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Dans le contexte de la stratégie nationale, on s'attache à intervenir tôt dans la vie de nos jeunes, en cherchant à régler les problèmes de comportement antisocial qu'ils manifestent avant qu'ils ne s'aggravent. Le fait d'apprendre à nos enfants de résister à ce genre de comportement et de créer des environnements sains pour eux aura des retombées positives pendant très longtemps. La stratégie fournit un appui aux collectivités et aux écoles en collaborant avec les élèves, les parents, les éducateurs et les intervenants et d'autres personnes pour mettre sur pied et faire connaître des initiatives créées par les principaux intéressés pour combattre l'intimidation.
Qu'est-ce que l'intimidation?L'intimidation est une affirmation de pouvoir exprimé au moyen d'agressivité. Les personnes qui intimident les autres acquièrent un pouvoir sur leurs victimes physiquement, émotivement et socialement. Ce comportement peut revêtir de nombreuses formes : l'intimidateur peut se servir de sa taille et de sa force physique, de la place qu'il occupe parmi ses pairs ou de sa connaissance des faiblesses de la victime ou obtenir l'appui d'autres enfants, comme c'est le cas lorsque tout un groupe se comporte ainsi. L'intimidation émotionnelle et sociale est peut-être la forme la plus fréquente et la plus néfaste. L'intimidation peut être physique ou verbale. Elle peut être directe (face à face) ou indirecte (commérage ou exclusion) (Olweus, 1991). À force de répéter le comportement intimidant, l'intimidateur établit sa domination sur sa victime, qui devient de plus en plus bouleversée et craintive.
Quelle est l'étendue du problème de l'intimidation?Durant un sondage mené en 1997 auprès de Canadiens, 6 % des enfants interrogés ont admis intimider d'autres enfants " plus d'une ou de deux fois " pendant une période de six semaines et 15 % des enfants ont signalé qu'ils avaient été la victime d'intimidation à la même fréquence (Pepler, et al.). Les chercheurs qui ont observé des enfants dans la cour de récréation et en classe confirment que l'intimidation se manifeste fréquemment : toutes les sept minutes dans la cour de récréation et toutes les 25 minutes en classe (Craig and Pepler, 1997). Or, pour comprendre le problème que représente l'intimidation, nous devons examiner les caractéristiques de toutes les personnes impliquées dans l'incident : l'intimidateur, sa victime et l'observateur. Nous devons examiner également les contextes sociaux dans lesquels cette intimidation a lieu, comme la famille, le groupe des pairs, l'école et la collectivité.
Qui sont les intimidateurs?Chez les enfants, l'intimidation peut revêtir de nombreuses formes-il n'existe pas un type de personnalité en particulier qui prédispose les enfants à ce genre de comportement. Les caractéristiques qui suivent ont été définies essentiellement dans le cadre de recherches portant sur les garçons.
Qui sont les victimes?Les enfants deviennent des victimes pour de nombreuses raisons différentes - il n'y a pas un seul profil pour toutes les victimes. Chez certains enfants, les caractéristiques décrites ci-après peuvent être présentes avant que l'intimidation ne survienne, alors que chez d'autres, elles peuvent en être le résultat.
Quel rôle jouent les pairs?Souvent, lorsqu'il y a intimidation, il n'y a pas juste deux protagonistes-85 % des incidents d'intimidation se produisent dans le contexte d'un groupe de pairs (Atlas et Pepler, 1997; Craig et Pepler, 1997). Bien que 83 % des élèves déclarent que le fait d'être témoin de scènes d'intimidation les met mal à l'aise (Pepler et al., 1997), les observations révèlent que les pairs jouent des rôles multiples dans les scènes d'intimidation : ils se mettent de la partie, ils applaudissent, ils observent passivement le déroulement de l'incident et interviennent à l'occasion.
Le rôle de la familleLes enfants acquièrent leurs premiers modes de comportement à la maison. Il est important que les parents créent au sein de la famille un environnement qui décourage le comportement intimidant et qu'ils offrent un appui aux enfants qui sont victimes d'intimidation.
