerai. Toutes les roches et tous les matériaux qui en proviennent sont radioactifs et contiennent des quantités détectables d'éléments radioactifs. Le spectromètre gamma est conçu de manière à détecter le rayonnement gamma émis par ces éléments radioactifs et permet de classer avec précision les rayonnements détectés selon l'énergie qu'ils dégagent. C'est cette fonction de classification qui distingue le spectromètre des autres instruments qui servent seulement à mesurer la radioactivité totale. Que faut-il savoir concernant les éléments K, U et Th?Le potassium (K), l'uranium (U) et le thorium (Th) sont les trois éléments radioactifs les plus abondants dans la nature. Le K est un des principaux éléments constitutifs des roches et est le principal élément d'altération dans la plupart des gisements de minerai. L'uranium et le thorium sont présents en quantités à l'état de trace; ce sont des éléments mobiles et immobiles respectivement. Comme la concentration de ces éléments varie selon le type de roche, nous pouvons utiliser un spectromètre gamma pour cartographier les roches. Lorsque la signature «normale» d'un radioélément est interrompue par un corps minéralisé, les anomalies radioélémentaires correspondantes fournissent des indices directs utilisés en prospection. Les méthodes aériennes permettent d'effectuer un balayage profitable et systématique de vastes étendues. La spectrométrie au sol permet d'obtenir une résolution plus grande lors de la détection des sources radioélémentaires. En établissant une relation entre les variations radioélémentaires mesurées au moyen d'un spectromètre au sol étalonné adéquatement et les variations lithogéochimiques s'y rapportant et fondées sur un groupe témoin d'échantillons, il est possible de réduire considérablement les coûts. Les levés au sol n'ont pas nécessairement à
être accompagnés de levés aériens. Ils
peuvent facilement être effectués par une personne
(levé de reconnaissance) ou de façon plus officielle
en utilisant une série de lignes de quadrillage. L'information
géochimique ainsi obtenue constitue une autre banque d'information
substantielle qui améliore considérablement la cartographie
du substratum rocheux et des formations en surface, ainsi que le guidage
de minerai.
Le premier ensemble de données saisies se présente sous la forme d'un spectre d'énergie gamma multicanaux. Le graphique ci-contre représente un spectre type d'énergie de rayonnement illustrant le taux de comptage relatif à chaque intensité de rayonnement, de 0 à 3 MeV. L'intervalle de 0 à 0,4 MeV en abscisse est négligé et représente les coups associés à l'effet de diffusion Compton. En cartographie géologique, les sommets K40 (potassium), Bi214 (uranium) et Tl208 (thorium) du graphique présentent de l'intérêt. Pendant le levé aérien, le spectre continu des coups est enregistré une fois par seconde et représenté sous la forme d'un histogramme à 256 canaux. Au cours du traitement des données réalisé après le vol, les coups révélant la présence des radioéléments qui nous intéressent (K40, Bi214, Tl208) sont additionnés. La somme tient compte des coups enregistrés pour une grande plage d'énergie («fenêtre» ou «zone d'intérêt») et centrés sur chaque sommet:
Les taux de comptage additionnés sont alors convertis en concentrations équivalentes au sol de potassium, d'uranium et de thorium à l'aide d'un ensemble de constantes d'étalonnage propres à chaque spectromètre. Notez l'emploi du terme «équivalent» pour les
concentrations d'uranium et de thorium. Ces concentrations (en poids) sont
déterminées indirectement d'après leurs produits de
filiation (Bi214 & Tl208 respectivement) qui sont
supposés être à l'équilibre avec l'isotope parent.
La concentration de potassium est déterminée directement
d'après K40.
