Matière sèche - La teneur en matière sèche est déterminée en laboratoire par le séchage de l'échantillon au four afin d'établir le taux d'humidité. Les aliments « secs » ont généralement un taux d'humidité de 10 à 15 %, qui correspond à un taux de matière sèche de 85 à 90 %.
Les ensilages renferment de 20 à 70 % de matière sèche, et l'analyse du taux de matière sèche est donc très importante pour la formulation d'une ration. Le taux de matière sèche peut aussi avoir de graves incidences sur les caractéristiques de fermentation, surtout lorsqu'il s'écarte de la fourchette de 35 à 50 %. La teneur en matière sèche de nombreux sous-produits alimentaires est également variable, et elle doit être vérifiée au moyen d'une analyse en laboratoire.
Matière azotée totale - La teneur en matière azotée totale est déterminée en laboratoire par la méthode LECO, c'est-à-dire la combustion de l'échantillon à très haute température et la mesure du taux d'azote dans le gaz produit. Les valeurs azotées totales sont calculées d’après la teneur en azote, en admettant que le taux d'azote constitue une proportion constante de la protéine.
Comme la protéine est coûteuse, très variable et absolument essentielle pour la performance de l'animal, il importe de faire régulièrement des analyses en laboratoire pour vérifier cet élément nutritif. Comme une bonne partie de l'azote contenu dans les aliments fermentés ou très fertilisés se présente sous forme non protéique, la matière azotée totale ne représente pas toujours exactement la teneur d'un aliment en protéine vraie.
Protéine soluble - On mesure la teneur en
protéines solubles par un test de solubilité permettant de déterminer la
quantité de protéines qui est solubilisée dans une solution tampon. On
cherche ainsi à prévoir la proportion de protéines qui sera facilement
dissoute dans le rumen. Il faut une certaine quantité de ces protéines
pour appuyer la prolifération microbienne, mais une trop grande quantité
peut accroître la concentration d'urée dans le sang, réduire la
performance de l'animal et nuire à la reproduction.
Protéine liée - Cette protéine est déterminée
par l'analyse de la teneur en protéines du résidu de fibre au détergent
acide, en admettant que l'azote présent est lié et non disponible pour la
digestion. Cette analyse peut être faite pour l'ensilage qui risque
d'avoir chauffé. On exprime généralement la protéine liée comme une
proportion de la matière azotée totale. Comme tous les fourrages
contiennent une certaine quantité de protéines liées, il n’y a pas lieu de
s’inquiéter tant qu'un taux d'environ 10 % n'est pas atteint.
Protéine absorbable dans l'intestin (soustraite à la dégradation ruminale) - La teneur d’un aliment en protéines digestibles dans l’intestin n'est pas
déterminée en laboratoire, mais on peut l’estimer en examinant la matière
azotée totale, la protéine soluble et la protéine liée. La fraction de la
protéine non dégradée dans le rumen est souvent désignée sous le nom de
protéine absorbable dans l'intestin (PAI). Chaque aliment à une teneur en
PAI qui est variable selon la forme physique de l’aliment et les
conditions d'alimentation, et la PAI est grandement fonction du temps que
l'aliment passe dans le rumen.
Fibre au détergent acide (FDA) - La FDA est
déterminée en faisant bouillir l'échantillon dans un milieu acide et en
pesant le résidu obtenu. La FDA représente la teneur d'un aliment en
cellulose et en lignine. On peut l'utiliser pour prévoir la valeur
énergétique d'un aliment, la maturité d'un fourrage et l'aptitude d'un
régime à maintenir une fonction digestive normale. La FDA est la partie de
la fibre qui a remplacé ce que l'on appelait la « fibre brute ». Un taux
élevé de FDA est considéré comme un paramètre de qualité négatif, et il
est généralement attribuable à la trop grande maturité d'une
culture.
Fibre au détergent neutre (FDN) - La fibre au détergent neutre est déterminée en faisant bouillir l'échantillon dans une solution neutre et en mesurant le résidu obtenu. La FDN contient de la cellulose, de la lignine et de
l'hémicellulose, et elle représente donc tous les éléments fibreux d'un
aliment. Elle gagne en popularité comme paramètre utile pour l'équilibre
de la ration. La consommation animale est souvent prédite selon la teneur
en FDN du régime alimentaire. On ne peut prévoir exactement le taux de FDN
à partir de la FDA, même pour des espèces végétales semblables.
La mesure exacte de la valeur énergétique des aliments est seulement faite en laboratoire à de très rares occasions. Les laboratoires qui font régulièrement l'analyse des aliments, comme le Laboratoire du Nouveau-Brunswick, évaluent habituellement la valeur énergétique au moyen d'équations fondées sur la teneur en fibre (FDA) de l'aliment. Les descriptions suivantes portent sur les termes relatifs à l'énergie qui sont utilisés au Laboratoire du Nouveau-Brunswick.
