Établissement d’un programme
de gestion de l’énergie 1.1 Premières démarches
De plus en plus, les gens dans le monde entier se préoccupent de la
santé du milieu dans lequel ils vivent – à preuve, les
efforts pour contenir les effets du réchauffement planétaire
causés par les gaz à effet de serre. Pour commencer, un programme
de gestion de l’énergie offre l’occasion unique
de faire appel à la bonne volonté de la plupart des gens afin
de susciter des gestes positifs pour l’environnement, tout en poursuivant
un objectif d’entreprise
qui consiste à réduire la consommation d’énergie.
Ces deux objectifs sont interdépendants.
« Nous voulons économiser l’énergie
parce que nous savons que cela contribue à atteindre un objectif d’un
ordre plus élevé – le milieu dans lequel nous vivons.
Nous le faisons parce que c’est la bonne chose à faire ! » – Un employé motivé
Le premier élément déterminant de tout programme
de gestion de l’énergie réussi est le sentiment de responsabilité collective
pour l’environnement, et les efforts pour le respecter. Cela devrait être
le point de ralliement des employés de la fonderie au début du
programme !
« Respecter l’environnement rapporte aux
entreprises » – Jack Welch,
ancien pdg, ge
Il y va de l’intérêt
stratégique de toute entreprise, à long terme, de contrôler
la consommation d’énergie, donc
son coût.
Innovation et améliorations du rendement, voilà les
mots clés de la lutte pour la survie et la prospérité dans
l’industrie mondiale et compétitive des fonderies. Les gestionnaires
d’entreprises sous-estiment souvent les possibilités d’économies
que l’on peut réaliser en réduisant la consommation d’énergie.
Jusqu’à récemment, dans la plupart des industries, les
coûts énergétiques étaient considérés
simplement comme le prix à payer pour faire des affaires, et on y consacrait
peu d’attention. Le degré d’intérêt pour l’utilisation
efficace de l’énergie était modéré du fait
de la persistance des prix peu élevés du pétrole et du
gaz naturel, qui ont été pratiqués jusqu’en 2000.
De plus, la fonderie connaissait peu les questions énergétiques
qui s’appliquaient à ses activités et à d’autres
services publics qu’elle achetait.
« La raison des affaires est de rester en
affaires. » – Peter
Drucker
La forte hausse des prix de l’énergie en 2000, de même
que les préoccupations au sujet de la compétitivité des
marchés, du contrôle des émissions de gaz à effet
de serre, de même que la sécurité des approvisionnements
en énergie, ont ajouté une certaine urgence à la nécessité d’examiner
l’efficacité de l’utilisation de l’énergie
dans les fonderies.
Bien sûr, ce fait n’échappera pas au président de
toute bonne entreprise. Toutefois, se rendre compte de la nécessité d’améliorer
l’efficacité énergétique doit aller au-delà d’une
simple reconnaissance, d’une déclaration « inattaquable » – il
faut que cela débouche sur des actes. Rien n’attire mieux l’attention
que le symbole du dollar – et le comptable de l’usine peut s’avérer
un allié inestimable dans le plan de bataille énergétique.
Le tableau 1 donne un aperçu de la façon dont cela fonctionne.
TABLEAU 1 :
Hausse du bénéfice à partir des économies
d’énergie
Si
le ratio
de marge bénéficiaire original est :
et si le pourcentage du coût
de l’énergie d’une usine est :
3 %
4 %
5 %
6 %
7 %
8 %
et que les coûts énergétiques
sont réduits de 35 %, alors le ratio de marge bénéficiaire
augmentera du pourcentage suivant :
1 %
104 %
139 %
173 %
208 %
242 %
277 %
2 %
51 %
69 %
86 %
103 %
120 %
137 %
5 %
20 %
27 %
33 %
40 %
46 %
53 %
10 %
9 %
13 %
16 %
19 %
22 %
25 %
20 %
4 %
6 %
7 %
8 %
9 %
11 %
30 %
3 %
4 %
5 %
6 %
7 %
8 %
Adaptation du tableau de V.A. Munroe
Conseil La vérification é
nergétique peut servir à
améliorer la survie d’une fonderie.
Sur la foi de données sur le coût de base, on peut établir
un dossier sur la façon de déterminer l’état actuel
de la consommation d’énergie, puis de faire quelque chose à ce
sujet. La compilation de données supplémentaires sur les modèles
actuels de consommation fait intervenir une étape clé – la
vérification énergétique (voir ci-dessous). L’argument
raisonné et justifié qui en résulte donnera du relief aux
questions énergétiques parmi un certain nombre d’autres priorités
qui attirent l’attention de la haute direction.