Les coups enregistrés sont assujettis à un phénomène de diffusion Compton plus ou moins intense qui a pour effet d'augmenter le nombre de coups enregistrés dans chacune des trois régions (sommets) d'intérêt. Un étalonnage adéquat du spectromètre peut éliminer cette diffusion en déterminant six constantes appelées «rapports d'enlèvement». Le diagramme ci-contre illustre la relation entre les rapports d'enlèvement et les taux de comptage mesurés. Les spectromètres au sol et aéroportés peuvent être étalonnés en effectuant une série de mesures des taux de comptage sur des blocs d'étalonnage en béton qui renferment des concentrations connues et peu élevées d'éléments radioactifs (Grasty et al, 1991). Les instruments aéroportés et les instruments au sol sont étalonnés à l'aide d'étalons internationaux mis au point par la CGC afin d'obtenir des estimations uniformes et précises de K, d'éU et de éTh. Quatre blocs d'étalonnage sont requis pour l'étalonnage adéquat du spectromètre, dont trois contiennent des concentrations connues de potassium (K40), d'uranium (Bi214) et de thorium (Tl208). Un quatrième bloc, constitué du même béton que celui utilisé pour les autres blocs mais exempt d'autres matières sert de témoin ou de «contrôle». Les mêmes blocs sont utilisés pour étalonner les spectromètres de poche et les plus gros systèmes installés à bord d'aéronefs à voilure fixe ou d'hélicoptères. Cette procédure d'étalonnage permet de déterminer:
Ces valeurs ne s'appliquent qu'aux petites sources se trouvant dans le sol et peuvent être utilisées pour convertir les coups mesurés au niveau du sol en concentrations équivalentes au sol de potassium, d'uranium et de thorium. Spectromètres gamma aéroportésUn étalonnage additionnel est requis dans le cas des spectromètres aéroportés. Il faut connaître l'écart dans les constantes d'étalonnage associé aux différentes hauteurs de vol (hauteur par rapport au sol et non par rapport au niveau de la mer):
Ces facteurs d'étalonnage sont déterminés en établissant
un lien entre les taux de comptage mesurés lors d'une série de vols
(à différentes hauteurs) sur une bande d'essai et les concentrations
équivalentes au sol de potassium, d'uranium et de thorium qui sont
déterminées d'après des mesures prises au niveau du sol
au moyen d'un spectromètre de poche. Les sensibilités calculées
ne s'appliquent qu'à certaines hauteurs de vol «prévues»
pour le levé, habituellement 120 m.
(Charbonneau & Darnley, 1970).
Voici un aperçu simplifié du traitement des mesures brutes de spectrométrie gamma en vue d'obtenir des concentrations équivalentes au sol de potassium, d'uranium et de thorium. Pour de plus amples renseignements, consulter le rapport technique no 323 de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Grasty et al, 1991. Vous pouvez également essayer le calculateur gamma (JavaScript requise, mais Java non requis). Le calculateur vous permet de connaître les résultats obtenus pour certaines données d'échantillonnage: vous pouvez en outre modifier les constantes d'étalonnage ou les valeurs des données pour voir les effets de ces modifications sur les concentrations équivalentes au sol. Après trois comptages cumulatifs effectués pour trois parties du spectre qui présentent de l'intérêt dans le cas qui nous occupe (K40, Bi214 et Tl208), les données sont traitées comme suit:
L'affichage complet de toutes ces données nécessite au moins 7 cartes de courbes de niveau ou d'images (une pour chaque variable mesurée ou dérivée). Plusieurs techniques sont employées pour mettre en corrélation ces variables:
Les données de spectrométrie gamma sont arrondies en leur ajoutant les données totales recueillies sur le terrain à l'aide d'un magnétomètre, les données totales d'ondes TBF et les données en quadrature (s'il y a lieu).
Mythe 1: La SGA est un outil qui ne sert que pour l'uranium: «Je ne suis pas à la recherche d'uranium, alors pourquoi un levé radiométrique m'intéresserait-il?»
Mythe 2: La SGA permet une «profondeur de pénétration» continue, le nombre de coups diminuant avec l'augmentation de la profondeur (comme dans le cas des levés électromagnétiques, des levés magnétiques, des levés gravimétriques, etc.).
Mythe 3: Les morts-terrains constituent un obstacle de taille: «Dans notre projet, on a souvent affaire à des morts-terrains d'épaisseur variable et parfois grande qui couvrent le substratum rocheux, alors les levés de spectrométrie gamma ne sont pas utiles»
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