Bulletin canadien des effets indésirables
Volume 16 • numéro 1 • janvier 2006
Direction générale des produits de santé et des aliments
Direction des produits de santé commercialisés
Dans ce numéro :
Oseltamivir et warfarine : élévation du RIN
Dispositif intra-utérin libérant du lévonorgestrel et perforation de l'utérus
Document d'orientation pour l'industrie
Boissons énergisantes
Présentation de cas : Rosiglitazone : hypertrophie de la parotide
Sommaire des avis
Portée
Ce bulletin trimestriel prévient les professionnels de la santé des signaux potentiels qu'a pu révéler l'étude des notifications présentées à Santé Canada. Il s'agit d'un moyen utile pour diffuser de l'information sur les effets indésirables soupçonnés chez l'humain de certains produits de santé, avant d'entreprendre des évaluations intégrées des risques et des avantages et de prendre des décisions réglementaires. L'évaluation continue des profils d'innocuité des produits de santé dépend de la qualité de vos déclarations.
Pour signaler des effets indésirables
Communiquer sans frais avec Santé Canada
ou avec un Centre régional des EI
Téléphone : 866 234-2345
Télécopieur : 866 678-6789
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Avertissement: On ne peut que soupçonner la plupart des effets indésirables (EI) des produits de santé à l'égard desquels on ne peut établir de lien prouvé de cause à effet. Les notifications spontanées d'EI ne peuvent servir pour déterminer l'incidence des EI, étant donné que les EI ne sont pas suffisamment signalés et l'étendue d'exposition des patients est inconnue.
Oseltamivir (Tamiflu) et warfarine : élévation soupçonnée du RIN
L'oseltamivir (Tamiflu), antiviral commercialisé au Canada depuis 1999, est indiqué dans le traitement de la maladie aiguë attribuable à une infection causée par le virus de la grippe chez les patients âgés d'un an ou plus qui présentent des symptômes depuis 2 jours au maximum1. Le médicament est aussi indiqué dans la prévention de la grippe chez les personnes de plus de 13 ans à la suite d'un contact rapproché avec un sujet infecté.
Du 1er janvier 1999 au 31 octobre 2005, Santé Canada a reçu 19 déclarations d'élévation du ratio international normalisé (RIN) soupçonnée d'être associée à l'utilisation de l'oseltamivir. Ces 19 déclarations concernaient des patients âgés de 46 à 92 ans (âge médian de 84 ans), pour lesquels l'oseltamivir était indiqué comme traitement ou prophylaxie de la grippe. Tous les patients prenaient de la warfarine. Le délai d'apparition de l'effet indésirable a varié du premier jour de traitement à 11 jours après le début du traitement à l'oseltamivir. Le RIN élevé variait de 3,2 à 10,9. Onze des déclarations ont été signalées par la même source et décrivaient une interaction soupçonnée entre l'oseltamivir et la warfarine. Dans ces cas, les taux de clairance de la créatinine ont été fournis. Il a fallu ajuster la dose de l'oseltamivir dans 3 cas, tel que recommandé chez les patients dont la clairance de la créatinine se situe entre 10 et 30 mL/min1. Six patients ont nécessité un traitement à la vitamine K. Au moment des déclarations, 12 patients s'étaient rétablis, 2 ne l'étaient pas encore et l'issue des 5 cas restants était inconnue.
Le lien de cause à effet dans ces cas est difficile à établir parce que certaines déclarations présentaient des renseignements cliniques contradictoires ou insuffisants. De plus, de nombreux facteurs (p. ex., alimentation, condition médicale, fièvre) peuvent influencer la réponse d'un patient aux anticoagulant2. Dans 3 cas, on a augmenté la dose de warfarine après avoir introduit l'oseltamivir. Les élévations du RIN se sont produites après ces changements de dose. Dans 3 autres cas, le RIN a diminué pendant le traitement à l'oseltamivir sans modification signalée de la dose de warfarine. Dans 2 cas, la clarithromycine et la lévofloxacine étaient également soupçonnées. Ces médicaments sont connus pour causer une interaction avec la warfarine et peuvent produire une élévation du RIN3, 4.