Le rôle de l'écoleL'école joue également un rôle important dans le développement de l'enfant. Comme la famille, l'école doit établir un équilibre entre une discipline claire et cohérente et des relations chaleureuses et positives.
Le rôle du contexte social en généralLes problèmes d'intimidation sont peut-être causés par le fait qu'au Canada l'agressivité est tolérée dans la culture et sur le plan social. Bon nombre de ces attitudes sont véhiculées par l'intermédiaire des médias populaires, notamment la télévision, le cinéma, la musique et les jeux vidéo. Le message uniforme transmis par ces médias est toujours le même, à savoir que l'agressivité est une bonne solution pour résoudre les problèmes sociaux. Les enfants agressifs risquent plus que ceux qui ne le sont pas d'être attirés par la violence dans les médias et de l'imiter (Huesmann et al., 1984). Parce que le Canada est une société très diverse sur le plan culturel, les enfants peuvent être intimidés à cause de leur race ou de leur origine ethnique. En milieu scolaire, les mesures de lutte contre le racisme et le sexisme sont souvent regroupées avec les programmes de lutte contre l'intimidation, pour encourager les enfants à adopter un comportement socialement acceptable. À l'adolescence, l'intimidation diminue quelque peu et le harcèlement sexuel augmente, entre garçons et filles aussi bien qu'à l'intérieur des groupes du même sexe. Quarante-huit pour cent des enfants de 12 ans font état de harcèlement sexuel non recherché, sous forme de commentaires, de regards, de gestes et d'injures (McMaster et al., 1997). Bien qu'un nombre égal de garçons et de filles déclarent avoir fait l'expérience de cette forme d'intimidation, un plus grand nombre de garçons que de filles reconnaissent avoir harcelé sexuellement d'autres élèves.
Que faire pour réduire l'intimidation?Pour être efficaces, les interventions contre l'intimidation doivent aller au-delà de l'enfant agressif et de la victime pour inclure les pairs, le personnel de l'école, les parents et la collectivité en général. Bien qu'il y ait des différences appréciables entre les écoles, on peut réduire l'intimidation grâce à une perspective globale de lutte contre l'intimidation (Olweus, 1991; Pepler et al., 1996). L'élément essentiel de l'intervention est un code de conduite clairement défini, que l'on applique jusqu'au bout avec cohérence et de façon très positive. Il faut énormément de temps pour modifier les attitudes et le comportement des employés et des élèves d'une école et des parents de ces derniers. Les sections suivantes donnent un bref aperçu des éléments d'un programme de lutte contre l'intimidation.
ConclusionLe compte rendu que nous venons de dresser ne constitue pas une description exhaustive de tous les facteurs liés à l'intimidation et à la victimisation, mais il tente de présenter les facteurs dont il est le plus souvent question dans les ouvrages spécialisés sur le sujet. Les enfants impliqués dans l'intimidation, soit comme auteurs, soit comme victimes, peuvent avoir des attitudes négatives, une sociabilité déficiente et des difficultés émotives qui ont leur origine à la maison. Ces problèmes sont transférés en milieu scolaire et dans le groupe de pairs, où ils peuvent s'accentuer. L'apparition de problèmes de comportement antisocial dépend de l'interaction de caractéristiques individuelles et de l'exposition à des facteurs de risque à des périodes critiques du développement. La Stratégie nationale sur la sécurité communautaire et la prévention du crime appuie des initiatives communautaires qui visent à offrir de meilleures possibilités aux enfants. Lorsque les enfants grandissent dans un environnement où ils sont en sécurité physiquement et émotivement et où on s'occupe bien d'eux durant toute leur croissance, ils ont de meilleures chances de réussir dans la vie et risquent moins d'être des victimes ou des délinquants. Des programmes qui enseignent aux enfants comment résister aux influences négatives et à avoir de l'empathie pour les autres et qui leur enseignent des compétences sociales peuvent les aider à se protéger contre les expériences néfastes. Les interventions destinées à combattre l'intimidation devraient viser toutes les personnes impliquées : les intimidateurs, les victimes, les pairs, les employés dans les écoles, les parents et la collectivité en général. Nous avons tous un rôle à jouer en déclarant que l'intimidation ne doit pas constituer un rite de passage pour les enfants canadiens.
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