(a) Matières digestibles totales (MDT) - On
utilise encore beaucoup cette expression désuète concernant l'énergie
parce qu'elle désigne une échelle de 1 à 100 facile à utiliser. Les MDT
correspondent grossièrement à l'énergie digestible, mais elles sont
exprimées en pourcentage plutôt qu'en calories. À cause de la nature du
calcul, les aliments riches en matières grasses présentent des taux de MDT
supérieurs à cent pour cent.
(b) Énergie nette de lactation (ENl) - Cette expression est la plus répandue en
Amérique du Nord pour désigner la valeur énergétique dans le calcul des
régimes des vaches lactantes.
(c) Énergie nette de maintien et Énergie nette de gain (ENm et ENg) - Ces deux termes décrivent la valeur énergétique
d'un aliment et font la distinction entre l'énergie utilisée pour le
maintien et celle utilisée pour le gain de poids. Ces valeurs apparaissent
régulièrement dans la formulation des régimes alimentaires des bovins de
boucherie et des bovins laitiers en croissance.
Les gras sont déterminés par extrait à l'éther. Cette méthode sert généralement à mesurer les matières grasses et les oléagineux, mais puisque l'éther permet aussi d'extraire des composés comme la cire, l'expression « extrait à l'éther » est parfois utilisée pour décrire cette fraction. Pour d'autres méthodes qui mesurent seulement les matières grasses et les oléagineux, on peut utiliser le terme « lipide ».
Les gras sont des sources d'énergie très concentrées, et ils peuvent jouer un rôle important dans les régimes des animaux très productifs. L'évaluation des gras n'est pas faite de façon régulière pour la plupart des aliments, mais elle peut être importante lorsqu'il s'agit d'oléagineux ou de sous-produits riches en gras comme les frites.
Macro-minéraux (calcium, phosphore, magnésium et potassium) - Les taux de macro-minéraux sont déterminés au moyen de la
spectrométrie d'émission à plasma inductif (ICP), en vertu de laquelle on
chauffe les atomes de l'échantillon et mesure la lumière émise lorsque les
atomes refroidissent; on obtient ainsi les taux des divers minéraux
présents.
L’apport en minéraux indispensables s’exprime en tant que proportion du régime, alors que l’apport en oligo-éléments (cuivre, zinc, etc.) se mesure en parties par million ou en milligrammes par kilogramme de ration. Les fourrages sont caractéristiques de ce point de vue, car ils renferment des taux très variables de tous ces éléments nutritifs. Dans une ferme donnée par exemple, la teneur des fourrages en minéraux peut varier beaucoup compte tenu des différentes espèces et dates de récolte et de la fertilité variable du champ. Lorsqu'on ne dispose pas de résultats d'analyse en laboratoire et qu’on ne contrôle pas bien les stocks de fourrages, on doit équilibrer les régimes en fonction du taux de minéraux prévu le plus bas.
Un élément nutritif comme le calcium, même servi en quantité excédentaire, ne coûte pas cher. Toutefois, dans le cas d’un élément coûteux comme le phosphore, l'analyse régulière en laboratoire donne des marges de sécurité plus étroites et permet de réaliser d'importantes économies. Le fait de minimiser le gaspillage d'éléments nutritifs dans les rations animales constitue aussi un facteur important du point de vue environnemental.
Les régimes alimentaires à base de fourrage, sauf ceux à base d’ensilage de maïs, n'exigent habituellement pas de complément potassique. L'analyse de la teneur en potassium est souvent faite lorsqu'on doit formuler des rations pour les vaches laitières taries et obtenir un équilibre précis d'anions et de cations. Comme les taux de potassium varient tellement, il n'est pas recommandé d'utiliser les valeurs des manuels lorsque la teneur en potassium est importante.
Oligo-éléments - Le cuivre (Cu), le fer (Fe), le manganèse (Mn) et le zinc (Zn) sont les oligo-éléments qui sont
mesurés au Laboratoire du Nouveau-Brunswick avec la méthode ICP utilisée
pour les macro-minéraux.
Dans bien des cas, les rations sont établies en présumant qu'il n'y a pas d'oligo-éléments dans les aliments naturels, c'est-à-dire qu'on ajoute à la ration tous les oligo-éléments nécessaires à l'animal, et les oligo-éléments déjà présents sont considérés comme la marge de sécurité. Il est utile de connaître les taux d'oligo-éléments pour établir des valeurs agricoles types ou des valeurs provinciales et pour régler certains problèmes. Mais comme les taux varient beaucoup, il faut les utiliser avec prudence.
ANALYSES FAITES AILLEURS QU'AU LABORATOIRE DU MAARNB
Presque tous les éléments, composés et organismes peuvent être analysés au besoin. Il existe en Amérique du Nord de nombreux laboratoires qui peuvent effectuer des travaux de recherche ou permettre de régler divers problèmes grâce à des analyses qui ne sont pas faites au Laboratoire du Nouveau-Brunswick. Les analyses ci-après pourraient intéresser les éleveurs de la province. L'estimation des coûts correspondants permet de déterminer s'il est avantageux de procéder à une certaine analyse. Quelques éléments d'analyse ont un coût très variable selon les méthodes utilisées dans divers laboratoires, les limites de détection, la spécialité du laboratoire ou le nombre d'analyses prévu.