Les données disponibles indiquent que le risque d'interactions médicamenteuses avec l'oseltamivir est minime5. L'oseltamivir doit être transformé en son métabolite actif par les estérases qui se trouvent principalement dans le foie1 . Les interactions médicamenteuses mettant en cause cette voie n'ont pas été couramment documentées1, 5 . Le médicament n'interagit pas avec les substrats de divers isoenzymes du cytochrome P4505. L'oseltamivir ne se lie pas de façon considérable aux protéines et ne devrait donc pas entrer en interaction par déplacement de son site de fixation aux protéines. De plus, des interactions médicamenteuses importantes sur le plan clinique qui mettent en cause une compétition au niveau de la sécrétion tubulaire rénale sont peu probables.1.
Comme dans le cas de tout médicament prescrit à des patients qui prennent de la warfarine, il peut être prudent de vérifier plus souvent les RIN lorsque l'on prescrit de l'oseltamivir simultanément avec la warfarine. Santé Canada continue de faire le suivi des effets indésirables soupçonnés d'être associés à l'utilisation de l'oseltamivir. Les professionnels de la santé sont encouragés à signaler tout cas de fluctuation des RIN chez les patients qui prennent de la warfarine et de l'oseltamivir de façon concomitante.
Sally Pepper, BScPhm; Hima Murty, MDCM, CCFP, Santé Canada
Références
- Tamiflu (oseltamivir) [monographie du produit]. Mississauga (Ontario) : Hoffmann-La Roche Limitée; 2004.
- Coumadin (warfarine) [monographie du produit]. Montréal : Bristol-Myers Squibb Canada Inc.; 2002.
- Levaquin (lévofloxacine) [monographie du produit]. Toronto : Janssen-Ortho Inc.; 2005.
- Biaxin (clarithromycine) [monographie du produit]. Saint-Laurent (Québec) : Laboratoires Abbott Limitée; 2003.
- Dutkowski R, Thakrar B, Froehlich E, et al. Safety and pharmacology of oseltamivir in clinical use. Drug Safety 2003;26(11):787-801.
Dispositif intra-utérin libérant du lévonorgestrel (Mirena) et perforation de l'utérus
Le dispositif de libération du lévonorgestrel Mirena, un dispositif intra-utérin (DIU), est constitué d'une armature en polyéthylène en forme de T et d'un réservoir contenant le lévonorgestrel1. Mirena est indiqué comme contraceptif et, une fois inséré dans l'utérus, libère de façon continue du lévonorgestrel à une faible dose quotidienne pendant une période maximale de 5 ans. L'action contraceptive de Mirena tient principalement à l'action progestative locale sur la cavité utérine, y compris un effet antiprolifératif marqué sur l'endomètre ce qui entraîne un épaississement de la glaire cervicale qui empêche le passage des spermatozoïdes. L'ovulation est inhibée chez certaines femmes. Au 28 novembre 2005, la monographie du produit (MP) indique que la perforation ou pénétration de l'utérus ou du col peuvent survenir pendant l'insertion, mais sont très rares (moins d'un cas sur 10 000). On y indique aussi qu'il faut attendre 6 semaines post-partum avant d'insérer le dispositif.