L’hypothèse d’une économie d’énergie
de 35 p. 100 dans le tableau 1 est réaliste. Il faut se rappeler que
l’expérience à l’échelle mondiale a démontré qu’une
simple amélioration dans les pratiques ordinaires d’entretien
(p. ex., en se rappelant la connotation énergétique du travail
quotidien, comme d’éteindre les appareils non utilisés,
etc.) produit habituellement de 10 à 15 p. 100
d’économies ! On peut obtenir également d’autres économies
comme l’illustre le tableau 2. Ce tableau est une compilation des résultats
provenant de nombreuses vérifications énergétiques dans
des fonderies canadiennes, vérifications entreprises au cours des dernières
années par CANMET. Il montre l’ampleur des économies d’énergie
relevées par une vérification énergétique,
que l’on peut réaliser dans une fonderie moyenne.
TABLEAU 2:
Sommaire des résultats escomptés selon l’utilisation
finale
Équipement / procédé
Consommation d’énergie
de l’usine, %
Possibilités
d’économie par secteur, %
Économies
globales dans l’usine, %
Fusion
59
15
9
Ventilateurs et pompes
6
35
2
Éclairage
6
30
2
Moteurs
12
10
1
Compresseurs d’air
5
20
1
Divers
12
10
1
Total
97*
–
16
Tableau de L.V. Whiting
* Effets non comptabilisés
La gestion de l’énergie
dans une fonderie se compose de deux éléments principaux :
l’adoption de techniques de gestion et des améliorations apportées
aux procédés.
Pour commencer, quelques éléments importants doivent être
mis en place :
Un engagement ferme de la part de la haute direction;
Des objectifs de programme clairement définis;
Un organigramme et la définition des responsabilités;
Des ressources : les effectifs et les fonds;
Des mesures et des méthodes de pistage;
Un examen des progrès à intervalles réguliers.
Les points ci-dessus sont beaucoup plus étoffés à la
figure 1 et à la section 3.4 – Élaboration et étoffement
de programmes de gestion de l’énergie (page 110).
La gestion de l’énergie est une activité permanente dans
toute fonderie. Sa réussite dépend d’un effort d’équipe,
qui commence par un engagement ferme de la part des cadres supérieurs
et de leur équipe de gestion. La démonstration par la direction
d’un soutien ferme et visible a une influence sur chaque employé.
Tous en tiennent compte et sont portés à suivre l’exemple.
Les bénéfices
tirés des projets d’entretien, qui n’exigent aucun capital,
sont immédiats et
importants.
Dès que la décision de gérer l’énergie
a été prise, il faut la soutenir par une politique énergétique
du conseil d’administration, qui considérera les coûts de
l’énergie et des services publics comme étant des coûts
directs, de la même façon que les autres coûts d’exploitation,
comme ceux de la main-d’œuvre, des matières premières,
etc.
Les activités de sensibilisation générale au sujet
des questions énergétiques, que ce soit par la communication
ou la formation des employés à tous
les niveaux pertinents, contribuent à un changement culturel au sein
de l’organisation. La formation doit être constante pour faire
en sorte que les améliorations du rendement énergétique
soient durables.
Parfois, même quand les possibilités d’économies
d’énergie sont grandes, elles ne sont pas exploitées. Les
raisons n’en sont que trop familières
:
L’intéressé ne savait pas que des possibilités
existaient;
Il ne savait pas quoi faire;
La haute direction ne soutenait pas les efforts;
Les questions énergétiques ne sont pas une priorité;
Aucun fonds, main-d’œuvre ou temps accordé à cette
question;
Aucune responsabilité définie.
Conseil Le dollar économisé influe directement
sur la rentabilité !
Vu que le premier objectif d’une entreprise, ce sont les économies
financières, les gestionnaires doivent comprendre le principe de l’économie
réalisable et diriger leurs services comme s’il s’agissait
de leur propre entreprise. Ce faisant, l’amélioration de l’efficacité énergétique
devrait obtenir l’attention voulue. Cela exige également un peu
de formation. Même si les gains financiers possibles à partir
des améliorations du rendement énergétique semblent peut-être
modestes, comparés à la valeur du chiffre de vente ou au budget
général, ils peuvent
contribuer de manière importante au bénéfice net de la
fonderie.
Un programme de gestion de l’énergie suit les mêmes
principes qui s’appliquent à toute entreprise de formation,
soit la qualité et les systèmes de gestion environnementale,
des principes que Deming a formulés comme étant un
cycle en
quatre étapes, Planifier – Faire – Vérifier – Réagir,
PFVR, illustré ci-haut.
Nous verrons le détail de ces quatre étapes clés à la
figure 1 à la page suivante.
Pour concrétiser des possibilités,
la direction de la fonderie doit intégrer avec succès le changement
organisationnel et comportemental (culturel), et les nouvelles technologies
d’utilisation de l’énergie.
Les efforts consacrés à l’efficacité énergétique
doivent avoir un point de convergence précis, et la responsabilité doit être
clairement
définie.
Les points de la figure 1 sont généraux et donnés à titre
d’information exclusivement. Leur application varie selon la taille et
la complexité des activités d’une fonderie, et doivent être
déterminées
par des conditions propres à chaque fonderie, en ce qui concerne le
programme d’amélioration du rendement énergétique.