Du 22 février 2001 (date de commercialisation au Canada) jusqu'au 26 septembre 2005, Santé Canada a reçu 26 déclarations de perforation de l'utérus soupçonnée d'être associée à l'utilisation de Mirena. Dans 8 des cas, on a inséré le dispositif Mirena entre 6 semaines et 6 mois post-partum. Une étude prospective à long terme sur Mirena a révélé un taux plus élevé de perforations de l'utérus (0,9 pour 1000 insertions) que celui indiqué dans la MP2. Avec les DIU en cuivre, le taux de perforation de l'utérus s'établissait à 0,6-1,6 pour 1000 insertions3, 4. De plus, les données indiquent que les femmes chez qui un DIU est inséré au cours des premiers 6 mois post-partum s'exposent à un risque accru de perforation de l'utérus5. Ce risque élevé peut être attribuable à la consistence ramollie de l'utérus et à la variabilité sous-estimée de la taille de l'utérus pendant les 6 premiers mois post-partum.
La perforation de l'utérus est une complication rare mais sérieuse de l'insertion d'un DIU qui se produit ou est déclenchée au moment de la mise en place3. Les données indiquent que le taux de perforation utérine est moins élevé lorsque le professionnel de la santé qui insère le DIU a déjà pratiqué l'intervention au moins 10 fois4. Il y a actuellement pénurie de prestateurs de soins de santé formés à la mise en place des DIU. L'accès à de bonnes connaissances, au matériel approprié et à un mentor pour démontrer et superviser plusieurs insertions sont des conditions préalables à la prestation du service3,6.
Les professionnels de la santé qui mettent en place le dispositif intra-utérin libérant du lévonorgestrel sont encouragés à tenir compte de ces renseignements. Il faut être particulièrement prudent lors de l'insertion post-partum, puisque des cas de perforation de l'utérus ont été signalés7.
Andrew Gaffen, BSc, DDS; Gina Coleman, MD, Santé Canada.
Références
- Mirena (dispositif intra-utérin libérant du lévonorgestrel) [monographie du produit]. Lachine (Québec) : Berlex Canada Inc.; 2000.
- Zhou L, Harrison-Woolrych M, Coulter DM. Use of the New Zealand Intensive Medicines Monitoring Programme to study the levonorgestrel-releasing intrauterine device (Mirena). Pharmacoepidemiol Drug Safety 2003;12:371-7.
- Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Directives cliniques de la SOGC : Consensus canadien sur la contraception. J obstét gynécol Can 2004;26(3):255-96.
- Harrison-Woolrych M, Ashton J, Coulter D. Uterine perforation on intrauterine device insertion: Is the incidence higher than previously reported? Contraception 2003;67(1):53-6.
- Caliskan E, Ozturk N, Dilbaz BO, et al. Analysis of risk factors associated with uterine perforation by intrauterine devices. Eur J Contracept Reprod Health Care 2003;8(3):150-5.
- Weir E. Preventing pregnancy: a fresh look at the IUD. JAMC 2003;169(6):585.
- Backman T. Benefit-risk assessment of the levonorgestrel intrauterine system in contraception. Drug Safety 2004;27(15):1185-204.
Document d'orientation pour l'industrie : diffusion de communications sur l'innocuité des produits de santé
Santé Canada a le plaisir d'annoncer la publication de la version finale du Document d'orientation à l'intention de l'industrie - Diffusion par les détenteurs d'une autorisation de mise sur le marché (DAMM) de communications aux professionnels de la santé et de communications au public. Les communications aux professionnels de la santé (CPS) et les communications au public (CP) sont les principaux moyens grâce auxquels l'industrie transmet en temps opportun, aux professionnels de la santé et au public, de nouveaux renseignements sur l'innocuité et l'efficacité thérapeutique des produits de santé commercialisés. Ce document d'orientation précise les rôles et les responsabilités, le processus de diffusion, le contenu et les calendriers afin d'aider les DAMM à élaborer et à diffuser les CPS et les CP qui les accompagnent.
En août 2004, une ébauche du document a été publiée pour consulter les intervenants. Le ministère a reçu au total 183 commentaires d'intervenants, y compris des sociétés pharmaceutiques, des associations de pharmaciens et des centres universitaires. Les commentaires concernaient des questions techniques, des clarifications et d'autres enjeux. La version finale du document d'orientation tient compte de ces commentaires. La Direction des produits de santé commercialisés remercie tous les intervenants qui ont participé à la consultation.
La version finale du document d'orientation est disponible sur le nouveau site web de Santé Canada, MedEffet.
Consommation sans risque de boissons énergisantes
De nombreuses « boissons énergisantes » sont offertes sur le marché canadien. Ces produits côtoient habituellement les boissons gazeuses, les jus et les boissons pour sportifs dans les dépanneurs, les stations-service et les bars. La consommation excessive de « boissons énergisantes » ou le mélange de ces boissons et d'alcool peut avoir de graves conséquences pour la santé. Santé Canada a reçu 4 déclarations d'effets indésirables concernant des
« boissons énergisantes ». Les symptômes déclarés comprenaient: déséquilibre électrolytique, irrégularité du rythme cardiaque, nausée et vomissements. Des renseignements supplémentaires sur le sujet se retrouvent dans un article de Votre santé et vous.
PRÉSENTATION DE CAS
Les cas canadiens récents sont choisis en fonction de leur gravité, de leur fréquence ou du caractère inattendu des effets. Les présentations de cas sont considérées comme des effets soupçonnés et visent à stimuler la notification d'effets indésirables semblables.
Rosiglitazone (Avandia) : lien soupçonné avec l'hypertrophie de la parotide
Santé Canada a reçu 5 déclarations d'hypertrophie de la parotide soupçonnée d'être associée à la rosiglitazone (Avandia), chez un homme et 4 femmes (intervalle d'âge de 53 à 72 ans, âge non indiqué dans un cas). Certaines déclarations ont indiqué de multiples médications concomitantes et des antécédents médicaux complexes. Quatre des cas impliquaient une hypertrophie bilatérale de la parotide et dans un autre cas, la parotide atteignait 5 fois sa taille normale. Dans un des cas, il y a aussi eu enflure des glandes sous-maxillaires et dans un autre, on a envisagé la parotidite comme diagnostic différentiel. Dans 4 cas, le délai d'apparition de l'effet indésirable (EI) a été signalé et variait de 6 à 11 mois après le début du traitement à la rosiglitazone. L'EI décrit était indolore dans 3 cas. Après l'interruption de la thérapie à la rosiglitazone, il y a eu amélioration en une semaine dans un cas et dans un autre, l'EI s'est graduellement résolu en 4 mois. L'issue n'a pas été précisée dans 2 déclarations et dans le dernier cas, le patient ne s'était pas encore rétabli au moment de la déclaration.
Avis électronique MedEffet
L'avis électronique MedEffet est le nouveau nom qui remplace la liste de distribution électronique Info_Prod_Santé de Santé Canada. Les abonnés continueront à recevoir des avis concernant les derniers renseignements en matière d'innocuité des produits de santé au même titre que le Bulletin canadien des effets indésirables. Le contenu des avis électroniques demeurera donc le même et fera désormais partie de MedEffet, un nouveau site web de Santé Canada conçu pour la diffusion de l'information et la déclaration des effets indésirables. MedEffet est disponible à : http://www.santecanada.gc.ca/medeffet
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Ann Sztuke-Fournier, BPharm (Rédactrice en chef)
Ilhemme Djelouah, BScPhm, DIS, AFSA, Biologie Médicale (Université de Paris V)
Gilbert Roy, BPharm
Michel Gagné, BScPht
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Remerciements
Comité consultatif d'experts sur la pharmacovigilance,
Centres régionaux des EI et personnel de Santé Canada.
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Droit d'auteur
Sa Majesté la Reine du Chef du Canada, 2006. Cette publication peut être reproduite sans autorisation à condition d'en indiquer la source en entier. Il est interdit de l'utiliser à des fins publicitaires. Santé Canada n'accepte pas la responsabilité de l'exactitude ou de l'authenticité des renseignements fournis dans les notifications.
ISSN 1499-9463, Cat no H42-4/1-16-1F
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